La collectivisation du cheptel OVIN dans l est de la Géorgie - article ; n°3 ; vol.35, pg 683-701
20 pages
Français

La collectivisation du cheptel OVIN dans l'est de la Géorgie - article ; n°3 ; vol.35, pg 683-701

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
20 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants - Année 1994 - Volume 35 - Numéro 3 - Pages 683-701
Valérie Le Galcher-Baron, La collectivisation du cheptel ovin dans l'est de la Géorgie. Le présent article étudie le déroulement de la collectivisation dans une région de la montagne géorgienne (le district d'Axmet'a, englobant la Touchétie, région du nord-est) où prédomine l'élevage ovin. À partir de matériaux d'archives et de témoignages locaux, on analyse la confrontation entre éleveurs et planificateurs. Au fil du temps, on peut mettre en évidence les fluctuations et les revirements des directives gouvernementales, et les ajustements nécessaires des évolutions du centre aux situations locales.
Valérie Le Galcher-Baron, Collectivization of ovine livestock in the east of Georgia. The present article is studying the development of collectivization in an area of Georgian mountains (the district of Axmet'a, comprising Tushetia, north-eastern region) where ovine breeding dominates. On basis of archival material and local reports, an analysis is made of the confrontations between breeders and planners. With the progress of time, stress can be laid on fluctuations and reversals of governmental instructions and the way in which they have to be adjusted to local situations.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Valérie Le Galcher-Baron
La collectivisation du cheptel OVIN dans l'est de la Géorgie
In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 35 N°3. pp. 683-701.
Résumé
Valérie Le Galcher-Baron, La collectivisation du cheptel ovin dans l'est de la Géorgie. Le présent article étudie le déroulement de
la collectivisation dans une région de la montagne géorgienne (le district d'Axmet'a, englobant la Touchétie, région du nord-est)
où prédomine l'élevage ovin. À partir de matériaux d'archives et de témoignages locaux, on analyse la confrontation entre
éleveurs et planificateurs. Au fil du temps, on peut mettre en évidence les fluctuations et les revirements des directives
gouvernementales, et les ajustements nécessaires des évolutions du centre aux situations locales.
Abstract
Valérie Le Galcher-Baron, Collectivization of ovine livestock in the east of Georgia. The present article is studying the
development of collectivization in an area of Georgian mountains (the district of Axmet'a, comprising Tushetia, north-eastern
region) where ovine breeding dominates. On basis of archival material and local reports, an analysis is made of the
confrontations between breeders and planners. With the progress of time, stress can be laid on fluctuations and reversals of
governmental instructions and the way in which they have to be adjusted to local situations.
Citer ce document / Cite this document :
Le Galcher-Baron Valérie. La collectivisation du cheptel OVIN dans l'est de la Géorgie. In: Cahiers du monde russe : Russie,
Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 35 N°3. pp. 683-701.
doi : 10.3406/cmr.1994.2665
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_1252-6576_1994_num_35_3_2665VALÉRIE LE GALCHER-BARON
LA COLLECTIVISATION DU CHEPTEL OVIN
DANS L'EST DE LA GÉORGIE
On sait la ruine que fut la socialisation pour l'agriculture en Union Soviétique, et
personne ne songe plus désormais à nier le tribut humain payé à ce qui fut un des
thèmes majeurs de la révolution. La lecture historique pouvait ici prendre appui sur
l'immense littérature consacrée aux campagnes russes depuis le xixe siècle et relayée,
dans la tradition marxiste, par un texte comme Le développement du capitalisme en
Russie. Mais que s'est-il passé dans les zones pastorales ? On ne peut pas dire que
cette question ait monopolisé l'attention. Elle ne concernait que des régions loin
taines, teintées de sauvagerie, du Caucase ou de l'Asie Centrale ' . En vérité, ce silence
couvrait une certaine honte touchant à l'existence même de ces marges de l'empire
enfermées dans leur traditionalisme ethnique.
Pour avoir enquêté dans la montagne géorgienne à la veille de l'effondrement de
l'URSS2, nous avons pu recueillir des éléments documentaires sur l'histoire (ou la
mémoire) de la socialisation de l'élevage dans la montagne3. S'amorçait par ailleurs
sous nos yeux un retour à la gestion privée.
