L histoire des religions en France au début du XXe siècle - article ; n°2 ; vol.111, pg 623-634
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 2 - Pages 623-634
François Laplanche, L'histoire des religions en France au début du XXe siècle, p. 623-634. L'élection d'Alfred Loisy au Collège de France marque une date importante dans l'histoire des débats que connaît alors la science française des religions, divisée entre partisans de la méthode philologico-historique et adeptes de la méthode comparatiste. Après le décès de la mythologie comparée, le comparatisme a repris vigueur grâce à l'anthropologie et au folklore. Plutôt incliné vers la méthode strictement historique, Loisy, après son élection, se documente sur les religions étrangères à la Bible près de plusieurs savants, notamment de Franz Cumont. Il perçoit l'intérêt du comparatisme pour l'intelligence de la théologie paulinienne, transformation de l'eschatologie évangélique en religion de salut, sous l'influence des mystères païens. Cependant, il reste opposé au comparatisme systématique d'un Salomon Reinach et marque ses distances par rapport à l'école de Durkheim. Son mysticisme l'incline à privilégier l'approche psychologique (individuelle ou sociale) des phénomènes religieux et il n'admet même pas la distinction bergsonienne des «deux sources» de la morale et de la religion.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 78
Langue Français

Extrait

François Laplanche
L'histoire des religions en France au début du XXe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 111, N°2. 1999. pp. 623-634.
Résumé
François Laplanche, L'histoire des religions en France au début du XXe siècle, p. 623-634.
L'élection d'Alfred Loisy au Collège de France marque une date importante dans l'histoire des débats que connaît alors la
science française des religions, divisée entre partisans de la méthode philologico-historique et adeptes de la méthode
comparatiste. Après le décès de la mythologie comparée, le comparatisme a repris vigueur grâce à l'anthropologie et au folklore.
Plutôt incliné vers la méthode strictement historique, Loisy, après son élection, se documente sur les religions étrangères à la
Bible près de plusieurs savants, notamment de Franz Cumont. Il perçoit l'intérêt du comparatisme pour l'intelligence de la
théologie paulinienne, transformation de l'eschatologie évangélique en religion de salut, sous l'influence des mystères païens.
Cependant, il reste opposé au comparatisme systématique d'un Salomon Reinach et marque ses distances par rapport à l'école
de Durkheim. Son mysticisme l'incline à privilégier l'approche psychologique (individuelle ou sociale) des phénomènes religieux
et il n'admet même pas la distinction bergsonienne des «deux sources» de la morale et de la religion.
Citer ce document / Cite this document :
Laplanche François. L'histoire des religions en France au début du XXe siècle. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie
et Méditerranée T. 111, N°2. 1999. pp. 623-634.
doi : 10.3406/mefr.1999.4660
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1999_num_111_2_4660FRANÇOIS LAPLANCHE
L'HISTOIRE DES RELIGIONS EN FRANCE
AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE
Le 31 janvier 1909, l'assemblée des professeurs du Collège de France
est réunie pour exprimer ses préférences entre les candidats à la succes
sion de Jean Réville, titulaire de la chaire d'histoire des religions, décédé
prématurément le 6 mai 1908, après un an d'enseignement : il avait suc
cédé à son père Albert Réville en mars 1907. Les candidats sont nomb
reux. Dans l'ordre alphabétique : en première ligne, Amelineau, Fou-
cart, Loisy, Mauss, Toutain, Vernes, auxquels il faut ajouter Dufourcq
pour la deuxième ligne. Au cinquième tour de scrutin, Loisy l'emporte
avec 19 voix contre 16 à Foucart; en deuxième ligne, c'est Toutain qui est
présenté. Au cours du débat, deux tendances principales s'étaient affront
ées. L'une soutient la nécessité d'appliquer à l'histoire des religions une
stricte méthode historique et le candidat recommandé est Jules Toutain,
qui enseigne à l'École pratique des hautes études, section Sciences rel
igieuses, les religions de la Grèce et de Rome depuis novembre 1898. Ca-
gnat, qui présente Toutain, insiste sur sa prudence en matière de compar
aison et de généralisation1. Les généralités, rappelle-t-il en citant Renan,
«ne sont rendues possibles que par les études les plus minutieuses». À
l'opposé, l'indianiste Sylvain Lévi, qui enseigne les religions de l'Inde à
l'École pratique des hautes études depuis 1886 et au Collège depuis 1894
et qui présente la candidature de Marcel Mauss insiste sur les mérites de
la méthode comparative. Il est inutile, explique-t-il, de maintenir au Col
lège l'histoire des religions déjà enseignée à l'École pratique des hautes
études et à la Sorbonne.
1 Toutain n'ignore pas les possibilités de la méthode comparative, puisqu'il a dû
collaborer à la traduction française des trois volumes du Golden Bough de Sir James
Frazer, par suite du décès de Stiébel qui avait achevé la traduction du volume 1 et
était parvenu à la moitié du volume 2 (Le rameau d'or. Étude sur la magie et la rel
igion, tr. R. Stiébel et J. Toutain, 3 vol., Paris, 1903-1911).
MEFRIM - 111 - 1999 - 2, p. 623-634. 41 624 FRANÇOIS LAPLANCHE
La science des religions comparées, au contraire, n'est pas encore re
présentée dans l'enseignement; c'est une science jeune, originale, féconde.
Elle a déjà créé de grandes théories : la mythologie linguistique de Max Mul-
ler, la doctrine anthropologique de Tylor et Frazer2.
Puisqu'il a été question de Renan, remarquons que les deux méthodes
peuvent se recommander de lui, car Renan s'est montré à la fois féru de mi
nutie philologique et soucieux de retrouver les grandes «lois de l'esprit hu
main» à l'œuvre dans l'histoire des religions3. Pour lui, dans le sillage de
Cousin, la religion est la philosophie spontanée du genre humain et il a ap
pris à l'école d'Eugène Burnouf comment retrouver les moments de cette
philosophie en se livrant à une scrupuleuse étude des documents. Mais les
dérives de la mythologie comparée ont provoqué la dissociation entre his
toire et méthode comparative et contribué à la victoire de la première sur
la seconde. Ce sont ces débats et ces combats que cette communication va
chercher à exposer, en trois moments. 1. Le recul de la mythologie compar
ée à partir des années 1870 et l'application de la méthode historique à
l'histoire des religions. 2. Le retour de la méthode comparative, appuyée
par l'anthropologie et la sociologie. 3. Comment l'histoire des religions,
singulièrement chez Loisy, accepte-t-elle le comparatisme, en notant que
ce débat entre histoire et sciences sociales ne se borne pas au champ rel
igieux et qu'il s'exprime au large dans la Revue de synthèse historique fondée
en 1900 par Henri Berr. Comme son nom l'indique, l'école dont
cette revue est l'expression s'efforce à l'histoire comparée des peuples, des
institutions, des cultures.
De la mythologie comparée à la méthode historique
La mythologie comparée
Qu'était-ce donc que la mythologie comparée dont l'histoire des rel
igions après 1870 s'est séparée avec dédain? Un effort pour éclairer les ori
gines de la religion principalement, voire uniquement, par la philologie
2 Archives nationales F/17/13556 Collège de France, liasse Chaire d'histoire des
religions; A. Loisy, Mémoires pour servir à l'histoire religieuse de notre temps, 3 vol.,
Paris, 1930-1931, p. 79-80.
3Voici quelques mots de Burnouf, dans la conclusion de sa leçon inaugurale :
«C'est l'Inde, avec sa philosophie et ses mythes, sa littérature et ses lois, que nous
étudierons dans sa langue. C'est plus que l'Inde, Messieurs, c'est une page des ori
gines du monde, de l'histoire primitive de l'esprit humain, que nous essaierons de
déchiffrer ensemble», Eugène Burnouf, De la langue et de la littérature sanscrite, dans
Revue des deux mondes, 1833-1, p. 278. L'HISTOIRE DES RELIGIONS EN FRANCE 625
comparée, alors dans tout l'éclat de sa jeunesse. L'histoire des religions ap
paraît étroitement soudée à la science du langage. D'une part, pour les pé
riodes les plus anciennes de l'humanité, au temps de nos ancêtres indo
européens, la recherche historique ne pouvait s'effectuer, en l'absence de
documents, qu'à l'aide des recherches sur les formes les plus archaïques du
vocabulaire. L'histoire d'une culture pouvait se reconstruire grâce aux ety
mologies. Dans le champ de la religion, les mythologues s'apercevaient que
le vocabulaire indo-européen était toujours concret et tendait à personnif
ier, même à sexuer, les forces naturelles, si bien que, comme l'écrit Bréal :
Les phénomènes de la nature, reflétés par la langue, prirent l'aspect de
scènes dramatiques. Rapportés à des êtres qu'on supposait doués d'une vie
analogue à celle de l'homme, traduits dans un idiome où chaque mot parlait
aux yeux, les spectacles de la nature paraissaient être les actes d'un drame im
mense, dont les personnages, divins par l'origine, étaient semblables à nous
par le cœur4.
D'autre part, comme dans le cas des transformations de phonèmes, les
blancs, les lacunes apparus dans l'une ou l'autre des mythologies anc

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