L archivistique sous l Ancien Régime, le Trésor, l Arsenal, et l Histoire - article ; n°4 ; vol.12, pg 447-472
27 pages
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L'archivistique sous l'Ancien Régime, le Trésor, l'Arsenal, et l'Histoire - article ; n°4 ; vol.12, pg 447-472

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Description

Histoire, économie et société - Année 1993 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 447-472
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Paul Delsalle
L'archivistique sous l'Ancien Régime, le Trésor, l'Arsenal, et
l'Histoire
In: Histoire, économie et société. 1993, 12e année, n°4. pp. 447-472.
Citer ce document / Cite this document :
Delsalle Paul. L'archivistique sous l'Ancien Régime, le Trésor, l'Arsenal, et l'Histoire. In: Histoire, économie et société. 1993, 12e
année, n°4. pp. 447-472.
doi : 10.3406/hes.1993.1685
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1993_num_12_4_1685L'ARCHIVISTIQUE SOUS L'ANCIEN RÉGIME,
LE TRÉSOR, L'ARSENAL, ET L'HISTOIRE
par Paul DELSALLE
Résumé
Nous donnons ici une synthèse des premiers résultats d'une vaste enquête sur l'histoire de
l'archivistique aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles^. L'étude des moyens matériels de conservation
démontre d'abord l'intérêt que les hommes de l'Ancien Régime portent aux archives. Les documents
constituent avant tout un trésor et un arsenal : on s'y intéresse quotidiennement pour défendre des
intérêts économiques ou des privilèges liés à un état social. Nous analysons successivement la
politique archivistique mise en œuvre par les villes et les communautés villageoises, les institutions
religieuses et hospitalières, et la situation des archives chez les particuliers. Nous montrons que
l'archivistique est déjà une véritable science, que la protection des archives est un souci constant, et
que la communication des archives au public existe, grâce au développement de la science historique,
bien avant la Révolution. L'histoire de l'archivistique qui jusqu'alors n'intéresse que les archivistes,
mérite d'être un nouveau champ de recherche pour les historiens.
Abstract
This paper summarizes the first findings of a vast survey covering the history of archival science
in the 16 th, 17 th and 18 th centuries. The study of the pratical preservation measures taken gives
ample proof of the emphasis laid on archives by the men and women of the Ancien Régime. The
documents they preserved were not just symbols of wealth, they also served as stratefie weapons,
since they were daily referred to when it came to defending the economic interests or privileges linked
to a particular social status. This study analyses the archival policies set up by towns, boroughs,
religious and charitable institutions, as well as the situation of privately held archival material. It
intends to show that archival activities had already a scientific status and that public access to archival
material existed well before the French Revolution, thanks to the development of historical science.
The history of archival science, which until now had only been of interest to archivists therefore
deserves to be treated by historians as a new stimulating research field2.
L'histoire de l'archivistique à l'époque modeme mérite d'être entreprise. Pour
l'instant, on a très peu travaillé sur ce problème bien qu'il présente un immense intérêt
en histoire. L'archivistique constitue en effet un reflet des préoccupations écono
miques et sociales des hommes de l'Ancien Régime. Le terme ďarchivistique peut être
employé sans scrupule pour la période moderne puisque cette science existe dès
l'époque médiévale3 et se développe considérablement sous l'Ancien Régime, en lia
ison avec la diffusion de l'écrit et l'essor de la recherche historique. Le rôle de Dom
Mabillon (1632-1701) est important, dont la démarche critique a souvent été souligné. 448 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
Ce Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur a fondé véritablement la diplomat
ique, la critique des documents4.
En amont, tout repose sur l'archivistique, qui peut être définie comme la science
de la conservation, du classement et de la mise en valeur des documents. En aval,
l'érudition historique devient une discipline intellectuelle, reposant sur la fréquentation
