La flexibilité comparée des marchés du travail américain et japonais - article ; n°1 ; vol.63, pg 143-194
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Revue de l'OFCE - Année 1997 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 143-194
Japan vs. the United States : a comparison of labor market flexibility David Jestaz, Olivier Passet It is a well documented fact that no substantial shift of employment in Japan and in the United States have been observed since the seventies. The unemployment rate in both countries have followed a stationary process. The deviation around the trend is important in the United States and small in Japan, but both trend remain constant. In this paper we document the main features of the labor markets of both countries. We try to focus on important aspects directly correlated to the labor markets. For instance, the financial system is a central question for our purpose, as well as the educational system. Neither Japan, nor the US has proceeded to a legal reform of the labor market. Despite the unchanged legislation, they have both successfully coped with unemployment. On the one hand, Japan has experienced very few employment variation. Productivity is pro-cyclical and the wage setting is very flexible because wage can be priced many times a year. Moreover, many Japanese workers benefit from the life time employment. Although, others are precluded from that status and suffer inferior positions. On the other hand, nominal wages are sticky in the United States. This sluggish adjustment sharply raise the unemployment during recessions. It is far from the neoclassical framework which is supposed to suit the American case. Both countries has successfully included their labor market in a social contract. In Japan, the labor market has lost its allocation function in favor of internal markets. In the United States, the allocation process hinges on the labor market efficiency. We reached the conclusion that there is no standardized definition for flexibility. The classical OECD definition can be challenged by another one. In this definition, the social compact has a crucial role to organize the transmission of disequilibrium. A lack of consistency regarding the social contract prevents Europe from successfully tackling with high unemployment rate.
Depuis le début des années soixante-dix, les Etats-Unis et le Japon se distinguent des autres pays de l'OCDE par le fait que le taux de chômage est pour l'essentiel stationnaire (il fluctue autour d'une moyenne constante : cette fluctuation est faible au Japon et forte aux Etats-Unis). Partant de ces faits saillants, nous avons cherché à distinguer quelles étaient les caractéristiques des marchés du travail respectifs, afin de les inscrire dans la régulation économique d'ensemble. Nous avons donc cherché à situer notre réflexion dans une perspective générale, en intégrant le fonctionnement des marchés financiers, du système de formation et plus généralement, des interventions de politique économique. De cette analyse comparée, il ressort que les Etats-Unis et le Japon se trouvent être deux cas polaires, tant dans la configuration de l'emploi que dans l'adaptation cyclique. La configuration de l'emploi est assez stable depuis trente ans, aucun des deux pays n'ayant décidé de réformer le fonctionnement de son marché du travail : l'emploi est peu protégé aux Etats- Unis, quel que soit le statut, alors que le Japon offre la vision d'un système dual où coexistent l'emploi à vie et les statuts atypiques. En matière de comportement cyclique, le premier pays se caractérise par une rigidité nominale des salaires, ce qui provoque une plus grande variabilité de la quantité de travail par rapport au cycle, loin donc de la présentation néoclassique des marchés. Au contraire, au Japon, les salaires nominaux sont flexibles et la quantité de travail relativement invariante. Mais, cette fexibi- lité moyenne des prix coexiste avec une forte viscosité des prix relatifs. Par ailleurs, les deux pays ont comme spécificité d'avoir parfaitement intégré leur marché du travail à une forme de contrat social qui sert à partager le poids des ajustements. Au Japon, il ressort que le marché du travail a été vidé de sa fonction d'allocation de la main-d'œuvre, au profit d'un système interne aux entreprises ; aux Etats-Unis, ce marché externe aux entreprises conserve un rôle crucial dans la réallocation de la main-d'œuvre. In-fine, il ressort de l'étude de ces deux pays que la flexibilité n'admet pas un définition unique. A la définition classique de l'OCDE, on peut opposer une autre définition qui organise la transmission des déséquilibres dans le cadre d'un contrat social qui fige certains paramètres. Le Japon et les Etats-Unis mettent en œuvre deux formes de cohérence dans ce partage des ajustements ; c'est du côté du défaut de cohérence qu'il faut chercher une réponse aux échecs de nombreux pays européens à éviter la dérive du taux de chômage.
