La fête décennale de Valentinien II - article ; n°151 ; vol.6, pg 171-179

André Chastagnol

Description

Revue numismatique - Année 1996 - Volume 6 - Numéro 151 - Pages 171-179
Résumé. - Les decennalia de Valentinien II ont été célébrés à Milan et dans le reste du domaine imparti au jeune empereur (Italie et Illyricum) le 22 novembre 384 ; Symma- que, alors préfet de Rome, évoque la fête dans ses Relationes, saint Augustin dans ses Confessions. Le monnayage propre à cette occasion a concerné seulement les ateliers relevant du jeune prince ; les vota des revers se réfèrent à Valentinien seul, même quand l'effigie du droit présente Théodose ou Arcadius, ce qui constitue une rupture avec les émissions de vota des décennies précédentes, mais cette même pratique s'observe dans le monnayage des deux festivités postérieures : les quinquennalia d'Arcadius, le 19 janvier 387, et les decennalia de Théodose le 19 janvier 388.
Summary. - The decennalia of Valentinian II were celebrated in Milan and in the rest of the part allowed to the young emperor (Italy and Illyricum) on 22 November 384 ; Symmachus, then prefect of Rome, evokes this festivity in his Relationes, Augustine in his Confessiones . The proper coinage of the day's show was issued only in the mints which belonged to the young ruler ; the reverses vota are applied to Valentinian alone even when the observes figures are those of Theodosius or Arcadius, which show a break with respect to the preceding times, but this practice is observed similarly in the coinage of the subsequent imperial festivities : Arcadius' quinquennalia on 19 January 387 and Theodosius' decennalia on 19 January 388.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 15
• Langue: Français

