La Grande Dépression française à la fin du XIXème siècle : réflexion sur sa datation et sur sa fonction - article ; n°4 ; vol.6, pg 509-533
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Description

Histoire, économie et société - Année 1987 - Volume 6 - Numéro 4 - Pages 509-533
Abstract The present slump prompts the historian and the economist to look for references, in order that they promote the undestanding of long-terme depressive trends. The difficulty itself encountered in the precise datation of the slump of the end of the 19th century shows the necessity to go further into the knowledge of the mecanisms of its starting. The apparent pheno- menons - recesses, crashes, unemployment - are only signs of deep tensions. To the internal cycles of a few economic sectors are added the restructuring and the complete change of activities shaken by an acute interregional and mundial competition, that outlines a new national and international labour division. These meca- nical explanations however have to be completed by the consequences of the crisis of the entrepreneurship. The way out of the crisis requires the definition by French economy of new strong-holds and the réapparition of an entrepreneurial motivation, that hence depends strongly upon the world economical environment.
Résumé La Crise actuelle interpelle l'historien et l'économiste en quête de références facilitant la compréhension des mouvements dépressifs de longue durée. La difficulté même de la datation de la dépression de la fin du XIXème siècle indique la nécessité d'affiner la détermination des mécanismes de son enclenchement. Les phénomènes apparents - récessions, krachs, chômage - ne sont que les signes de tensions profondes. Aux cycles internes à certaines branches s'ajoutent les restructurations et les mutations vécues par des branches ébranlées par la concurrence internationale et mondiale, qui redessine la division nationale et internationale du travail. Toutefois, ces explications mécanis- tes doivent être complétées par la crise de l'esprit d'entreprise. La sortie de la Crise suppose à la fois la définition par l'économie française de nouveaux « points forts » et la réapparition d'une motivation des entrepreneurs, largement dépendante désormais de l'environnement conjoncturel mondial.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hubert Bonin
La Grande Dépression française à la fin du XIXème siècle :
réflexion sur sa datation et sur sa fonction
In: Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°4. pp. 509-533.
Résumé La Crise actuelle interpelle l'historien et l'économiste en quête de références facilitant la compréhension des
mouvements dépressifs de longue durée. La difficulté même de la datation de la dépression de la fin du XIXème siècle indique la
nécessité d'affiner la détermination des mécanismes de son enclenchement. Les phénomènes apparents - récessions, krachs,
chômage - ne sont que les signes de tensions profondes. Aux cycles internes à certaines branches s'ajoutent les restructurations
et les mutations vécues par des branches ébranlées par la concurrence internationale et mondiale, qui redessine la division
nationale et internationale du travail. Toutefois, ces explications mécanis- tes doivent être complétées par la crise de l'esprit
d'entreprise. La sortie de la Crise suppose à la fois la définition par l'économie française de nouveaux « points forts » et la
réapparition d'une motivation des entrepreneurs, largement dépendante désormais de l'environnement conjoncturel mondial.
Abstract The present slump prompts the historian and the economist to look for references, in order that they promote the
undestanding of long-terme depressive trends. The difficulty itself encountered in the precise datation of the slump of the end of
the 19th century shows the necessity to go further into the knowledge of the mecanisms of its starting. The apparent pheno-
menons - recesses, crashes, unemployment - are only signs of deep tensions. To the internal cycles of a few economic sectors
are added the restructuring and the complete change of activities shaken by an acute interregional and mundial competition, that
outlines a new national and international labour division. These meca- nical explanations however have to be completed by the
consequences of the crisis of the entrepreneurship. The way out of the crisis requires the definition by French economy of new
strong-holds and the réapparition of an entrepreneurial motivation, that hence depends strongly upon the world economical
environment.
Citer ce document / Cite this document :
Bonin Hubert. La Grande Dépression française à la fin du XIXème siècle : réflexion sur sa datation et sur sa fonction. In:
Histoire, économie et société. 1987, 6e année, n°4. pp. 509-533.
