L École Polytechnique Féminine : une mixité paradoxale - article ; n°1 ; vol.150, pg 19-29
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Revue française de pédagogie - Année 2005 - Volume 150 - Numéro 1 - Pages 19-29
Biljana Stevanovic, Nicole Mosconi - La Escuela Politécnica Femenina : una coeducación paradójica. Este artículo trata de la evolución de la coeducación en una escuela de ingenieros, la Escuela Politécnica Femenina. Fundada en 1925 y reservada a las chicas, esta escuela se abrió a los chicos en 1994. Desde la introducción de la coeducación, los alumnados femeninos han disminuido considerablemente, hasta el punto de sólo contar hoy día con un 37 % de chicas en la escuela. Para intentar aclarar esta disminución, hemos optado por comparar chicas y chicos actualmente escolarizados en esta escuela bajo varios ejes (motivaciones y mecanismos de orientación hacia la EPF, influencia familiar, escolaridad en la escuela, proyectos profesionales). Los resultados han mostrado que las chicas tienen las mismas estrategias de orientación e igualmente los mismos proyectos profesionales que los chicos escolarizados en la EPF. Para unos y otros, se trata, con un nivel escolar que no da acceso a las clases preparatorias clásicas, de poder obtener a pesar de todo un diploma de ingeniero generalista. Si las chicas se presentan menos a la escuela, es que desde hace unos veinte años el número de escuelas de ingenieros accesibles se ha multiplicado y que prefieren escuelas más valoradas cuando su nivel escolar se lo permite.
Biljana Stevanovic, Nicole Mosconi - Die Polytechnische Hochschule für Frauen (EPF : Ecole Polytechnique Féminine) : eine paradoxe Koedukation. Dieser Artikel beschäftigt sich mit der Koedukation in einer Ingenieurschule, die 1925 gergründet wurde und zunächst nur Mädchen offenstand, dann jedoch 1994 auch Jungen aufgenommen hat. Seit diesem Zeitpunkt hat der Anteil der Mädchen beträchtlich abgenommen und die Schule zählt heute nur 37 % Frauen. Um zu versuchen, dieses Abnehmens zu erklären, haben wir uns vorgenommen, heutige Studenten und Studentinnen nach mehreren Kriterien zu vergleichen (Motivation und Orientierungsprozeduren zu der EPF, Einfluß der Familie, Schulkarriere, Berufspläne). Es hat sich daraus ergeben, dass die Mädchen die gleichen Orientierungsstrategien und auch die gleichen Berufspläne haben wie ihre männlichen Kollegen an der EPF. Für die einen wie für die anderen geht es darum, - mit einem Schulniveau, das dem Zugang zu klassischen Präparatoriumsklassen* nicht ermöglicht - trotz allem ein generalistisches Ingenieurdiplom zu schaffen. Dass die Mädchen sich weniger für diese Schule bewerben, kann man dadurch erklären, dass die Zahl der ihnen zugänglichen Hochschulen gestiegen ist und dass sie lieber höher angesehene Hochschulen wählen, wenn ihr Schulniveau es ihnen erlaubt. * AnspruchsvolleVorbereitungsklassen auf die Eingangsprüfung sogenannter Grandes Ecoles.
Cet article porte sur l’évolution de la mixité dans une école d’ingénieurs, l’École Polytechnique Féminine. Fondée en 1925 et réservée aux filles, cette école s’est ouverte aux garçons en 1994. Depuis l’introduction de la mixité, les effectifs féminins ont baissé considérablement jusqu’à compter aujourd’hui 37% de filles seulement à l’école. Pour tenter d’éclairer cette baisse, nous avons choisi de comparer filles et garçons actuellement scolarisés dans cette école, sur plusieurs axes (motivations et mécanismes d’orientation vers l’EPF, influence familiale, scolarité à l’école, projets professionnels). Les résultats ont montré que les filles ont les mêmes stratégies d’orientation et également les mêmes projets professionnels que les garçons scolarisés à l’EPF. Pour les uns et les autres, il s’agit, avec un niveau scolaire qui ne permet pas l’accès aux classes préparatoires classiques de pouvoir obtenir malgré tout un diplôme d’ingénieurs généraliste. Si les filles se présentent moins à l’école, c’est que depuis une vingtaine d’années, le nombre des écoles d’ingénieurs accessibles s’est multiplié et qu’elles préfèrent des écoles plus cotées, quand leur niveau scolaire le leur permet.
