L introduction du sucre en pharmacie - article ; n°322 ; vol.87, pg 199-216
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1999 - Volume 87 - Numéro 322 - Pages 199-216
Sugar's introduction in Apothecary.
In ancient times, the medicaments used to be sweetened with honey. Subsequently, the Arab apothecaries progressively replaced it by sugar, as witnessed by their formularies, that were known as « grabadins ». These were introduced to the West as from the XIth century A.D. The latin world also produced its very own formularies, of which the Antidotarium magnum (circa 1100) and the Antidotarium Mesuae (appearing at around the same period) are the most famous. The latter accords to sugar a place of honour and has recourse to it for the best part of the formulae intended for internal usage (namely syrops, julebs, electuaries, loochs, aromatic powders, condita, conservae, etc.), whilst not abandoning the use of honey.
L'introduction du sucre en pharmacie.
Durant l'Antiquité, les médicaments sont édulcorés au miel. Les apothicaires arabes le remplacent progressivement par du sucre, comme en témoignent leurs formulaires appelés grabadins. Ceux-ci sont introduits en Occident à partir du XIe siècle. Le monde latin produit également ses propres réceptaires dont l'Antidotarium magnum (vers 1100) et l'Antidotarium Mesuae (élaboré à la même époque) sont les plus célèbres. Ce dernier accorde au sucre une place privilégiée et l'utilise dans la plupart des formules à usage interne (sirop, julebs, électuaires, loochs, poudres aromatiques, condits et conserves, etc.), sans pour autant abandonner le miel.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Liliane Plouvier
L'introduction du sucre en pharmacie
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 87e année, N. 322, 1999. pp. 199-216.
Abstract
Sugar's introduction in Apothecary.
In ancient times, the medicaments used to be sweetened with honey. Subsequently, the Arab apothecaries progressively
replaced it by sugar, as witnessed by their formularies, that were known as « grabadins ». These were introduced to the West as
from the XIth century A.D. The latin world also produced its very own formularies, of which the Antidotarium magnum (circa 1100)
and the Antidotarium Mesuae (appearing at around the same period) are the most famous. The latter accords to sugar a place of
honour and has recourse to it for the best part of the formulae intended for internal usage (namely syrops, julebs, electuaries,
loochs, aromatic powders, condita, conservae, etc.), whilst not abandoning the use of honey.
Résumé
L'introduction du sucre en pharmacie.
Durant l'Antiquité, les médicaments sont édulcorés au miel. Les apothicaires arabes le remplacent progressivement par du sucre,
comme en témoignent leurs formulaires appelés grabadins. Ceux-ci sont introduits en Occident à partir du XIe siècle. Le monde
latin produit également ses propres réceptaires dont l'Antidotarium magnum (vers 1100) et l'Antidotarium Mesuae (élaboré à la
même époque) sont les plus célèbres. Ce dernier accorde au sucre une place privilégiée et l'utilise dans la plupart des formules à
usage interne (sirop, julebs, électuaires, loochs, poudres aromatiques, condits et conserves, etc.), sans pour autant abandonner
le miel.
Citer ce document / Cite this document :
Plouvier Liliane. L'introduction du sucre en pharmacie. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 87e année, N. 322, 1999. pp. 199-
216.
doi : 10.3406/pharm.1999.4740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1999_num_87_322_4740199
L'INTRODUCTION DU SUCRE
EN PHARMACIE
par Liliane Plouvier *
Le sucre a d'abord été extrait de la canne : Saccharum officinarum L.
Originaire de la Nouvelle-Guinée, elle se fraye un chemin vers l'Inde.
C'est là que, dès le IVe siècle avant notre ère, les tiges de la canne sont pres
sées et que le jus ainsi obtenu est évaporé jusqu'à cristallisation l. Entre les
IVe et VIIe siècles après notre ère, les Perses améliorent le raffinage de la
masse cristallisée et la coulent dans des formes coniques : le pain de sucre
qu'ils appellent tabarseth 2.
La pharmacie arabe (IXe - XIVe siècles)
La conquête arabe qui débute au VIIe siècle va progressivement diffuser le
sucre dans tout l'Empire islamique. La culture de la canne est implantée
notamment en Syrie, en Egypte, à Rhodes, en Crète, à Malte, à Chypre, en
Sicile, au Maghreb, en Andalousie. Les Arabes l'appellent sukkar qui est
dérivé de oaK%ocpov, saccharum, mentionné par les géographes, botanistes
et médecins gréco-romains. Mais le cocK%ccpov, saccharum antique, n'est
pas du sucre ; il s'agit du tabaschir, concrétion siliceuse qui se trouve dans
les entre-nuds de certains bambous et ressemble à du sel. Importé d'Inde en
petite quantité, il était exclusivement réservé à la médecine 3. On le surnom
mait sal indicum, sel indien 4.
