La langue bretonne dans le pays de Guérande - article ; n°2 ; vol.27, pg 292-308
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Annales de Bretagne - Année 1911 - Volume 27 - Numéro 2 - Pages 292-308
17 pages

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Publié le 01 janvier 1911
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Langue Français

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H. Quilgars
La langue bretonne dans le pays de Guérande
In: Annales de Bretagne. Tome 27, numéro 2, 1911. pp. 292-308.
Citer ce document / Cite this document :
Quilgars H. La langue bretonne dans le pays de Guérande. In: Annales de Bretagne. Tome 27, numéro 2, 1911. pp. 292-308.
doi : 10.3406/abpo.1911.1362
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1911_num_27_2_1362H.QUILGARS
La langue bretonne dans le pays de Guérande (1
I. — Historique.
Ce fut à la fin du VIe siècle que l'élément breton se répandit
dans le pays de Guérande par suite de l'établissement à
demeure des Bretons de Waroc'h, comte de Vannes. L'assi
milation de ce pays fut rapide et complète.
Au IXe siècle, le territoire qui forme aujourd'hui les cantons
de Guérande, Le Groisic, Herbignac et Saint-Nazaire était
devenu entièrement breton de langue et de mœurs. Mais la
disparition de la langue bretonne ne tarda pas à s'opérer dans
la région placée à l'est de ce territoire. Au XVe siècle on ne
parlait certainement plus cette langue dans les paroisses de
Montoir, Donge, Saint-Nazaire, Assérac, Herbignac ; dans
celle de Saint-Lyphard et dans le nord de celle de Guérande
elle était en décroissance. Les noms de lieu d'origine pure
ment française se font nombreux dans les premières, et appa
raissent dans les secondes. Au siècle suivant, la langue bre
tonne n'était plus en usage que dans les seules paroisses de
(1) SOURCES PRINCIPALES. Manuscrits : Aveux de la Sénéchaussée
de Guérande (Arch. de la Loire-Inférieure, série B); Fonds seigneuriaux
(id., série E). — Ces très importantes séries de textes comprennent plus
de 14.000 documents intéressant le pays dé Guérande, de 1380 à 1791;
parmi eux il convient de citer tout particulièrement l'aveu rendu au Roi
en 1572 pour la baronnie de Campzillon (Arch. Loire-Inf., B 1473). Ce
manuscrit, qui forme un registre de 267 feuillets de velin, format grand
in4°, calligraphié avec soin, est l'œuvre sans nul doute d'un rédacteur
parlant couramment la langue bretonne en usage dans le pays de Gué
rande, et constitue un véritable cadastre de toute la paroisse de Piriac et
d'une partie de celles de Mesquer et de Guérande; il est, à ce double point
de vue, un document de premier ordre pour l'étude du breton de Guérande.
Imprimés : Cartulaire de l'abb. de Redon, édit. de Courson, in-4<>, 1863
(Doc. inéd. sur l'Hist. de Fr.); — E. Ernault, Etude sur le dialecte breton
de la presqu'île de Batz (Bull. archéoU de l'Assoc. Bret., 1882)- LANGUE BRETONNE DANS LE PAYS DE GUÉEANDE. 293 LA
Piriac et de Batz et dans la^ région maritime de celles de
Mesquer et de Guérande.
Au commencement du XVIIe siècle la paroisse de Piriac
était encore de langue bretonne. Tous les noms de lieu et de
personne sont bretons et n'ont pas encore été altérés. La
disparition de la langue bretonne dans cette paroisse date
seulement de la fin du XVIIe siècle; elle a été la conséquence
de rémigration de ses habitants vers les villes, par suite de
la ruine des industries maritimes et viticoles. Cette émigration
se poursuivit pendant tout le siècle suivant^), enlevant au
pays son élément breton. Au moment de la Révolution on n'y
rencontre plus que de rares noms bretons parmi les familles
qui ont reçu un fort mélange d'élément français. Les noms
de lieu sont défigurés dans les textes : on aperçoit clairement
qu'on ne les comprend plus.
Dans la paroisse de Batz, la langue bretonne se maintint
davantage, parce que cette paroisse n'eut pas à subir l'émi
gration qui ruina celle de Piriac. Au moment de la Révolution
le breton était encore la langue courante du peuple. Cette
situation eut même le don d'émouvoir l'administration révo
lutionnaire du district de Guérande. Une délibération du
directoire de ce district, du 7 germinal an II, décida que les