Dans l'ensemble géorgien, l'opposition plaine/montagne, bari/mta, recouvre
beaucoup plus qu'une différence géographique : une opposition anthropologique,
fortement chargée de symboles. Pour tous les Géorgiens, la montagne constitue à la
fois un espace de référence et une inquiétante survivance du passé. Les historiens
marxistes n'ont pas failli à la tradition. D'une part, ils appréciaient que les monta
gnards aient échappé à la domination féodale et, à l'abri dans leurs repaires, aient
longtemps résisté à toute extérieure. Il ne s'agissait alors que de les faire
passer du stade primitif au socialisme. À moins que l'on ne constate que des inégali
tés de classes avaient eu le temps de s'y développer. De riches propriétaires de mout
ons avaient fait éclater les structures tribales. Dans ce cas il suffisait d'achever le
processus amorcé à la fin du xixe siècle avec la conquête russe : pour leur faire rega
gner le cours lumineux de l'histoire — autrement dit pour en prendre le contrôle —
il fallait décidément les déloger de leurs montagnes. Ce sont ces deux idées, passa
blement contradictoires, qui marquaient les représentations des montagnards au
moment où le nouveau régime engageait le processus de socialisation.
Cahiers du Monde russe, XXXV (3), juillet-septembre 1994, pp. 683-702. VALÉR I E LE G ALCHER-B A RON 684
Notre étude porte sur une région particulière du nord-est de la Géorgie, la Tou-
chétie, située sur le versant nord de la chaîne du Caucase4. L'élevage ovin y était tr
aditionnel lenient le secteur principal de l'économie. Il s'organisait autour d'une tran
shumance entre les alpages, constituant le territoire propre des Touches, et les
pâturages d'hiver dans la plaine de Kakhétie, sur laquelle ils n'avaient que des droits
précaires5. Ils y avaient développé une race locale, le mouton touche, race polyval
ente dont on tirait à la fois du lait, de la laine et de la viande, mais appréciée surtout
pour sa rusticité. La transhumance occupait la majorité des hommes, qui étaient dits
« cxvarši » (litt. : « dans le mouton »), par opposition à ceux qui restaient en charge
des travaux agricoles, désignés du nom de šina k'aci (« homme du dedans »). Les
femmes s'occupaient d'une partie des cultures, du travail de la laine, ainsi que de la
gestion d'un cheptel bovin minoritaire.
Les bergers (mecxvare) passaient le plus gros de l'année avec le troupeau, loin
des villages de montagne, selon le rythme suivant : entre quatre et cinq mois sur les
alpages à bonne distance, et cinq mois sur les pâturages d'hiver. Les transhumances
occupaient un mois entier. Les bergers quittaient les alpages entre septembre et
octobre, selon la précocité de l'hiver. Les béliers étaient alors mélangés au troupeau
afin que l'agnelage ait lieu au retour du printemps. La remontée commençait en avril,
les agneaux restant avec les brebis, pour être sevrés aussitôt après l'arrivée. La tonte
des moutons avait lieu deux fois l'an, au printemps et en automne.
Les bergers étaient regroupés selon différentes modalités : plusieurs propriétaires
de moutons pouvaient s'associer, mettant en commun leurs troupeaux (šeamxanage-
hulïf ; ou bien un riche propriétaire engageait des bergers salariés (možamagire)1
suivant différents types de contrats, le plus courant étant celui où le berger, en
échange de son travail, gérait pendant quatre ans un capital de 40 brebis et devenait
propriétaire du croît8.
La plaine de Kakhétie longtemps utilisée comme pâturage d'hiver devint pro
gressivement zone de station intermédiaire, à mi-parcours de la transhumance entre
les alpages et la plaine de Siraki. Au milieu du xixe siècle, une partie de la popula
tion commença à s'y installer l'hiver, n'occupant les villages de Touchétie que l'été.
Les premiers furent les Touches du clan, ou « thème », de C'ova9, qui possédaient les
troupeaux les plus importants pour le territoire le plus exigu. Ils furent à l'origine de
la création du village de Zemo Alvani. À leur suite vinrent ceux du thème de P'iri-
kiti10. Le village de Kvemo Alvani a été créé ultérieurement par les Gomec'ari, ainsi
que les Čagma — dont une partie vit également dans Je village de Lalisq'uri. Malgré
les fortes variations des effectifs du cheptel, l'économie des Touches est traditio
nnellement considérée comme prospère. On cite le nom de familles possédant jusqu'à
4 000 moutons, 60 à 70 chevaux, 10 à 15 bovins11.
Telle était la situation de la société avant la collectivisation.
Mise en place du système
La difficulté à donner un tableau précis du déroulement de la collectivisation
dans cette région de montagne tient notamment à ce qu'elle était administrativement
rattachée à la plaine, l'une et l'autre réunies dans le district de Telavi12. Tous les
chiffres dont on dispose concernent ce district son ensemble. En outre, tous les
témoignages convergent pour dire que son déroulement a été relativement confus. Si
tous les documents se réfèrent au calendrier officiel de la collectivisation, on relève COLLECTIVISATION DU CHEPTEL OVIN EN GÉORGIE 685
des décalages sensibles dans sa mise en application, qui a ét&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents