L aventure cinéphilique de positif (1952-1989) - article ; n°1 ; vol.23, pg 21-34
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1989 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 21-34
The movie fans'adventure : Positif (1952-1989), Thierry Frémaux.
Created in 1952 by a few students from Lyons, the magazine Positif was one of the most vital incarnations of the great wave of demanding and militant film enthusiasm which emerged in the 1950s and was to level off in the 1970s. Often opposed to Cahiers du cinema, the journal defended a cinema of social denunciation and erudite criticism, committed and passionate, which made up a style of its own and brought about its success. But this search for a kind of cinematographic purity ended up by isolating Positif, whose audience has declined considerably. The history of a magazine thus becomes material for a cultural history of today's France.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 148
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thierry Frémaux
L'aventure cinéphilique de positif (1952-1989)
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°23, juillet-septembre 1989. pp. 21-34.
Abstract
The movie fans'adventure : Positif (1952-1989), Thierry Frémaux.
Created in 1952 by a few students from Lyons, the magazine Positif was one of the most vital incarnations of the great wave of
demanding and militant film enthusiasm which emerged in the 1950s and was to level off in the 1970s. Often opposed to Cahiers
du cinema, the journal defended a cinema of social denunciation and erudite criticism, committed and passionate, which made up
a " style " of its own and brought about its success. But this search for a kind of cinematographic purity ended up by isolating
Positif, whose audience has declined considerably. The history of a magazine thus becomes material for a cultural history of
today's France.
Citer ce document / Cite this document :
Frémaux Thierry. L'aventure cinéphilique de positif (1952-1989). In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°23, juillet-septembre
1989. pp. 21-34.
doi : 10.3406/xxs.1989.2831
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1989_num_23_1_2831L'AVENTURE CINEPHILIQUE
DE POSITIF
1952-1989
Thierry Frémaux
Moins connue sans doute que Les Ca pendant laquelle toute une génération dé
hiers du cinéma, la revue Positif n'en couvre tout à coup des artistes de génie
constitue pas moins Tune des plus vi nommés Eisenstein, Welles, Bunuel, Hitch
vantes incarnations du grand courant de cock et la saveur d'une production améri
cinéphilie exigeante et militante qui peu caine qui déferle sur les écrans grâce aux
à peu s'affirme dans la France des accords Blum-Byrnes. Période mouvementée
« Trente Glorieuses ». Erudit, engagé, qui a vu les bancs de la cinémathèque
passionné, le « clan- Positif» a beaucoup française accueillir des chasseurs de géné
riques (rareté de la documentation oblige, aimé, beaucoup détesté, s'est battu sou
vent, s'est trompé parfois : autant de rai on entendait crépiter les appareils photos à
sons pour lesquelles il a sa place dans chaque début de film...), des chapelles qui
une histoire culturelle du temps présent, se disputaient l'honneur d'avoir découvert
tout autant que dans le cœur de plusieurs tel ou tel cinéaste, des groupes à l'appellation
générations de cinéphiles. Car, à travers bizarre, les « hitchcocko-hawksiens » ou
même les « hitchcocko-fordiens » et les « posl'histoire d'une revue, c'est toute une
histoire du cinéma regardé qui emplit itivistes ».
l'écran. Positivistes ? Vous avez dit positivistes ?
Que personne n'y voie quelque émanation
de l'école philosophique et historique chère Evoquer l'histoire de la critique c
à Auguste Comte, que quelques cinéphiles inématographique française d'après
délirants (pléonasme ?) auraient mêlée à l'ac1945, c'est d'abord s'étonner de l'e
tivité culturelle la plus prisée des années xtrême prolifération des revues. Période fa
1950 et 1960 : positiviste vient de Positif, la stueuse où le cinéma méritait aux yeux de
revue de cinéma. Marginale, moins connue quelques passionnés, lointains héritiers de
du grand public que Les Cahiers du cinéma, l'avant-garde française des années 1920 (les
qui n'ont jamais manqué, depuis le trio Delluc, Epstein, Dulac), d'être défendu
fondateur Bazin - Doniol-Valcroze - Lo comme un art à part entière, le septième
Duca jusqu'à l'équipe actuelle en passant par justement1. Période riche d'un foisonne
« l'âge d'or » Truffaut-Chabrol-Godard-Roh- ment intellectuel né des années de privation,
mer, de maintenir un certain suivi et de
nourrir la revue de références à son propre 1. « Septième Art, parce que l'architecture et la musique, passé2. les Arts suprêmes avec leurs " complémentaires " peintures,
sculpture, poésie et danse, ont formé jusqu'ici le cœur hexa-
rythmique du rêve esthétique des siècles. Une seule devise pour
tous : l'Art pour le septième Art » (Cinéa, 1921). 2. Cf. l'édition récente des écrits critiques de Jean Douchet
21 THIERRY FREMAUX
Bouchet 3, de la « bande » à Renaud 4, de Positif n'a pas d'archives. Elle n'a pas
(trop) connu de révolutions de palais et n'a la « bande » à Fanon 5. Félicitations de la
pas non plus engendré une « nouvelle part... des Cahiers du cinéma : « Rédigée dans
le calme trompeur de la province, écrivent- vague » de cinéastes ni conçu une politique
d'auteurs comme théorie d'un cinéma qui ils, par de jeunes cinéphiles passionnés qui
se méfient des mirages de l'actualité... Au restait à inventer. Mais elle est là, elle existe.
