La guérison du serviteur (Jn 4, 43-54). - article ; n°2 ; vol.97, pg 979-1020
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La guérison du serviteur (Jn 4, 43-54). - article ; n°2 ; vol.97, pg 979-1020

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1985 - Volume 97 - Numéro 2 - Pages 979-1020
Françoise Monfrin, La guérison du serviteur (Jn 4,43-54). Une nouvelle interprétation des sarcophages de Bethesda, p. 979-1020. Les deux scènes superposées du registre central des sarcophages dits «de Bethesda» ne se rapportent pas au même épisode de l'évangile de Jean (la guérison du paralytique de la piscine de Bethesda Jn 5, 1-18), car les protagonistes principaux des scènes sont vêtus différemment. Se pose donc la question de l'identification de la scène inférieure. L'analyse du schéma formel et une confrontation avec l'iconographie paléochrétienne des résurrections permettent de reconnaître la guérison du serviteur (ou fils) du centurion (ou fonctionnaire royal) (Mt 8, 5-13; Le 7, 1-10; Jn 4, 43-54), interprétation que confirme l'ordre du récit johannique. De l'important dossier patristique se dégage une ligne d'exégèse constante qui fait du centurion un type de l'Église des Gentils, l'associant souvent aux rois mages. Or, on voit que dans les lectionnaires occidentaux paléogra- (v. au verso) phiquement accessibles - donc sensiblement plus tardifs que les sources iconographiques et patristiques - la péricope du centurion est généralement assignée à l'un des trois dimanches suivant l'Epiphanie, commémoration, en Occident, de la première manifestation du Christ aux Gentils. Le dossier patristique offre donc peut-être les premières traces de la mise en place d'une lecture liturgique fixe qui n'apparaîtra réellement que plus tard, mise en place que confirme cette nouvelle interprétation des sarcophages de Bethesda.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Françoise Monfrin
La guérison du serviteur (Jn 4, 43-54).
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°2. 1985. pp. 979-1020.
Résumé
Françoise Monfrin, La guérison du serviteur (Jn 4,43-54). Une nouvelle interprétation des sarcophages de Bethesda, p. 979-
1020.
Les deux scènes superposées du registre central des sarcophages dits «de Bethesda» ne se rapportent pas au même épisode
de l'évangile de Jean (la guérison du paralytique de la piscine de Bethesda Jn 5, 1-18), car les protagonistes principaux des
scènes sont vêtus différemment. Se pose donc la question de l'identification de la scène inférieure. L'analyse du schéma formel
et une confrontation avec l'iconographie paléochrétienne des résurrections permettent de reconnaître la guérison du serviteur (ou
fils) du centurion (ou fonctionnaire royal) (Mt 8, 5-13; Le 7, 1-10; Jn 4, 43-54), interprétation que confirme l'ordre du récit
johannique. De l'important dossier patristique se dégage une ligne d'exégèse constante qui fait du centurion un type de l'Église
des Gentils, l'associant souvent aux rois mages. Or, on voit que dans les lectionnaires occidentaux paléogra-
(v. au verso) phiquement accessibles - donc sensiblement plus tardifs que les sources iconographiques et patristiques - la
péricope du centurion est généralement assignée à l'un des trois dimanches suivant l'Epiphanie, commémoration, en Occident,
de la première manifestation du Christ aux Gentils. Le dossier patristique offre donc peut-être les premières traces de la mise en
place d'une lecture liturgique fixe qui n'apparaîtra réellement que plus tard, mise en place que confirme cette nouvelle
interprétation des sarcophages de Bethesda.
Citer ce document / Cite this document :
Monfrin Françoise. La guérison du serviteur (Jn 4, 43-54). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°2.
1985. pp. 979-1020.
doi : 10.3406/mefr.1985.1486
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1985_num_97_2_1486MONUMENTS CHRÉTIENS
FRANÇOISE MONFRIN
LA GUÉRISON DU SERVITEUR (Jn 4,43-54)
UNE NOUVELLE INTERPRÉTATION DES SARCOPHAGES DE BETHESDA
Dans l'ensemble des sarcophages paléochrétiens occidentaux, ceux
que l'on a coutume d'appeller «de Bethesda» - du nom de la scène cen
trale - occupent une place assez particulière. Il s'agit d'un groupe de sa
rcophages qui présentent tous, à quelques variantes près, la même compos
ition singulière, et la même iconographie. On s'accorde généralement à
les dater de l'époque théodosienne (370/400), et à y reconnaître une pro
duction romaine1.
Ce petit groupe est constitué de trois sarcophages complets, et de six
ou huit fragments, qui comportent assez de particularités reconnaissables
(du point de vue de l'iconographie ou de la composition), pour que l'on
puisse supposer qu'ils appartenaient à des sarcophages du même type.
