Kropotkine en 1914 : la guerre et les congrès manqués des anarchistes russes - article ; n°1 ; vol.23, pg 63-107
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 63-107
Michael Confino, Kropotkine in 1914: the war and the abortive congresses of Russian anarchists. Unpublished letters of P. Kropotkine to Marie Goldsmith. January 11-December 31, 1914.
This publication comprises 14 letters of P. Kropotkine written in 1914 and an introduction to these documents, dealing with the two major problems roused by these letters (and which were also the most important questions on the agenda of the Russian anarchist movement ) .
The first problem is that of the unification of the movement. The article describes the convocation and the development of the First unification Conference of Russian anarchists abroad (Paris, December 28, 1913-January 1, 1914) and analyzes its debates, its decisions and the profile of its composition. This conference took the decision to summon a Congress of anarchist groups abroad and a general Congress of the Russian anarchist movement. Both Congresses were to be held in August 1914 and did not take place because of the beginning of the war.
The secondary questions that have been dealt with are: organization of the movement, presence of the Okhrana agents within the groups and the part played by them, relations between the federations, etc. The second problem is that of the attitude towards militarism and the war, more especially that of Kropotkine. In the light of these documents a new explanation of his position is suggested, and another interpretation of the motives that had incited him to adopt, in August 1914, a defensist line, different from that of the majority in the anarchist movement.
Finally, the article as a whole proves, implicitely and explicitely, that the year 1914 was critical and tragic for the Russian anarchist movement. The year starts in the midst of enthusiasm and hope, and finishes in an atmosphere of pessimism due to dissensions provoked by war.
Michael Confino, Kropotkine en 1914 : la guerre et les congrès manques des anarchistes russes. Lettres inédites de Pierre Kropotkine à Marie Goldsmith, 11 janvier-31 décembre 1914.
Cette publication comprend 14 lettres de P. Kropotkine écrites en 1914 et une introduction à ces documents qui traite des deux questions majeures, soulevées dans ces lettres (et qui étaient aussi les questions les plus importantes à l'ordre du jour du mouvement anarchiste russe).
La première est celle de l'unification du mouvement. L'article décrit la convocation et le déroulement de la Première Conférence d'unification des anarchistes russes à l'étranger (Paris, 28 déc. 1913-ler janv. 1914) et analyse ses débats, ses décisions et le profil de sa composition (participants). Cette conférence décida la convocation du Congrès des groupes anarchistes à l'étranger et du Congrès général du mouvement anarchiste russe. Tous deux devaient se tenir en août 1914, et n'eurent pas lieu à cause du début des hostilités. Questions secondaires abordées : organisation du mouvement, présence et rôle des agents de l'Ohrana dans les groupes, relations entre les fédérations, etc.
La seconde question est celle de l'attitude envers le militarisme et la guerre, et plus spécialement celle de Kropotkine. A la lumière de ces documents, il est proposé une nouvelle explication de sa position et une autre lecture des motifs qui le conduisirent à adopter en août 1914 une ligne défensiste, différente de celle de la majorité du mouvement anarchiste.
Enfin, l'article dans son ensemble montre, explicitement et implicitement, que l'année 1914 a été une année critique et tragique pour le mouvement anarchiste russe : elle débute avec un grand élan et beaucoup d'espoir, et se termine sur une note de pessimisme, dû au morcellement et à la désunion provoqués par la guerre.
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 16
Langue Россию
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Michaël Confino
Kropotkine en 1914 : la guerre et les congrès manqués des
anarchistes russes
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 23 N°1. Janvier-Mars 1982. pp. 63-107.
Citer ce document / Cite this document :
Confino Michaël. Kropotkine en 1914 : la guerre et les congrès manqués des anarchistes russes. In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 23 N°1. Janvier-Mars 1982. pp. 63-107.
doi : 10.3406/cmr.1982.1936
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1982_num_23_1_1936Abstract
Michael Confino, Kropotkine in 1914: the war and the abortive congresses of Russian anarchists.
Unpublished letters of P. Kropotkine to Marie Goldsmith. January 11-December 31, 1914.
This publication comprises 14 letters of P. Kropotkine written in 1914 and an introduction to these
documents, dealing with the two major problems roused by these letters (and which were also the most
important questions on the agenda of the Russian anarchist movement ) .
The first problem is that of the unification of the movement. The article describes the convocation and
the development of the First unification Conference of Russian anarchists abroad (Paris, December 28,
1913-January 1, 1914) and analyzes its debates, its decisions and the profile of its composition. This
conference took the decision to summon a Congress of anarchist groups abroad and a general
Congress of the Russian anarchist movement. Both Congresses were to be held in August 1914 and
did not take place because of the beginning of the war.
The secondary questions that have been dealt with are: organization of the movement, presence of the
Okhrana agents within the groups and the part played by them, relations between the federations, etc.
The second problem is that of the attitude towards militarism and the war, more especially that of
Kropotkine. In the light of these documents a new explanation of his position is suggested, and another
interpretation of the motives that had incited him to adopt, in August 1914, a "defensist" line, different
from that of the majority in the anarchist movement.
Finally, the article as a whole proves, implicitely and explicitely, that the year 1914 was critical and tragic
for the Russian anarchist movement. The year starts in the midst of enthusiasm and hope, and finishes
in an atmosphere of pessimism due to dissensions provoked by war.
Résumé
Michael Confino, Kropotkine en 1914 : la guerre et les congrès manques des anarchistes russes.
Lettres inédites de Pierre Kropotkine à Marie Goldsmith, 11 janvier-31 décembre 1914.
Cette publication comprend 14 lettres de P. Kropotkine écrites en 1914 et une introduction à ces
documents qui traite des deux questions majeures, soulevées dans ces lettres (et qui étaient aussi les
questions les plus importantes à l'ordre du jour du mouvement anarchiste russe).
La première est celle de l'unification du mouvement. L'article décrit la convocation et le déroulement de
la Première Conférence d'unification des anarchistes russes à l'étranger (Paris, 28 déc. 1913-ler janv.
1914) et analyse ses débats, ses décisions et le profil de sa composition (participants). Cette
conférence décida la convocation du Congrès des groupes anarchistes à l'étranger et du Congrès
général du mouvement anarchiste russe. Tous deux devaient se tenir en août 1914, et n'eurent pas lieu
à cause du début des hostilités. Questions secondaires abordées : organisation du mouvement,
présence et rôle des agents de l'Ohrana dans les groupes, relations entre les fédérations, etc.
La seconde question est celle de l'attitude envers le militarisme et la guerre, et plus spécialement celle
de Kropotkine. A la lumière de ces documents, il est proposé une nouvelle explication de sa position et
une autre "lecture" des motifs qui le conduisirent à adopter en août 1914 une ligne "défensiste",
différente de celle de la majorité du mouvement anarchiste.
Enfin, l'article dans son ensemble montre, explicitement et implicitement, que l'année 1914 a été une
année critique et tragique pour le mouvement anarchiste russe : elle débute avec un grand élan et
beaucoup d'espoir, et se termine sur une note de pessimisme, dû au morcellement et à la désunion
provoqués par la guerre.DOSSIER
MICHAEL CONFINO
KROPOTKINE EN 1914
LA GUERRE ET LES CONGRÈS MANQUES
DES ANARCHISTES RUSSES
Lettres inédites de Pierre Kropotkine à Marie Goldsmith
11 janvier-31 décembre 1914
La mémoire historique se nourrit de symboles. Celle des
peuples, aussi bien que celle des individus. Ces symboles
- verbaux, graphiques, musicaux - mettent un certain ordre
(parfois exact, parfois mythique) dans le cours des événements,
leur enchaînement, leurs causes, leurs conséquences. Souvent
ils contribuent à rendre "compréhensible", "nécessaire", voire
"inévitable", un développement historique qui, sans 1* "expli
cation" qu'ils apportent, paraîtrait absurde, gratuit, sans
rime ni raison. Les symboles cachent parfois cette absurdité,
parfois très réelle, voilent la nature gratuite de certains
événements. Ils empêchent de voir que "le roi est nu", pour
le plus grand bien - disons plutôt : pour le confort intellec
tuel - de la presque totalité de l'humanité. Car les hommes
(et les femmes évidemment), de tout âge, race, religion et
nationalité, et de tous les temps, n'aiment pas croire ou
savoir que tel ou tel événement, tel ou tel cataclysme social,
telle ou telle guerre, épidémie ou crise économique n'a pas
eu des causes majeures ou des raisons graves. Accepter le
jeu du hasard ou admettre triviales ou banales
provoque l'indignation, offense le sens de la justice, semble
presque contre nature.
L'homme est un grand ordonnateur quant aux choses cos
miques et historiques. Par certains ressorts psychologiques
profonds, sa pensée est - spontanément et primordialement -
géométrique et déterministe. Toute chose à sa place, en son
temps, et à bon escient. Dans un certain sens, on naît
déterministe (que les choses semblent imputables à la provi
dence ou aux lois économiques, peu importe) ; le fait indé
terministe ne s'apprend que plus tard, douloureusement, diff
icilement, et de toute façon n'est compris que d'une petite
minorité, des unhappy few, car - corollaire évident - cette
lucidité ne rend pas heureux. Le coup de génie le plus
brillant - et le moins apprécié - de Marx a été de comprendre
ce trait de la nature humaine (mais certains diront qu'il n'en
fut que la victime) et de mettre à la base de sa doctrine le
déterminisme historique... 64 MICHAEL CONFINO
Lorsque, malgré tout, les choses ne s'ordonnent pas,
lorsque les événements demeurent contradictoires, inexplicables,
arbitraires, lorsque les causes sont sans proportion aucune
avec les conséquences, alors viennent les mythes et les sym
boles qui mettent fin à la confusion et révèlent une logique
ordonnée et tranquillisante. "Tout n'aura donc pas été en
vain... Les sacrifices surtout." (1) Evidemment.
Le Congrès manqué (2)
Mil neuf cent quatorze fut une année déchirante pour
ceux qui la vécurent, et un moment tragique dans l'histoire
du XXe siècle et de l'humanité. Après tout, Alexandre Soljé
nitsyne a peut-être raison de croire que la bataille de
Tannenberg, en août 1914, représente - plus que tout autre
événement - le grand tournant dans l'histoire de la Russie,
de l'Europe et du monde. Ou bien, "août quatorze" ne serait-
il qu'un mythe et un symbole qui n'expliquent rien et auxquels
on s'accroche pour rendre compréhensibles, sinon acceptables,
les tragédies et les désastres qui suivirent ?
Mais, de cette année riche en événements surprenants,
nous sont parvenus aussi des symboles, apparemment plus
nets, moins ambigus. L'un d'eux est évidemment le coup de
feu de Sarajevo, tout à la mesure de ces obscures affaires
balkaniques qui, un jour ou l'autre, "devaient" nécessairement
provoquer une catastrophe. Symbolique aussi, cet autre coup
de feu qui tua Jaurès, et avec lui - l'espoir dans la paix,
dans la solution pacifique des différends entre nations. Le
troisième symbole est bien celui du "Congrès manqué", c'est-
à-dire du Xe Congrès de l'Internationale socialiste qui devait
se tenir en août 1914 et qui fut parmi les premières victimes
de la guerre puisqu'il n'eut jamais lieu. Ce fait, ou plut

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