Depuis trente-cinq ans. Avec un rôle bâtis sommaire de son premier numéro, d'inté
seur et un itinéraire qui met en évidence les ressantes études sur L'auberge rouge et sur
permanences et les ruptures d'un phénomène Los olvidados, une exégèse d'Orphée et des
sur lequel l'historien (l'historien du cinéma, mythes orphiques, un article sur la musique
l'historien du social) s'est jusqu'ici assez peu de film, etc. »6. Echo poli du premier édito
penché : la cinéphilie. de Positif : « Nous voudrions enfin ne pas
démériter de la critique de cinéma. Saluons
ici nos aînés : Les Cahiers du cinéma, Sight O « UNE REVUE DE MAL ÉLEVÉS... »
and Sound, lùianco e nero, Raccords... Loin de
tout recommencer après une " fermeture au
Mai 1952. Un bulletin propose 34 pages noir ", c'est sur une " ouverture en fondu "
d'écriture serrée à quelques enragés qui que vient s'inscrire Positif sur notre écran ».
goûtent le ton nouveau et l'engagement En désignant un petit nombre de revues
cinéphilique de quatre étudiants en khâgne comme ses aînées, Positif marquait le respect
du lycée du Parc de Lyon. «Je voulais démont dû à leur prestige et à leur rang, mais
rer, se rappelle aujourd'hui Bernard Char- prouvait qu'elle entendait bien participer
dère, premier rédacteur en chef, qu'à l'image ainsi au concert critique national et inter
des siècles passés, les films avaient aussi une national, dans le sillage de La Revue du cinéma
histoire, une esthétique et pouvaient soutenir la et des Cahiers du cinéma et dans celui de
comparaison. Nous, nous étions un peu naïfs et Raccords1 (fondée en février 1950 par Gilles
juvéniles mais plus encore scandalisés de ne pas Jacob 8et ses camarades de... khâgne) et de
voir le cinéma pris au sérieux. Il y avait d'imL' Age du cinéma (revue surréaliste dirigée
portantes revues de lettres, de musique, mais pas par Ado Kyrou, Robert Bénayoun et
de cinéma. Je crois qu'il j avait aussi quelques Georges Goldfayn). Quatre de ces quinze
revendications d'identité provinciale : oui, nous
voulions exister dans une grande ville autre que 3. Paul Bouchet, avocat, président de l'AG, qui vient de
Paris. 1 » faire chanceler la « poussiéreuse » UNEF en faisant adopter en
1946 la « charte de Grenoble », véritable acte de naissance et
A ce premier tirage de 3 000 exemp base théorique du syndicalisme étudiant, qui sera élargi en 1950
aux territoires coloniaux. P. Bouchet est aujourd'hui membre laires2, l'accueil fut d'emblée excellent. du Conseil d'Etat.
4. Du juge François Renaud assassiné à Lyon en juillet Emotion dans les locaux de l'Association 1975.
générale des étudiants de Lyon : Chardère 5. De Franz Fanon (1925-1961). Il menait à Lyon des
études de psychiatrie. et ses copains ont sorti leur revue ! Ap 6. Les Cahiers du cinéma, 13, juin 1952.
7. L'importance de Raccords est à souligner. Non seulement plaudissements du côté de la « bande » à
parce qu'elle aura une influence sur la naissance de Positif, mais
aussi sur l'existence de presque toutes les autres revues de
cinéma nées après guerre. Elle fut la première à passer au-
dessus de l'establishment critique avec un goût prononcé pour
la provocation et le pastiche, prouvant que seule une nouvelle et de François Truffaut, ainsi que les fac-similés des Ca

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