La Municipalité de Brest de 1750 à 1790 - article ; n°1 ; vol.28, pg 47-61
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Annales de Bretagne - Année 1912 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 47-61
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Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Maurice Bernard
La Municipalité de Brest de 1750 à 1790
In: Annales de Bretagne. Tome 28, numéro 1, 1912. pp. 47-61.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Maurice. La Municipalité de Brest de 1750 à 1790. In: Annales de Bretagne. Tome 28, numéro 1, 1912. pp. 47-61.
doi : 10.3406/abpo.1912.1381
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1912_num_28_1_1381MAURICE BERNARD
LA MUNICIPALITE DE BREST
de 1750 à 1790
(Analyse d'un mémoire pour le Diplôme d'Etudes supérieures d'histoire et
géographie, présenté à la Faculté des Lettres en juin 1912.)
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, alors qu'elle était
pourvue d'une organisation bien définie, la municipalité de
Brest se montre particulièrement active, et nous paraît, à
cause de cela, digne de l'étude minutieuse que lui avons
consacrée.
Les Archives municipales de Brest ont constitué notre prin
cipale source de documents, en tête desquels il faut naturel
lement placer la collection des registres des délibérations de
la communauté ou municipalité. Nous avons en outre trouvé
de précieux renseignements à la Bibliothèque municipale de
Brest (Manuscrits du fonds Langeron), dans les Archives de
l'Amirauté de Léon, conservées à Brest, et dans celles du
Finistère et cTIlle-et- Vilaine.
I. Situation économique et sociale de Brest dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle. — Le développement de Brest est
moderne, et dû en très grande partie à l'extension de la
marine militaire à partir du XVIIe siècle. Malgré le manque
de documents précis, l'examen des rôles de la capitation
permet de fixer approximativement le nombre des habitants
de la ville à 20.000 en 1750 et à 27.000 en 1789. L'agglomération
est partagée en deux par la Penfeld : sur la rive gauche se
trouve Brest proprement dit, et sur la rive droite, Recou-
vrance. La rivière, qui forme à cette époque le port de guerre 48 LA MUNICIPALITÉ DE BREST
et le port de- commerce, est une artère vivante, bordée de
maisons de commerce.
On remarque entre Brest et Recouvrance, villes sœurs, éga
lement peuplées, unies sous une même municipalité, mais
souvent en désaccord, une profonde inégalité économique et
sociale. Brest, plus riche, possède les plus gros contribuables,
les négociants, les rentiers, les hommes de loiî les artisans
aux métiers les plus relevés ; Recouvrance abrite une foule
très dense d'ouvriers de l'arsenal, de matelots et d'humbles
travailleurs.
Cette inégalité sociale a pour corollaire l'inégalité politique :
sur trois maires, deux sont pris à Brest, un seul à Recou-
vrance.
Une partie des artisans de Brest sont organisés en corpo
rations; celles-ci se donnent surtout pour mission de défendre
leurs privilèges matériels; elles ont fort à faire, car les ouvriers
brestois ont particulièrement à souffrir de la concurrence que
leur font les forçats ou même les petits employés de la marine
désireux d'accroître leurs ressources.
Il n'y a pas à Brest d'autre industrie que celle de la cons
truction et de la réparation des navires. Le commerce y a
plus d'importance, sans cependant en avoir beaucoup ; il a
surtout pour but l'alimentation des habitants, des troupes et
des marins : on importe des vivres, beaucoup de vin, et les
navires quittent presque tous le port sur lest ou chargés de
fûts vides (de là l'importance sociale des marchands de vin
en gros).
La course, soit par l'armement des corsaires, soit par la
spéculation sur les prises et sur leur cargaison, est un acces
soire du commerce, et contribue à l'accroissement de quelques
fortunes brestoises.
En somme, Brest vit surtout de la marine militaire.