Extrait

André Chastagnol
La fête décennale de Valentinien II
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 151, année 1996 pp. 171-179.
Résumé
Résumé. - Les decennalia de Valentinien II ont été célébrés à Milan et dans le reste du domaine imparti au jeune empereur (Italie
et Illyricum) le 22 novembre 384 ; Symma- que, alors préfet de Rome, évoque la fête dans ses Relationes, saint Augustin dans
ses Confessions. Le monnayage propre à cette occasion a concerné seulement les ateliers relevant du jeune prince ; les vota
des revers se réfèrent à Valentinien seul, même quand l'effigie du droit présente Théodose ou Arcadius, ce qui constitue une
rupture avec les émissions de vota des décennies précédentes, mais cette même pratique s'observe dans le monnayage des
deux festivités postérieures : les quinquennalia d'Arcadius, le 19 janvier 387, et les decennalia de Théodose le 19 janvier 388.
Abstract
Summary. - The decennalia of Valentinian II were celebrated in Milan and in the rest of the part allowed to the young emperor
(Italy and Illyricum) on 22 November 384 ; Symmachus, then prefect of Rome, evokes this festivity in his Relationes, Augustine in
his Confessiones . The proper coinage of the day's show was issued only in the mints which belonged to the young ruler ; the
reverses vota are applied to Valentinian alone even when the observes figures are those of Theodosius or Arcadius, which show
a break with respect to the preceding times, but this practice is observed similarly in the coinage of the subsequent imperial
festivities : Arcadius' quinquennalia on 19 January 387 and Theodosius' decennalia on 19 January 388.
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Chastagnol André. La fête décennale de Valentinien II . In: Revue numismatique, 6e série - Tome 151, année 1996 pp. 171-
179.
doi : 10.3406/numi.1996.2090
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1996_num_6_151_2090CHASTAGNOL* André
LA FÊTE DÉCENNALE DE VALENTINIEN II
Résumé. domaine - imparti Les decennalia au jeune de empereur Valentinien (Italie II ont et Illyricum) été célébrés le 22 à Milan novembre et dans 384 le ; Symma- reste du
que, alors préfet de Rome, évoque la fête dans ses Relationes, saint Augustin dans ses
Confessions. Le monnayage propre à cette occasion a concerné seulement les ateliers
relevant du jeune prince ; les vota des revers se réfèrent à Valentinien seul, même quand
l'effigie du droit présente Théodose ou Arcadius, ce qui constitue une rupture avec les
émissions de vota des décennies précédentes, mais cette même pratique s'observe dans
le monnayage des deux festivités postérieures : les quinquennalia d'Arcadius, le 19 jan
vier 387, et les decennalia de Théodose le 19 janvier 388.
Summary. - The of Valentinian II were celebrated in Milan and in the rest
of the part allowed to the young emperor (Italy and Illyricum) on 22 November 384 ;
Symmachus, then prefect of Rome, evokes this festivity in his Relationes, Augustine in
his Confessiones . The proper coinage of the day's show was issued only in the mints
which belonged to the young ruler ; the reverses vota are applied to Valentinian alone
even when the observes figures are those of Theodosius or Arcadius, which show a
break with respect to the preceding times, but this practice is observed similarly in the
coinage of the subsequent imperial festivities : Arcadius' quinquennalia on 19 January
387 and Theodosius' decennalia on 19 January 388.
Cinq jours après la mort de l'empereur Valentinien Ier à Brigetio, en
Pannonie Inférieure, son second fils, II, alors âgé de quatre
ans, avait été proclamé Auguste par l'armée à Aquincum, dans la même
province, le 22 novembre 375 ; le gouvernement réel de l'Occident appart
enait désormais à Gratien, son frère aîné, âgé lui-même de seize ans et
déjà Auguste depuis huit ans '. Le règne de Gratien s'acheva huit ans plus
* Professeur émérite à l'Université de Paris Sorbonně, 1, rue Victor-Cousin, 75005
Paris.
1. Consularia Constantinopolitana, éd. Mommsen, Chron. Min., I (MGH AA, IX),
p. 242 ; Ammien, XXX, 10, 5 ; Socrate, Hist. Eccles. IV, 31, 7. Cf. O. Seeck, Regesten der
Kaiser und Pàpste, Stuttgart, 1919, p. 246 ; A. Piganiol, L'Empire chrétien, 2e éd., 1972,
p. 223.
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tard, quand il fut tué à Lyon le 15 août 383 par les troupes de l'usurpateur
Maxime, qui s'était rendu maître de la Gaule entière, de la Bretagne et
des Espagnes en cette année-là2. La Cour de l'enfant Valentinien II, âgé
de douze ans à ce moment, et de sa mère Justine ne contrôlait donc que
l'Italie et l'Afrique, tandis que l'Orient était dans les mains plus fermes de
Théodose, un vigoureux souverain de trente-six ans que Gratien avait
élevé au rang d'Auguste pour ce grand secteur quatre ans et demi aupa
ravant et qui apparaissait alors comme l'homme fort par son âge, son
autorité et la légitimité de son pouvoir, d'autant plus qu'il était depuis
peu assisté de son fils aîné Arcadius.
La position de Valentinien II se révélait extrêmement fragile, car
Maxime désirait gouverner aussi l'Italie, soit en imposant sa tutelle au
jeune prince, soit - si la négociation n'aboutissait pas - en jetant son
armée sur la péninsule pour en réaliser la conquête. Les pourparlers entre
Valentinien II et Maxime, menés pour le compte du premier par l'évêque
de Milan saint Ambroise, durèrent pendant le second semestre de 383 et
les débuts de 384 3 ; en fait, Justine et son fils se placèrent sous la protec
tion de Théodose, qui conclut et appliqua plus ou moins bien un accord
insincère de coexistence pacifique avec Maxime, traité que l'historien Zo-
sime décrit en ces termes : « l'empereur Théodose accepta que Maxime
soit empereur et jugea bon de partager avec lui le droit de figurer sur les
portraits et le titre d'empereur, mais en secret il préparait la guerre contre
lui et manœuvrait pour l'abattre, avec toute l'apparence de le flatter et de
le respecter »4. Les tractations reprirent en 386 entre Maxime et Valenti
nien, et, à nouveau, Ambroise y participa5.
C'est dans cette atmosphère délétère que furent célébrés à Milan les
decennalia de Valentinien II le 22 novembre 384, festivité à laquelle est
consacrée la présente étude. Les cérémonies de ce jour ne nous sont
connues que de façon imparfaite, en premier lieu par une allusion, c
ependant assez précise, faite par l'un des rapports que Symmaque envoya
à la Cour de Milan lorsqu'il était préfet de Rome, quelque temps avant le
déroulement de la fête. Le préfet annonçait au jeune prince le montant
de la somme que le Sénat venait de voter en aurum oblaticium pour cette
occasion, à savoir 1 600 livres d'or, beaucoup plus que ce qu'il avait ac
cordé auparavant pour les décennales de Valentinien Ier, le père de Va
lentinien II, en 373, et pour les quindecennalia de Gratien, son frère, en
2. Chron. Min., I, p. 241 ; Socrate, Hist. Eccles., IV, 11, 3. Cf. O. Seeck, cité n. 1,
p. 230 ; A. Piganiol, cité n. 1, p. 195.
3. Socrate, Hist. Eccles., V, 11-12 ; Rufin, Hist. Eccles., II, 15. Cf. A. Piganiol, cité
n. 1, p. 266 ; J.-R. Palanque, Saint Ambroise et l'Empire romain, Paris, 1933, p. 122-129
et 510 ; D. Vera, I rapporti fra Magno Massimo, Teodosio e Valentiniano II, in Athe
naeum, 53, 1975, p. 283-290.
4. Zosime, IV, 37, 2-3. Cf. F. Paschoud, dans son édition de Zosime, II, Paris, 1979,
p. 302-309.
5. Ambroise, Ep. 24. Cf. J.-R. Palanque, cité n. 3, p. 168-176 et 516-518.
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38 1 6. Nul doute que la fête a bien eu lieu au jour normal - neuf ans pleins
après la proclamation - sans être répétée, comme certains le croient en
core, erronément, une année plus tard ; c'est d'ailleurs habituellement
pour ce jour même qu'une ambassade sénatoriale apportait à la Cour la
somme décidée7.
La cérémonie du 22 novembre 384 est aussi évoquée implicitement par
saint Augustin, qui se trouvait justement depuis peu à Milan quand
celle-ci intervint, ce dont on ne s'est pas aperçu jusqu'ici parce qu'on a
toujours voulu fixer ce jubilé en 385. C'est Pierre Courcelle qui, le pre
mier, a proposé le rapprochement entre la phrase d'Aug