La chronologie des wuzhu, étude, analyse et propositions - article ; n°31 ; vol.6, pg 223-247
26 pages
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Description

Revue numismatique - Année 1989 - Volume 6 - Numéro 31 - Pages 223-247
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

François Thierry
La chronologie des wuzhu, étude, analyse et propositions
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 31, année 1989 pp. 223-247.
Citer ce document / Cite this document :
Thierry François. La chronologie des wuzhu, étude, analyse et propositions. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 31,
année 1989 pp. 223-247.
doi : 10.3406/numi.1989.1946
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1989_num_6_31_1946François THIERRY
LA CHRONOLOGIE DES WUZHU
ÉTUDE, ANALYSE ET PROPOSITIONS
Résumé. — La datation traditionnelle des différents types de wuzhu émis entre 118
av. J.-C. et 618 ap. J.-C, est en partie remise en cause par les découvertes
archéologiques des vingt dernières années, découvertes qui nécessitent également une
relecture des textes historiques qui fondent cette datation. Nous faisons le point des
modifications et rectifications à apporter à la chronologie admise à ce jour.
Si le wuzhu est considéré comme la monnaie des deux dynasties
Han (206 av. J.-C. -220 ap. J.-C), il ne faut pas perdre de vue qu'on
continue à émettre des monnaies portant cette inscription jusqu'à
l'avènement des Tang en 618 ap. J.-C.
Après avoir renversé la dynastie Qin (221-207 av. J.-C), Liu Bang
fonde la dynastie Han qui gouverne la Chine jusqu'en 9 ap. J.-C,
lorsque Wang Mang, membre du clan de l'impératrice, s'empare du
pouvoir à la faveur d'une grave crise agraire. L'interrègne de Wang
Mang ne dure guère qu'une quinzaine d'années, et en 25, les Han sont
restaurés. La seconde dynastie Han, dite aussi Han de l'Est, n'atteint
ni la puissance ni la gloire des Han de l'Ouest. En 220 ap. J.-C, elle
disparaît dans les révoltes millénaristes des Turbans Jaunes. L'empire
éclate alors en trois Royaumes, Wu au sud, Wei au nord et Han de
Shu au Sichuan. En 265, Wei devenu Jin, restaure brièvement l'unité
de l'empire. L'irruption des Huns et les guerres de clans contraignent
les Jin à se replier au sud en 317; le pouvoir de l'empereur est à la
merci des chefs militaires et en 420, Liu Yu, le principal général des
Jin, usurpe le trône et fonde sa propre dynastie, les Song, qu'on
nomme Liu Song pour les différencier des grands Song du xie-xnr.
Avec les Liu s'ouvre la période dite des Dynasties du Sud et du
Nord, car au sud se succèdent les dynasties qui détiennent le Mandat
Céleste, c'est-à-dire la légitimité impériale, Liu Song (420-479), Q\
(479-502), Liang (502-557) et Chen (557-589), tandis que le nord est
Revue numismatique, 1989, 6e série, XXXI, p. 223-247. 224 FRANÇOIS THIERRY
aux mains des nomade» prototurks Tabgatch qui fondent la dynastie
des Wei en 386. En 534, leur royaume éclate en deux principautés, les
Wei de l'Est et les Wei de l'Ouest, qui sont détruites par les Qi du
Nord (550-577) auxquels succèdent les Zhou du Nord (577-581). En
581, le général Yang Jian renverse le souverain des Zhou du Nord et
fonde la dynastie Sui ; en 589, en détruisant la dynastie méridionale
des Chen, il réunifie la Chine et récupère le Mandat Céleste. La
dynastie Sui est renversée en 618 par le Duc de Tang qui fonde la du même nom.
Entre 118 av. J.-C. et 621 ap. J.-C, la principale monnaie chinoise
a donc été le wuzhu, qui tire son nom de l'inscription qu'il porte,
jL^-J^ u)u zhu, «5 zhu» ; ces deux caractères désignant le poids légal
de la monnaie ; le zhu /&JL est la 24e partie du Hang ^£ et pèse
0,64 g, si l'on se réfère aux poids de l'époque Han découverts ces
dernières années1 : au début des émissions, au ne siècle av. J.-C, la
monnaie a donc un poids d'environ 3,20 g. Durant sept siècles, les
autorités chinoises ont émis des wuzhu, typologiquement différents
mais portant tous la même inscription, c'est pourquoi les mentions
des émissions dans les Annales dynastiques sont, à quelques
exceptions près, toujours les mêmes : «A tel mois de telle année de
telle ère de règne (nianhao) de l'empereur X, on a fondu des
monnaies de 5 zhu ( ....]щ £- Щь^ /l* )>>- Numismates et ar
