La paix et la trêve de Dieu, histoire des premiers développements du tiers état par l Église et les associations, par Ernest Semichon.  ; n°1 ; vol.19, pg 294-302
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La paix et la trêve de Dieu, histoire des premiers développements du tiers état par l'Église et les associations, par Ernest Semichon. ; n°1 ; vol.19, pg 294-302

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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1858 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 294-302
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Publié le 01 janvier 1858
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Charles de Beaurepaire
La paix et la trêve de Dieu, histoire des premiers
développements du tiers état par l'Église et les associations, par
Ernest Semichon.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 294-302.
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de Beaurepaire Charles. La paix et la trêve de Dieu, histoire des premiers développements du tiers état par l'Église et les
associations, par Ernest Semichon. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 294-302.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1858_num_19_1_445616,
294
BIBLIOGRAPHIE.
La Paix et la Trêve de dieu, histoire des premiers développe
ments du Tiers État par VÉglise et les Associations, par M. Ern. Se-
michon; Paris, 1857.
Ce droit germanique, ou, pour parler plus exactement ce droit barbare
de venger soi-même son offense à main armée, tel fut, chacun le sait, un
des plus cruels fléaux de la société au moyen age. Comprimé un instant
pendant cet essai de restauration impériale qui illustrera à jamais le nom de
Charlemagne, il ne tarde pas à prendre sous les faibles successeurs de ce
prince une vigueur nouvelle. Bientôt même il se développe en toute liberté
et dans toute son horreur, à cet [age pire, ce semble, que celui des
grandes invasions, à cette funèbre époque du dixième siècle, où les derniers
rayons de la civilisation romaine finissent par s'éteindre, laissant la société
dans d'épaisses ténèbres et dans les convulsions de l'anarchie, Ce sera
l'éternel honneur de l'Église d'avoir, dans ce chaos social, conservé l'idée
et l'amour de l'ordre, compati aux souffrances du peuple, et protesté avec
énergie contre l'abus de la force, contre cet odieux préjugé qui tendait à
faire du royaume un vaste champ de bataille. Forte de la justice de sa
cause, de l'appui des hommes de bonne volonté, elle engagea résolument
la lutte, au nom de la civilisation, contre la barbarie. Dans cette lutte qu'il
y aurait de l'ingratitude à envisager avec indifférence, quelles armes em
ploya l'Église, quels furent ses auxiliaires? Quels résultats la payèrent de
ses généreux et persévérants efforts ? Ce sont les intéressantes questions que
M. Semichon s'est proposé de résoudre dans un remarquable ouvrage in
titulé : La Paix et la Trêve de Dieu A . ■
La Paix et la Trêve de Dieu sont deux faits qu'il faut se garder de con
fondre. Sous le nom de Paix de Dieu, on désigna cette sauvegarde, continue,
qui s'étendait à tout ce qui se présente avec un caractère sacré ou sans
moyen de défense aux églises, aux cimetières, aux couvents, aux clercs, aux
religieux, aux femmes, aux paysans. Par Trêve de Dieu, on entendait la dé
fense faite aux propriétaires de fiefs, à la classe guerroyante de ce temps-
là, de commettre aucune hostilité , à certains jours de la semaine, à cer-^
taines époques de l'année.
Ces définitions font comprendre que la Trêve de Dieu ne fut pas, comme
on le suppose assez généralement, un diminutif, une dégénérescence de la
1. Dans le même temps où M. Semichon publiait son livre, un savant allemand,
M. Kluckhohn, faisait paraître en Allemagne un ouvrage approfondi sur le même su
jet : Geschichte des Gottesfriedens. Il nous est connu1 par un excellent compte
rendu de M. Louis Binaut dans la Revue des Deux-Mondes, livraison du 15 sep
tembre 1857. 295
Paix de Dieu. C'est une institution qui s'applique à des objets distincts
bien qu'analogues, et qui fut destinée à compléter le système de défense
imaginé par l'Église contre le désordre des guerres privées.
