La catégorématicité  et les adjectifs en polonais - article ; n°30 ; vol.8, pg 125-131
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La catégorématicité et les adjectifs en polonais - article ; n°30 ; vol.8, pg 125-131

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Description

Langages - Année 1973 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 125-131
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Ryszard Zuber
La catégorématicité et les adjectifs en polonais
In: Langages, 8e année, n°30, 1973. pp. 125-131.
Citer ce document / Cite this document :
Zuber Ryszard. La catégorématicité et les adjectifs en polonais. In: Langages, 8e année, n°30, 1973. pp. 125-131.
doi : 10.3406/lgge.1973.2231
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1973_num_8_30_2231RYSZARD ZUBER
Université Paris VIII (Vincennes)
LA CATÉGORÉMATIGITÉ
ET LES ADJECTIFS EN POLONAIS
♦Lyso choc oko wykol.
Dans des études récentes consacrées à l'examen des rapports entre
logique et langage (ou entre propriétés logiques et propriétés grammati
cales) on a émis plusieurs hypothèses intéressantes. Ainsi, Baker (1970),
examinant les possibilités d'occurrence de certains items lexicaux (items
de polarité), a suggéré que les règles grammaticales déterminant la
présence de ces items mettent en jeu certaines lois se rapportant à l'équi
valence logique (et dépendant dans le cas des items de polarité de la loi
de double négation). L'importance de ce type d'hypothèse pour l'ana
lyse de la logique sous-jacente aux langues naturelles et de ses consé
quences quant à la forme explicite de cette logique est discutée dans
Lakoff (1970) : on peut, d'après lui, montrer que certaines règles grammat
icales peuvent déterminer le choix d'axiomes et de définitions arbitraires
(de postulats de signification) pour la logique sous-jacente. Quelle que soit
la valeur réelle de cette hypothèse et en particulier le rôle du phénomène
discuté par Lakoff et Baker, il me semble que l'idée même d'associer
les manifestations syntaxiques aux phénomènes logiques est fort intéres
sante.
Dans cette note, je voudrais donner, en me basant sur quelques faits
du polonais, un autre exemple d'une telle dépendance entre propriétés
logiques et règles de grammaire. Je vais reprendre la vieille notion de
« terme catégorématique » et la relier à certains phénomènes grammatic
aux. Rappelons la distinction entre categoremata et syncategoremata.
Intuitivement un terme (en fait nous ne considérerons ici que les adjectifs)
est dit s'il a un sens défini qui est indépendant du sens
de l'autre terme (du nom) avec lequel il co-occurre; il est dit syncatégoré-
matique s'il n'en est pas ainsi. Par exemple jeune dans jeune marié n'a
pas le même sens que dans jeune révolutionnaire. Ce n'est pas le cas de
l'adjectif chauve qui garde le même sens dans marié chauve et révolution
naire chauve1. Formellement, nous dirons que l'adjectif A est catégorémat
ique si l'implication suivante est vraie (cf. Quine 1960) :
1. Cette phrase est pour beaucoup de locuteurs contradictoire ou peu acceptable.
Cela peut venir du fait que les adjectifs marqués (comme jeune) modifient seulement
les traits présupposés, se comportant donc différemment des adjectifs non marqués
(cf. à ce sujet également Ducrot 1 970). 126
NPi est A NP2 -> NPX est NP2 et NPX est A (NP : syntagme nominal).
L'adjectif est syncatégorématique si cette implication n'est pas vraie.
(Nous ne tiendrons pas compte pour l'instant des difficultés éventuelles
dues à l'article.)
Nous ne nous intéresserons qu'aux cas où cette décomposition est
possible et nous laisserons de côté des cas comme :
(2) Pierre est physicien nucléaire.
étant donné que (3) n'est pas possible :
(3) *Pierre est et il est nucléaire.
Exemples : comme (4) n'implique pas (5) et que (6) implique (7)
(4) Pierre est un jeune marié.
(5)est marié et il est jeune.
(6) Pierre est un étudiant chauve.
(7)est un et il est chauve.
jeune est syncatégorématique et chauve catégorématique.
Cette définition rend compte de quelques autres propriétés des
adjectifs catégorématiques.
Premièrement : Rappelons qu'une proposition du type NPX est NP2