chéologues se sont donc trouvés devant un très grand nombre de
«monnaies de 5 zhu» qu'il leur a fallu attribuer à telle ou à telle
dynastie. On sait qu'en Chine, la numismatique apparaît très tôt et
prend un grand essor dès la dynastie Tang (618-907) avec des gens
comme Dun Su et Xue Yuanchao2, et surtout sous les Song (960-
1279). C'est à cette époque, avec les travaux de Hong Zun, Dong Yů,
Zheng Qiao ...3, que sont mises au point les premières chronologies des
wuzhu, qui se fixent définitivement au xviir siècle, avec les ouvrages
de Liu Yanting, de Qian Weicheng, de Weng Shupei ...4, pour donner
naissance à une chronologie traditionnelle, admise par l'ensemble des
numismates au xixe siècle, Wang Xiqi et Li Zoxian5 en particulier, et
1. Qiu 1984 : 77-83.
2. Dun Su est l'auteur du Quart pu, et Xue Yuanchao (actif entre 650 et 683) celui
du Qian pu et du Quan zhi.
3. Hong Zun est l'auteur d'un autre Quan zhi (1149); Dong Yùn, celui du Qianbi
(1120-1130), d'un autre Qian pu (circa 1126), du Qian shu et du Xû qian pu; Zheng
Qiao (actif durant l'ère Shao Xing 1131-1163) celui du Qianbi kao et du Jinshi lue.
4. Liu Xihai, dit Liu Yanting, grand numismate de la fin du xvine siècle, est
l'auteur du Quan yuan (ant. 1796), du Quan yuan jinghua (ant. 1796), du Gu quan yuan,
du Qian zhi xinbian (1831) et du Xin Mang huobu fan. Qian Weicheng (époque de Qian
Long 1736-1796) est l'auteur du Gu qian gaolue, et co-auteur du Jing ding qian lu et du
Xi Qing gu jian qian lu. Weng Shupei, dit Weng Yiquan, également actif à la fin du
xvine siècle, est l'auteur du Yiquan Ы bu, du Gu quan huikao, et du Gu qianhua kao.
5. Wang Xiqi est l'auteur du Quanhuo huikao (1863), et Li Zoxian, dit Li Zhupeng,
celui du Gu quan hui (1864). LA CHRONOLOGIE DES WUZHU 225
par la plupart de ceux du début du xxe siècle, dont Ding Fubao6. Elle
se fonde d'abord sur les textes historiques qui donnent des précisions
typologiques (voir infra), sur les interprétations postérieures des
commentateurs des textes historiques, sur les compilations et,
tradition bien chinoise, sur ce qu'ont écrit les auteurs anciens. Le
dictionnaire de Ding Fubao (Ding 1938) est très représentatif de cette
numismatique traditionnelle, dans la mesure ou il se présente moins
comme un ouvrage de recherche proposant des interprétations ou des
analyses, que comme une vaste compilation, donnant les estampages
de toutes les pièces connues (y compris faux et fantaisies) accompag
nés des commentaires des auteurs anciens. La chronologie tradition
nelle a été adoptée telle quelle, sans analyse critique, par les
numismates occidentaux de la fin du xixe et du xxe siècle, Lockhart,
Schjôth, Coole ...7.
Cette chronologie traditionnelle a été peu à peu ébranlée par les
recherches et les découvertes archéologiques, particulièrement nomb
reuses et scientifiquement organisées depuis une vingtaine d'années :
les matrices à moule et les moules datés, les monnaies trouvées dans
des tombes datées précisément et indiscutablement ont été des
éléments qui ont permis d'échelonner les wuzhu de façon beaucoup
plus sûre et précise entre le 11e siècle av. J.-C. et le vir ap. J.-G. De
même, la confrontation des textes à ces nouvelles découvertes, le
développement de la recherche textuelle, de la philologie et de
l'épigraphie ont permis de revenir sur certaines attributions erronées,
comme le montrent les travaux de la nouvelle école numismatique
chinoise, Dai Baoting, Ma Dingxiang d'abord, puis Zhu Huo, Dai
Zhiqiang, Chen Zunxiang, Qian Jianfu, en République Populaire, Wai
San Doo à Hong-Hong. A la lumière de tous ces éléments, et en en
tirant toutes les conclusions, même celles qui peuvent paraître
audacieuses, nous proposons une chronologie des wuzhu que nous
considérons comme une étape dans cette recherche. Nous remercions
MM. Dai Zhiqiang et Wai San Doo d'avoir bien voulu lire ce travail
et nous faire profiter de leurs critiques et remarques.
L'étude des wuzhu repose essentiellement sur l'analyse graphique
des caractères wu et zhu, sur l'évolution de ces caractères, et sur les
signes ou marques spécifiques qui apparaissent sur certaines pièces,
barres au-

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