La dignité des artisans : les images d artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine - article ; n°2 ; vol.26, pg 149-182
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La dignité des artisans : les images d'artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine - article ; n°2 ; vol.26, pg 149-182

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Dialogues d'histoire ancienne - Année 2000 - Volume 26 - Numéro 2 - Pages 149-182
• Les images à caractère artisanal qui ornent les monuments funéraires de Gaule romaine peuvent être réparties en trois groupes (AC, OS, PO). On étudie leur répartition entre habitats agglomérés urbains ou non urbains, et même milieu rural, et l'onomastique des défunts qui ont choisi les différents types d'images. Une comparaison avec les données italiennes montre que l'artisanat n'est pas perçu de la même manière dans les deux régions.
• The images relating to artisanal activities which figure on the funerary monuments of Roman Gaul have been distributed in three groups (AC, OS, PO). Then are studied their distribution between urban or non-urban agglomerations, and even rural settlements, as well as the onomastics of the defuncts who chose these different types of images. A comparison with the Italian datas shows that craftsmanship is not perceived in the same way in the two regions.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude Beal
La dignité des artisans : les images d'artisans sur les
monuments funéraires de Gaule romaine
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 26 N°2, 2000. pp. 149-182.
Résumé
•Les images à caractère artisanal qui ornent les monuments funéraires de Gaule romaine peuvent être réparties en trois groupes
(AC, OS, PO). On étudie leur répartition entre habitats agglomérés urbains ou non urbains, et même milieu rural, et
l'onomastique des défunts qui ont choisi les différents types d'images. Une comparaison avec les données italiennes montre que
l'artisanat n'est pas perçu de la même manière dans les deux régions.
Abstract
•The images relating to artisanal activities which figure on the funerary monuments of Roman Gaul have been distributed in three
groups (AC, OS, PO). Then are studied their distribution between urban or non-urban agglomerations, and even rural
settlements, as well as the onomastics of the defuncts who chose these different types of images. A comparison with the Italian
datas shows that craftsmanship is not perceived in the same way in the two regions.
Citer ce document / Cite this document :
Beal Jean-Claude. La dignité des artisans : les images d'artisans sur les monuments funéraires de Gaule romaine. In:
Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 26 N°2, 2000. pp. 149-182.
doi : 10.3406/dha.2000.2430
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2000_num_26_2_2430Dialogues d'Histoire Ancienne 26/2, 2000, 149-182
La dignité des artisans : les images d'artisans
sur les monuments funéraires de Gaule romaine"
Résumés
• Les images à caractère artisanal qui ornent les monuments funéraires de Gaule romaine
peuvent être réparties en trois groupes (AC, OS, PO). On étudie leur répartition entre habitats
agglomérés urbains ou non urbains, et même milieu rural, et l'onomastique des défunts qui ont
choisi les différents types d'images. Une comparaison avec les données italiennes montre que
l'artisanat n'est pas perçu de la même manière dans les deux régions.
• The images relating to artisanal activities which figure on the funerary monuments of
Roman Gaul have been distributed in three groups (AC, OS, PO). Then are studied their
distribution between urban or non-urban agglomerations, and even rural settlements, as well as the
onomastics of the defuncts who chose these different types of images. A comparison with the Italian
datas shows that craftsmanship is not perceived in the same way in the two regions.
Dans les civilisations de l'antiquité classique, l'artisanat fait partie des
activités sordides, ignobles, et indignes d'un homme libre, comme, parmi
d'autres, Cicéron le répète dans un texte célèbre1. Mais, si l'on veut s'interroger
sur la valeur éthique qu'en Gaule romaine on accorde à cette activité, il faut se
souvenir que la Gaule n'est pas Rome, et quelque peu délaisser les textes
littéraires antiques pour se tourner vers d'autres sources documentaires, plus
proches de la réalité de cette province de l'empire.
* Jean-Claude Béai. Université Lumière-Lyon 2. Nos remerciements vont à D. Rouvier,
Conservateur des Musées de Beaune, B. de Chancel-Bardelot, Conservateur des musées de Bourges,
M. Bouxin, Conservateur du Musée Saint-Rémi de Reims ainsi qu'à la Conservation du Musée
Municipal de Sens, qui ont bien voulu nous communiquer des photographies des monuments
placés sous leur responsabilité.