Biljana Stevanovic, Nicole Mosconi - Female Polytechnic School : a paradoxical mixture. This article explores the evolution of the mixed nature into a Engineering School, The Female Polytechnic School. Founded in 1925 and intended only for women, it was opened to male students in 1994. Since the introduction of this reform, the number of female students has lowered down considerably, as to a 37 % only nowadays. To try to understand this drop, we have chosen to compare women and men currently enrolled in this School under several criteria (motivation and orientation mechanisms towards the School, family influence, scholarship, professional projects). The results showed that women have the very same orientation strategies and professional projects than men. For both of them, it is a matter of, having a Degree that excludes the classic preparatory classes, being allowed to obtain a Generalist Engineer Title, despite of all. If the ladies apply less to the School it is because since about 20 years ago, the number of Female Schools has been multiplied and nowadays they chose to attend to the most in demand ones that their School Level allows them.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

e
L
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e
L’École Polytechnique Féminine :
une mixité paradoxale
Biljana Stevanovic
Nicole Mosconi
Cet article porte sur l’évolution de la mixité dans une école d’ingénieurs, l’École Polytechnique Féminine.
Fondée en 1925 et réservée aux filles, cette école s’est ouverte aux garçons en 1994. Depuis l’introduction de
la mixité, les effectifs féminins ont baissé considérablement jusqu’à compter aujourd’hui 37% de filles
seulement à l’école. Pour tenter d’éclairer cette baisse, nous avons choisi de comparer filles et garçons
actuellement scolarisés dans cette école, sur plusieurs axes (motivations et mécanismes d’orientation vers
l’EPF, influence familiale, scolarité à l’école, projets professionnels). Les résultats ont montré que les filles ont
les mêmes stratégies d’orientation et également les mêmes projets professionnels que les garçons scolarisés
à l’EPF. Pour les uns et les autres, il s’agit, avec un niveau scolaire qui ne permet pas l’accès aux classes
préparatoires classiques de pouvoir obtenir malgré tout un diplôme d’ingénieurs généraliste. Si les filles se
présentent moins à l’école, c’est que depuis une vingtaine d’années, le nombre des écoles d’ingénieurs
accessibles s’est multiplié et qu’elles préfèrent des écoles plus cotées, quand leur niveau scolaire le leur
permet.
Mots-clés : mixité, école d’ingénieurs, origine féminine, orientation, projets professionnels.
écoles d’ingénieurs leur nombre dépasse à peine
e XX siècle est le grand siècle de l’instruction
20%, 24,5% en 2003 (2).
féminine. Les filles sont entrées dans toutes les
filières de l’enseignement supérieur et représentent la
On peut y voir l’effet de l’histoire. En effet, les
majorité des effectifs, 56,1% en 2002/2003. Elles
écoles d’ingénieurs ont longtemps été des écoles
sont majoritaires en lettres (73,3%) et sciences
réservées aux garçons et elles ne se sont ouvertes
humaines (67,2%). Les filles ont fait des percées
aux filles que tardivement. Alors que les premières
remarquables en médecine, 58,1%, et en droit, 64%,
«g randes écoles » ont été créées au XVIII siècle, les
secteurs autrefois considérés comme masculins (1).
écoles d’ingénieurs n’ont commencé à s’ouvrir aux
Mais dans le secteur des grandes écoles d’ingé- filles qu’au début du XX siècle, suite à la première
nieurs, les filles restent très minoritaires. Dans les guerre mondiale qui a provoqué une grande pénurie
Revue française de pédagogie, n° 150, janvier-février-mars 2005, 19-29 19à
a
?
de jeunes hommes (l’École Centrale de Paris en 1917, déroulement de leur scolarité à l’école, sur leurs pro-
l’Institut national d’agronomie en 1919, l’École supé- jets professionnels. La méthodologie adoptée était
rieure d’électricité en 1919, l’École supérieure d’aéro- un questionnaire soumis aux filles et aux garçons
nautique en 1924…). D’autre part, les écoles fondées scolarisés à l’EPF au moment de l’enquête (environ
à cette époque ont été toutes mixtes : l’École de chi- 850 questionnaires ont été distribués) ainsi que des
mie de Marseille (1917), l’École de chimie de Rouen entretiens semi-directifs réalisés auprès de 31 élèves
(1918), l’École de chimie de Rennes (1919), l’École de (16 garçons et 15 filles).
chimie de Strasbourg (1919), l’Institut d’optique (1920).
Mais ces ouvertures n’ont pas provoqué un afflux de
jeunes filles : rares sont celles qui ont été admises
dans ces établissements et encore plus rares ont été
LA MIXITÉ
les femmes diplômées ingénieurs qui ont exercé le
DANS LES GRANDES ÉCOLES D’INGÉNIEURS
métier.