IL Organisation municipale de Brest, de 1750 à 1790. — La
première organisation de Brest dont nous ayons DE 1750 A 1.790. 49
connaissance remonte à J593, date à laquelle Henri IV, pour
récompenser les habitants de leur fidélité pendant les guerres
de religion, leur accorda le droit de bourgeoisie et adjoignit
au maire deux échevins élus par les bourgeois. Mais l'organi
sation complète et définitive de la municipalité date seulement
de 1681; par lettres-patentes, Louis XIV institue à Brest un
corps municipal comprenant un maire, deux échevins, un
procureur syndic, un greffier et quatre conseillers de ville.
Cette constitution demeure sans changement important jus
qu'en 1790.
Le maire, élu pour trois ans, doit être pris parmi les
membres du corps municipal. Ceux-ci, quelque temps avant
l'élection, dressent une liste de trois candidats qu'ils sou
mettent à l'approbation du gouverneur de la province. Cette
liste est souvent difficile à établir, car la charge de maire est
fort onéreuse, et beaucoup d'officiers municipaux refusent de
la remplir. Après l'approbation du gouverneur, la liste est
présentée à l'assemblée générale des électeurs, qui comprend
le commandant de la ville, les curés des paroisses, les juges
royaux, le subdélégué de l'intendant, les avocats, les notaires
royaux et procureurs, les officiers de la milice bourgeoise, les
directeurs des hôpitaux, les marguilliers, et deux délégués de
chacune des corporations. L'assemblée, assez souvent troublée
par des querelles de préséances, élit le maire, que l'on ins
talle solennellement quelques jours plus tard. Les autres off
iciers municipaux restent en charge aussi longtemps qu'ils le
veulent. Lorsqu'il y a des vides dans la municipalité, les
membres restants choisissent eux-mêmes leurs nouveaux
collègues. Il en résulte que les officiers municipaux appar
tiennent toujours aux mêmes classes de la société, souvent
aux mêmes familles, et qu'ainsi un petit nombre d'habitants
se partagent les honneurs et les profits de l'administration
municipale. Cette oligarchie comprend exclusivement dtes
hommes de loi et des négociants; et ces derniers sont géné
ralement seuls assez riches pour accepter le titre de maire.
4 50 LA MUNICIPALITÉ DE BREST
III. Luttes de la municipalité contre les juges royaux de la
sénéchaussée et de l'amirauté. — Durant toute la période que
nous avons étudiée, la municipalité eut à défendre ses préro
gatives vigoureusement attaquées par les juges royaux de la
sénéchaussée et de l'amirauté. La lutte commença par des
querelles de préséances, mais elle avait en réalité des causes
plus sérieuses. Les deux fractions de la bourgeoisie qu'elle
mit aux prises, juges royaux et officiers municipaux, ne pou
vaient vivre d'accord.
Les officiers municipaux, en effet, sont les représentants
soigneusement choisis d'un petit nombre d'habitants; ils sont
pris dans des familles ayant depuis plus d'un siècle droit
de bourgeoisie à Brest ; ils sont pleins de mépris pour les
hommes nouveaux, dont la fortune remonte à deux générat
ions à peine. Les bourgeois vieux-brestois se considèrent
comme étant d'une essence bien supérieure à ces petits-fils
d'artisans, voire même de domestiques. D'autre part, les
familles nouvellement parvenues à la richesse veulent se faire
une place dans la haute société locale; et comme les officiers
municipaux ne les acceptent pas dans leur corps, les membres
de ces familles achètent des charges dans la magistrature :
par la puissance de leur argent, ils s'élèvent au-dessus de
ceux qui les ont dédaignés.
Or, nulle part mieux qu'au cours des processions solen
nelles, où le rang dans le cortège est le symbole de la situa
tion sociale, ne peut se comprendre la jalousie des officiers
municipaux à rencontre des juges, qui, à la vue du peuple,
prennent la première place dans le défilé. C'est donc tout
naturellement par des querelles de préséances que se manif
estent d'abord les divisions profondes existant entre les deux
corps rivaux.
D'autre part, la municipalité qui, au début du XVIIIe siècle,
se composait surtout de commerçants, compte vers le milieu
dil siècle une assez forte proportion d'avocats. C'est le
moment où la municipalité acquiert la charge de lieutenant
général de police. Tout naturellement ce sont surtout les DE 1750 A 1790. 51

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