Parlons d'abord de la Paix de Dieu, puisque c'est elle qui vient la pre
mière en date, et examinons ce qu'il y eut alors de nouveau dans la con
duite de l'Église. Ce ne fut assurément ni sa répulsion pour le sang et la
violence, ni sa vigilance à assurer le respect des personnes et des choses
consacrées à Dieu, ni sa sollicitude à protéger ceux que leur faiblesse ex
posait davantage à l'insulte et au mépris. Ces caractères lui avaient appar
tenu dans tous les temps; ils n'offrent rien de spécial à l'époque qui nous
occupe. Mais voici ce qu'on n'avait point encore remarqué. Jusqu'aiors, pour
faire prévaloir ses idées, l'Église n'avait eu recours qu'à son enseignement,
ou bien elle avait réclamé l'intervention du pouvoircentral, personnifié dans
un chef unique. Au dixième siècle, ce pouvoir n'était plus guère qu'un
souvenir, souvenir puissant, il est vrai, qui devait inspirer nos souverains
et préparer le retour à la centralisation et à l'unité monarchique. Eu atten
dant cette époque de réorganisation, l'Église, qui sentait la soc-été s'en
aller en dissolution, faute d'être gouvernée, prit un parti extrême. En
même temps qu'elle donna le plus grand développement à son autorité
spirituelle au moyen des interdits, elle chercha un appui dans une puis
sance nouvelle, dans la nation même. Tous furent compris son appel,
depuis les plus fiers seigneurs jusqu'aux plus humbles vassaux. Elle lia les
fidèles par le serment et en forma des associations impesantes, en état de
faire respecter la paix et les décisions de la justice.
Les conciles où il fut question de la Paix de Dieu, comme ceux de Char-
roux (989), Limoges (994), Poitiers (1000), Agri (1020), ne sont pas, remar
quons-le, de pures assemblées ecclésiastiques, mais des assemblées mixtes,
auxquelles les laïques, le peuple lui-même, sont appelés à prendre part.
Il s'agissait moins de délibérer que de proclamer solennellement le vœu du
pays, et de se conjurer pour la paix sur les saintes reliques et à la face de
l'Église. Cette nouveauté ne fut pas sans inspirer de l'inquiétude à quel
ques prélats. Gérard, évêque de Cambrai, sollicité par des collègues de
faire entrer son diocèse dans cette ligue, s'y refusa d'abord d'une manière
formelle; peut-être sentait-il dans la cité qu'il administrait autant comme
prince de l'empire que comme prélat de l'Église, s'annoncer déjà ces mou
vements populaires qui éclatèrent à plusieurs reprises, et finirent par ame
ner de vive force, sous l'un de ses successeurs, la concession d'une charte
de commune. « Vous prenez, « disait-il aux autres évêqùes, « un parti per-
« nicieux et inexécutable ; c'est tenter l'impossible et agir contre les con-
« venances que de revendiquer un droit qui n'appartient qu'au roi; c'est
« mettre la confusion dans la Sainte Église, qui, selon le précepte, doit
« être administrée par deux pouvoirs, la royauté et le sacerdoce. »
Les raisons qu'allégua l'évêque de Cambrai ne touchèrent personne, pas
même les^représentants de cette autorité civile dont il paraissait vouloir 296
défendre les intérêts. lis avaient conscience de leur impuissance ; ils déses
péraient de pouvoir jamais réprimer par eux-mêmes ce brigandage général
auquel la société était en proie. Aussi, loin de regarder ces associations de
la paix comme attentatoires à leurs droits, le roi et les grands feudataires
les favorisèrent-ils de tout leur pouvoir.
Au concile présidé par Gui, évêque du Puy, vers la fin du dixième
siècle, on signale la présence d'une foule de princes et de nobles. Le concile
de Poitiers fut convoqué par Guillaume, comte de Poitou ; un grand nombre
de seigneurs comparurent. Plus que tout autre, le bon roi Robert prit soin
de faire jurer la paix dans les provinces de son domaine. A cet effet, il
convoqua plusieurs assemblées à Ayri (diocèse d'Auxerre), à Verdun,
dans le comté de Châlon et dans divers endroits des pays de Beaune, Dijon
et Lyon.
Si les chefs de la féodalité se crurent intéressés à prêter leur concours à
ce mouvement, avec quelle faveur ne dut-il pas être accueilli par le peuple,
à qui il rendait un peu de sécurité et l'espoir d'une justice régulière!
Cet espoir ne fut pas trompé. La paix de Dieu dut avoir pour consé
quence immédiate une amélioration dans l'administration de la justice. <

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