Deux des trois sarcophages complets se trouvent en Italie, l'un au Musée
Pio Cristiano du Vatican (Rep. 63) 2 (fig. 1), l'autre à Ischia (fig. 2); le troi
sième, réemployé à la cathédrale de Tarragone, provient sans doute des
environs de la ville (fig. 3). Les fragments, d'importance variable, sont
répartis entre l'Italie (Rep. 556), l'Espagne (SRCE 37?; SRCE 40) et la
Gaule (SAM 35?; SAM 36; SG 23; SG 76). Du point de vue de leur structur
e, ces sarcophages relèvent, à l'exception d'un seul, du type «à porte de
cité»: les scènes s'inscrivent dans un décor architectural qui rythme la
composition des groupes de personnages3; en revanche, le SG 76 appar-
1 Outre les ouvrages cités dans les notes et l'annexe I, p. 1002-1008, on trouvera
une bibliographie complète dans E. Dinkler, Der Einzug in Jerusalem. Ikonogra-
phische Untersuchungen im Anschluss an ein bisher unbekanntes Sarkophagfrag
ment (Arbeitsgemeinschaft für Forschung des Landes Nord-Rhein-Westfalen. Geistes-
wissenchaften, 167), Opladen, 1970, p. 28, n. 33. Cf. aussi en dernier lieu (mais n'ap
porte rien de neuf) A. Nicoletti, / sarcofagi di Bethesda (Università di Padova. Stu
di sull'arte paleocristiano e bizantino), Milan, 1981.
2 Pour les abréviations et les références bibliographiques, cf. annexe I, p. 1002-
1008.
3 Cf. M. Lawrence, City-gate sarcophagi, dans The Art Bulletin, 10, 1927, p. 1-
45.
MEFRA - 97 - 1985 - 2, p. 979-1020. 980 FRANÇOISE MONFRIN
tient à la catégorie dite «à arcades»4 (fig. 7). Mais quel que soit le type
«classique» dont ils relèvent, tous ces sarcophages présentent cette parti
cularité que leur zone centrale est divisée à mi-hauteur en deux registres
superposés.
Les trois sarcophages complets offrent à peu de chose près la même
séquence iconographique : guérison de deux aveugles, guérison de l'hé-
morroïsse, scènes de la piscine probatique de Bethesda, entretien du
Christ avec Zachée (cette scène manque sur le Rep. 63), entrée à Jérusa
lem. Une bonne partie de cet ensemble se retrouve sur deux des frag
ments (SG 56; Rep. 556), mais des autres, il ne demeure qu'une seule scè
ne, parfois mutilée (cf. p. 1005 à 1007).
Venons-en maintenant au problème qui nous préoccupe particulièr
ement ici, l'iconographie de la partie centrale. Jusqu'à présent, on y a una
nimement reconnu une illustration en deux épisodes de la guérison du
paralytique de la piscine probatique de Bethesda, miracle qui n'est relaté
que dans l'évangile de Jean, en 5, 1-18. Dans le registre supérieur, un ou
deux petits personnages, vêtus d'une tunique courte et de Yalicula, sont
assis à gauche contre la colonne qui délimite la zone centrale, regardant
le Christ qui touche le lit que porte sur son dos le paralytique, placé
devant lui, vêtu lui aussi d'une tunique courte; à l'arrière-plan, on distin
gue trois arcades. Séparé du registre supérieur par un bandeau assez lar
ge et décoré d'ondes, le registre inférieur est entièrement occupé par un
personnage habillé d'une tunique longue à manches et d'un pallium, qui
repose sur un lit à haut dossier, recouvert d'une étoffe tombant jusqu'à
terre; le buste un peu relevé, il s'appuie sur le coude gauche; la position
de son bras droit varie d'un sarcophage à l'autre : soit demi-fléchi, la
main largement ouverte, soit levé, la main sur la tête. Plusieurs petits per
sonnages, assis sur des sièges ou à même le sol, vêtus d'une tunique court
e et de Yalicula, sont répartis autour du lit.
Il faut rattacher à ce registre central le groupe qui se trouve à gau
che de la colonne qui le délimite, composé du Christ accompagné par un
ou deux apôtres; comme dans le registre supérieur, le Christ est en train
de marcher, la main droite tendue en avant. Ce groupe ne manque que
sur le SG 76 qui est, rappellons-le, d'un type différent; ici, la scène en
deux registres occupe l'arcade qui suit immédiatement celle qui est consa
crée à la guérison de l'hémorroisse5 (fig. 7).
4 II faut restituer deux arcades.
5 Pour une description détaillée de la partie centrale, cf. annexe I, p. 1002-
1008. LA GUÉRISON DU SERVITEUR 981
Comme nous l'avons dit, cet ensemble a toujours été interprété com
me une double illustration de la guérison du paralytique de Bethesda, la
lecture devant alors se faire de bas en haut. Le personnage du registre
inférieur représenterait le paralytique couché sur le bord de la piscine -
«il y avait là un homme qui depuis trente huit ans était infirme» (Jn 5, 5)
- le Christ à gauche et les gestes de l'infirme correspondant au dialogue
des versets suivants : «Jésus le voyant étendu, et sachant qu'il était dans
cet état depuis longtemps déjà, lui dit 'Veux-tu guérir?'. Seigneur, lui
répondit l'infirme, 'je n'ai personne pour me plonger dans la piscine
quand l'eau se met à bouillonner; et le temps que j'y aille, un autre des
cend avant moi ' » (Jn 5, 7). Les petits personnages assis autour du lit
seraient les autres malades attendant eux aussi le bouillonnement de l'eau
sur le bord de la piscine. La bande décorée d'ondes qui sépare les deux
registres évoquerait l'eau.
Le registre supérieur illustrerait l'accomplissement du miracle. Sous
l'

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