L enjeu des sécessions de la plèbe - article ; n°2 ; vol.102, pg 723-765
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 723-765
Janine Cels-Saint-Hilaire, L'enjeu des «sécessions de la plèbe», et le jeu des familles, p. 723-765. Sur la fondation de la République en 509 et sur sa refondation en 449, sur les deux sécessions de la plèbe en 493 et 449, enfin sur l'histoire du tribunat de la plèbe et de l'assemblée tribute, les récits de la tradition et les données de l'archéologie livrent un certain nombre d'indices de significations convergentes. Certes, les récits de la tradition sont porteurs d'anachronismes et de contradictions qui sont, sans doute possible, largement redevables de l'idéologie de la fin de la République et de l'époque augustéenne; ils n'en livrent pas moins des informations bien réelles sur l'histoire d'une société où commencent à se dissoudre les structures gentilices jusqu'alors dominantes; ils révèlent en même temps les charismes (v. au verso) très anciens, liés aux « passages » et aux fondations, dont les Horatii et les Valerii étaient porteurs; ils donnent enfin des indices de l'importance qu'à dû revêtir le grand pontificat dès 509, pour le contrôle des institutions et de leur création.
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Janine Cels-Saint-Hilaire
L'enjeu des sécessions de la plèbe
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2. 1990. pp. 723-765.
Résumé
Janine Cels-Saint-Hilaire, L'enjeu des «sécessions de la plèbe», et le jeu des familles, p. 723-765.
Sur la fondation de la République en 509 et sur sa refondation en 449, sur les deux sécessions de la plèbe en 493 et 449, enfin
sur l'histoire du tribunat de la plèbe et de l'assemblée tribute, les récits de la tradition et les données de l'archéologie livrent un
certain nombre d'indices de significations convergentes. Certes, les récits de la tradition sont porteurs d'anachronismes et de
contradictions qui sont, sans doute possible, largement redevables de l'idéologie de la fin de la République et de l'époque
augustéenne; ils n'en livrent pas moins des informations bien réelles sur l'histoire d'une société où commencent à se dissoudre
les structures gentilices jusqu'alors dominantes; ils révèlent en même temps les charismes
(v. au verso) très anciens, liés aux « passages » et aux fondations, dont les Horatii et les Valerii étaient porteurs; ils donnent
enfin des indices de l'importance qu'à dû revêtir le grand pontificat dès 509, pour le contrôle des institutions et de leur création.
Citer ce document / Cite this document :
Cels-Saint-Hilaire Janine. L'enjeu des sécessions de la plèbe. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°2.
1990. pp. 723-765.
doi : 10.3406/mefr.1990.1689
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_2_1689ITALIE, ESPAGNE ROME,
JANINE CELS - SAINT - HILAIRE
L'ENJEU DES «SÉCESSIONS DE LA PLÈBE»
ET LE JEU DES FAMILLES
On sait que les récits des Anciens sur la première «sécession de la
plèbe», aussi bien que sur la seconde, avec leurs incertitudes et leurs
contradictions, sont depuis longtemps sujets à controverse; et les grandes
ressemblances que l'on peut observer entre les deux sécessions n'ont fait
qu'accroître le scepticisme des Modernes. Aussi a-t-on proposé de voir
dans les récits de la création des premiers tribuns de la plèbe, après la
sécession de 494, en vertu d'une lex sacrata, une réduplication - par anti
cipation - de ce qui s'était passé en 449; l'histoire, mieux conservée, des
événements de 449av. J.-C, aurait contaminé les souvenirs pleins de
confusions que l'on avait pu garder des premiers temps de la Républi
que 1 ; et l'on a dit que si le tribunat de la plèbe avait du être crée comme
«sauvegarde privée de la plèbe»2 en 493, il n'avait pu être officiellement
reconnu à ce moment : il ne l'aurait été qu'en 449, et alors seulement, il
serait véritablement devenu une «magistrature plébéienne»3. Mais on a
aussi contesté l'authenticité de bien des épisodes de la sécession de 449, et
par exemple l'histoire de Virginie, dans laquelle il faudrait reconnaître un
doublet de celle de Lucrèce4. L'on a remarqué que si Danys d'Halicarnas-
se et Tite-Live citent bien les noms du décemvir Αρ. Claudius, en même
temps que celui de L. Verginius, et de sa fille Virginie, Cicéron rappelle
l'épisode sans nommer le décemvir, tandis que Diodore ne nomme aucun
des protagonistes : quelle crédibilité peut-on accorder alors à la version
de la tradition que suivent Tite-Live et Denys d'Halicarnasse?
1 Bayet, 1943, p. 126-128.
2p. 147.