instituteurs publics de la commune de Batz devraient justifier
la connaissance des deux langues française et bretonne.
Extrait du Registre des délibérations du District de Guérande,
du 7 Germinal an II te)
« Séance où présidait Jan, et où étaient Payen, Mahé, Le-
torzec, Lallement, Crespel, Masson et Guyomard. — Présent
Chottard, agent national provisoire qui a dit : Citoyens admin
istrateurs, aux termes de la loi du 8 pluviôse, il doit être
(1) Un rapport de Guillaume Jynou, recteur de Piriac, adressé à l'I
ntendant de Bretagne en 1777, est très explicite sur les causes de la dispa
rition de la population dans cette paroisse (Arch. d'Ille-et-Vil., C 1421).
(2) Arch. de la Loire-Inf., L, district de Guérande. 294 LA LANGUE BRETONNE
établi dans les dix jours de sa publication des instituteurs de
langue française dans les campagnes des départements du
Morbihan, du Finistère, des Gôtes-du-Nord, et dans la partie
de la Loire-Inférieure dont les habitants parlent l'idiome
appelé Bas-breton. C'est dans la seule commune de Batz,
située sous notre ressort, de tout le département de la Loire-
Inférieure, qu'on parle l'idiome appelé bas-breton. Nous avons
donc à nous occuper de l'exécution de cette loi ; je requiers
qu'il en soit délibéré. — Le Conseil délibérant, et ouï de nou
veau l'agent national provisoire, arrête que la municipalité
de Batz qui paraît seule dans le cas de la loi du 8 pluviôse,
sera tenue de la mettre à exécution dans le délai d'une décade
après la réception du présent; invite en conséquence la Société
populaire dudit lieu à désigner le citoyen qui devra être pro
posé aux représentants du peuple comme instituteur, lui
recommandant de ne laisser tomber leur choix que sur un
sujet dont le patriotisme, la capacité et les connaissances dans
les deux langues le rendent digne d'une place aussi intéres
sante : la régénération de l'esprit public. »
A l'heure actuelle le cadastre des dix communes com
posant les cantons de Guérande et du Croisic, comprend
1721 noms de lieu dont 1135 d'origine bretonne. Parmi ceux-
ci, 230 sont formés avec Ker-, 64 avec Leniz-, 57 avec Si-,
45 avec Tré-, 5 avec Tro-, etc.
La langue bretonne a maintenant complètement disparu ;
confinée en dernier lieu dans les villages de Kermoisan et de
Rofïiac en la commune de Batz, elle s'est éteinte il y a une
dizaine d'années, avec leurs plus vieux habitants.
II. — Toponomastie bretonne.
A leur arrivée dans le pays de Guérande, les Bretons émi
grés trouvèrent des dénominations gallo-romaines appliquées
à la terre, et formées le plus souvent de noms de personne
avec le suffixe gaulois -âcus : Veracus, Verniacus, lcciacus,
Ratiacus, Maceracus, Aceracus, etc. Ces noms, ils les conser- .
'
.
DANS LE PAYS DE GUERANDE. 295
vèrent dans la prononciation -ac par un changement d'accen
tuation de l'a; et quand ils firent de ces lieux la possession
dé l'un d'eux, ils leur imprimèrent l'empreinte de leur langue
en les faisant précéder d'un terme breton marquant un mode
de la propriété. C'est ainsi que Veracus est devenu Lesvérac,
Neracus Lesnérac, Verniacus Lauvergnac. Ces modifications
remontent aux premiers temps de l'occupation bretonne.
La transformation de -âcus gaulois en -âc dans les noms
d'origine gallo-romaine, a été suivie de la formation de
de lieu en -âc devenu -eue et -ec, avec un nom commun breton,
et de noms formés avec un nom de personne et un préfixe
indiquant un mode de la propriété, tel que tré, ker, lan, etc.
La composition avec tré a été de bonne heure employée;, elle
a marqué l'existence des premiers villages bretons et la subs
titution complète par l'élément breton de l'élément gallo-
romain. Villa Alli (!), au IXe siècle, est devenu à peu près
Trévali, forme sous laquelle on trouve ce nom en 1239 (2>.
Tous les noms en tré- portent l'empreinte d'une formation
très ancienne; et si l'absence de texte ne permet pas de suivre
cette formation avant le XIVe siècle, on constate que ces noms
sont nombreux à cette date : Trevescar, 1381 <3) ; Treamlu,
1393 (4); Trefbasquer, 1395 (^ Treguen, 1395 W; Trégourhant,
1395 <7); Tresqualen, 1410 (8>, etc. Pas un seu

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