L étude de la phrase - article ; n°1 ; vol.22, pg 45-67
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Description

Langue française - Année 1974 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 45-67
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Simone Delesalle
L'étude de la phrase
In: Langue française. N°22, 1974. pp. 45-67.
Citer ce document / Cite this document :
Delesalle Simone. L'étude de la phrase. In: Langue française. N°22, 1974. pp. 45-67.
doi : 10.3406/lfr.1974.5673
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1974_num_22_1_5673Simone Delesalle, Paris-VIII (Vincennes;.
L'ETUDE DE LA PHRASE
0. Nous voudrions ici considérer quelques-uns des problèmes posés par le renou
vellement de la grammaire à l'école élémentaire et dans le premier cycle du
second degré, à la fois par rapport aux analyses classiques, aux théories linguisti
ques mises en jeu et aux objectifs pédagogiques poursuivis. A l'heure actuelle, on
assiste en effet à la parution de nombreux manuels qui s'inspirent de près ou de
loin des théories linguistiques distributionnelles et transformationnelles, et s'inscri
vent donc dans des perspectives radicalement différentes de celles des manuels de
type traditionnel ou des ouvrages qui font appel à des considérations fonctionnelles.
Nous avons pris l'analyse de la phrase comme centre de notre étude pour
plusieurs raisons : il s'agit là d'abord d'un point de rupture crucial par rapport aux
analyses classiques ; par ailleurs, l'utilisation abondante d'une schématisation en
« arbre » dans les manuels récents soulève des problèmes importants ; enfin
la phrase est en quelque sorte la charnière entre langue et discours, et constitue
par là un domaine privilégié pour l'étude des relations entre morphosyntaxe, actes
de parole et registres de langue.
0.1. Les diverses positions actuellement en présence ont en commun un prin
cipe de base, c'est que la grammaire au sens scolaire du terme ne doit plus être
sa propre fin, comme en font foi des titres d'ouvrages tels que Chemins de l'expres
sion, Avec des mots de tous les jours, Dialogue grammatical, etc., et des préfaces
comportant des considérations sur l'importance de l'insertion des exercices gram
maticaux dans la pratique de la langue. Ceci correspond au désir de rompre avec
la tradition scolaire en tant qu'y étaient séparés, — et valorisés — les exercices
grammaticaux, qui n'avaient comme domaine que celui de la langue écrite « sou
tenue ». Or, nous sommes actuellement en face d'une situation bien différente,
puisque les instructions officielles invitent les maîtres à « aider les élèves à se
rendre progressivement capables de former et d'exprimer oralement une pensée
qui s'affirme et s'affine » \ en même temps qu'ils doivent faire acquérir par les en-
1. Instructions relatives à l'enseignement du français à l'école élémentaire, BOEN,
déc. 72.
45 fants la maîtrise du code écrit. Les enfants doivent donc pouvoir, grâce à l'école,
s'exprimer et communiquer d'une manière de plus en plus aisée.
0.2. Ceci a conduit à des efforts de rénovation de la grammaire, qui s'inscrivent
de deux manières dans l'évolution de la situation en linguistique : d'une part,
appréhension du langage sous ses diverses formes comme code de communication
sociale, et d'autre part développement de procédures d'analyses formelles liées
aux mathématiques et à l'informatique. Les questions que nous sommes amenés à
nous poser concernent donc les types de travaux sur le langage que l'on veut mener
avec les enfants, tant du point de vue de leurs procédures que du point de vue de
leur domaine.
0.3. Ainsi une question fondamentale est-elle celle de l'utilité qu'il y a
pour des enfants à travailler sur les structures de leur propre langue d'une manière
— si peu que ce soit — reflexive ; autrement dit, pense-t-on qu'entre l'acquisition
systématique de codes tels que l'orthographe et la morphosyntaxe verbale d'une part,
et d'autre part toutes les formes de l'expression libre des enfants, il y ait place
pour une prise de conscience du fonctionnement de leur langue maternelle ?
