La France équinoxiale : les dernières velléités de colonisation française au Brésil. (1612-1615) - article ; n°3 ; vol.98, pg 273-296
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La France équinoxiale : les dernières velléités de colonisation française au Brésil. (1612-1615) - article ; n°3 ; vol.98, pg 273-296

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1991 - Volume 98 - Numéro 3 - Pages 273-296
La dernière tentative française pour s'établir au Brésil : São Luis 1612-1615.
The last try offrench seulement in Brazil : Sâo Luis 1612-1615.
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Publié le 01 janvier 1991
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Langue Français
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Extrait

Philippe Jarnoux
La France équinoxiale : les dernières velléités de colonisation
française au Brésil. (1612-1615)
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 98, numéro 3, 1991. pp. 273-296.
Résumé
La dernière tentative française pour s'établir au Brésil : São Luis 1612-1615.
Abstract
The last try offrench seulement in Brazil : Sâo Luis 1612-1615.
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Jarnoux Philippe. La France équinoxiale : les dernières velléités de colonisation française au Brésil. (1612-1615). In: Annales de
Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 98, numéro 3, 1991. pp. 273-296.
doi : 10.3406/abpo.1991.3397
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1991_num_98_3_3397La France équinoxiale :
les dernières velléités
de colonisation française au Brésil
1612-1615
par Philippe JARNOUX
La dernière tentative française pour s'établir au Brésil : Sâo Luis 1612-1615.
The last try offrench seulement in Brazil : Sâo Luis 1612-1615.
Au matin du 19 mars 1612, le port de Cancale connaît une agitation inhabit
uelle. Depuis plusieurs jours, trois navires achèvent leurs préparatifs de départ.
Ce jour-là, l'évêque de Saint-Malo est venu, en personne, bénir l'expédition, les
armes de France et celles du chef de l'entreprise, François de Razilly. Dans la
matinée, la « Régente », commandée par François de Razilly et Daniel de la
Touche de la Ravardière, la « Charlotte », emmenée par Nicolas de Harlay de
Sancy, baron de Maullc et Gros Bois, membre du conseil d'état et du conseil
privé du roi et la « Sainte-Anne », dirigée par Isaac de Razilly, frère cadet de
François, prennent le large. Pris dans une tempête, les navires se réfugient dans
des ports anglais et, après avoir réparé les dégâts, reprennent la mer le 23 avril à
destination de l'Amérique.
À bord des trois navires, s'entassent quelques 500 personnes ; des marins bien
sûr, mais aussi des soldats (150 à 200), des nobles qui constituent l'essentiel de
l'encadrement de l'expédition et des colons, artisans et paysans, recrutés à Paris
et dans les villes côtières de Bretagne et de Normandie, certains accompagnés de
femmes et d'enfants. Tous partent pour s'installer officiellement au nom du roi
de France sur un coin de terre brésilienne, « l'isle de Maragnan » et y fonder une
nouvelle colonie française : la France Équinoxiale1. 274 ANNALES DE BRETAGNE
Daniel de la Touche de la Ravardière avait obtenu d'Henri IV en 1605 le titre
de « lieutenant général du roy es contrées de l'Amérique depuis la rivière des
Amazones jusqu'à isle de la Trinité ». En 1610, sa charge a été renouvelée mais
le territoire concerné est modifié puisqu'on passe « au sud de la ligne équi-
noxiale pour 50 lieues de part et d'autres du premier établissement qu'on const
ruirait au Maranhâo »2. François de Razilly et Nicolas de Harlay ont, eux aussi,
reçu avant le départ, le titre de lieutenant général. Une compagnie de colonisa
tion a été constituée à Cancale le 1er mars 1612 et la monarchie est bien impli
quée dans le projet puisqu'elle a fourni une partie des fonds qui permettent de
financer l'expédition, et que Marie de Médicis a remis en mains propres à Fran
çois de Razilly l'étendard que l'évêque de Saint-Malo bénit avant le départ et
qui devra flotter sur la nouvelle colonie.
Après l'établissement de Port-Royal en Acadie en 1604, celui de Québec en
1608, la monarchie française installe une troisième colonie sur le continent amér
icain. La France Équinoxiale a le même statut que les colonies précédentes, à la
