La culture et l intégration dans la recherche sociologique en France et en Allemagne (1980-1992) - article ; n°1 ; vol.13, pg 201-214
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La culture et l'intégration dans la recherche sociologique en France et en Allemagne (1980-1992) - article ; n°1 ; vol.13, pg 201-214

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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1997 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 201-214
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Barbara Grabmann
La culture et l'intégration dans la recherche sociologique en
France et en Allemagne (1980-1992)
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 13 N°1. pp. 201-214.
Citer ce document / Cite this document :
Grabmann Barbara. La culture et l'intégration dans la recherche sociologique en France et en Allemagne (1980-1992). In:
Revue européenne de migrations internationales. Vol. 13 N°1. pp. 201-214.
doi : 10.3406/remi.1997.1542
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1997_num_13_1_15421997 (13) 1 pp. 201-214 201_
CHRONIQUE SCIENTIFIQUE
La culture et l'intégration
dans la recherche sociologique
en France et en Allemagne
(1980-1992)
Barbara GRABMANN*
Les problèmes liés à la présence de populations étrangères et aux phénomènes
migratoires se trouvent, depuis des décennies, au centre de l'actualité politique dans
toute l'Europe. Alors que la mobilité ne cesse de croître dans tous les pays industriels
de l'Ouest, les migrations deviennent un phénomène permanent. De plus en plus
nombreux des hommes deviendront des « étrangers » ; terme qui perd de sa pertinence
et qui souligne la polysémie croissante de celui de « phénomène migratoire » : il ne
s'applique pas de la même façon aux non-nationaux, aux demandeurs d'asile, aux
travailleurs immigrés (Gastarbeiter), aux citoyens de l'Union Européenne, etc. De plus,
des notions aussi complexes que celle d' « étrangers de l'intérieur », loin de contribuer
à le clarifier, ne font que souligner l'impuissance à définir la place occupée par ces
personnes. Cette difficulté est encore plus visible lorsqu'il s'agit, même dans une
discussion scientifique, de décrire les jeunes d'origine étrangère. La confusion du
discours renvoie à une question centrale dans tout le débat politique et économique sur
les étrangers : celle de leur intégration. Mais, là aussi, l'absence de clarté est manifeste,
notamment dans la relation entre intégration sociale et culturelle. Des termes tels que
assimilation, acculturation, déculturation et intégration ponctuent, il est vrai, la
discussion, mais ils dispensent généralement d'une définition plus précise. Certains ont
tenté de qualifier plusieurs phases d'incorporation — intégration, acculturation et
assimilation — (Hoffmann-Nowotny, 1973), de définir l'entre-deux-mondes culturel
(Hettlage-Varjas/Hettlage, 1984) ou encore de distinguer entre plusieurs contextes
d'intégration — social, économique et culturel. Mais aucun terme n'a pu s'imposer
comme concept opératoire ou s'est révélé trop simpliste pour décrire dans sa variété la
réalité des phénomènes migratoires. En dépit de cet irritant manque de clarté
Université de Regensburg. Universitàtsstr 31, D-93053 Regensburg, Allemagne. 202 Barbara GRABMANN
conceptuelle, on se propose de comparer la production sociologique dans deux pays
aux traditions de recherche différentes. Pour ce faire, on a analysé des travaux qui
posent la question, fondamentale dans la discussion sur les étrangers, des fonctions de
la culture et des liens entre rapports individuels et culture1. L'analyse se limite aux
travaux sur les jeunes d'origine nord-africaine en France, et d'origine turque en
Allemagne. Ces deux groupes permettent la comparaison et, de plus, mettent en
évidence la situation difficile de la deuxième génération, problème étroitement lié au
concept d'intégration culturelle.
Il est important de préciser d'abord sur quoi repose la comparabilité entre les
deux groupes. La discussion des thèmes mis en relation avec l'intégration culturelle
permet de saisir ce que la recherche sociologique, dans les deux pays, entend par ce
phénomène. On a donc d'abord recensé les thèmes traités puis on a analysé les
hypothèses théoriques qui soutendent les différentes recherches dans un but comparatif.
JEUNES MAGHREBINS EN FRANCE ET JEUNES
TURCS EN ALLEMAGNE
Les données statistiques indiquent que 1.201.000 Nord- Africains vivent en
France et 1.822.000 Turcs vivent en Allemagne. Ils représentent respectivement 2,11 et
2,49 % de la population totale. Dans les deux cas, il s'agit du groupe de population
étrangère de loin le plus important, soit 28,6 %2. En outre, l'histoire de ces migrations
et l'appartenance commune à la religion islamique font des Turcs et des Nord-
Africains, des étrangers « typiques ». Il existe cependant des différences du point de
vue juridique, dans la mesure où la définition de la nationalité et de la citoyenneté ne
sont pas les mêmes : jus sanguinis en Allemagne, jus soli, en France3. Elles ne tiennent
pas seulement à deux conceptions différentes de la citoyenneté et de l'Etat, mais aussi à
l'histoire coloniale. La situation légale de ces jeunes dans les deux pays est la suivante :
en Allemagne, les jeunes turcs sont, dans la plupart des cas, des étrangers, alors qu'en
France, la situation est très confuse. La plus grande partie des jeunes maghrébins, qui
sont surtout des jeunes algériens, sont, en fait de jeunes français. Cependant, la place
de ces jeunes dans la société ne dépend pas d'abord de leur situation juridique, mais
des efforts de la société d'accueil pour assurer leur intégration économique, sociale et
1. Cet article s'appuie sur une recherche non publiée (Magistère, Université de Regensburg,
septembre 1993). Elle prend en compte les recherches effectuées entre 1980 et 1992.
2. Les chiffres concernent l'année 1990 en France (chiffres de l'Insee) et l'année 1991 en
Allemagne (chiffres de l'Office statistique fédéral de Wiesbaden). La différence de situation,
du point de vue de l'acquisition de la nationalité dans les deux pays, fausse cependant
l'apparente égalité de l'appartenance nationale dans les deux groupes. Ce point a cependant,
dans la mesure du possible, été pris en compte dans l'appréciation du dernier recensement
français (Recensement général, 1990).
3. Le changement de législation intervenu en France en 1993 signifie cependant que l'accès à la
nationalité française est rendu plus difficile par la suppression du jus soli simple. Il ne change
toutefois rien aux différences de fond entre droit français et droit allemand.
REMI 1997 (13) lpp. 201-214 La culture et l'intégration dans la recherche sociologique 203
culturelle. L'obstacle à l'intégration est beaucoup moins le statut juridique que le
problème de la « visibilité » en tant qu'étrangers et des discriminations qui en
découlent. Cette situation influe, en retour, sur les conditions de vie de ces jeunes. Les
problèmes de fond, comme par exemple la participation politique, sont parallèles, et les
discussions sur la question de l'intégration, à partir du début des années 1980, sont
d'abord, dans les deux pays, liées de façon centrale au phénomène du regroupement
familial.
La « famille étrangère typique »
Les Turcs en Allemagne et les Nord- Africains en France sont, dans le grand
public comme dans les discussions scientifiques, considérés comme les étrangers. La
description des familles étrangères est très stéréotypée : patriarcale, nombreuse,
religieuse et traditionnelle, avec une séparation des sexes ; alors que ceci ne correspond
pas à des structures familiales souvent fortement tranformées par le processus
migratoire (Tribalat, 1996). La migration, dissociée dans le temps, des différents
membres de la famille, modifie avant tout l'organisation des structures familiales.
Mais, sous l'influence du pays d'accueil les rapports à l'intérieur de la famille, par
exemple la relation d'autorité entre parents et enfants, se modifient aussi. Le nombre
des naissances tend également à devenir comparable à celui du pays d'accueil.
Ségrégation selon la répartition géographique et les conditions
d'habitat
En plus de leur concentration dans certaines régions4, les groupes le sont aussi,
dans les deux pays, dans des zones d'habitat particulières où les conditions de
logement sont considérées comme mauvaises. En raison de la politique de la ville et du de la France, la tendance au regroupement dans des cités de la périphérie des
grandes villes est encore plus nette qu'en Allemagne5. Cette conce

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