L usage du vin dans la Marine - article ; n°317 ; vol.86, pg 81-88
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1998 - Volume 86 - Numéro 317 - Pages 81-88
The use of wine in the Navy.
Wine and sometimes beer, cider or spirits, on board, represent an attractive pole with several aspects, for these drinks are, all the same considered as food, medicines, rewards or even reproofs when temporarily supressed. If naval hygienist doctors agree with the use of wine, their behaviour still remains ambiguous. Indeed, according to them, spirits are responsible for deep drunke- ness as well as physical ans moral decays whereas they are more indulgent regarding wine. The reason might be that, in those times, the wine used as food, was also used as a medicine in therapeutics.
Le vin et, dans certaines conditions, la bière, le cidre ou les eaux de vie représentent à bord d'un navire un pôle d'attraction aux multiples facettes car ces boissons sont à la fois aliment, médicament, récompense ou réprimande de par leur suppression temporaire. Si les médecins-hygiénistes de la Marine se prononcent pour le vin, leur comportement est ambigu. En effet, pour eux, les eaux de vie sont responsables de la mauvaise ivresse ainsi que des délabrements physiques et moraux alors que le vin a toute leur indulgence. C'est peut-être parce qu'à côté du vin-aliment, il y a le vin-médicament qui était, à cette époque, très employé en thérapeutique.
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 59
Langue Français

