L Encyclopédie et la physique  - article ; n°3 ; vol.4, pg 294-323
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1951 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 294-323
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Vassails
L'Encyclopédie et la physique
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1951, Tome 4 n°3-4. pp. 294-323.
Citer ce document / Cite this document :
Vassails Gérard. L'Encyclopédie et la physique . In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1951, Tome 4 n°3-4.
pp. 294-323.
doi : 10.3406/rhs.1951.4339
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_3_4339\f Encyclopédie et la physique
h 'Encyclopédie constitue une mine inépuisable d'enseignements
et de documents pour l'historien des sciences de la Nature. Ce
gigantesque monument de la « civilisation écrite » et de notre
culture nationale reflète fidèlement et complètement l'état de
développement de ces sciences au milieu du xvme siècle. Techniques
de la production ; organisation (X)] équipement, méthodes et
résultats de l'expérimentation scientifique ; degré et formes de
l'élaboration théorique, rationnelle de la connaissance scientifique ;
lutte d'idées inhérente au progrès de la pensée scientifique, et
rapports de cette lutte avec les luttes d'idées sur le plan social
par la médiation des conceptions philosophiques. Tout cela, on le
voit vivre et se développer en lisant le Dictionnaire raisonné des
Sciences, des Lettres et des Arts.
Dans le cours historique de la croissance des forces productives,
V Encyclopédie paraît au moment où s'amorce l'apogée de la période
manufacturière, au où approche le passage à la phase
suivante de la production capitaliste, celle de la grande industrie.
En rassemblant un grand nombre d'ouvriers dans un même lieu
de travail, la manufacture produit de nouvelles formes de la division
du un degré supérieur de l'organisation de la production
et développe l'emploi de la machine-outil. L'apogée de la période
manufacturière est précisément caractérisée par la généralisation
de l'emploi de la machine-outil dans les manufactures. Or, c'est
la machine-outil qui réalise la condition nécessaire du passage à
la grande industrie, qui rend l'industrie toute prête à l'utilisation
de plus en plus large de la vapeur et de l'électricité. Sous la poussée
des besoins du commerce mondial, le manœuvre tournant des
journées entières la manivelle et servant de moteur à toute une
machine compliquée, ce manœuvre représenté dans nombre de
(1) Le point de vue de l'organisation sociale de la science — recherche, enseignement —
n'est pas abordé ici. L* « ENCYCLOPÉDIE » ET LA PHYSIQUE 295
planches de l'Encyclopédie, disparaîtra et sera remplacé de plus
en plus par la force hydraulique pendant la période manufacturière
même, puis, pendant la période suivante, par les moteurs thermiques
et électriques non astreints aux servitudes géographiques de
la chute d'eau. ■ •
Mais, ainsi que Marx l'a démontré, la construction des machines,
la navigation océane, etc., tout ce progrès des forces productives
ne pouvait se faire sans déchirer le voile des secrets que les corpo
rations de métiers « gardaient avec une jalousie inquiète », sans
bouleverser les cloisons étanches entre métiers. L'industrie ne
pouvait se développer sans éclairer les procès de production à la
lumière de la raison et de l'expérimentation scientifique, sans les
unifier, sans remplacer la recette empirique par la technologie,
la routine par la science. L'industrie, dit Marx, « créa la science
toute moderne de la technologie, elle réduisit les configurations
de la vie industrielle, bigarrées, stéréotypées et sans lien apparent,
à des applications variées de la science de la nature » (I).
