La Fondation du Mont-Saint-Michel d après la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis - article ; n°4 ; vol.106, pg 7-23
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Description

Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1999 - Volume 106 - Numéro 4 - Pages 7-23
La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis est la source unique de tous les récits de la fondation du Mont-Saint-Michel. Elle apparaît à l'analyse comme une composition hagiographique de l'évêque d'Avranches destinée à affirmer l'appartenance du monastère à son diocèse et sa prééminence sur l'abbé, au moment où Erispoé reçoit de Charles le Chauve le comté de Rennes tout proche et la qualité de roi de Bretagne (851). Le personnage de saint Aubert, présenté comme le fondateur du sanctuaire, aurait été forgé à cette occasion, alors que le rôle d'un autre acteur, désigné sous le nom de Bain, aurait été largement minoré. La mention du règne de Childebert, image emblématique du bon roi, est trop banale dans l'hagiographie pour dater l'implantation du culte de saint Michel au Mont Tombe.
The Revelatio ecclesiae sancti Michaelis is the sole source of all narratives concerning the foundation of Mont Saint Michel. It would seem on analysis to be a hagiographie work by the bishop of Avranches, meant to affirm the position of the monastety as part of his diocese and his authority over the abbot, at the time when Erispoe received the nearby county of Rennes from Charles Le Chauve, as well as being recognised simultaneously as king of Brittany (851). The figure of Saint Aubert who is portrayed as the founder of the sanctuary, would have been invented at this time, whilst the role of another, known as Bain, would largely have been underestimated. The mention of the reign of Childebert, whose image symbolised the good king, is too commonplace in the hagiography to be able to date the introduction of the cuit of Saint Michael to Mount Tombe.
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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Extrait

