La civilité peut-elle s enseigner? - article ; n°1 ; vol.132, pg 101-113
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Revue française de pédagogie - Année 2000 - Volume 132 - Numéro 1 - Pages 101-113
Civility had been taught for centuries but it only applied to the relationships between castes in monarchial systems. But is civility conceivable in a republican context ? Civility, both as politeness and the proprieties, rules the relationships between individuals in democracy by maintaining a safe distance between each of them. Civility, the first step in the acknowledgment of the other, is neither morality nor politics, but it allows the development of both. A degree of fundamental civility is necessary in the schooling process. It is to be acquired through physical constraint, through rituals that accustom us to take the other into account.
La « Civilité » s'est enseignée pendant des siècles mais elle correspondait aux rapports de caste de la Monarchie. La civilité peut-elle se concevoir dans un contexte républicain ? La civilité sous les deux formes de la politesse et de la bienséance règle les rapports entre « individus » en démocratie en les maintenant à bonne distance les uns des autres. La civilité, premier degré de reconnaissance de l'autre n'est ni la morale ni la politique mais elle en permet le développement. Une civilité de base est nécessaire à la scolarisation. Elle s'acquiert «par corps », par des rituels qui habituent à tenir compte de l'autre.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 93
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Yveline Fumat
La civilité peut-elle s'enseigner?
In: Revue française de pédagogie. Volume 132, 2000. pp. 101-113.
Abstract
Civility had been taught for centuries but it only applied to the relationships between castes in monarchial systems. But is civility
conceivable in a republican context ? Civility, both as politeness and the proprieties, rules the relationships between "individuals"
in democracy by maintaining a safe distance between each of them. Civility, the first step in the acknowledgment of the other, is
neither morality nor politics, but it allows the development of both. A degree of fundamental civility is necessary in the schooling
process. It is to be acquired through "physical constraint", through rituals that accustom us to take the other into account.
Résumé
La « Civilité » s'est enseignée pendant des siècles mais elle correspondait aux rapports de caste de la Monarchie. La civilité
peut-elle se concevoir dans un contexte républicain ? La civilité sous les deux formes de la politesse et de la bienséance règle
les rapports entre « individus » en démocratie en les maintenant à bonne distance les uns des autres. La civilité, premier degré
de reconnaissance de l'autre n'est ni la morale ni la politique mais elle en permet le développement. Une civilité de base est
nécessaire à la scolarisation. Elle s'acquiert «par corps », par des rituels qui habituent à tenir compte de l'autre.
Citer ce document / Cite this document :
Fumat Yveline. La civilité peut-elle s'enseigner?. In: Revue française de pédagogie. Volume 132, 2000. pp. 101-113.
doi : 10.3406/rfp.2000.1037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_2000_num_132_1_1037La civilité peut-elle s'enseigner ?
Yveline Fumât
maintenant n'est formes La Monarchie. « Civilité ni de la morale la à La » bonne politesse s'est civilité ni enseignée distance la peut-elle politique et de les la pendant se bienséance mais uns concevoir des elle autres. en siècles règle permet dans La les mais un civilité, le rapports contexte développement. elle premier correspondait entre républicain degré « individus Une de aux ? civilité reconnaissance La rapports » en civilité de démocratie base de sous caste est de les nécessl'autre en de deux les la
aire à la scolarisation. Elle s'acquiert «par corps », par des rituels qui habituent à tenir compte de
l'autre.
Par quel étrange retour un terme aussi désuet le mot et l'exigence de formation à laquelle il avait
que la « civilité », tellement lié à des ouvrages pu correspondre semblait avoir totalement disparu.
didactiques et à des manières d'Ancien Régime, Autant les Civilités étaient importantes sous l'Ancien
revient-il en usage ? La civilité peut-elle se régime, puisqu'elles servaient de manuels pour
apprendre à lire - et constituaient même, avec les concevoir dans un contexte républicain ? Quelles
nouvelles formes peut-elle prendre ? Comment catéchismes, les premières formes du manuel
une civilité démocratique pourrait-elle se scolaire - autant la codification des manières a
construire ? En quoi peut-elle être déjà une édu semblé par la suite moins présente dans les
cation à la citoyenneté ? apprentissages scolaires. Cet évincement mérite
d'être interrogé : par quels manuels ont été
remplacées les civilités puériles et honnêtes ?
Pourquoi l'école a-t-elle renoncé à cette éducat
LA CIVILITE PUERILE ET HONNETE ion des manières qui semblait auparavant aussi
importante ?