Même si le pourcentage des filles dans les écoles
Pour pallier cette situation et favoriser l’accès des
d’ingénieurs augmente après la deuxième guerre
filles aux études et aux carrières d’ingénieurs dans le
mondiale, avec l’apparition de nouveaux secteurs et
monde industriel, jusque-là réservées aux hommes,
de nouvelles écoles, il ne dépasse pas 4% jusqu’en
une femme diplômée, en 1922, de l’Institut d’électri-
1964. À partir de cette date leur proportion croît régu-
cité de Grenoble, Marie-Louise Paris, qui avait vécu
lièrement passant de 7% en 1975, 11% en 1978,
difficilement sa situation minoritaire dans cette école,
15% en 1981. À cette époque, les dernières grandes
décide de fonder, en 1925, une école d’ingénieurs
écoles non-mixtes s’ouvrent progressivement à la
réservée aux filles, l’École Polytechnique Féminine
mixité :l ’École des Ponts et Chaussées en 1962,
(EPF). Pendant 69 ans, cette école a formé des femmes
l’École des Mines de Paris en 1969, et l’École poly-
ingénieurs avant de s’ouvrir aux garçons et de deve-
technique en 1972. En 1986 les ENS d’Ulm et de
nir mixte en 1994.
Sèvres fusionnent, entraînant une baisse très impor-
tante des filles admises dans les sections mathéma-
Cet article se propose de décrire ce passage de la
tiques et physique.
non-mixité à la mixité dans cette école. Habituelle-
ment la mixité s’institue par l’admission de filles dans
Depuis 1984 le nombre de filles sur l’ensemble des
les écoles jusque-là réservées aux garçons. On la
écoles d’ingénieurs ne cesse d’augmenter ; mais il
considère alors comme un progrès vers la démocrati-
s’agit d’une augmentation modérée car leur propor-
sation puisqu’elle permet aux filles d’accéder à des
tion n’a jamais dépassé 30% :1 7,5 en 1984 (7 494
domaines d’étude dont elles étaient jusque-là exclues
filles), 19,6 en 1989 (10 633 filles), 22,6 en 1994
et d’acquérir les mêmes diplômes que les garçons. Ici
(16 534 filles), 22,3 en 1998 (18 467 filles), 23,1 en
on est dans un cas paradoxal, puisqu’il s’est agi d’ad-
2000 (20 606 filles) et 24,5% en 2003 (23 333 filles) (5).
mettre des garçons dans une école d’abord réservée
aux filles, dans ce domaine de l’ingénierie où les
L’École Polytechnique Féminine (EPF) de Sceaux
hommes sont déjà si prédominants. Nous pouvons
qui, depuis sa création en 1925, était la seule école
donc nous demander, dans ce cas particulier de
d’ingénieurs réservée aux filles, restait la dernière
l’EPF, à qui la mixité a réellement profité.
école d’ingénieurs non mixte. En 1994, elle devient
mixte en s’ouvrant aux garçons. Depuis, la proportion
Depuis l’introduction de la mixité et l’entrée des
des filles a considérablement diminué. Comment
garçons, en effet, le nombre de filles a baissé très
peut-on expliquer ce phénomène
rapidement au sein de l’école : avant la mixité, on
avait environ 160 filles par promotion (3), aujourd’hui On ne peut comprendre le cas de l’EPF que si on le
(4) il y en a seulement 80 pour 113 garçons (41%). replace dans le contexte de l’ensemble des effets de
Nous avons essayé de comprendre pourquoi les la mixité dans le système scolaire et dans le champ
filles sont devenues si peu nombreuses. Pour plus spécifique des écoles d’ingénieurs. La mixité
répondre à cette question nous avons mené une eu en effet des effets contrastés : d’une part, comme
enquête auprès des élèves, filles et garçons, actuel- l’ont montré beaucoup d’auteurs (Duru-Bellat, Bau-
lement scolarisés dans cette école, sur leurs motiva- delot, Felouzis), la mixité a ouvert de nouvelles filières
tions à choisir cette école, sur l’influence de l’entou- aux filles et leur a permis d’acquérir des diplômes
rage familial sur leur orientation vers l’EPF et plus nouveaux. En particulier, la mixité a rendu possible
généralement vers les études d’ingénieurs, sur le l’accès des filles aux diplômes d’ingénieur. Cepen-
20 Revue française de pédagogie, n° 150, janvier-février-mars 2005à
à
dant c’est peut-être aussi la mixité qui peut expli- ce sont des investissements éducatifs dans la direc-
quer leur faible présence, en raison des orientations tion des filières qui leur sont traditionnellement desti-
très différentielles des filles et des garçons dans nées et qui c

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