L affaire Metius Pompusianus ou le crime de cartographie - article ; n°2 ; vol.95, pg 677-699
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1983 - Volume 95 - Numéro 2 - Pages 677-699
Pascal Arnaud, ~~L'affaire Mettius Potnpusianus ou le crime de cartographie~~, p. 677-699. La condamnation à mort par Domitien de l'ancien consul Mettius Pompusianus ne peut juridiquement être le fait d'une stricte application de l'édit de 11 ap. notre ère. Le point central de l'accusation, sans rapport avec les problèmes astrologiques généralement mis en avant, est constitué par la possession d'une mappemonde monumentale peinte sur les murs de la chambre du personnage. Il faut donc considérer cet élément comme une preuve suffisante d'aspiration au trône impérial. Le rapport de l'empereur à la cartographie constitue une ligne idéologique dont on peut suivre l'origine et les étapes.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascal Arnaud
L'affaire Metius Pompusianus ou le crime de cartographie
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 95, N°2. 1983. pp. 677-699.
Résumé
Pascal Arnaud, L'affaire Mettius Pompusianus ou le crime de cartographie, p. 677-699.
La condamnation à mort par Domitien de l'ancien consul Mettius Pompusianus ne peut juridiquement être le fait d'une stricte
application de l'édit de 11 ap. notre ère. Le point central de l'accusation, sans rapport avec les problèmes astrologiques
généralement mis en avant, est constitué par la possession d'une mappemonde monumentale peinte sur les murs de la chambre
du personnage. Il faut donc considérer cet élément comme une preuve suffisante d'aspiration au trône impérial. Le rapport de
l'empereur à la cartographie constitue une ligne idéologique dont on peut suivre l'origine et les étapes.
Citer ce document / Cite this document :
Arnaud Pascal. L'affaire Metius Pompusianus ou le crime de cartographie. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité
T. 95, N°2. 1983. pp. 677-699.
doi : 10.3406/mefr.1983.5475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1983_num_95_2_5475ARNAUD PASCAL
L'AFFAIRE METTIUS POMPUSIANUS
OU LE CRIME DE CARTOGRAPHIE
Suétone rapporte, dans sa vie de Domitien (ch. 10) une curieuse anec
dote qu'il met au compte de la cruauté de Domitien : un certain Mettius
Pompusianus1 s'est vu condamner à mort pour des motifs que l'historien
juge futiles et qui doivent apparaître aux yeux des mortels sensés comme
les marques les plus scandaleuses de l'exercice irrationnel d'un pouvoir
autocratique par un esprit malade et paranoïaque :
«Mettius Pompusianus, quod habere imperatoriam genesim uulgo
ferebatur, et quod depictum orbem in membrana contionesque
1 Cette orthographe, attestée par Suétone, Dion Cassius et Zonaras semble pré
férable à celle de l'epitome de Caesaribus, Metius Pomposianus. L'épisode a peu
suscité l'intérêt des critiques. S. Gsell, dans son Essai sur le règne de Domitien,
Paris, 1894, p. 318, mentionne rapidement le fait et semble retenir de préférence la
version de Dion Cassius ; M. C. Andrews, The Study and Classification of Medieval
Mappae Mundi, dans Archaeologia, 75, 1924-25, p. 62, se contente de mentionner
"Like many other Roman works, maps were produced by the State for public
rather for than private use ; indeed Suetonius has recorded that under Domitian, it
was a grave offence for a private person to have a map of the world in his posses
sion " ; cette interprétation ne tient compte ni du caractère particulier qu'a pu avoir
la carte en question, ni du rapport à la majesté impériale que peuvent entretenir
chacune des accusations qui ont pesé sur Pompusianus. On chercherait vainement
une trace de l'épisode dans les grands manuels de géographie antique de Bunbury,
Tozer et Thomson. Pourtant il est riche de renseignements pour l'histoire de la
circulation des documents cartographiques.
Les plus longs développements qui lui ont été consacrés sont dus à F. Cramer,
Astrology in Roman Law and Politics, dans Mem. Amer. Philol. Soc, XXXXVII,
1954, p. 138, 141 sq., 145, 151, 267. L'auteur ne retient de l'accusation que les él
éments astrologiques, et garde sur les autres éléments de un silence
regrettable. L'ensemble de son argumentation est en effet fondé sur l'idée que
Pompusianus a violé l'édit augustéen de 1 1 de notre ère, qui assimilait à un crime
contre la maiestas impériale toute tentative visant à connaître le futur politique.
MEFRA - 95 - 1983 - 2, p. 677-699. 678 PASCAL ARNAUD
regum ac ducum ex Tito Liuio circumferret, quodque seruis nomi
na Magonis et Hannibalis indidisset».