C'est dans ce mouvement historique général du passage de
l'artisanat médiéval à l'industrie moderne que s'explique et prend
tout son sens l'admirable, immense et fécond effort des Encyclop
édistes pour promouvoir, et diffuser dans le peuple, cette « science
toute moderne de la technologie ». Diderot écrit dans l'averti
ssement du tome IV :
« Les faits ne seront plus ensevelis dans les ateliers et dans
les mains des artistes. Ils seront dévoilés au philosophe et la
réflexion pourra enfin éclairer et simplifier une pratique aveugle. »
h1 Encyclopédie est le premier et monumental ouvrage de
technologie moderne générale. Et ce n'est pas un simple recense
ment statique de recettes qu'elle se donne pour tâche. Diderot
nous en avertit : se plaçant à l' avant-garde du progrès de l'industrie,
elle veut stimuler ce progrès. L'article Industrie n'est qu'une glori
fication de la machine. Il démontre, par une argumentation
économique serrée, que diminuer le travail, augmenter la consom
mation des marchandises vendues à meilleur marché, « tel est
l'effet des moulins à eau, des moulins à vent, des métiers et de tant
d'autres machines, fruits d'une industrie précieuse ».
Il cite en exemple la Grande-Bretagne, et met à l'honneur
Vaucanson. Les machines étudiées dans le corps du Dictionnaire,
(1) K. Marx : Le capital, Éditions Sociales, t. II, p. 164. 296 revue d'histoire des sciences
et représentées dans les magnifiques gravures des Planches sont
en général les plus récentes, « les plus parfaites ». Le simple examen
des Planches rend éclatant le haut degré de développement atteint
dans la construction et l'emploi de la machine-outil, notamment
en sidérurgie, plomberie (laminoir), charpenterie (machine à scier
les planches ; à scier le bois dans l'eau), architecture (moulins à
scier les pierres en dalles), verrerie (machines à polir les glaces),
filatures, tissages (tour Vaucanson et moulins du Piémont), horlo
gerie (machine à fendre les roues ; à tailler les fusées), papeterie
(moulins à maillets), lunetterie (machines à couper et à polir les
verres), hydraulique (machines à élever l'eau ; Marly, la Samarit
aine, Notre-Dame, etc.).
La pompe à feu de Newcomen, première forme de la machine
à vapeur, est en service depuis 1711 en Angleterre pour l'exhaure ou
épuisement de l'eau dans certaines mines. En 1750, la pompe à feu
n'est donc qu'à ses débuts, il n'y en a que deux en France, et nul ne
peut prévoir encore sa grandiose destinée. Et pourtant, les Encyc
lopédistes, à l'affût de toutes les manifestations du nouveau, la
mettent à la place d'honneur en lui consacrant 6 pages. La machme
décrite est celle du bois de Bossu « dans le Hainaut autrichien,
et la plus parfaite que nous ayons les environs » (Feu).
Les données en ont été communiquées par « M. P... homme d'un
mérite distingué qui a bien voulu s'intéresser à la perfection de
notre ouvrage ». Il s'agit vraisemblablement d'un manufacturier,
ce qui fournirait un exemple de l'intérêt direct que portait à
Y Encyclopédie la bourgeoisie industrielle. La description de la
machine est minutieuse, les formules données pour calculer ses
dimensions illustrent le caractère scientifique que prend de plus
en plus l'industrie. Deux hommes — un chef et un chauffeur —
suffisent pour la faire marcher; en régime de marche normal,
14 impulsions par minute, elle élève 255 muids par heure à la hau
teur de 242 pieds (1 muid = 8 pieds cubes). La pompe a coûté au
total, main-d'œuvre comprise, 55.000 livres. L'auteur de l'article
ne peut cacher son admiration pour cette machine nouvelle. Le
jeu, dit-il, en est extraordinaire, et aux yeux d'un « cartésien
conséquent », partisan jusqu'au bout de la théorie des animaux-
machines, elle doit être « une espèce d'animal vivant, aspirant,
agissant, se mouvant par lui-même par le moyen de l'air, tant qu'il
y a de la chaleur » (ibid.).
Cependant, l'abondance des considérations sur les meilleures L' « ENCYCLOPÉDIE » ET LA PHYSIQUE 297
conditions d'emploi de la force des hommes et du cheval (article
Force), la place prépondérante accordée aux machines hydrauliques
à l'article Machine, reflètent bien les sources d'énergie dominantes
à l'époque manufacturière, la plus importante, et de beaucoup,
restant encore le muscle de l'homme. La critiqu

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