présuppose une proposition du type NPt est NP3 où NP3 est tel que
(NP2 est NP3) est vrai et (non-NP2 est NP3) l'est aussi. Cela veut dire
NP3 est tel que son extension est la somme ensembliste des extensions de
NP2 et NP2 : extNP3 = extNP2U extŇP2 (ŇP~— complémentaire de NP).
Si maintenant l'adjectif catégorématique modifie NP2 alors il modifie
de la même façon NP3 : NPX est A NP2 -+ NPX est A NP3.
Par exemple, étant donné que (8) présuppose (9), si (10) est vrai alors
(11) l'est aussi :
(8) Pierre est un moine.
(9)est un homme.
(10) Pierre est un moine chauve.
(11)est un homme
Deuxièmement, les termes catégorématiques s'appliquent à plusieurs
prédicats nominaux possibles : Si Arthur est moine et étudiant et qu'il
est chauve, alors Arthur est un moine chauve et un étudiant chauve. Par
contre, l'adjectif jeune n'étant pas catégorématique occurre facilement
dans une construction comme (12) :
(12) Arthur est un jeune étudiant mais ce n'est pas un jeune moine 1.
(En effet, il a pu entrer dans les ordres il y a quarante-neuf ans et commenc
er des études seulement l'année dernière.)
De même, à supposer que quelqu'un soit à la fois sénateur et écrivain,
les deux phrases suivantes n'ont pas nécessairement la même valeur
logique, car l'adjectif brillant est syncatégorématique :
(13) Ce sénateur est un brillant écrivain.
(14) Cet écrivain est un sénateur.
Par contre, elles auraient la même valeur logique avec un adjectif caté
gorématique.
L'existence de ces deux types de qualification, absolue et relative,
est bien sûr connue des grammairiens depuis longtemps. Ainsi on a
remarqué qu'en français il existait une corrélation — en fait pas très
rigoureuse — , entre la place de l'adjectif, antéposé ou postposé, et le 127
type de qualification : ил grand homme n'est pas nécessairement grand
alors qu'un homme grand est grand par définition.
Cet exemple nous suggère deux points : tout d'abord les termes
catégorématiques ne le sont pas nécessairement au sens absolu, dans tout
univers, mais dans un univers « naturel » décrit par ailleurs à l'aide de
traits sémantiques : un homme grand est grand dans l'univers des humains
(mâles) mais pas obligatoirement dans l'univers des animés et sûrement
pas dans l'univers des objets (s'il arrivait que l'homme soit considéré
comme un objet).
L'exemple en question nous incite ensuite à parler d'une utilisation
catégorématique ou syncatégorématique d'un adjectif, étant donné que
parfois le même adjectif peut selon les cas fournir l'une ou l'autre des
deux qualifications (cf. aussi Quine 1960).
C'est ce dernier point que nous allons maintenant discuter. En
polonais, il existe plusieurs constructions grammaticales parallèles où la
double qualification est distinguée. Je vais commenter deux d'entre elles :
la comparaison et les constructions avec certaines copules.
Il existe deux types de comparatifs en polonais : l'analytique (ou
morphologique) et le périphrastique. L'analytique, qui ressemblerait
superficiellement au comparatif anglais formé à l'aide de la terminaison
-er, s'obtient en sufïixant par -szyj-ejszy l'adjectif (en négligeant les
variantes phonologiques); le périphrastique, qui correspondrait en anglais
à utilisation de l'adverbe more, s'obtient en faisant précéder l'adjectif
de l'adverbe bardziej (plus). Il n'existe pas de règle phonologique générale
qui rende compte du fait que certains adjectifs prennent le comparatif
analytique et d'autres le périphrastique; mais il est possible de montrer
qu'il y a une différence sémantique entre ces deux types de comparatifs.
Dans la comparaison utilisant le comparatif périphrastique (que je vais
appeler présupposante), il est présupposé que les deux syntagmes nomi
naux comparés possèdent la qualité exprimée par l'adjectif. Ainsi (15)
mais non (16) présuppose (17) :
(15) Zofiajest bardziej mloda niz Anna.
(16)mlodsza od Anny.
(15) et (16) signifient : Sophie est plus jeune que Anne.
(17) Sophie et Anne sont jeunes.
On peut donner plusieurs arguments confirmant cette distinction sémant
ique (cf. Zuber). Par exemple, une construction comme (18) :
(18) II n'est pas jeune mais il est plus jeune

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