Journal d un peintre français à Florence en 1821 - article ; n°1 ; vol.83, pg 123-147
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1971 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 123-147
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 106
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Didier BODART
Journal d'un peintre français à Florence en 1821
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 83, N°1. 1971. pp. 123-147.
Citer ce document / Cite this document :
BODART Didier. Journal d'un peintre français à Florence en 1821. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age,
Temps modernes T. 83, N°1. 1971. pp. 123-147.
doi : 10.3406/mefr.1971.842
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1971_num_83_1_842JOURNAL D'UN PEINTRE FRANÇAIS
À FLORENCE EN 1821
PAE
Didier Bodabt *
Les récits de voyage en Italie d'artistes du XIXe siècle sont suf
fisamment nombreux pour que beaucoup d'entre eux demeurent encore
inédits. ïfous voudrions faire connaître le petit manuscrit n° 89 du fonds
Ferraioli de la Bibliothèque vaticane 1, contenant le journal du séjour
à Florence en 1821 d'un peintre français inconnu. Ce est écrit
sous forme de notes brèves, au jour le jour, dans un agenda imprimé,
du titre de Taccuino perpetuo per uso dei mercanti, impiegati, curiali e
persone d'affari, arrichito d'utili ed importanti notizie, Florence, s.d. Ce
petit carnet de 184 pages contient 16 pages d'informations diverses im
primées et 168 pages destinées aux notes. L'agenda a été tenu avec ré
gularité jusqu'au 29 juin 1821. Il reprend du 26 au 31 août, narrant un
voyage de Florence aux cascades des Marmore près de Terni. Une der
nière note du 12 novembre contient une liste de tableaux avec leurs prix.
Le texte est d'une écriture fine et souvent minutieuse. Les notes ne sont
accompagnées d'aucun dessin ou croquis.
L'identité de l'auteur reste mystérieuse. Il ressort du texte qu'il
s'agit d'un peintre paysagiste qui travaillait en petit format, exécutant
ce qu'on appelait au début du XIXe siècle des fixés, c'est-à-dire de
petits tableaux à l'huile, peints sur taffetas et appliqués à une glace qui
leur servait de vernis. A plusieurs reprises, on trouve cité le nom d'un
* Chargé de recherches du Fonds national helge de la Eecherche scienti
fique tient à exprimer ici sa gratitude à M. Georges Vallet, Directeur de l'Ecole
Française de Eome, qui a bien voulu accueillir dans les Mélanges cZ' archéologie
et d'histoire cette contribution.
1 Papier, 150 χ 110 mm. Couverture cartonnée (F. A. Berrà, Bibliothecae
Apostolicae Vaticanae codices manu scriptu recensiti. Codices Ferrajoli, I, Cité
du Vatican, 1939, p. 158-159). 124 DIDIER B OD ART
négociant bordelais, M. Salafon, et, en date du 21 avril, la copie d'une
lettre autobiographique adressée à celui-ci. Cette lettre est un véritable
galimatias. L'auteur rappelle que M. Salafon lui tint longtemps lieu de
père. Après la mort de sa, mère, compagne de M. Salafon, il avait continué
à demeurer sous son toit. Peut-être prit-il alors le nom de son bienfaiteur,
car, écrit-il, « ma famille me reprocha de vivre sous un autre nom que
le mien ». En 1817, une rupture avec M. Salafon, pour des motifs vra
isemblablement pécuniaires, entraîna le départ de l'auteur pour Paris,
où il avait un oncle du nom de Lenoir. « L'isolement dans lequel je vivais
me fit soupirer après un état qui me fit trouver toutes mes ressources
en moi, et me consultant de l'abandon dans lequel j'étais condamné à
vivre, je tentai quelque effort dans la peinture, mais combattu par le
désir de conserver un emploi dans lequel je comptais plusieurs années
de service et qui semblait me promettre un prochain avancement, j'hé
sitais... Quelques mois après, je me déterminai enfin à profiter d'un
motif de vos affaires d'Italie pour effectuer le projet de me livrer à la
peinture. Je fus vous dire un dernier adieu et depuis j'ai eu le bonheur
de voir mes efforts couronnés de quelques succès. Mon existence est dé
sormais assurée; c'est le prix des travaux continuels auxquels je me suis
livré en Italie ».