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

David Jestaz
Olivier Passet
La flexibilité comparée des marchés du travail américain et
japonais
In: Revue de l'OFCE. N°63, 1997. pp. 143-194.
Citer ce document / Cite this document :
Jestaz David, Passet Olivier. La flexibilité comparée des marchés du travail américain et japonais. In: Revue de l'OFCE. N°63,
1997. pp. 143-194.
doi : 10.3406/ofce.1997.1477
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1997_num_63_1_1477Résumé
Depuis le début des années soixante-dix, les Etats-Unis et le Japon se distinguent des autres pays de
l'OCDE par le fait que le taux de chômage est pour l'essentiel stationnaire (il fluctue autour d'une
moyenne constante : cette fluctuation est faible au Japon et forte aux Etats-Unis). Partant de ces faits
saillants, nous avons cherché à distinguer quelles étaient les caractéristiques des marchés du travail
respectifs, afin de les inscrire dans la régulation économique d'ensemble. Nous avons donc cherché à
situer notre réflexion dans une perspective générale, en intégrant le fonctionnement des marchés
financiers, du système de formation et plus généralement, des interventions de politique économique.
De cette analyse comparée, il ressort que les Etats-Unis et le Japon se trouvent être deux cas polaires,
tant dans la configuration de l'emploi que dans l'adaptation cyclique. La configuration de l'emploi est
assez stable depuis trente ans, aucun des deux pays n'ayant décidé de réformer le fonctionnement de
son marché du travail : l'emploi est peu protégé aux Etats- Unis, quel que soit le statut, alors que le
Japon offre la vision d'un système dual où coexistent l'emploi à vie et les statuts atypiques. En matière
de comportement cyclique, le premier pays se caractérise par une rigidité nominale des salaires, ce qui
provoque une plus grande variabilité de la quantité de travail par rapport au cycle, loin donc de la
présentation néoclassique des marchés. Au contraire, au Japon, les salaires nominaux sont flexibles et
la quantité de travail relativement invariante. Mais, cette fexibi- lité moyenne des prix coexiste avec une
forte viscosité des prix relatifs. Par ailleurs, les deux pays ont comme spécificité d'avoir parfaitement
intégré leur marché du travail à une forme de contrat social qui sert à partager le poids des
ajustements. Au Japon, il ressort que le marché du travail a été vidé de sa fonction d'allocation de la
main-d'œuvre, au profit d'un système interne aux entreprises ; aux Etats-Unis, ce marché externe aux
entreprises conserve un rôle crucial dans la réallocation de la main-d'œuvre. In-fine, il ressort de l'étude
de ces deux pays que la flexibilité n'admet pas un définition unique. A la définition classique de l'OCDE,
on peut opposer une autre définition qui organise la transmission des déséquilibres dans le cadre d'un
contrat social qui fige certains paramètres. Le Japon et les Etats-Unis mettent en œuvre deux formes de
cohérence dans ce partage des ajustements ; c'est du côté du défaut de cohérence qu'il faut chercher
une réponse aux échecs de nombreux pays européens à éviter la dérive du taux de chômage.
Abstract
Japan vs. the United States : a comparison of labor market flexibility David Jestaz, Olivier Passet It is a
well documented fact that no substantial shift of employment in Japan and in the United States have
been observed since the seventies. The unemployment rate in both countries have followed a stationary
process. The deviation around the trend is important in the United States and small in Japan, but both
trend remain constant. In this paper we document the main features of the labor markets of both
countries. We try to focus on important aspects directly correlated to the labor markets. For instance,
the financial system is a central question for our purpose, as well as the educational system. Neither
Japan, nor the US has proceeded to a legal reform of the labor market. Despite the unchanged
legislation, they have both successfully coped with unemployment. On the one hand, Japan has
experienced very few employment variation. Productivity is pro-cyclical and the wage setting is very
flexible because wage can be priced many times a year. Moreover, many Japanese workers benefit
from the life time employment. Although, others are precluded from that status and suffer inferior
positions. On the other hand, nominal wages are sticky in the United States. This sluggish adjustment
sharply raise the unemployment during recessions. It is far from the neoclassical framework which is
supposed to suit the American case. Both countries has successfully included their labor market in a
social contract. In Japan, the labor market has lost its allocation function in favor of internal markets. In
the United States, the allocation process hinges on the labor market efficiency. We reached the
conclusion that there is no standardized definition for flexibility. The classical OECD definition can be
challenged by another one. In this definition, the social compact has a crucial role to organize the
transmission of disequilibrium. A lack of consistency regarding the social contract prevents Europe from
successfully tackling with high unemployment rate.de l'OFCE n° 63 / Octobre 1997 Revue
La flexibilité comparée des marchés du
travail américain et japonais
David Jestaz,
Allocataire de recherche à VIEP, OF CE
Olivier Passet,
Département des diagnostics de l'OFCE
Depuis le début des années soixante-dix, les Etats-Unis et le Japon se
distinguent des autres pays de l'OCDE par le fait que le taux de chômage
est pour l'essentiel stationnaire (il fluctue autour d'une moyenne cons
tante : cette fluctuation est faible au Japon et forte aux Etats-Unis).
Partant de ces faits saillants, nous avons cherché à distinguer quelles
étaient les caractéristiques des marchés du travail respectifs, afin de les ins
crire dans la régulation économique d'ensemble. Nous avons donc cherché
à situer notre réflexion dans une perspective générale, en intégrant le fonc
tionnement des marchés financiers, du système de formation et plus géné
ralement, des interventions de politique économique.
De cette analyse comparée, il ressort que les Etats-Unis et le Japon se
trouvent être deux cas polaires, tant dans la configuration de l'emploi que
dans l'adaptation cyclique. La configuration de l'emploi est assez stable
depuis trente ans, aucun des deux pays n'ayant décidé de réformer le fonc
tionnement de son marché du travail : l'emploi est peu protégé aux Etats-
Unis, quel que soit le statut, alors que le Japon offre la vision d'un système
dual où coexistent l'emploi à vie et les statuts atypiques. En matière de
comportement cyclique, le premier pays se caractérise par une rigidité
nominale des salaires, ce qui provoque une plus grande variabilité de la
quantité de travail par rapport au cycle, loin donc de la présentation néo
classique des marchés. Au contraire, au Japon, les salaires nominaux sont
flexibles et la quantité de travail relativement invariante. Mais, cette fexibi-
lité moyenne des prix coexiste avec une forte viscosité des prix relatifs. Par
ailleurs, les deux pays ont comme spécificité d'avoir parfaitement intégré
leur marché du travail à une forme de contrat social qui sert à partager le
poids des ajustements. Au Japon, il ressort que le marché du travail a été
vidé de sa fonction d'allocation de la main-d'œuvre, au profit d'un système
interne aux entreprises ; aux Etats-Unis, ce marché externe aux entreprises
conserve un rôle crucial dans la réallocation de la main-d'œuvre.
In-fine, il ressort de l'étude de ces deux pays que la flexibilité n'admet
pas un définition unique. A la définition classique de l'OCDE, on peut
opposer une autre définition qui organise la transmission des déséquilibres
dans le cadre d'un contrat social qui fige certains paramètres. Le Japon et 144 David Jestaz, Olivier Passet
les Etats-Unis mettent en œuvre deux formes de cohérence dans ce partage
des ajustements ; c'est du côté du défaut de qu'il faut chercher
une réponse aux échecs de nombreux pays européens à éviter la dérive du
taux de chômage.
Le manque de flexibilité est généralement désigné comme le candi
dat le plus sérieux pour expliquer la persistance du chômage européen.
Le débat sur la flexibilité est constitutif de la fondation de la macroéco
nomie, et

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