La paraphrase entre la langue et le discours - article ; n°1 ; vol.53, pg 22-33
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Description

Langue française - Année 1982 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 22-33
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 73
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Fuchs
La paraphrase entre la langue et le discours
In: Langue française. N°53, 1982. pp. 22-33.
Citer ce document / Cite this document :
Fuchs Catherine. La paraphrase entre la langue et le discours. In: Langue française. N°53, 1982. pp. 22-33.
doi : 10.3406/lfr.1982.5113
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1982_num_53_1_5113Catherine Fuchs, C.N.R.S.
LA PARAPHRASE
ENTRE LA LANGUE ET LE DISCOURS
La paraphrase est constamment invoquée dans les travaux sur le lan
gage. Elle sert bien souvent de test ou de critère aux linguistes pour l'ét
ablissement de règles de grammaire. Et spontanément, tout le monde « sait »
ce qu'est la paraphrase. Pourtant, dès que l'on essaie de la caractériser
plus précisément, des difficultés surgissent, des contradictions apparaissent.
Chacun s'enferme alors dans sa théorie, et des conflits irréductibles opposent,
par exemple, linguistes et théoriciens du discours sur la « bonne » approche
du phénomène. Pourtant, tous ces points de vue demeurent partiels, et il
n'existe pas. à notre connaissance, de travaux qui essaient de faire le tour
de la question, de prendre la dimension d'ensemble du phénomène para-
phrastique. C'est l'esquisse d'une telle synthèse que nous proposerons ici.
en défendant l'idée que seule une approche globale du permet
de surmonter les contradictions dans lesquelles s'enferme nécessairement
toute approche partielle — nécessairement, car ces contradictions sont le
reflet d'une tension fondamentale, constitutive de l'activité de paraphrasage
elle-même.
1 . Approches linguistiques
et approches discursives de la paraphrase
Deux grands types d'approches de la paraphrase s'opposent dans les
travaux contemporains sur le langage : des approches purement linguis
tiques, qui visent à appréhender la paraphrase comme un phénomène inscrit
en langue, et des approches discursives, qui entendent l'aborder en tant que
phénomène inhérent au discours.
Précisons d'emblée deux points. Tout d'abord le caractère récent des
approches linguistiques de la paraphrase. Historiquement, en effet, ce n'est
pas la grammaire, mais la rhétorique (c'est-à-dire l'étude de la production
des. discours en situation) qui s'était attachée à de la paraphrase,
entendue comme technique de reformulation d'un texte-source de référence.
La synonymie de phrases (la paraphrase) relevait donc de la rhétorique, et
la de mots de la grammaire : cette dernière n'étudiait, au moins
de façon systématique et explicite, que la sémantique lexicale. Au sein même
22 de la linguistique, ce n'est qu'à date récente (il y a une vingtaine d'années)
que s'est manifesté un intérêt pour la paraphrase; cet intérêt s'alimente à
une triple source : le développement des recherches en matière de traitement
automatique du langage (pour lequel se pose de façon cruciale le problème
du repérage des formulations renvoyant à un même « contenu »), l'étude des
relations (d'abord syntaxiques, puis sémantiques) entre phrases, massive
ment lancée et développée par les grammaires transformationnelles (la para
phrase entre dans le domaine syntactico-sémantique à la suite de la notion
de transformation), et enfin l'élargissement des préoccupations sémantiques
des linguistes, qui ne se limitent plus au seul lexique (au mot), mais s'étendent
au niveau de l'énoncé, voire du texte entier.
Pourquoi un intérêt si tardif de la linguistique pour la paraphrase? Sans
doute le structuralisme a-t-il largement contribué à maintenir ce phénomène
hors du champ d'étude de la linguistique, soit en excluant purement et sim
plement tout ce qui touche au sens, soit en conservant le point de vue gram
matical traditionnel, qui limitait l'étude du sens au seul plan lexical.
La sémantique de la phrase était donc exclue de l'analyse linguistique.