Cette lettre est un plaidoyer pro domo assez maladroit, par lequel
l'auteur cherche à se justifier aux yeux d'un parâtre avec qui il s'était
brouillé. Le Journal au contraire montre qu'à Florence le jeune paysag
iste — le ton et quelques détails de sa lettre indiquent un âge de vingt-
cinq à trente-cinq ans environ — ne vivait guère du produit de son tra
vail, mais de lettres de change adressées de France. Ainsi, le 12 mai,
écrit-il à son frère et fait-il tirer une lettre de change de 1200 francs sur
lui. L'identité de ce frère n'est pas précisée davantage. Le 29 juin, l'auteur
note: «écrit à Mme Laroque et envoyé copie de ma lettre à M. Salafon »,
ce qui indique peut-être une parente. De même, un correspondant de
France, M. Maurin, cité le 15 mai, est soit un parent, soit un intime de
notre inconnu.
Son arrivée à Florence remonte probablement à la fin de l'année
1820, car il note les 20 et 21 février 1821 l'arrivée de ses bagages de Borne.
Il demeure à Florence durant tout le premier semestre de 1821. Un voy
age à fin août le mène à Terni. A plusieurs reprises, il est question d'un
projet de voyage dans l'île d'Elbe, projet qui fut réalisé avant novembre,
car, dans une liste de tableaux portant cette date, l'on trouve mention
d'une vue de Portoferraio et d'une autre du palais de Portolongone.
Le Journal florentin de ce peintre inconnu possède un très grand
intérêt, tant par son témoignage des habitudes des paysagistes contempor
ains que par sa description du milieu florentin. Nous voyons l'artiste JOURNAL D'UN PEINTRE FRANÇAIS À FLORENCE EN 1821 125
se promener dans la campagne de Florence, vers Fiesole, aux Cascine,
dans les collines vers San Miniato puis, une fois rentré, esquisser
ses fixés. Nous le rencontrerons surtout se promenant avec Ingres
dans les jardins de Boboli et travaillant sous les yeux du grand-duc
Ferdinand III.
C'est par les notes se référant à Ingres que le Journal trouve sa plus
grande valeur. Elles le montrent au travail à Florence, durant une pé
riode qui ne fut certes pas la plus aisée de son existence. Le peintre de
Montauban avait bien reçu la commande du Vœu de Louis XIII, mais
le pain manquait parfois dans sa maison et le boulanger ne faisait pas
crédit, comme le rappela plus tard Mme Ingres *. Ingres était quasi l'hôte
de son ami le sculpteur Lorenzo Bartolini, avec lequel il devint en froid
durant son séjour à Florence. Ils étaient toujours en bons termes lors-
qu'Ingres conduisit le 17 mai 1821 notre inconnu dans l'atelier de Bart
olini. La première rencontre du jeune Français et d'Ingres remonte au
27 avril. Ingres, note-t-il, a un fort bel atelier. « II a fait un portrait mag
nifique de M. Gouriev. Il m'a prêté la tragédie d'Eschyle de Flaxman
pour la dessiner ». Son témoignage rejoint une lettre écrite par Ingres
à son ami Gilibert de Montauban le 20 avril 1821 2 et annonçant l'exé
cution du portrait du comte de Gouriev, chargé d'affaires de Bussie,
portrait actuellement conservé au musée de l'Ermitage de Leningrad.
Il apporte également un élément inconnu jusqu'ici. Daniel Ternois, en
effet, s'interrogeait sur la chronologie de cette œuvre 3. Le portrait de
l'Ermitage a beau être signé « Ingres Flor. 1821 », à cette époque Gouriev
n'était pas accrédité à Florence, mais à Rome et à Naples. Tant YAl-
manaoh de Gotlia que V Almanacco toscano affirment qu'en 1821 le poste
de chargé d'affaires de Bussie à Florence était vacant. Or, le 4 avril,
l'auteur parle du chargé d'affaires de Bussie qui n'a pu venir visiter son
atelier. Ainsi, il est vraisemblable que le comte de Gouriev ajoutât à
ses fonctions celles de gérer la légation de Bussie en Toscane et qu'il
séjournât à Florence au printemps de 1821.
De sa première visite chez Ingres, le jeune paysagiste rapporte des
gravures au trait d'après Flaxman, la Tragédie d'Eschyle, que, dès le
lendemain, il se met à dessiner. Les gravures des œuvres de Flaxman
figuraient en bonne place parmi le matériel d'étude d'Ingres. Parmi
les biens légués au musée de Montauban s'en trouvent plusieurs séries,
de même qu'un dessin à la plume représentant Prométhée enchaîné visité
1 Amaur

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