doi : 10.3406/hes.1987.1469
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1987_num_6_4_1469LA GRANDE DEPRESSION FRANÇAISE DE
LA FIN DU DIX-NEUVIEME SIECLE :
Réflexion sur sa datation et sur sa fonction
par Hubert BONIN
Abstract Résumé
The present slump prompts the historian and the La Crise actuelle interpelle l'historien et l'écono
miste en quête de références facilitant la compréhens economist to look for references, in order that they
ion des mouvements dépressifs de longue durée. La promote the undestanding of long-terme depressive
trends. The difficulty itself encountered in the precise difficulté même de la datation de la dépression de la
datation of the slump of the end of the 19th century fin du XIXème siècle indique la nécessité d'affiner la
détermination des mécanismes de son enclenchement. shows the necessity to go further into the knowledge
of the mecanisms of its starting. The apparent pheno- Les phénomènes apparents - récessions, krachs, chô
mage - ne sont que les signes de tensions profondes. menons - recesses, crashes, unemployment - are only
signs of deep tensions. To the internal cycles of a few Aux cycles internes à certaines branches s'ajoutent les
restructurations et les mutations vécues par des bran economic sectors are added the restructuring and the
complete change of activities shaken by an acute interches ébranlées par la concurrence internationale et
regional and mundial competition, that outlines a new mondiale, qui redessine la division nationale et interna
national international labour division. These meca- tionale du travail. Toutefois, ces explications mécanis-
tes doivent être complétées par la crise de l'esprit d'en nical explanations however have to be completed by
the consequences of the crisis of the entrepreneurship. treprise. La sortie de la Crise suppose à la fois la défi
The way out of the crisis requires the definition by nition par l'économie française de nouveaux « points
forts » et la réapparition d'une motivation des entre French economy of new strong-holds and the réappar
ition of an entrepreneurial motivation, that hence preneurs, largement dépendante désormais de l'env
depends strongly upon the world economical environnement conjoncturel mondial.
ironment.
Beaucoup d'économistes et journalistes se servent aujourd'hui de la crise des an
nées 1930 comme levier de leur réflexion sur la crise actuelle : il peut sembler plus opé
rationnel d'établir les correspondances avec la Grande Dépression de la fin du XIXème
siècle. En effet, par de nombreux aspects, celle-ci s'offre en modèle pour l'analyse
d'une « dépression » : c'est d'abord une succession rapide de fortes crises-récessions qui
favorisent une quasi-stagnation conjoncturelle ; c'est ensuite une « crise », un ébranle
ment des structures de l'économie et une esquisse de reconstitution d'échafaudages
productifs nouveaux ; c'est enfin une « transition » entre deux élans d'industrialisation,
entre la « première industrialisation » et la « seconde industrialisation ». Même si l'on
sait que, lors de ces « révolutions industrielles », les mutations s'emboîtent les unes
dans les autres sans discontinuité, elles accentuent leur impact lors de décennies privilé
giées où s'accélèrent les investissements et la croissance, en quasi « take off » partiels. HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ 510
II s'agit donc de scruter les mécanismes de cette Grande Dépression, les influences exo
gènes et les ruptures internes qui ont joué sur l'économie française, pour que l'Histoire
contribue au débat présent sur les « crises ».
I - LES SIGNES DE LA DÉPRESSION
Rappelons brièvement le constat dressé par les historiens-économètres lorsqu'ils
ont reconstitué les « trends » de la croissance française au XIXème siècle : après la vive
expansion de la proto-industrialisation, puis de la première industrialisation, aujour
d'hui indéniable après les controverses entre les partisans du « retard français »(« à la
Gerschenkron ») et les « révisionnistes » réhabilitant la force du capitalisme national,
l'économie subirait un net ralentissement dans son ascension. Le rythme annuel d'essor
de la production industrielle qui, en moyenne quinquennale, sans le bâtiment, dépassait
souvent + 3 % entre 1815 et 1855, s'effriterait à + 2,2 % en 1860-65 et 1890-95 et
descendrait au-dessous de + 2 % entre 1860-65 et 1885-90 : la décélération serait nette
pendant un tiers du siècle. Nous devons essayer de débattre de la chronologie de l'en
trée dans la crise car nous pensons que, malgré les démonstrations solides, la discussion
est loin d'être close.
A — Des crises sans « crise » ?
F. Crouzet suggère que l'année 1860 serait une date-charnière : le rythme de crois
sance de la production agricole glisserait de + 1 ,2 % en 1815-24/1845-54 à + 0,1 % en
1855-64/1885-94, celui de la production industrielle de + 2,5 % à + 1,6 %, celui du
produit physique de + 1,9 à + 0,9 %. Paradoxalement, alors que l'on vivait, dans les
années 1930-60, sur l'idée que le Second Empire était le véritable décollage de la Révo
lution industrielle, les historiens ont prouvé que les multiples et successifs « take off »
ont pris place dès les années 1820-45, voire parfois dès 1786-1810, et les études quanti-
tativistes conclueraient à un « retard » français dans les années 1860-80 avant même le
repli admis des années 1880-1900 ! Toute la chronologie de la première industrialisa
tion serait donc bouleversée ...
Une première critique peut porter sur cette « agrégation » chronologique : même
si le taux de croissance s'affaiblit dès les décennies 1860-80, est-ce pour autant que les
causes en sont les mêmes que pour la décélération des années 1880-1

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