1. Cicéron, De officiis (texte établi et traduit par M. Testard, Paris, 19742), XLII, 150 : Illiberales autem et
sordidi quaestus mercennariorum omnium quorum operae, non quorum artes emuntur (...). Opificesque
omnes in sordida arte versantur, пес enim quidquam ingenuum habere potest officina ... (Indignes d'un
homme libre et vils sont en outre les gains de tous les salariés dont c'est la peine et non pas l'habileté
que l'on paie (...). Tous les artisans s'adonnent à un vil métier, l'atelier ne peut rien comporter de
bien né ...) ; même jugement, par exemple, dans Sénèque, Lettres, 88, 21 (d'après Posidonios). On
trouvera, dans R. MacMullen, Les rapports entre les classes sociales dans l'Empire romain, trad, fr., Paris,
1986, p. 127-128, les références à une série de textes antiques où l'expression du mépris est associée à
des professions touchant pour l'essentiel à l'artisanat et au commerce.
DHA 26/2, 2000 150 Jean-Claude Béai
Or, si, depuis une vingtaine d'années, le développement de la recherche
archéologique de terrain permet de moins mal identifier les pratiques de l'art
isanat antique en Gaule romaine, on peine à y saisir la société, tandis que, de son
côté, l'épigraphie est d'un maniement délicat du fait de l'ambiguïté du vocabul
aire qui distingue rarement l'activité artisanale du commerce : on ne peut
savoir par exemple si un vestiarius est fabricant ou commerçant, ou si, à la fois,
il mène, ou contrôle, ces deux opérations.
En revanche, les reliefs funéraires à caractère artisanal constituent une
masse documentaire dont on a depuis longtemps reconnu l'importance et le
nombre, et à travers laquelle С Jullian, il y a un siècle, espérait rencontrer un
monde marginal et pittoresque de « ceux dont parlent peu les textes et les
inscriptions, les gens de métiers, les petits, et les déshérités »2 : façon contest
able, nous semble-t-il, de lire ces monuments.
Nous avons donc réuni un corpus d'images artisanales trouvées en Gaule
romaine, base d'une réflexion sur le sens de ces images, les lieux de leur
émergence, et l'identité de ceux qui les emploient : cette documentation nous
permettra de montrer dans quelle mesure les tottoi de l'Italie classique perdent
ici de leur validité.
La constitution du corpus des images
La constitution d'un corpus des figurations funéraires touchant l'art
isanat3 suppose d'abord qu'on écarte les représentations d'activités dont le
caractère artisanal n'est pas assuré. Ainsi par exemple ne retenons-nous pas
les reliefs ESP. 469, 3174, et 4031 : G. Zimmer a rangé le premier parmi les
Handwerksdarstellungen, alors que l'on a affaire à la stèle funéraire d'un édile
de la colonie de Nîmes4 ; le second figure peut-être moins des ouvriers que
des joueurs5 ; on a vu sur le troisième l'image incertaine d'un briquetier, ou d'un
2. Texte de la Revue Historique, LTV, 1894, p. 340, cité dans Espérandieu, 1, Paris, 1907, p. V-VI.
3. Nous avons fait nôtre la définition de l'artisanat, qu'à la suite des géographes, proposent
F. Blonde et A. Millier, "Artisanat, artisans, ateliers en Grèce ancienne, definitions, esquisse de
bilan", dans Topoi, Orient - Occident, 8/2, 1998, p. 835-836 : "nous entendrons donc l'artisanat comme
la production de biens matériels finis destinés à commercialisation" : cela inclut le travail du
boucher, du meunier, comme celui du forgeron, ou celui du sculpteur.
4. Zimmer 1982, n° 132, p. 236. Le relief a en revanche été correctement interprété par
E. Espérandieu.
5. Il s'agit pour Espérandieu de "maçons ou charpentiers", et pour Héron de Villefosse qu'il cite,
d'"ouvriers soulevant un coffre", lecture reprise dans Zimmer 1982, n° 138, p. 236 ; des
DHA 26/2, 2000 s

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La dignité des artisans : les images d'artisans sur les monuments funéraires ,. . 151
tisserand6. Le problème est le même, pour ce qui touche au végétai, entre acti
vité de production artisanale et activité agricole : ainsi, dans le relief ESP. 7010
(personnage tenant un goyard et une ascia), J.-P. Adam voit-il la représentation
d'un charpentier7, quand E. Espérandieu croit avoir affaire à un agriculteur
Nous avons admis que les porteurs d'ascia ou de hache étaient des artisans du
bois, producteurs et transformateurs de matériau, par opposition aux porteurs
de serpe ou de goyard, qui, élaguant les arbres, travaillaient dans l'agriculture
Mais la stèle ESP. 1872 fait problème : le personnage est figuré portant, selon
Espérandieu, « de la main droite un outil en forme de serpe, de l'autre main une
alêne (?) » ; nous ne l'avons pas retenue. Enfin, le partage n'est pas toujours
facile à faire entre l'activité de production artisanale et la vente : nous avons
ainsi admis que les porteurs de forces travaillaient à la produc

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