différence toutefois, qu'aucune expédition officielle française n'a encore pris
possession des pays concernés, qui appartiennent, au contraire, au Portugal3. La
colonie se place, du point de vue territorial dans une sorte de vide juridique ; les
Français s'installent sans prendre possession sur une terre qui, d'après les traités
de la fin du XVe siècle, relève des Portugais, mais où ceux-ci ne se sont jamais
installés et qu'ils n'ont qu'à peine reconnue.
Après la tempête de la Manche, le voyage se poursuit normalement. On arrive
le 23 juin sur l'île Fernando de Noronha où on reste une quinzaine de jours ;
puis on relâche à nouveau à Mucuripe une dizaine de jours, avant de repartir en
longeant la côte. Le 26 juillet 1612, les trois navires abordent sur l'îlot
d'Upaôn Mirim que l'on rebaptise Sainte Anne (aujourd'hui Sant'Ana). On y
plante une grande croix et François de Razilly emmène une petite troupe prendre
contact avec les Indiens de la grande île voisine : Upaôn Açu, l'île de Maragnan.
Le choix de ce site, celui de l'île de Sâo Luis, n'est pas dû au hasard : c'était,
dès le départ, le but de l'expédition. L'île est un poste de commerce fréquenté
régulièrement par les Français depuis quelques dizaines d'années. Peut-être
étaient-ils déjà présents vers 1540 quand les Portugais ont organisé leur seule
véritable tentative d'occupation de la région, celle d'Aires da Cunha et de Joao
de Barros4. Il est presque certain que les marchands de Dieppe et de Rouen y tr
afiquent depuis 1575 en toute sécurité5. En 1594, Jacques Riffault, marchand, cor
saire et aventurier dieppois, qui trafique sur toutes les côtes du Brésil depuis
1580, aborde sur l'île avec trois navires, décidé à y établir un poste permanent.
Ayant perdu un de ses bâtiments, Riffault repart mais laisse sur place bon nombre
de ses compagnons. À en croire Claude d'Abbeville, Riffault connaît déjà bien la
région puisqu'il renoue une amitié antérieure avec un des chefs indiens de l'île,
Pau Seco. En 1597, Jean Guerrard, autre capitaine dieppois qui a navigué sur les
côtes nord du Brésil mentionne un projet de colonisation qui paraît bien être celui
de Riffault6. Les marins dieppois ne sont sans doute pas avares de confidences DE BRETAGNE 275 ANNALES 276 ANNALES DE BRETAGNE
entre eux mais les nouvelles circulent aussi hors des quais du port normand. Dès
1595, Walter Raleigh signale que les Français ont des prétentions sur les bouches
de l'Amazone et qu'ils se prépareraient à y créer un établissement définitif7.
Après le départ de Riffault, c'est Charles Des Vaux, un gentilhomme touran
geau qui commande le groupe de Français resté sur place et qui se mêle aux
Indiens. Au début du xvir siècle (vers 1605-1606), Des Vaux, à son tour, rentre
en France et réussit à exposer à Henri IV un projet de colonisation qu'il a pré
paré. Le roi, intéressé, envoie sur place Daniel de la Touche qui revenait d'un
voyage avec Jean Mocquet, géographe du roi, où il avait exploré les côtes de
l'Amapa et de la Guyane et à qui le roi venait de conférer le titre de lieutenant
général8. C'est à l'issue de ce second voyage avec Des Vaux que La Ravardière
fait modifier les limites des territoires qui lui sont confiés.
Parallèlement aux voyages de Des Vaux et de La Ravardière, il semble que
François de Razilly ait, lui aussi, parcouru les mêmes régions dans les premières
années du siècle. Ainsi, des milieux commerçants de Dieppe, l'idée d'une instal
lation permanente dans la Maranhào est parvenue jusque dans l'entourage royal
et s'est répandue dans des milieux de moyenne noblesse provinciale ; Des Vaux
et Razilly sont tous deux des gentilshommes de Touraine.
Quoi qu'il en soit des origines exactes du projet, l'expédition de 1612 n'arrive
pas en terrain inconnu. Depuis trente ans, le trafic du bois brésil n'a pas cessé ;
c'est à cela que s'occupent les anciens compagnons de Riffault. Quand Razilly
débarque à la fin juillet de 1612 dans l'île d'Upaôn Açu (qui n'est pas encore
devenue l'île de Sâo Luis) il ramène avec lui Charles Des Vaux qui retrouve
avec grande joie ses amis indiens auprès desquels il a vécu une dizaine d'années.
Mais il rencontre aussi une flotte de 4 ou 5 navires normands9 mouillés devant le
futur site d

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