Certains « marginaux » du structuralisme, comme Benveniste ou Guillaume,
ont bien essayé de s'attaquer à ce problème, mais leur position n'est pas
exempte d'une certaine ambiguïté. D'une part en effet ils entendent intégrer
au champ de la linguistique l'analyse de la sémantique de la phrase, mais
d'autre part ils n'envisagent cette intégration que sur le mode d'une annexion
de l'étude du « discours », venant se surajouter, tout en s'en distinguant, à
l'étude de la « langue ». Ainsi Benveniste décrit-il la transition entre les « deux
modes de signifiance » du « sémiotique » (étude du sens des signes en langue,
relevant, selon lui, de procédures structuralistes) et du « sémantique » (étude
du sens des phrases en discours, relevant de procédures énonciatives). Guil
laume, de son côté, parle du passage continu de la « langue » (plan des pos
sibles, du fini des règles, de la « puissance », c'est-à-dire des virtualités consti
tuées par les paradigmes lexicaux et grammaticaux) au « discours » (plan
des attestés, de l'infini des réalisations particulières, de l'« effet », c'est-à-dire
de l'actualisation syntagmatique des unités en contexte, au sein de l'énoncé).
Le champ de la linguistique ne se trouve donc pas à proprement parler reconf
iguré, mais seulement déplacé, de façon à ré-intégrer ce que le structura
lisme rejetait (un aspect de la « parole »); mais l'opposition demeure entre le
système abstrait et sa mise en œuvre par le sujet, entre la potentialité des
valeurs sémantiques multiples associées aux unités isolées (aux mots) et la
sélection de valeurs particulières, filtrées par le contexte en fonction d'une
certaine visée signifiante, entre la dimension paradigmatique des catégories
morpho-lexicales et la dimension syntagmatique de la construction de
l'énoncé; bref, sémantique lexicale et sémantique de l'énoncé continuent à
relever de deux plans distincts. Et l'on voit ici que le terme « discours » est à
entendre à la manière des linguistes (comme combinatoire d'unités de dimens
ion supérieure aux unités de la langue, donnant lieu à un type de séman-
tisme particulier, de nature contextuelle) et non à la manière des analystes
de discours (au sens où nous l'envisagerons plus bas).
C'est précisément cette opposition entre sémantique du mot et sémantique
de la phrase qui tend à être dépassée par les diverses sémantiques linguis
tiques formelles qui, depuis les grammaires transformationnelles, s'efforcent
d'étudier la sémantique de la phrase et les relations entre
phrases comme constitutives du système même de la langue.
La seconde précision liminaire concerne la non-homogénéité des
23 approches, tant linguistiques que discursives, de la paraphrase. Leur seul
point commun est de vouloir cerner la paraphrase soit comme phénomène
de langue, soit comme phénomène de discours. Mais ceci ne doit pas mas
quer la diversité (souvent conflictuelle) des partis pris théoriques et idéolo
giques : il n'y a pas une approche linguistique de la paraphrase, mais autant
d'approches linguistiques que de théories linguistiques s'intéressant au phé
nomène, et la même chose est vraie pour les approches discursives. Qui plus
est, ces approches s opposent entre elles non seulement dans leurs trait
ements théoriques du phénomène, mais dans les définitions mêmes qu'elles
donnent de la paraphrase.
Nous ne chercherons pas ici à détailler les diverses approches linguis
tiques et discursives de la paraphrase, à en caractériser les spécificités
propres. Pour une présentation des principales approches linguistiques,
nous renvoyons à notre thèse Paraphrase et théories du langage (1980, Uni
versité Paris VII), ainsi qu'à notre ouvrage La Paraphrase (1981, Paris,
P.U.F.); quant aux approches discursives, elles ressortent des divers travaux
consacrés aux analyses de discours, cf. en particulier les nombreux numéros
de la revue Langages portant' sur le discours.
Nous nous attacherons ici à essayer de préciser ce par quoi, globalement,
s'opposent approches linguistiques et approches discursives de la para
phrase.
Nous avo

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