des bibliothèques, l'heuristique (c'est-à-dire la collecte des documents) et l'exposé des
résultats des travaux de recherche historique au sein des académies. Rappelons sim
plement ici l'action des Jésuites Bollandistes, des Oratoriens, des Bénédictins de la
Congrégation de Saint-Maur, tels que Louis Antoine Muratori (1672-1750) ou Fran
çois Maffei (1675-1755)5, la fondation de l'Académie des Inscriptions et des Belles-
Lettres en 1663, et le culte des antiquités, des documents anciens. Cette évolution in
tellectuelle influence sensiblement les pratiques de l'archivistique.
Aux XVIe et XVIIe siècles, les archives sont souvent appelées «titres», ce qui
donne une connotation juridique ; en effet, lorsque le mot titre apparaît au milieu du
Xlle siècle, il a le sens ď acte juridique. Ces titres sont presque uniquement des do
cuments écrits sur des supports en parchemin (peaux de vaches, de moutons,
d'agneaux...) et surtout en papier (fabriqué à partir de chiffons de lin ou de chanvre,
dont la production véritablement industrielle se développe à partir du XVIe siècle). Les
supports sont peu variés : registres, liasses ou pièces isolées, pliées ou enroulées.
L'immense majorité des actes est manuscrite, le reste étant imprimé (affiches,
édits...).
L'étude des conditions matérielles de conservation des archives montre bien que
les institutions et les particuliers voient d'abord dans les les preuves de leurs
droits et le moyen de défendre leurs privilèges. Elles sont bien «l'arsenal de
l'autorité»6. La définition donnée par Y Encyclopédie en 1751 ne laisse planer aucun
doute :
Archives : se dit d'anciens titres ou Chartres (sic) qui contiennent les droits, pré
tentions, privilèges et prérogatives d'une maison, d'une ville, d'un royaume7.
Le trésor des privilèges, l'arsenal de l'autorité
Depuis la défaite de Fréteval, en 1 194, près de Vendôme, au cours de laquelle le
roi Philippe Auguste avait perdu ses archives, on observe le souci de bien protéger les
documents, de les mettre en sûreté, comme un trésor dans un bâtiment solidement
gardé. L'Etat royal, les institutions provinciales, et surtout les villes, dont les privi
lèges sont sans cesse remis en cause, multiplient les efforts. Les échevins de Stras
bourg, en 1399, décident de «construire un local voûté, à l'abri du feu pour y déposer
cette correspondance et ces registres»8.
Le droit de garder ses propres archives fait d'ailleurs partie des privilèges concé
dés par le souverain à la ville de Lyon en 1320. Sous l'Ancien Régime, toutes les
villes ont un bâtiment sinon un simple local pour conserver leurs archives, leur trésor. L'ARCHIVISTIQUE SOUS L'ANCIEN REGIME 449
A Lille, en Flandre, les documents sont conservés à la halle échevinale, dans la «salle
de la trésorerie». A Beaune, les archives se trouvent en 1620 dans la «chambre du tré
sor». A Douai, elles restent dans la «trésorerie». A Blois, les privilèges municipaux
sont gardés dans le trésor de l'abbaye de Bourgmoyen9. Les archives de la paroisse
Saint-Maurice de Lille se gardent dans «la trésorerie» paroissiale au XVIIe siècle. Les
archives de la famille de Rochechouart, en Limousin, sont dans «la chambre du tré
sor», au château. Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel publié en 1690,
donne d'ailleurs cette définition du mot archives : Trésor, chambre où l'on garde les
titres et papier d'une maison, d'une communauté10.
En ville, les archives sont souvent conservées à l'Hôtel de ville, et dans une salle
spécialement affectée. Lyon réserve une salle du nouvel Hôtel de ville construit en
1645 pour les archives, avec portes blindées. On peut encore voir aux Archives
d'Arles la salle des archives installée au XVIIe siècle, et toujours à cet usage au
jourd'hui, elle aussi avec des portes blindées. A Mulhouse, on accède au caveau des
archives après avoir franchi une énorme porte blindée ; les fenêtres ont une double
rangée de barreaux1 1 . Entre le plafond et le plancher se trouve une épaisse couche de
terre, protection efficace contre le feu. Les échevins, les consuls, les capitouls et
autres hommes de loi choisissent souvent un lieu surveillé. C'est pourquoi les ar
chives sont souvent près de la prison communale. A Belfort, les archives sont instal
lées au-

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