Le rôle que les Arabes réservent au sucre est, lui aussi, d'ordre principale
ment thérapeutique. On n'ignore pas leur intérêt pour les sciences antiques,
en particulier la médecine. En moins de cent ans, ils sont parvenus à trans-
* 101 avenue Brillât-Savarin, 1050 Bruxelles [Belgique]
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLVTI, N° 322, 2e TRIM. 1999, 199-216. 200 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
poser la culture grecque dans leur langue. La politique menée par les califes
de Bagdad, en particulier de la dynastie des Abbassides, a été déterminante à
cet égard. C'est Al-Mamoun (786-833) qui prend l'initiative de faire traduire
les écrits grecs en arabe et engage à cet effet un savant nestorien hors du
commun, Hunain (809-877). Celui-ci assimile l'ensemble de la science
grecque, aussi bien les mathématiques que l'astronomie, la philosophie et la
médecine.
Son disciple Hubaisch (deuxième moitié du IXe siècle) s'attaque à la litt
érature pharmaceutique grecque désignée communément sous le nom de
« matière médicale ». Celle-ci se partage entre deux traditions, les
« simples » et les « composés », correspondant à deux genres livresques dis
tincts : les herbiers et les réceptaires ou formulaires, qui comprennent des
formules de médicaments composés, où des simples se trouvent associés en
nombre variable. Les plus célèbres sont l'uvre de Galien (129-200), médec
in grec de Pergame et qui pratique à Rome. Il est l'auteur d'un livre de
simples inspiré de l'herbier de Dioscoride (Ier siècle de notre ère) et de plu
sieurs recueils de recettes de médicaments composés, dont un établi koctoc
7EVT|, selon les types de médications mais axé exclusivement sur les remèdes
externes ; et un autre présenté koctoc T07i;o\)s, selon les lieux affectés, classés
a capite ad calcem, de la tête aux pieds.
Ces traités sont traduits par Hubaisch, respectivement sous le titre de
mufrada (simples) et murabakka (composés).
Les Arabes innovent aussi. Ils érigent la pharmacie, jusqu'alors confondue
avec la médecine, en science et profession autonomes et décrètent l'incomp
atibilité entre les deux fonctions. Ce faisant, ils sont amenés à développer
les formulaires du type koctoc TEvr) (traduit par katadgené) qu'ils baptisent
grabadin (signifiant médicament composé).
Parmi les auteurs de grabadins, dont nous avons utilisé les textes parce
qu'ils étaient accessibles dans une langue européenne, citons : Sabur Ibn Sahl
(mort en 869) qui, d'après S. Hamarneh, a rédigé le premier du genre 5 ;
Al-Kindi (mort en 873) 6 ; Yahya Ibn Sarafïun (Sérapion l'Ancien, IXe siècle,
dont le grabadin forme le dernier chapitre du Kunash) 7 ; Rhazès (mort en
923) 8 ; Ali Ben Abbas (Haly Abbas mort en 990 dont le grabadin est intégré
dans le Kitab al-Malaki) 9 ; Avicenne (980-1037, dont le fait l'ob
jet du chapitre V du célèbre Canon) 10 ; Bayan Al-Israeli (1161-1240) u ;
Mahmud As-Sirazi (mort en 1330) 12.
Les Arabes confectionnent aussi de nouveaux herbiers, dont les plus
fameux sont composés par deux Andalous : Ibn Wafid de Tolède (mort en
1074), également connu sous le nom d'Abengnefith, et Ibn al-Baïtar de
Malaga (mort en 1248). L'INTRODUCTION DU SUCRE EN PHARMACIE 20 1
C'est également en Andalousie 13 qu'Abulcasis (mort en 1009) écrit un
célèbre traité pharmaceutique, Al-Tasrif 14.
Une des plus importantes innovations des pharmaciens arabes est l'intr
oduction du sucre en pharmacie. Le sucre y joue plusieurs rôles jusqu'alors
dévolus au miel. Les deux substances ont la même faculté édulcorante, les
mêmes propriétés thérapeutiques (Ibn Butlan écrit au XIe siècle, dans son
Taqwim al-Sihha, que le sucre « est bénéfique en cas d'âpreté de la poitrine,
de la gorge et de la trachée » et que le miel « clarifie la gorge et est bénéfique
pour la poitrine » 15) ; elles sont en outre dotées d'un pouvoir conservateur,
mais, à cet égard, le sucre semble être plus efficace que le miel 16. D'après
D. Goltz 17, ce serait une des raisons de son succès auprès des apothicaires
arabes ; ceux-ci développent en effet la pharmacie officinale, en sorte que les
médicaments nécessitant une préparation longue et compliquée et devant par
conséquent pouvoir se conserver le plus longtemps possible ne cessent de
croître.
En outre, le sucre permet la fabrication de nouvelles confections, dont la
plus connue est le sirop 18, une variante du mellite créé par la médecine
gréco-romaine, où il faisait partie des 7tOTr||iccT0c ou potiones.
Sirop vient de l'arabe sharab, qui signifie jus de fruits ou vin en arabe
moderne, mais désignait, à l'origine, toutes sortes de boissons ; en pharmac
ie, il est utilisé pour traduire noTï\\iaJpotio 19.
Le sirop vise une préparation plus ou moins visqueuse reposant sur un
mélange entre d'une part, du sucre, de l'autre, un liquide (eau, vin, vinaigre,
jus de fruits ou de plantes médicinales), additionné ou non de drogues
sèches. L'ensemble est cuit et

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