Si oui, se posent alors des questions de deux ordres :
a) quelle est la langue que l'on veut que l'enfant acquière ou raffine ? quel registre
de langue possède-t-il ? et en quoi l'étude de la langue qu'il parle effectivement
peut-il l'aider à passer à d'autres registres de langue ?
b) de quelle théorie linguistique faut-il se servir pour ce faire ? comment adapter
des théories à un usage pour lequel elles ne sont pás faites ?
Il nous semble qu'il y a là matière à une réflexion nécessaire ; on risque en
effet, sinon,
— ou de retomber dans le terrain même des analyses classiques ; la modernisation
des étiquetages et/ou des représentations n'est dans ce cas qu'un changement extr
êmement superficiel ;
— ou au contraire, de « faire de la linguistique » avec les enfants, c'est-à-dire de
se contenter d'adapter des modèles théoriques en les réduisant forcément, ou en
prenant tel état d'une théorie parce qu'on le trouve plus simple, ou plus utilisable,
etc., mais en perdant de vue tout objectif spécifiquement pédagogique.
C'est parce que nous pensons qu'on ne peut faire l'économie d'une réflexion
sur ces problèmes que nous voulons considérer ici brièvement : et les procédures
d'analyses de la Phrase (découpage, manipulations diverses), et les Phrases sur
lesquelles on peut travailler au niveau scolaire, du point de vue de leur organisation
syntaxique, sémantique et discursive.
1.1. Notons tout d'abord que les exercices classiques — et il s'agit là d'un
point extrêmement important — n'ont pas comme base la phrase, mais le mot
et la proposition qui correspondent respectivement à l'analyse qu'on appelle
« grammaticale » et à l'analyse qu'on appelle « logique ».
La complexité du rapport entre grammaire et logique se marque particulièrement
dans ces termes, qui ne renvoient pas à des champs différents, comme on pourrait
le croire, mais à un même type d'analyse, qu'on applique à des dimensions diffé
rentes : qu'il s'agisse du mot ou de la proposition, il s'agit toujours de chercher
en effet la « nature » et la « fonction ». On montre en quelque sorte qu'une
phrase est faite de propositions et qu'une proposition est faite de mots ; et on
46 travaille dans deux directions : une classification catégorielle : un mot est un nom,
hors de toute phrase (nature) ; une fonctionnelle : c'est le sujet d'une
proposition (fonction). Ce type d'analyse pose des problèmes graves, dans la mesure
où la nature ne peut souvent se définir que par la fonction (qu'est-ce que le mot
« que », hors d'une phrase ?, et qu'est-ce qu'une proposition « indépendante », hors
d'une suite de propositions ?) ; nous n'avons pas la place ici de développer longue
ment cette question : ce qui nous intéresse, ce sont deux points précis : le fait que
« logique » et « grammatical » soient des termes qui ont été coupés de leur sens
lors de l'utilisation qui en est ainsi faite, et d'autre part, les implications de ces
exercices et leurs limites.
Au xviii1" siècle, en effet, le champ d'application de ces termes était tout à fait
différent : l'analyse grammaticale était celle des termes d'une langue particulière en
« parties du discours » (nom, verbe, adjectif, etc.) et l'analyse logique celle de la
proposition (sujet, copule, attribut, etc.) au sens logique du terme 2.
Rappelons que ce modèle vient de Port-Royal 3 ; il est important de le considér
er dans sa spécificité et sa cohérence première pour saisir les distorsions qu'il a
ensuite subies : dans ce qu'on appelle « parties logiques », les parties du discours
d'une langue donnée importent peu ; il s'agit d'éléments abstraits, qui sont de
l'ordre de la proposition, c'est-à-dire de l'affirmation de quelque chose à propos
de quelque chose. Si les auteurs parlent de « sujet », « copule » et « attribut »,
cela ne s'applique pas seulement aux phrases de la langue française du type Jean
est idiot, mais à toutes les phrases, dans la mesure où l'on considère que le seul
Verbe est le verbe être et que des phrases telles que Jean dort ou Jean
mange une pomme se ramènent à Jean est dormant, Jean est mangeant une
pomme. Que la langue française

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