«Mettius Pompusianus (fut également mis à mort) parce que l'op
inion publique lui attribuait un thème de geniture le promettant à l'empir
e, et sous prétexte qu'il faisait circuler une mappemonde peinte sur par
chemin et les harangues, tirées de Tite-Live, des rois et des chefs, et qu'il
avait donné à des esclaves les noms d'Hannibal et de Magon».
Ce Mettius Pompusianus nous est connu par le même Suétone pour
avoir été l'objet de la clémence de Vespasien, alors qu'un même chef d'ac
cusation pouvait menacer son existence : il aurait été en effet de notoriété
publique que ce personnage possédait un thème astral qui le promettait à
l'empire; Suétone choisit délibérément de reprendre les mêmes termes
pour désigner les deux accusations successives, fidèle ainsi à une techni
que de repoussoir qu'il utilise à plus d'une reprise; Vespasien, suprême
clémence, aurait même fait consul le personnage, prétendant qu'ainsi, si
la prédication venait à se réaliser, le bénéficiaire, reconnaissant, saurait à
son tour faire preuve de la même générosité2 :
«Nam ut suspicione aliqua uel metu ad perniciem cuiusquam com-
pelleretur tantum afuit, ut, monentibus amicis cauendum esse Met-
tium Pompusianum, quod uulgo crederetur genesim habere impe-
ratoriam, insuper consulem fecerit, spondens quandoque beneficii
memorem futurum» (Suet., Vesp. ch. 14).
Cette tradition nous est confirmée par le témoignage de Dion Cassius
(LXVII, 12), quoique dans des termes quelque peu différents : «Vespasien,
nous dit-il, apprenant par une prédiction que Mettius Pompusianus était
destiné à la monarchie, non seulement ne lui fit aucun mal, mais le comb
la d'honneurs, en disant que celui-ci s'en souviendrait et lui rendrait à
son tour les mêmes honneurs ». Le crime originel est en effet fort dissem
blable selon que l'on croit Dion ou Suétone; alors que pour celui-ci Pom
pusianus est victime d'une dénonciation de l'entourage impérial et consti-
2 C'est précisément ce détail de prudence calculatrice que choisit l'auteur de
l'Epitome de Caesaribus (9, 14), pour mentionner le nom de Pompusianus, dont le
sort ultérieur (supposé connu ?) est tenu sous silence : « Hic (i.e. Vespasianus)
monentibus amicis, ut caueret a Mettio Pomposiano, de quo sermo percrebuerat
regnaturum fore, consulem fecit, alludens tali cauillo : " Quandoque memor erit
tanto beneficio " ». Il faut voir ici la trace d'une abréviation sans doute assez directe
de Suétone dont on conserve à la fois le vocabulaire et l'enchaînement des faits ; il
ne faut donc pas considérer ce passage comme une source supplémentaire. L'AFFAIRE METTIUS POMPUSIANUS OU LE CRIME DE CARTOGRAPHIE 679
tue pour l'empereur une menace du fait de la divulgation de son thème
astral, il semble que pour celui-là on fasse en privé à Vespasien une pré
diction selon laquelle l'empire est promis à Mettius; le texte de Dion semb
le éclairer celui de Suétone et nous permet d'exclure une interprétation
parfois proposée3 selon laquelle Mettius aurait détenu l'horoscope de
Vespasien; divulguer un thème astral promettant l'empire ou posséder un
horoscope impérial relèvent l'un et l'autre de la rébellion ouverte contre
l'empereur : l'exemple de Macrin, à qui les astrologues, — et le fait, rap
porté par l'Histoire Auguste4 était de notoriété publique — , promettaient
l'empire, et qui dut sans doute en grande partie à cette circonstance les
appuis dont il bénéficia et le courage d'éliminer Caracalla, montre suff
isamment les dangers d'une telle publicité; on peut faire la même analyse
du thème astral d'Auguste. Pour E. J. Dwyer5, il doit être mis en relation
avec les prédictions de Nigidius Figulus à l'occasion de sa naissance, qui
lui promettaient l'empire universel6; à en croire Suétone, ces prédictions
auraient été de notoriété publique. Il est évident dans le cas d'Auguste
que les signes divins qui le désignent aux hommes comme le maître provi-
3 À en croire Cramer il y aurait une double responsabilité de la part de Pompu-
sianus : avoir consulté les astrologues et tomber ainsi sous le coup de l'édit de 11,
et avoir par son propre horoscope menacé l'empereur. Fidèle à Suétone, il rattache
la différence de traitement de l'accusé par Vespasien et Domitien à une différence
de caractère et d'entourage (pp. cit., p. 267). Une telle position ne tient pas compte
de deux éléments essentiels que mentionnent les textes : 1) les sources sont unani

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