Extrait

Yannick Romieux
L'usage du vin dans la Marine
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 317, 1998. pp. 81-88.
Abstract
The use of wine in the Navy.
Wine and sometimes beer, cider or spirits, on board, represent an attractive pole with several aspects, for these drinks are, all the
same considered as food, medicines, rewards or even reproofs when temporarily supressed. If naval hygienist doctors agree with
the use of wine, their behaviour still remains ambiguous. Indeed, according to them, spirits are responsible for deep drunke- ness
as well as physical ans moral decays whereas they are more indulgent regarding wine. The reason might be that, in those times,
the wine used as food, was also used as a medicine in therapeutics.
Résumé
Le vin et, dans certaines conditions, la bière, le cidre ou les eaux de vie représentent à bord d'un navire un pôle d'attraction aux
multiples facettes car ces boissons sont à la fois aliment, médicament, récompense ou réprimande de par leur suppression
temporaire. Si les médecins-hygiénistes de la Marine se prononcent pour le vin, leur comportement est ambigu. En effet, pour
eux, les eaux de vie sont responsables de la mauvaise ivresse ainsi que des délabrements physiques et moraux alors que le vin
a toute leur indulgence. C'est peut-être parce qu'à côté du vin-aliment, il y a le vin-médicament qui était, à cette époque, très
employé en thérapeutique.
Citer ce document / Cite this document :
Romieux Yannick. L'usage du vin dans la Marine. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 86e année, N. 317, 1998. pp. 81-88.
doi : 10.3406/pharm.1998.4590
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1998_num_86_317_459081
L'USAGE DU VIN
DANS LA MARINE
par Yannick Romieux *
L'idée d'une communication puis d'un article sur « l'usage du vin
dans la Marine » me fut suggérée dans un haut lieu du vignoble bor
delais lors d'un voyage de notre société en mars 1996. Si le sujet pût
paraître, au départ, amusant, son étude approfondie le révéla des plus inté
ressants et motivants. En effet, les boissons fermentées ou alcoolisées
représentaient, à bord des navires, un pôle d'attraction aux multiples
facettes car elles sont, à la fois aliment, récompense, mais aussi réprimande
de par leur suppression temporaire. Bref, on débouche sur une véritable
étude de murs où le vin était la cerise sur le gâteau bien amer de la vie
des équipages de la marine à voile. Mais avant tout, il faut savoir que
Richelieu, le premier à avoir lancé les bases d'une Marine digne de ce
nom, avait fait connaître qu'il préférait recruter des marins dont le sang
était composé d'eau de mer et de vin plutôt que d'avoir des personnages
poudrés, fardés, perruques et emplumés. Cette phrase était, nous semble-t-il,
une véritable déclaration d'intention à savoir que le vin était devenu un rite
incontournable dans la Marine.
Bien avant Richelieu, l'histoire maritime grecque nous lègue des citations
qui construisent le pont entre vin et Marine. Ainsi, Télémaque, le fils
d'Ulysse et de Pénélope, douze siècles avant notre ère, formule précisément
ses ordres pour ravitaillement de son navire : « Emplis-moi de vin douze
amphores et les coiffe bien toutes. »
C'est beaucoup plus tard, sous l'égide de Colbert, que l'ordonnance royale
du 4 mars 1670 réglait la qualité et la quantité des denrées à fournir aux vais
seaux. D'autres ordonnances suivirent, insistant particulièrement sur le fait de
n'embarquer à bord que des vins excellents : Bordeaux, principalement, à
l'exclusion du vin Charentais ou Nantais. La ration par homme était de 3/4 de
* 6, place de l'Église, 85430 Nieul-le-Dolent
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XLVL N° 317, 1WTRIM. 1998, 81-88. 82 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
pinte *, soit 70 centilitres de vin rouge « franc de pourriture, pousse et
aigreur », abreuvé d'autant d'eau pour faire trois chopines 2 de boisson qui
serviront aux trois repas. Le vin sera donc rouge de préférence, choisi dans
les meilleurs crus et de la dernière vendange (ce qui a priori peut être contest
able). En effet, le problème de la conservation à la mer exigeait des vins de
haute qualité.
Compensation aux rigueurs de la vie à bord, autant que concession aux
habitudes nationales, les marins français reçurent toujours, semble-t-il, des
boissons alcoolisées à l'occasion de leurs repas soit sous forme de boissons
fermentées (vin, bière ou cidre), soit sous forme de spiritueux (eau de vie,
rhum...).
Ces boissons fermentées, nous l'avons dit, posaient de difficiles problèmes
de conservation en futailles dans les cales des vaisseaux qui était un « lieu
sans air, humide et plein d'émanations miasmatiques ». C'est pourquoi et
aussi en raison de la nécessité d'en embarquer des quantités plus importantes,
cidre et bière, plus fragiles, ne furent jamais utilisés que pour les armements
de faible durée et uniquement dans les mers froides.
Le munitionnaire, c'est-à-dire l'agent chargé de délivrer les vivres et
notamment le vin, doit obéir à des ordres royaux qui sont précis et formels.
Ainsi, « il ne pourra fournir des vins blancs, des vins de l'île de Ré, du Poitou,
de Nantes et du vin vrillé de la Rochelle pour le Ponant, ni des vins du
Languedoc pour le Levant ».
Concrètement, pour le Ponant, on utilise exclusivement du vin rouge
embarqué sous deux formes : la première provient de Saintonge, d'Anjou et
de la Touraine. Ces vins légers et nouveaux ne se tiennent pas à la mer, aussi
ils doivent être consommés pendant le premier mois de campagne. Ensuite,
on utilise du vin vieux de Bordeaux, cru de Montferrand, de Pallu ou de
Quercy. On peut également consommer du vin vieux de Chalosse.
Lorsqu'on embarque des vins pour les climats chauds, il faut veiller à les
coller et les fouetter avec une attention particulière avant de les embarquer. Il
faut savoir, en outre, que les vins des crus de première qualité, comme ceux
de Montferrand, de Pallu ou de Quercy, résistent bien aux chaleurs. Pour le
Levant, le vin nouveau est de Provence et le vin vieux provient de Toulon et
de Marseille. Sur cette côte méditerranéenne, sont défendus les vins de l'île
de Ré, de Poitou, de Nantes, les vins vrillés de la Rochelle et les vins du
Languedoc.
Un coulage de 10 % est reconnu et donc toléré par toutes les boissons à
l'exception des eaux de vie.
Ce coulage est dû essentiellement aux avaries diverses, à l'ascécence et,
bien entendu, au chapardage. L'USAGE DU VTN DANS LA MARINE 83
Coupe longitudinale d'un vaisseau.
(Plan de Jean Boudriot - Le vaisseau de 74 canons)
Aussi, était-il fréquent, après quelques semaines de mer, de ne plus déli
vrer aux matelots que de l'eau de vie, de conservation plus facile et d'e
ncombrement encore moindre, environ quatre fois moins, que le vin.
L'allocation journalière prévue par les textes était le quart de celle du vin
donc 3/16 au lieu de 3/4 de litre, autrement dit 22 centilitres environ par jour.
Mais Louis XIV avait fort bien décelé les dangers de l'alcool puisqu'il déclar
ait en 1680 : « Sa Majesté a été informé que les eaux de vie sont fort nui
sibles à l'équipage. » Colbert, lui aussi, comprit la nocivité de cette pratique
puisqu'il la limita aux voyages tropicaux en dépit des dépenses supplément
aires que cela occasionnait.
Une autre considération donnait, pour le matelot, tout son prix au
« Vin du Roy ». Ce vin était une sorte de privilège qui, de pair avec les
avantages sociaux et le caractère de solidarité des « invalides de la
Marine », contribua à faire admettre la dure obligation du « système des
classes ». 84 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Le vin était considéré comme si nécessaire pour la santé physique et morale
des équipages qu'un règlement de 1786 « interdit aux officiers d'appliquer la
peine de rationnement de vin », ce qui fut confirmé, un peu plus tard, par le
Roi lui-même alors qu'auparavant elle était mise en vigueur même pour les
fautes minimes.
Sous la Révolution, les approvisionnements en vins furent désastreux
comme tout le reste puisque la ration journalière tomba de 70 

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