Nicolas Simonnet
La Fondation du Mont-Saint-Michel d'après la Revelatio
ecclesiae sancti Michaelis
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 106, numéro 4, 1999. pp. 7-23.
Résumé
La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis est la source unique de tous les récits de la fondation du Mont-Saint-Michel. Elle apparaît
à l'analyse comme une composition hagiographique de l'évêque d'Avranches destinée à affirmer l'appartenance du monastère à
son diocèse et sa prééminence sur l'abbé, au moment où Erispoé reçoit de Charles le Chauve le comté de Rennes tout proche et
la qualité de roi de Bretagne (851). Le personnage de saint Aubert, présenté comme le fondateur du sanctuaire, aurait été forgé
à cette occasion, alors que le rôle d'un autre acteur, désigné sous le nom de Bain, aurait été largement minoré. La mention du
règne de Childebert, image emblématique du bon roi, est trop banale dans l'hagiographie pour dater l'implantation du culte de
saint Michel au Mont Tombe.
Abstract
The Revelatio ecclesiae sancti Michaelis is the sole source of all narratives concerning the foundation of Mont Saint Michel. It
would seem on analysis to be a hagiographie work by the bishop of Avranches, meant to affirm the position of the monastety as
part of his diocese and his authority over the abbot, at the time when Erispoe received the nearby county of Rennes from Charles
Le Chauve, as well as being recognised simultaneously as king of Brittany (851). The figure of Saint Aubert who is portrayed as
the founder of the sanctuary, would have been invented at this time, whilst the role of another, known as Bain, would largely have
been underestimated. The mention of the reign of Childebert, whose image symbolised the good king, is too commonplace in the
hagiography to be able to date the introduction of the cuit of Saint Michael to Mount Tombe.
Citer ce document / Cite this document :
Simonnet Nicolas. La Fondation du Mont-Saint-Michel d'après la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis. In: Annales de Bretagne
et des pays de l'Ouest. Tome 106, numéro 4, 1999. pp. 7-23.
doi : 10.3406/abpo.1999.4049
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1999_num_106_4_4049Fondation du Mont-Saint-Michel d'après La
la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis
NICOLAS SIMONNET
La Revelatio ecclesiae sancti Michaelis est la source unique de tous les
récits de la fondation du Mont-Saint-Michel. Elle apparaît à l'analyse comme
une composition hagiographique de l'évêque d'Avranches destinée à affi
rmer l'appartenance du monastère à son diocèse et sa prééminence sur
l'abbé, au moment où Erispoé reçoit de Charles le Chauve le comté de
Rennes tout proche et la qualité de roi de Bretagne (851). Le personnage de
saint Aubert, présenté comme le fondateur du sanctuaire, aurait été forgé à
cette occasion, alors que le rôle d'un autre acteur, désigné sous le nom de
Bain, aurait été largement minoré. La mention du règne de Childebert,
image emblématique du bon roi, est trop banale dans l'hagiographie pour
dater l'implantation du culte de saint Michel au Mont Tombe.
The Revelatio ecclesiae sancti Michaelis is the sole source of ail narratives
concerning the foundation of Mont Saint Michel. It wouldseem on analysis to be a
hagiographie work by the bishop ofAuranches, meant to affirm the position ofthe
monastety as part of his diocèse and his authority over the abbot, at the time
when Erispoe received the nearby county of Rennes from Charles Le Chauve, as
well as being recognised simultaneously as king of Brittany (851). The figure of
Saint Aubert who is portrayed as the founder of the sanctuary, would hâve been
invented at this time, whilst the rôle of another, known as Bain, would largely
hâve been underestimated. The mention of the reign of Childebert, whose image
symbolised the good king, is too commonplace in the hagiography to be able to
date the introduction ofthe cuit of Saint Michael to Mount Tombe.
Tous les récits de la fondation du Mont-Saint-Michel, qu'ils soient
médiévaux, modernes ou contemporains, reposent sur une même source,
la Revelatio ecclesiae sancti Michaelis. La plus ancienne copie est conte
nue dans un lectionnaire provenant de l'abbaye montoise, relié avec
d'autres textes de différentes époques, puis confisqué à la Révolution et
déposé à la bibliothèque municipale d'Avranches l. Elle fut calligraphiée
par le moine Hervard dont la présence au Mont est attestée au temps de
1. Bibliothèque municipale d'Avranches, ms 21 1 ; ffos 180-189.
Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 106, n°4, 1999. NICOLAS SIMONNET
l'abbé Maynard II (991-1009) 2. Il en existe bien d'autres copies 3, qui n'en
diffèrent que peu. Le cartulaire du Mont, rédigé au XIIe siècle sous l'abba-
tiat de Robert de Torigny, en comprend une 4.
La plupart des historiens considèrent l'absence, dans la Reuelatio, de
toute mention des moines bénédictins comme un indice d'une rédaction
antérieure à leur installation en 966. Un indice supplémentaire est fourni
par la description de l'église construite au Mont-Saint-Michel « in modum
cryptae rotundam », qui se conçoit mieux avant sa transformation dans le
courant du Xe siècle, lorsqu'elle fit place à l'édifice qu'on appelle Notre-
Dame-sous-Terre. La datation désormais la plus couramment acceptée est
le IXe siècle : selon Dom Jacques Hourlier, « la Revelatio laisse percevoir la
culture littéraire de son auteur, un élève de la seconde renaissance caroli
ngienne 5 » et « aura donc été écrite un peu après le milieu du IXe siècle 6 ».
Pierre Bouet, professeur de latin médiéval à l'Université de Caen, la pense
pour sa part rédigée par un clerc du Mont au début du IXe siècle, « vra
isemblablement sous le règne de l'empereur Louis le Pieux (814-840)7».
L'absence de toute autre source historique sur la fondation du Mont-
Saint-Michel augmente le crédit que l'on accorde à la Revelatio : tout en
remarquant « un canevas historique assez mince », et en soulignant l'effort
de prolixité du rédacteur, Dom Hourlier estimait que «le merveilleux
cependant y reste très discret lorsqu'on lit la version originale3». Pierre
Bouet considère que « c'est bien une histoire cohérente et précise de la fon
dation du Mont par l'évêque Aubert que fournit le texte de la Revelatio.
L'auteur s'en tient à une relation rigoureuse des faits. Il aurait pu, sur le
modèle des vies de saints, recourir au merveilleux et au miraculeux. Il n'en
fit rien 9 ». Seul Marc Déceneux émet un doute : « Une critique radicale pourr
ait même y voir une pure fiction, un montage littéraire élaboré de toutes
pièces pour des raisons d'ordre politique. Dans le contexte d'une vieille
appartenance bretonne du rocher et de ses moines, la Revelatio aurait alors
été composée pour justifier les prétentions du diocèse d'Avranches à étendre
2. Avril (F.), « La décoration des manuscrits au Mont-Saint-Michel (xie-xne) », in Millé
naire monastique du Mont-Saint-Michel, t. 3, p. 203.
3. M. Pierre Bouet, qui prépare une édition de la Revelatio, est en train de procéder à
un recensement de ces manuscrits.
4. Bibliothèque municipale d'Avranches, ms 210.
5. Hourlier (Dom J.), « Le Mont-Saint-Michel avant 966 », in Millénaire monastique..., 1. 1,
p. 13-28.
6.(Dom J.), « Les sources écrites de l'histoire montoise antérieures à 966 », in
Millénaire monastique..., t. 2, p. 121-132.
7. Bouet (P.), « Le premier millénaire », in Le Mont-Saint-Michel, histoire et imaginaire,
Paris, 1998, p. 21.
8. Hourlier (Dom J.), « Les sources écrites de l'histoire montoise antérieures à 966 », in
Millénaire monastique..., t. 2, p. 121-132.
9. Bouet (P.), « Le premier millénaire », in Le Mont-Saint-Michel, histoire et imaginaire,
p. 21. LA FONDATION DU MONT-SAINT-MICHEL
son influence sur la partie orientale de la baie 10 . » Néanmoins, il ne retient
pas l'hypothèse dans la suite de l'ouvrage.
Tel qu'il se présente dans la publication du manuscrit 211 de la bibli
othèque d'Avranches par E. de Robillard de Beaurepaire, le texte de la
Reuelatio se compose de sept leçons :
La première expose la volonté de saint Michel d'être vénér

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