Après des siècles d'intérêt pour la civilité, mani
festé par les innombrables traités de « Civilité puér La première « Civilité » est rédigée par Erasme en
ile et honnête » destinés aux enfants, il est vrai que 1530. Les premières « Civilités » sont des traités
Revue Française de Pédagogie, n° 132, juillet-août-septembre 2000, 101-113 101 l'idéal d'universalité déjà pressenti dans l'Évanmondains : même si Dieu n'y est pas absent, elles
gile - et qui plus tard sera développé sous d'autres ne concernent pas, comme les catéchismes, la vie
formes plus rationnelles - la Civilité de Jean- du croyant, ses rapports avec Dieu et avec l'Église.
Elles donnent des conseils pour se comporter dans Baptiste de la Salle ne fait que tracer plus so
igneusement les divisions déjà présentes dans le le monde, adaptés aux lieux, aux âges, aux per
corps social. sonnes rencontrées.
Elles ne prescrivent jamais des règles d'action La disparition des traités de Civilités à usage scol
valables pour un sujet moral, en tout temps, en aire correspond à la mise en usage des manuels
de « morale et instruction civique » de 1882. On a tout lieu. Bien au contraire, elles sont toujours
soucieuses de codifier les manières selon les rangs, souvent étudié l'évolution des manuels à partir de
d'indiquer les stratégies spécifiques à suivre selon l'opposition laïque/religieux. La coupure entre la
la place que l'on occupe dans une société pr conception du monde des partisans de l'Ancien
ofondément inegalitaire où la subordination ne peut Régime et celle des Républicains se marque aussi
être remise en question. Elles se préoccupent tou dans les manuels profanes, entre ceux qui justi
jours de tracer des frontières, et tout particulièr fient et reconduisent une société de castes et
ceux qui défendent « l'Égalité ». Les « Civilités » ement celles qui séparent le monde des « civilisés »
paraîtront, aux défenseurs de la République, obsoldu monde des paysans sauvages et frustes.
ètes et même dangereuses par leur reconnaissance
L'intérêt que porteront les auteurs catholiques de la hiérarchie innée entre supérieurs et inférieurs,
aux civilités n'entraînera nullement la récusation et leur sacralisation des inégalités sociales. Des
des hiérarchies instituées. Jean Baptiste de la Salle, Inspecteurs de l'Instruction publique s'indigneront
dans la première édition de sa « Civilité chrétienne » de la présence de certaines « civilités » dans les
(1703), manifestera clairement son intention d'in armoires des écoles. Aux yeux de ces partisans
vestir des territoires jusqu'alors considérés comme de l'Égalité, tout est à rejeter dans ces petits traités
profanes. Cependant le nouvel accent mis sur d'un autre temps, non pas parce qu'ils dénigrent
l'amour du prochain et sur le jugement divin - sub la République, mais parce qu'ils présentent comme
stitué au « jugement mondain » -, même s'il donne une hiérarchie immuable, sans jamais s'interroger
aux Civilités une orientation plus chrétienne, ne sur sa légitimité, celle de l'Ancien Régime. Dans
constitue en aucun cas une rupture avec la société les nouveaux livres de morale, il faudra respecter
inegalitaire, élitiste et ségrégative des Civilités anté la personne humaine et non plus traiter chacun
rieures. « La civilité demande que l'on fasse paraître selon son rang. La défense des Droits de l'Homme,
un respect particulier pour les uns, qu'on n'est le refus de l'esclavage, mais aussi une autre manière
pas obligé - et qu'il serait même contre la bien de concevoir la dépendance des domestiques,
séance - d'avoir pour les autres ». Des textes montreront que l'on progresse vers une société
comme celui-ci montrent à l'évidence qu'il ne peut où la dignité de la personne humaine compte plus
être question d'un « respect pour l'Autre » qui serait que son « état », que la position sociale qui est la
indépendant de toute condition sociale. Au contraire sienne à la naissance.
la bienséance consiste justement à traiter chacun
selon sa qualité. Ainsi celui qui est inférieur « doit C'est bien la dimension politique de la civilité,
avoir de la soumission pour ceux qui lui sont supér qui pourtant ne semble codifier que les conduites
privées, qu'aperçoit Tocqueville quand il réfléchit ieurs, soit par leur naissance, soit par leur emploi,
et leur témoigner beaucoup plus de respect à la venue des temps démocratiques. Il remarque
que pour un égal ». Le respect ne marq

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