3 Bayet, 1943, p. 127-128 et p. 146 et n. 1, et p. 147; Scullard, 1961, p. 55, date
la création du tribunat de la plèbe de 471, mais Alföldi, 1961, p. 28 sq., de 456; sur
la première sécession et la création du tribunat de la plèbe : Richard, 1978, p. 541
sq. (avec l'exposé des débats et la bibliographie).
4 Déjà Liv. 3, 44, 1 ; sur cet aspect de l'histoire de Virginie, cf. les observations
de Gagé, 1963, p. 252; Ogilvie, 1965, p. 477.
MEFRA - 102 - 1990 - 2, p. 723-765. 724 JANINE CELS-SAINT-HILAIRE
Or il me semble que se trouvent mêlés là plusieurs problèmes dis
tincts, auxquels on n'a peut-être pas donné toute l'attention qu'ils méri
tent :
- d'abord on observera que si les deux sécessions de 494 et de 449
présentent des similitudes, de grandes différences les opposent aussi; et
singulièrement se pose la question de savoir quelle est cette «plèbe» qui
fait sécession : est-ce bien la même, dans les deux cas?
- dans cette perspective, quelle valeur et quel sens peut-on accor
der aux noms des protagonistes ? La question de leur authenticité est-elle
la seule qui doive et puisse être posée5?
LA «PLÈBE» AU Ve SIÈCLE AV. J.-C. : PROBLÈMES DE DÉFINITION
Au VIe siècle av. J.-C, la «plèbe» qu'avait intégrée le roi Seruins Tul-
lius dans les tribus territoriales - et par là même dans le peuple romain -
comprenait tous ceux qui se trouvaient hors des gentes6. Qu'en est-il lors
de la sécession de la « plèbe » en 494-493, et encore en 449 ? Il me paraît
devoir revenir ici sur les causes essentielles de ces sécessions, pour tenter
de cerner plus précisément comment se définit, et particulier par rapport
au monde des gentes, la «plèbe» qui, par deux fois dit-on, s'est retirée sur
le mont Sacré et sur l'Aventin.
La sécession de 494-493
La «plèbe» et le nexum : les données de la tradition
En 494, si l'on en croit Tite-Live, c'est la gravité du problème des det
tes et le nexum qui sont à l'origine de la révolte de la «plèbe» contre les
patriciens, et de sa sécession7. On a fait remarquer que pour tous les épi-
5 Je laisserai ici da côté l'histoire de Virginie, que j'ai étudiée ailleurs : cf. Cels-
Saint-Hilaire, Culte impérial, Livre I, chap. IV.
6 Liv., 10, 8, 9; sur ce point, Heurgon, 1969, p. 196-197; Torelli, 1979, p. 274-
275; Cels-Saint-Hilaire et Feuvrier-Prévotat, 1979, p. 103-143.
7 Liv., 2, 23-32. c SÉCESSIONS DE LA PLÈBE » ET JEU DES FAMILLES 725
sodés qui précèdent cette première sécession8, Tite-Live insiste moins
peut-être sur la condition concrète des next, que sur le fait que le nexum
atteignait principalement les petits propriétaires, réduits à la misère par
les guerres continuelles. Mais à en rester là, ne serait-on pas victime
d'une de ces approches par lesquelles Tite-Live paraît réinterpréter les
événements du premier siècle de la République, à la lumière de la crise
de la petite et moyenne paysannerie qui a commencé de se développer
depuis la seconde guerre punique9? S'il y a dans ces récits un fond de
vérité, l'analyse ne peut le retrouver, à mon sens, que si elle se place dans
le contexte de la société archaïque, quand, au monde des gentes, pour qui
la terre fait l'objet d'une exploitation collective, sous le contrôle des
patrons des gentes, s'opposent les «plébéiens», pour lesquels ne doit pas
exister d'autre mode d'accès à la terre que par l'appropriation privée du
sol10. On remarquera alors que tous les nexi des récits de Tite-Live sont
d'anciens centurions - ils appartiennent donc à l'élite de la classis, telle
que l'avait constituée Seruius Tullius, s'il faut en croire la tradition -, qui
ont dû s'endetter, ont été incapables de se libérer du cycle infernal de
l'endettement11, et ont perdu la terre qu'ils avaient reçue de leur pères :
en d'autres termes, le nexum accable ceux qui possèdent la terre en toute
propriété, et par conséquent, à cette date encore, les «plébéiens», et eux
seuls12 : l'on ne saurait s'étonner de ne pas trouver de clients des gentes -
ni, bien entendu, de patrons - parmi les nexi.
Les enjeux du nexum : élite «plébéienne» contre patriciens
C'est le moment où commencent à se développer les conditions d'une
récession économique qui allait frapper durement l'ensemble de la «plè
be», et mettre son élite dans la quasi-incapacité d'imposer sa participa
tion à la gestion des affaires de l'État; si l'on accorde d'autre part une
certaine authenticité au «code de la clientèle» décrit par Denys

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