L’Afrique dans la politique européenne de développement : un privilège provisoire ? - article ; n°1 ; vol.77, pg 39-44
6 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L’Afrique dans la politique européenne de développement : un privilège provisoire ? - article ; n°1 ; vol.77, pg 39-44

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
6 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2005 - Volume 77 - Numéro 1 - Pages 39-44
In the first years of the European Community, Africa appears like the privileged continent” in the frame of a European development policy which culminates with the Lomé Convention in 1975. However, the Europe-Africa relationship is progressively challenged by the implementation of policies dedicated to other developing countries and supported by some EC Member States.
Malgré un tropisme africain très marqué dans les premières années de la construction européenne et l’affirmation d’une politique ambitieuse culminant avec la signature de la Convention de Lomé en 1975, la CE - poussée par certains États membres - met progressivement en place une politique de développement ouverte sur le reste du monde qui confère à la relation privilégiée Europe-Afrique un caractère
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

D
ans les premières années de la construction
européenne, la Communauté économique européenne
(CEE) apparaît indéfectiblement liée à l’Afrique.
Toutefois, l’association ne s’est ni facilement ni totale-
ment imposée à l’ensemble des États membres, divisés
entre régionalistes et globalistes. Les premiers sont atta-
chés aux relations historiques entretenues avec cer-
taines régions et défendent l’idée d’une aide géogra-
phiquement différenciée. Les seconds voient dans la
politique de développement un outil à mettre au servi-
ce de tous. Si les premiers semblent l’emporter en
1957, la relation privilégiée instaurée par le traité de
Rome avec le continent africain ne conserve pas moins
un caractère temporaire. De 1957 à 1975, on assiste à
la fois à la consolidation de l’ancrage africain de la CE
et à la mise en place d’une politique de développement
ouverte au reste du monde, politique qui peut appa-
raître comme une concession des régionalistes aux glo-
balistes mais qui remet progressivement en cause la
« préférence africaine » de l’Europe
1
.
Un projet
qui ne fait pas l’unanimité
À la Conférence de Venise en mai 1956, la France
soumet à ses futurs partenaires européens réunis pour la
rédaction du projet de marché commun, la question de
l’avenir des territoires coloniaux et exige qu’une solution
soit trouvée ; elle en fait une condition
sine qua non
à
son adhésion au marché commun. Plus qu’une proposi-
tion, c’est un « ultimatum ». À l’issue de la conférence
intergouvernementale, il est admis que la question soit
incluse dans la négociation et étudiée à l’automne
2
.
Les États européens défendent des vues différentes.
Le Luxembourg juge fondamentale l’inclusion d’une
large politique de développement dans la CEE. Plus
réticents, les Pays-Bas considèrent la proposition fran-
çaise comme une «
surprise déplaisante
3
». L’Italie se
désintéresse de la question quand ses partenaires refu-
sent que l’aménagement du Mezzogiorno soit assimilé
à un projet de développement exonérant l’Italie de par-
ticipation financière au fonds d’investissement
4
. La
France, qui n’est pas seule à vouloir maintenir avec ses
colonies une relation économique et politique, bénéfi-
cie du soutien de principe de la Belgique. Cette der-
nière rédige avec la France « le mémorandum franco-
belge », document de base pour la préparation des
négociations sur l’association à la demande du Comité
interministériel de Venise
5
. Dès ce stade, des diver-
gences entre les deux alliés de circonstance existent, la
France prônant la mise en place de préférences com-
merciales pour l’Afrique tandis que la Belgique veut la
réciprocité totale. Finalement, les deux pays deman-
dent la protection des industries naissantes dans les ter-
ritoires, un traitement préférentiel pour les produits tro-
picaux dans le marché commun et la participation des
quatre autres partenaires de la CEE à l’effort d’investis-
sement pour le développement économique et social
des colonies
6
.
La RFA et les Pays-Bas se révèlent être, au cours de la
négociation, les plus farouches opposants au régime d’as-
sociation. Les raisons sont autant de nature économique
1
. Article fondé sur des
travaux plus complets :
Claeys, A.-S.,
La France et
« la politique africaine de
l’Europe », 1957-2002
,
Thèse de doctorat,
Bordeaux, CEAN, 2004.
2
. Archives Jean Monnet,
Lausanne. Fonds
R. Marjolin, ARM 13/4/27,
Commission
interministérielle pour le
marché commun.
3
. Van den Harst, J., « The
Netherlands and the
association issue: from
Messina till Lomé »,
Intervention au colloque
international d’Histoire sur
L’Europe unie et l’Afrique
,
1
er
-2 avril 2004, Paris.
4
. Schreurs, R., « Un legs
historique : l’Eurafrique
dans les négociations du
Traité de Rome »,
Politique
africaine
, n° 49, 1993,
pp. 82-92, p. 86.
5
. ARM 13/4/27,
Commission
interministérielle du
marché commun,
Mémorandum sur la
participation au marché
commun européen des
territoires de la zone franc
autres que la métropole,
1956.
6
. Guillen, P., « L’avenir de
l’Union française dans les
négociations du Traité de
Rome »,
Relations
internationales
, n° 57,
printemps 1989, pp. 103-
112, p. 109 ; ARM 13/4/3
et ARM 13/4/27 ; Archives
MAE DE-CE, dossier 719.
Rapport au Comité des
chefs de délégation sur la
décision d’approfondir les
modalités techniques de
l’association des PTOM
au marché commun,
Bruxelles,
20 décembre 1956.
L’Afrique dans la politique
européenne de développement :
un privilège provisoire ?
Anne-Sophie CLAEYS-NIVET
A
NNE
-S
OPHIE
CLAEYS-NIVET
est docteure en science
politique. Elle a soutenu en 2004 une thèse portant sur
La France et la “politique africaine de l’Europe”, 1957-2002
.
Elle est chercheur associé au Centre d’études d’Afrique noire
(CEAN) de Bordeaux.
1
9
5
7
-
1
9
7
5
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents