L exploitation du sol en Bactriane antique - article ; n°1 ; vol.66, pg 1-29
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L'exploitation du sol en Bactriane antique - article ; n°1 ; vol.66, pg 1-29

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1979 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 1-29
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude Gardin
Pierre Gentelle
I. L'exploitation du sol en Bactriane antique
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 66, 1979. pp. 1-29.
Citer ce document / Cite this document :
Gardin Jean-Claude, Gentelle Pierre. I. L'exploitation du sol en Bactriane antique. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-
Orient. Tome 66, 1979. pp. 1-29.
doi : 10.3406/befeo.1979.4008
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1979_num_66_1_4008L'EXPLOITATION DU SOL
EN BACTRIANE ANTIQUE
PAR
J.-C. GARDIN et P. GENTELLE
C.N.R.S.
L'article qui suit a été rédigé en 1976, pour publication dans les actes du colloque auquel
il était destiné. La base archéologique dont nous disposions était alors la prospection de la plaine
d'Aï Khanoum, comme il est dit plus loin (§ 2) ; une prospection élargie a été entreprise à partir
de 1977, sur un territoire beaucoup plus étendu, compris entre le Qunduz-ab et la Kokcha (fig. 1).
Les inferences tirées de la première étude ont été confirmées dans leurs grandes lignes par les
observations faites dans ce cadre plus vaste; nous n'avons donc pas jugé utile de reviser le texte
ci-après, sauf pour quelques références à des travaux parus depuis sa rédaction.
L'histoire de la Bactriane antique1 aura été longtemps celle d'une
sorte de contradiction. Lorsqu'on l'abordait à travers l'étude des
sources écrites — textes avestiques, historiens de l'époque classique,
voyageurs chinois, etc. — c'était pour constater la convergence des
témoignages relatifs à ce que l'on appellerait aujourd'hui le « développe
ment » remarquable de cette région, sous la tutelle des rois perses ou
des conquérants macédoniens. Espaces peuplés, champs fertiles, villes
innombrables, économie florissante, rien ne manque au tableau d'une
société puissamment organisée, dont on aperçoit certes assez mal à
travers ces descriptions les formes politiques qu'elle a pu se donner,
mais que l'on n'en doit pas moins considérer comme le lieu et l'agent
d'une « culture bactrienne » aussi digne d'intérêt que les cultures contemp
oraines de la Perse ou de l'Inde2. Et pourtant, les vestiges archéologiques
(1) Nous utiliserons ce terme, dans un sens restreint, pour désigner la période qui
commence avec l'apparition des premiers témoignages écrits relatifs à la Bactriane, sous les
Achéménides, et qui se termine avec la disparition des derniers états grecs, un ou deux siècles
avant notre ère. C'est approximativement la période de l'antiquité classique et hellénistique,
dans le monde méditerranéen. Nous aurons certes à considérer des époques plus anciennes (âge
du bronze) ou plus récentes (hégémonie kushane, conquête islamique), pour les besoins du
sujet ; mais la période « gréeo-perse » définie plus haut restera, pour des raisons qui apparaîtront
plus loin, le moment central de notre investigation.
(2) Les études consacrées aux sources écrites de l'histoire de la Bactriane antique sont
si nombreuses qu'on nous pardonnera de ne pas prétendre renouveler le sujet ; l'une des 2 J.-C. GARDIN ET P. GENTELLE
de la Bactriane ont longtemps refusé de corroborer cette restitution.
On se souvient des désillusions éprouvées par les fouilleurs français sur
le site de Bactres même1 ; et s'il est vrai que les archéologues soviétiques
ont de leur côté trouvé plus de raisons de croire à la prospérité bactrienne
passée, il reste que les sites et les monuments fouillés par eux depuis
trente ans, pour importants qu'ils soient, ne sont guère à la mesure de
ce qu'en laissaient attendre les textes, ni par leur nombre ni par leurs
dimensions2.
Cette contradiction est d'ailleurs comme aggravée par l'allure
actuelle du milieu naturel, en Bactriane. Rien ne laisse en effet supposer,
à première vue, que cette région ait jamais pu être le « pays aux mille
villes » entourées de terres cultivées que relatent les textes. Les reliefs
qui bordent la Bactriane, au Sud et à l'Est, sont dénudés ; les arbres
y sont rares, les forêts pour ainsi dire inconnues. Quant à la plaine
bactrienne elle-même, ouverte au Nord et à l'Ouest, il faut l'avoir
parcourue, hiver comme été, pour savoir comme elle semble de prime
abord peu hospitalière, sinon tout à fait impropre à un peuplement
sédentaire de quelque importance. Dès que l'on s'écarte des rivières,
ou des canaux d'irrigation qui en sont issus, ce ne sont que des terres
desséchées, où les pluies de printemps ne suffisent pas à faire pousser
les céréales et les herbages qu'exigerait une population étendue. Et
l'on est conduit à se demander d'abord si le paysage actuel de la Bactriane
a quelque rapport avec celui que connurent les Anciens, il y a deux ou
trois mille ans.
1. L'hypothèse des changements climatiques.
La succession de phases de peuplement et d'abandon sur un même
territoire doit être mise en relation avec l'histoire des autres territoires
voisins : il y aura chance d'action climatique si, aux mêmes époques,
les abandons et les reprises ont lieu ; sinon, il faudra revenir à l'hypo
thèse historique, ou envisager des solutions plus complexes.
Il est nécessaire de bien situer le niveau auquel les causes climatiques
peuvent apparaître : le climat d'une région est toujours à rattacher à
des ensembles plus vastes qu'on n'a spontanément tendance à les
envisager. C'est toute l'Asie centrale qui doit être examinée si nous
voulons comprendre ce qui se passe en Bactriane, toute la zone tempérée
boréale si nous voulons comprendre l'Asie centrale. En effet, il ne
plus riches reste d'ailleurs celle qu'Alfred Foucher a publiée il y a trente ans : La vieille route
de Г Inde, de Bactres à Taxila, 2 vol., Mémoires de la Délégation Archéologique Française en
Afghanistan, tome I, Éditions d'Art et d'Histoire, Paris 1942-1947.
(1) Op. cit., pp. 73 sq. ; voir aussi J.-C. Gardin, Céramiques de Bactres, pp. 114-5, Mémoires
de la Délégation Archéologique Française en Afghanistan, tome XV, Klincksieck, Paris 1957.
(2) Ce n'est pas ici le lieu d'argumenter cette affirmation. Rappelons seulement que malgré
des prospections étendues, les archéologues soviétiques n'ont jusqu'ici repéré en Bactriane
qu'une dizaine de fondations proprement urbaines construites ou occupées pendant la période
qui nous intéresse, entre le vie et le ne siècles av. J.-C. : voir V. M. Masson, éd., Drevnjaja
Baktrija, Leningrad 1974 ; G. A. Pugachenkova, éd., Iz istorii antitchnoj kuVtury Uzbekistana,
Tashkent 1973 ; I. T. Kruglikova, DiVberdjin, Moscou 1974. L'EXPLOITATION DU SOL EN BACTRIANE ANTIQUE 3
saurait y avoir de commune mesure entre les observations faites sur
le terrain à un moment donné, et les causes climatiques qui pourraient
leur avoir donné naissance. Nature et échelle des phénomènes sont
si différentes qu'on ne peut les relier que par des chaînes de rapports
longues et complexes. Pour reprendre l'hypothèse célèbre du dessèche
ment continu de l'Asie centrale aux époques proto-historiques et
historiques, on ne peut l'admettre que si elle correspond à des variations
concomitantes dans les autres régions du globe, fussent-elles de sens
opposé. D'un autre point de vue, le dessèchement continu du climat
ne peut être fondé que sur la mise en évidence d'une tendance dont la
durée est sans rapport avec la durée réduite des phénomènes qui nous
concernent (5.000 ans). Des observations variées portant sur toute
la durée du pleistocene (3 millions d'années) et sur l'holocène (conven-
tionnellement de 8 000 à nos jours) font apparaître quelques tendances
générales dans l'évolution des climats. Il est donc nécessaire d'élargir
le cadre spatio-temporel pour saisir les phénomènes dans leur véritable
dimension.
La théorie du dessèchement continu de l'Asie centrale, qui serait
survenu à partir de la fin du IXe millénaire, et qui expliquerait de ce
fait la naissance de l'agriculture, est relativement ancienne : Pumpelly
l'utilisa le premier pour rendre

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