L habitat des anciens Marquisiens : architecture des maisons, évolution et symbolisme des formes - article ; n°1 ; vol.90, pg 3-15
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L'habitat des anciens Marquisiens : architecture des maisons, évolution et symbolisme des formes - article ; n°1 ; vol.90, pg 3-15

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1990 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 3-15
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Ottino
L'habitat des anciens Marquisiens : architecture des maisons,
évolution et symbolisme des formes
In: Journal de la Société des océanistes. 90, 1990-1. pp. 3-15.
Citer ce document / Cite this document :
Ottino Pierre. L'habitat des anciens Marquisiens : architecture des maisons, évolution et symbolisme des formes. In: Journal de
la Société des océanistes. 90, 1990-1. pp. 3-15.
doi : 10.3406/jso.1990.2862
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1990_num_90_1_2862L'habitat des anciens Marquisiens :
architecture des maisons,
évolution et symbolisme des formes
par
Pierre OTTINO *
L'archipel des îles Marquises, situé au nord- Les Marquisiens, ou les populations qui
est de la Polynésie centrale, par 138° et 141° de développeront progressivement la culture mar-
longitude ouest et de 7° à 11° de latitude sud, quisienne, abordèrent, quelques siècles avant
compte aujourd'hui une population d'environ notre ère2, des îles hautes forestières et au
7 000 habitants sur six îles, réparties en deux relief accentué. L'accostage se fit probablement
groupes nord-ouest et sud-est. Dans les temps à l'embouchure de plages abritées de la houle
pré-européens, cette population était bien plus et des alizés en provenance de l'est. Aux îles
importante ; d'au moins 30 000 habitants au Marquises les baies sont rares et sont le plus
temps des premiers contacts ', elle chuta à près souvent couvertes de gros galets en leur centre,
de 2 000 dans les années vingt et trente de notre de grand blocs aux extrémités, et bordées de
siècle. Partout et sur des îles aujourd'hui falaises. En dehors de ces ouvertures, à l'embou
inhabitées, des aménagements lithiques témoi chure de vallées étroites, qui constituent les
gnent de cette ancienne occupation humaine, seuls points de débarquement possible, le litto
bien implantée sur les six îles principales (Nuku ral est constitué de hautes falaises au pied
Hiva, Ua Huka et Ua Pou dans le groupe desquelles s'accumulent de larges blocs éboulés,
Nord, Hiva Oa, Tahuata et Fatu Hiva dans le lorsqu'elles ne plongent pas directement sous la
groupe sud), et plus sporadique sur les autres mer3.
terres. L'absence de récifs-barrières et le manque de
* ORSTOM, Paris.
1. Lors du dénombrement effectué au moment de la prise de possession de l'archipel par la France, en 1842, cette
population était de 20 200 habitants mais, depuis plus de 50 ans déjà, le passage régulier d'Européens avait provoqué une
chute démographique importante. Récemment Jean-Louis Rallu (1989, p. 12) estima la population totale des îles
Marquises, à la veille des contacts, à un chiffre probable de 43 000 habitants.
2. La datation obtenue par R. C. Suggs pour le plus ancien niveau de Haatuatua, sur la côte est de Nuku Hiva, est de
120 ± 150 BC. Y. H. Sinoto remit en cause cette ancienne datation d'après ses propres résultats obtenus à Nuku Hiva et
surtout à Ua Huka. Le niveau le plus profond du site de Hane ne fut pas daté. Cependant, par l'estimation du taux
d'accumulation des sédiments, alliée à l'étude du matériel et à la comparaison des dates 14 C obtenues pour des niveaux
stratigraphiquement supérieurs, Sinoto estima cette ancienne occupation aux alentours de 700 AD et considéra que le
premier peuplement des Marquises du s'effectuer vers 300-400 AD (Sinoto, 1970 et 1979). En 1985, la date 14 C de
150 ± 95 BC, obtenue sur charbon de bois pour le site de Anapua, à Ua Pou (Ottino, 1985a, p. 36), confirmait celle de
Suggs. Elle semble contredite à présent par une nouvelle datation, effectuée récemment sur du matériel coquiller qui,
quoique provenant du même niveau que le charbon, donna une date bien plus tardive. Quoiqu'il en soit des datations
obtenues, de nombreux chercheurs sont de plus en plus critiques vis-à-vis du schéma classique du peuplement de la
Polynésie orientale, ils estiment en effet que les premiers sites de colonisation ont pu disparaître par érosion naturelle ou
restent encore à découvrir (voir notamment G. Irwin, 1981) ; le peuplement de la Polynésie centrale pourrait ainsi s'être
effectuée au premier millénaire BC. L'absence de correspondance entre la culture matérielle de Polynésie occidentale et de
Polynésie orientale pourrait ainsi tenir tout simplement à un stade des recherches et des théories.
3. Outre les simples falaises d'abrasion marine, d'autres, beaucoup plus hautes, sont dues aux phénomènes volcaniques
identiques à ceux qui provoquèrent les effondrements de calderas et autres pans plus ou moins importantes des îles, le long
de jeux de failles particulièrement importantes. Certaines falaises correspondent ainsi à des plans de failles et furent par la
suite modifiées par l'érosion marine. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
formations récifales, mirent le littoral de cet ce nouvel henua ombragé d'arbres et qui s'an
archipel en contact direct avec le Grand Océan. nonçait prometteur6.
Ces îles volcaniques7 et jeunes (environ Les ressources marines y sont donc moins
riches qu'autour d'îles telles les Tuamotu ou les 6,3 millions d'années pour Eiao au nord et
îles de la Société et surtout moins facilement 1,2 million pour Fatu Hiva au sud)
exploitables. Si chacun pouvait, par temps dressent habituellement une arête centrale élevée
calme ou dans les lieux abrités, ramasser (aux alentours de 1 000 mètres) à partir de
coquillages et oursins, attraper, à l'hameçon et laquelle l'érosion, alliée aux phénomènes vol
du rivage, des poissons côtiers, les grandes caniques, découpa un relief très accentué. Les
campagnes de pêche, les prises importantes par vallées sont enchâssées dans des versants par
leur quantité et leur qualité, étaient le fait de ticulièrement abrupts et dominées par des
spécialistes dirigés par des tuhuna maîtrisant le crêtes difficilement franchissables. Les hauteurs
savoir technique tout autant que les pratiques accrochent les nuages qui y déversent leurs
rituelles et religieuses. eaux plus abondamment que sur les côtes, avec
La plage, le bord de mer, l'aire littorale de fortes variations locales et un régime irrégul
n'étaient pas les endroits les plus favorables à ier (de 1 à 3 m, par an et en moyenne). Des
l'implantation humaine : le soleil y frappait sécheresses provoquèrent néanmoins de graves
fort, les vents, surtout sur la côte est, balayaient famines dans cette zone équatoriale relativ
les embruns sur les hommes et leurs habitations ement sèche, encore plus sensible dans les îles
dont les matériaux végétaux, les toitures notam du nord. Lorsque les populations en avaient la
ment, étaient mis à rude épreuve. Les baies, par possibilité, elles établirent leur habitat tout au
la géomorphologie sous-marine des îles, étaient long de la vallée, pour bénéficier de zones
en outre particulièrement sensibles aux vagues géographiques et écologiques variées et comp
de fond et aux tsunamis qui pouvaient envahir lémentaires.
les rivages et remonter même les parties basses Les éléments de l'habitat s'éparpillent ainsi
des vallées sur plusieurs centaines de mètres 4. de la grève de galets au fin fond des vallées et
De la mer venaient aussi l'étranger et les jusqu'au sommet des crêtes. Les unités d'habita
attaques ennemies. Sur cette langue de terre au tions se concentrent cependant au centre de la
débouché des vallées, l'eau douce elle-même vallée et de part et d'autre du cours d'eau
pouvait manquer, particulièrement sur les côtes principal, là où le couvert végétal est dense et
mêle intimement les espèces plantées aux espèces ouest, à l'abri des alizés porteurs d'eau, les sites
littoraux n'étaient souvent que temporaires ou naturelles dont les Marquisiens savaient admi
destinés à des activités spécifiques, de pêche rablement tirer parti. L'habitation principale
notamment ; ils ne s'expliquent guère sans leur semble, depuis les premiers temps, adopter un
relation avec d'autres habitats, plus à l'inté plan rectangulaire (Y. H. Sinoto, 1979, p. 112 ;
rieur des terres et probablement plus anciens. note 8) ; la présence lithique d'un pavage est
Ainsi sur ces îles de petites dimensions5, les plus tardive et l'élaboration d'une plate

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