L Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet 365 - article ; n°1 ; vol.96, pg 463-491
30 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet 365 - article ; n°1 ; vol.96, pg 463-491

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
30 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1984 - Volume 96 - Numéro 1 - Pages 463-491
Claude Lepelley, ~~L'Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet 365~~, p. 463-491. Des historiens et des archéologues, prenant au pied de la lettre des considérations d'Ammien Marcellin et de Jérôme sur une secousse universelle accompagnant le grand raz de marée du 21 juillet 365, ont cherché en Afrique des traces de ce qu'ils pensent être un séisme cosmique. La documentation africaine est exceptionnellement abondante pour la seconde moitié du IVe siècle. Or, on n'y trouve aucune mention, directe ou indirecte, d'un événement de ce genre. Ni Optat de Milev, dans son traité anti-donatiste rédigé en 366 ou 367, ni Augustin dans ses ~~Confessions~~ n'y font la moindre allusion, pas plus qu'Ammien dans son exposé de l'histoire de la Tripolitaine entre 363 et 370. Même silence dans le dossier épigraphique, riche pourtant de très nombreuses inscriptions. Il semble donc qu'il faille renoncer à cette hypothèse, et se rallier aux très fortes objections formulées à son encontre par les géologues.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Lepelley
L'Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet
365
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°1. 1984. pp. 463-491.
Résumé
Claude Lepelley, L'Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet 365, p. 463-491.
Des historiens et des archéologues, prenant au pied de la lettre des considérations d'Ammien Marcellin et de Jérôme sur une
secousse universelle accompagnant le grand raz de marée du 21 juillet 365, ont cherché en Afrique des traces de ce qu'ils
pensent être un séisme cosmique. La documentation africaine est exceptionnellement abondante pour la seconde moitié du IVe
siècle. Or, on n'y trouve aucune mention, directe ou indirecte, d'un événement de ce genre. Ni Optat de Milev, dans son traité
anti-donatiste rédigé en 366 ou 367, ni Augustin dans ses Confessions n'y font la moindre allusion, pas plus qu'Ammien dans son
exposé de l'histoire de la Tripolitaine entre 363 et 370. Même silence dans le dossier épigraphique, riche pourtant de très
nombreuses inscriptions. Il semble donc qu'il faille renoncer à cette hypothèse, et se rallier aux très fortes objections formulées à
son encontre par les géologues.
Citer ce document / Cite this document :
Lepelley Claude. L'Afrique du Nord et le prétendu séisme universel du 21 juillet 365. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 96, N°1. 1984. pp. 463-491.
doi : 10.3406/mefr.1984.5482
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_1_5482LEPELLEY CLAUDE
L'AFRIQUE DU NORD ET LE PRÉTENDU SÉISME
UNIVERSEL DU 21 JUILLET 365
La seconde année du règne de Valentinien et de Valens, «un séisme
ayant eu lieu à travers toute la terre, la mer quitta le rivage et surprit des
villes et d'innombrables gens en Sicile et dans de nombreuses îles»1. Des
historiens et des archéologues ont pensé qu'il convenait de prendre au
pied de la lettre ce passage de la suite de la Chronique d'Eusèbe, écrite
par saint Jérôme, et qu'un cataclysme entraîna, en 365, d'innombrables
destructions, à une échelle cosmique ou au moins méditerranéenne. Il se
serait donc agi d'une catastrophe d'une ampleur sans précédent histori
que et, jusqu'à nos jours, sans nouvel exemple. Ammien Marcellin et les
Consularia constantinopolitains précisent que l'événement eut lieu le 21
juillet de l'année 365 2. Ammien nous apprend qu'eut lieu ce jour «une
secousse de toute la masse terrestre», suivie d'un reflux des mers mettant
à découvert les profondeurs, avant un déferlement des eaux ravageant
beaucoup d'îles et de côtes, avec les cités qui s'y trouvaient. L'historien
donne deux indications géographiques précises, l'une concernant l'Égyp-
te, l'autre le sud du Péloponnèse : des navires furent projetés en pleine
ville d'Alexandrie, jusque sur le toit des maisons, et Ammien vit lui-même
un bateau échoué à plus de deux milles du rivage, près de Méthonè, en
Messénie3. Beaucoup de chroniqueurs postérieurs ont mentionné l'événe-
1 S. Jérôme, Suite de la Chronique d'Eusèbe de Cesaree, éd. Helm, (Gr. Sehr.,
Corpus de Berlin, 24), p. 244: «Terrae motu per totum orbem facto, mare litus
ingreditur et Siciliae multarumque insularum urbes et innumerabiles populos
oppressit ».
2 Ammien Marcellin, XXVI, 10; Consularia Constantinopolitana, éd. Mommsen,
Chronica minora, M.G.H., AA., 9, p. 240. Ce dernier document ne mentionne que le
raz de marée.
3 Ammien Marcellin, loc. cit.. Ce texte est une description du raz de marée, le
séisme étant évoqué seulement par la formule « tremef acta concutitur omnis terre
ni stabilitas ponderis», «la stabilité ébranlée de toute la masse terrestre est
secouée ».
MEFRA - 96 - 1984 - 1, p. 463-491. 464 CLAUDE LEPELLEY
ment, et surtout le tsunami, le grand raz de marée qui avait fortement
frappé l'imagination des contemporains4.
Dans ses deux éloges funèbres de Julien, la Monodie et YEpitaphios,
Libanius a évoqué les tremblements de terre qui ont précédé ou suivi la
mort de l'empereur et qu'il a présentés comme des avertissements ou
comme l'expression du deuil de la nature, s'associant à la consternation
des hommes. Ces textes sont, assurément, fort rhétoriques et mêlent des
événements très divers. Si, dans la Monodie, écrite probablement en 364,
l'évocation est brève5, YEpitaphios fournit des éléments plus précis. Y
sont mentionnés le séisme qui détruisit partiellement Nicée en 362 et celui
qui, l'année suivante, ravagea la Palestine. Mais Libanius assure aussi que
les villes de Grèce, de Sicile et de Libye furent détruites6. On a pu penser
qu'il évoquait ici le tremblement de terre de 365 et qu'il fallait ajouter
l'Afrique aux régions touchées par la catastrophe. En fait, on ne peut
savoir si l'orateur entendait le terme de Libya au sens administratif du
temps, c'est-à-dire les deux provinces de Libye supérieure et inférieure,
correspondant en gros à la Cyrénaïque du Haut-Empire, ou au sens clas
sique, l'ensemble de l'Afrique au nord du Sahara, l'Egypte et
les régions sises à l'est du Nil exclues. Des savants contemporains, en par
ticulier A. Di Vita et R. Rebuffat, se sont ralliés à la seconde interpréta
tion et ont pensé que les provinces africaines, jusqu'à la Maurétanie,
avaient été ravagées. Ils ont, d'autre part, estimé que les destructions évo
quées par Libanius étaient toutes dues au séisme décrit par Ammien et
advenu le 21 juillet 365.
Des archéologues ont attaché une grande importance à ces conclus
ions, car ils ont vu là une possibilité d'établissement d'une datation pré
cise et absolue : des niveaux de destruction, d'abandon d'édifices ou, au
contraire, de reconstruction, pourraient correspondre aux effets de cette
catastrophe sur les sites qu'ils étudient. A. Di Vita et R. Rebuffat ont
recherché en Afrique des traces du cataclysme, à partir d'observations
4 On trouvera une étude précise de l'ensemble du dossier de textes littéraires
concernant cet événement dans l'article de François Jacques et Bernard Bousquet,
Le raz de marée du 21 juillet 365. Du cataclysme local à la catastrophe cosmique,
dans ce même volume infra, p. 423-461.
5 Libanius, Or. XVII, 30, éd. Foerster (Teubner), t. II, p. 218; dans ce discours,
assurément antérieur à juillet 365, Libanius évoque déjà « les séismes qui secouent
toute la terre » (σεισμοί yfjv πασαν δονοΰντες).
6 Libanius, Or. XVIII, 292, ibid., p. 364-365. Sur la datation et la signification de
ce passage, voir F. Jacques et B. Bousquet, op. cit., p. 428-437. DU NORD ET LE PRÉTENDU SÉISME UNIVERSEL DU 21 JUILLET 365 465 L'AFRIQUE
faites à Sabratha, en Tripolitaine7, et à Cuicul, en Numidie8. Ces savants
ont donc eu tendance à attribuer aux conséquences de ce séisme l'ensem
ble des destructions, des constructions et des restaurations d'édifices que
l'on peut constater en Afrique durant la vingtaine d'années qui suivit 365.
L'hypothèse a été poussée jusqu'à ses limites extrêmes par A. Di Vita,
dans une étude où il attribue toute activité constructrice, et jusqu'à la
pose d'une simple mosaïque, sur le territoire de la Tunisie actuelle au IVe
siècle, aux suites de deux tremblements de terre d'une force très except
ionnelle, l'un datable des années 306-310, l'autre de 365 9.
Le problème est d'importance, tant pour les datations archéologiques
que pour l'intelligence de l'histoire africaine à l'époque romaine tardive.
Dans une étude sur les cités d'Afrique au Bas-Empire10, j'ai pu constater
que l'histoire de ces villes se révélait complexe, fort variable selon les
régions, et que sa compréhension exigeait des formes d'approche histori
que très diverses. Dans bien des cas, on remarque un maintien de la pros
périté des cités, une permanence de leurs structures municipales romai
nes traditionnelles. De nombreuses inscriptions révèlent des phases de
grande activité constructrice (sous Dioclétien ; sous Valentinien Ier) cou
pées de p&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents