L ordre des identités - article ; n°2 ; vol.1, pg 171-185
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1985 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 171-185
L'ordre des identités.
Michel ORIOL
Au regard des catégories de sens commun comme des concepts dominants dans les sciences sociales, les revendications identitaires des générations issues de l'immigration en France ne font qu'exprimer un désordre. Le démenti qu'elles opposent de fait aux normes d'assimilation ou d'intégration correspond pourtant à de nouvelles façons d'ordonner le cours de l'histoire ou de l'existence personnelle, à l'ère du déclin des universalismes. Fonder le pluralisme, c'est faire participer les institutions à l'ordre des identités.
Identities as a Principle of Order.
Michel ORIOL
Common sense as well as most sociological views suggest that the identities claimed by people of immigrant stock are devoid of rationality and contribute to social disorder. Their denial of normative assimilation or integration nevertheless corresponds to a new pattern of ordering within history and personal life coming as they do at a time when universal ideologies are experiencing a process of decay. Pluralism requires as a basic assumption that institutions should take identities as a principle of order.
Ordem das identidades.
Michel ORIOL
As reivindicacóes de identidade das « novas geracóes » de imigrantes em Franca, geralmente aceites como conceitos dominantes em ciéncias sociais, sao des providas de qualquer racionalidade e contribuem para uma certa desordem social.
Por outro lado, elas opoem-se as normas de assimilacao a de integracáo e correspondem a novas formas de orientar o curso da historia ou da existencia pessoal na era de declinio dos universalismos sceitar o pluralismo e fazer compreender as instituicóes, que as identidades constitue m um principio de ordem.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Oriol
L'ordre des identités
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 1 N°2. Décembre. Générations nouvelles. pp. 171-185.
Résumé
L'ordre des identités.
Michel ORIOL
Au regard des catégories de sens commun comme des concepts dominants dans les sciences sociales, les revendications
identitaires des générations issues de l'immigration en France ne font qu'exprimer un désordre. Le démenti qu'elles opposent de
fait aux normes d'assimilation ou d'intégration correspond pourtant à de nouvelles façons d'ordonner le cours de l'histoire ou de
l'existence personnelle, à l'ère du déclin des universalismes. Fonder le pluralisme, c'est faire participer les institutions à l'ordre
des identités.
Abstract
Identities as a Principle of Order.
Michel ORIOL
Common sense as well as most sociological views suggest that the identities claimed by people of immigrant stock are devoid of
rationality and contribute to social disorder. Their denial of normative assimilation or integration nevertheless corresponds to a
new pattern of ordering within history and personal life coming as they do at a time when universal ideologies are experiencing a
process of decay. Pluralism requires as a basic assumption that institutions should take identities as a principle of order.
Resumen
Ordem das identidades.
Michel ORIOL
As reivindicacóes de identidade das « novas geracóes » de imigrantes em Franca, geralmente aceites como conceitos
dominantes em ciéncias sociais, sao des providas de qualquer racionalidade e contribuem para uma certa desordem social.
Por outro lado, elas opoem-se as normas de assimilacao a de integracáo e correspondem a novas formas de orientar o curso da
historia ou da existencia pessoal na era de declinio dos universalismos sceitar o pluralismo e fazer compreender as instituicóes,
que as identidades constitue m um principio de ordem.
Citer ce document / Cite this document :
Oriol Michel. L'ordre des identités. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 1 N°2. Décembre. Générations
nouvelles. pp. 171-185.
doi : 10.3406/remi.1985.988
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1985_num_1_2_988Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 1 - N° 2
Décembre 1985
L'ordre des identités
Michel ORIOL
REVENDICATIONS IDENTITAIRES ET «NORMALITÉ»
Avec quels concepts faut-il penser l'avenir des générations issues de l'immigra
tion? L'embarras est évident dans l'opinion française où le choix le plus élémentaire
d'un simple signifiant pour désigner ces groupes soulève tant de passion que les inté
ressés n'ont peut-être pour l'instant d'autre choix que d'être innommables ou invisi
bles. « Seconde génération » est un terme plutôt favorablement connoté dans une
Amérique du Nord où la représentation sociale dominante, même si elle est très sou
vent démentie par les faits, est celle de la promotion, de père en fils, des vagues suc
cessives d'immigrants. Ici on attache à son emploi la signification très exactement
inverse, celle d'une rigoureuse reproduction des statuts d'une génération à l'autre.
En d'autres termes, la façon de catégoriser ceux qui sont venus d'ailleurs tient d'abord
à l'image que la plupart des membres d'une société tiennent à se donner de celle-ci.
Les Américains, en général, se croient membres d'une société en changement cons
tant, et idéalisent les chances qu'y trouve le nouvel arrivant ('). En France, chacun
s'attend généralement à ce que les hiérarchies sociales se perpétuent ou se renfor
cent (2). En regard de cette attente dominante, l'arrivée de groupes d'origine étran
gère prend allure d'irruption du désordre : elle menace, selon la droite, la loyauté
nécessaire à l'État ; elle fournit, selon la gauche, des occasions supplémentaires de
manipulation aux pouvoirs économique et politique. Lorsque, une fois ces groupes
installés, se développent en leur sein des revendications identitaires, portant sur la
langue, la spécificité de leurs modes d'organisation sociale, culturelle, religieuse, poli
tique, le sentiment de désordre s'exacerbe : au lieu de choisir une bonne fois de se
situer clairement et distinctement dans le cadre de nos catégories idéologiques, ces
gens les brouillent. On ne sait plus à quoi s'en tenir sur leur façon d'être en France
ou de France, prolétaires de vocation ou d'occasion, croyants discrets ou fanatiques
dissimulés. Rappelons sur ce point les contributions de Frenkel-Brunsvik aux recher
ches relatives à la « personnalité autoritaire » (Adorno et al., 1950) : les attitudes racis
tes sont fortement corrélées avec l'intolérance à l'ambiguïté, au niveau même des
perceptions les plus simples. 172 Michel Oriol
Les sciences sociales peuvent introduire sans doute le sens des nuances et de la
complexité au sein de ces oppositions sommaires, si propices au manichéisme des
démagogues. Elles n'en tendent pas moins, en général, à classer les pratiques des grou
pes d'origine étrangère en fonction de deux pôles, l'un, la séparation, correspondant
au début du parcours d'insertion, l'autre, l'intégration, se situant à son terme « nor
mal » (3). En d'autres termes, là où l'opinion, communément oublieuse de l'histoire,
utilise ou impose des dichotomies tranchées entre le dedans et le dehors, les sciences
sociales invoquent un parcours progressif du dehors vers le dedans, des étapes qu'on
puisse jalonner avec des indices repérables, cette évolution étant toutefois plus ou
moins rapide selon les groupes et pouvant même comporter des arrêts définitifs qui
correspondent à des formes seulement partielles d'intégration.
Mais comme nous le verrons au début de notre propos, cette bipolarité organi
sée par la diachronie ne correspond guère mieux aux faits d'observation que les caté
gorisations de sens commun que nous critiquerons en premier lieu. De ce fait,
l'ensemble des concepts que nous empruntons au passé récent de la société française
comme celui d'assimilation, ou que nous cherchons à transposer à partir de l'exem
ple de grandes sociétés d'immigration, surtout américaines, comme celui d'intégra
tion, sont de moins en moins opératoires (4).
Aussi le fait de recourir au concept d'identité ne relève-t-il pas, à nos yeux, d'une
mode idéologique passagère. Il correspond, au contraire, à la nécessité de refondre
assez profondément les concepts qui nous servent aujourd'hui à réfléchir et agir sur
des situations qui sont relativement inédites. Ainsi le titre de cet article est-il délib
érément provocateur : alors que la référence à l'identité implique pour beaucoup le
désordre dans l'esprit et aussi dans les conduites, il invite à réviser nos points de vue
sur la façon dont peut s'ordonner le cours de l'histoire, comme à nous interroger
sur les logiques sociales qui président à la revendication des appartenances les plus
apparemment irrationnelles.
ÉCART PAR RAPPORT AUX NORMES
ET DOUBLE APPARTENANCE
On commence à disposer d'un certain nombre de données à partir d'enquêtes
ou de témoignages portant sur les jeunes issus de l'immigration. La diversité des att
itudes et des opinions dont elles permettent de faire état n'est guère moindre — on
l'oublie trop souvent — que celle qu'on trouverait chez de jeunes Français de sou
che. Mais les réponses fournies le plus fréquemment aux questions portant sur leurs
sentiments d'appartenance culturelle ou nationale témoignent clairement d'un refus
des catégorisations tranchées. Ainsi, la majorité de ces jeunes revendiquent le droit,
selon les termes d'une allégeance duale, de considérer que la France est leur pays
sans que cela interdise qu'ils puissent s'y réclamer sereinement et très normalement
du fait qu'ils viennent d'ailleurs, sans avoir à désavouer les solidarités liées à ces ori
gines, sans être voués au rejet ou à la vindicte dès qu'ils en font état publiquement.
Prenons parmi les données les plus précises dont nous disposons, celles que nous
avons pu établir dans le cadre d

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