La généralisation dans le discours. Langues officielles et discours de bois - article ; n°105 ; vol.26, pg 100-113
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Description

Langages - Année 1992 - Volume 26 - Numéro 105 - Pages 100-113
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abdelmadjid Ali Bouacha
La généralisation dans le discours. Langues officielles et
discours de bois
In: Langages, 26e année, n°105, 1992. pp. 100-113.
Citer ce document / Cite this document :
Ali Bouacha Abdelmadjid. La généralisation dans le discours. Langues officielles et discours de bois. In: Langages, 26e année,
n°105, 1992. pp. 100-113.
doi : 10.3406/lgge.1992.1627
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1992_num_26_105_1627ALI BOUACHA Abdelmadjid
Université Paris VIII
LA GÉNÉRALISATION DANS LE DISCOURS
LANGUES OFFICIELLES ET DISCOURS DE BOIS
La place et le fonctionnement des médias en Algérie obéissent à des règles ' qu'il
convient de préciser. Dans un pays où un pouvoir centralisateur contrôle tous les
réseaux de production et de circulation des discours, les médias représentent d'abord
le relais officiel d'un discours officiel. Les journalistes, les responsables de la radio et
de la télévision sont des fonctionnaires du ministère de l'information et de la culture.
Dans ce contexte, le discours des médias s'apparente tantôt à un discours qui,
parodiant le discours scientifique, fonctionne comme un discours « objectif» énoncé
par un sujet universel, tantôt à un discours qui, parlant « au nom du peuple », met
en scène un actant collectif locuteur unique. Le consensus discursif (réel ou fictif peu
importe ici) se fonde dans un cas sur l'évidence de la vérité scientifique et dans l'autre,
sur l'adhésion aux valeurs nationales. Il y a donc comme l'observe P. Sériot à propos
du discours soviétique, un « éclatement de la « forme-sujet » qui se manifeste par le
décalage des niveaux d'assertion ou de prise en charge de l'énoncé » (Sériot, 1982,
p. 26). Nous interrogerons précisément les modalités de cet éclatement à partir de la
notion de généralisation.
Appréhendée au niveau de l'énoncé, la notion de généralisation sera définie comme
ce qui permet de dé-construire la singularité d'un événement ou d'une propriété. Ainsi
conçue, la généralisation met en jeu trois opérations fondamentales :
— Une opération de parcours 2 qui construit une classe abstraite (ou ouverte)
d'occurrences sur laquelle l'énonciateur opère un balayage sans s'arrêter sur une
valeur distinguée.
— La construction d'un repère fictif , repère décroché par rapport à la situation
origine et qui permet à l'énonciateur de se placer à l'extérieur de la dualité vrai-faux.
— La constitution d'une classe de locuteurs, indispensable garant du « toujours-
vrai ». C'est elle qui confère à l'énoncé généralisant son itérabilité.
Dans des ensembles textuels plus larges, la procédure de généralisation peut au
même titre que l'explication, la réfutation ou l'analogie, coïncider avec une séquence
textuelle bornée : elle est alors identifiable à une configuration (Grize, 1990) mise en
œuvre par une pensée rationnelle pour emporter l'adhésion d'autrui. Elle peut aussi
prendre la forme d'un énoncé ayant valeur de maxime ou de loi : il s'agit alors d'un
argument présenté à l'appui d'une thèse, en rupture avec le reste du dialogue ou du
récit. Elle peut enfin s'exprimer de façon plus diffuse, plus éclatée, plus recursive,
1. Ces règles s'inscrivent dans le cadre général des régularités discursives développé par
M. Foucault dans L'archéologie du savoir. Ces régularités se définissent en termes de relations.
« Relations des énoncés entre eux (même si elles échappent à la conscience de l'auteur ; même si
les auteurs entre eux ne se connaissent pas) ; relations entre des groupes d'énoncés ainsi établis
(...) ; relations entre des énoncés ou des groupes d'énoncés et des événements d'un tout autre
ordre (technique, économique, social, politique) » (Foucault, 1969, p. 41).
2. Ces deux notions sont utilisées en linguistique par A. Culioli (cf. bibliographie).
100 constituant ainsi une « manière de parler » (Foucault, 1969 ; Marandin, 1979) mettant
en jeu à la fois des traits spécifiques au niveau de l'énoncé et des traits récurrents d'un
énoncé à l'autre, d'un texte à l'autre. C'est cette troisième forme de la généralisation
qui sera explorée dans l'analyse des médias algériens.
C'est dire que nous sommes à la fois dans le cadre d'une « logique naturelle »
permettant de décrire les opérations logico-discursives mises en œuvre dans le
raisonnement non formel et dans celui d'une « analyse archéologique » cherchant à
« voir si le comportement politique d'une société, d'un groupe ou d'une classe n'est
pas traversé par une pratique discursive déterminée et descriptible. Cette positivitě
(...) définirait ce qui, de la politique, peut devenir objet d'énonciation, les formes que
cette énonciation peut prendre, les concepts qui s'y trouvent mis en œuvre et les choix
stratégiques qui s'y opèrent » (Foucault, 1969, p. 254). Il s'agit là d'un bien vaste
programme, que nous n'avons pas la prétention de réaliser dans le cadre de cette étude
aussi brève que ponctuelle. Notre objectif est simple : 1) voir comment des phéno
mènes discursifs qui peuvent être ramenés à de la généralisation se manifestent à
travers des langues aussi différentes que l'arabe dit « moderne » ou « standard » et le
français ; 2) montrer comment la mise en œuvre concurrente de ces deux langues, loin
de spécifier les discours, fonde un syncrétisme discursif qui a pour résultat de renforcer
l'effet « langue de bois » que l'on reconnaît aux médias algériens. Ces mises en relation
ne sont pas données mais construites. Il nous faut donc évoquer des questions de
méthode.
En analyse de discours, les questions de méthode sont essentielles en ceci qu'elles
permettent d'articuler des problèmes de dénomination et éventuellement de typolo-
gisation avec la construction d'objets à observer. La description méthodologique
consiste alors à expliciter les étapes successives de la démarche car comme le linguiste,
l'analyste du discours se donne davantage pour tâche de construire des rapports entre
une pratique descriptive et des hypothèses théoriques que de révéler la signification
supposée cachée des expressions ou des discours analysés.
Et d'abord comment nommer les que l'on se propose d'étudier ? La
situation est faussée d'emblée dans la mesure où la dénomination impose une
typologisation non plus comme un point d'aboutissement de l'analyse mais comme un
a priori qui lui serait nécessaire. Dire d'un texte qu'il renvoie par exemple à un
discours de vulgarisation (F. Mortureux, 1982), cela n'est possible que parce que l'on
a déjà défini, au moins en partie, cette notion et en même temps, cela détermine, pour
une large part, l'orientation de l'analyse que l'on se propose de faire. Dans un même
ordre d'idée, s'il est relativement aisé de désigner sous le vocable « discours
xénophobes » un ensemble de textes revendiqués comme tels par ceux-là même qui les
ont écrits et de décrire ensuite les marques énonciatives attachées à leur mise en
discours (M. Ebel et P. Fiala, 1981), il est plus difficile de parler d'emblée de discours
didactique ou de discours scientifique par exemple \ Bref, on sait que les discours sont
hétérogènes mais comment les nommer sans les caractériser ? Comment les décrire
sans les typifier ? La mise en relation entre des textes et un type donné de discours
représente, on le voit, une première intervention — qui n'est jamais neutre — de
l'analyste. Lorsqu'il s'agit d'une dénomination telle que la « langue de bois », cette
intervention devient franchement polémique. Il convient donc de la justifier.
S'appliquant au discours des médias en Algérie, l'expression « langue de bois »
désigne une communication ratée, mettant en jeu un énonciateur anonyme, un
3. Ce

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