La Patrenostre de Lombardie : désordre divin et désordre social - article ; n°4 ; vol.2, pg 148-165
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Description

Médiévales - Année 1983 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 148-165
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ilan Hirsch
La Patrenostre de Lombardie : désordre divin et désordre social
In: Médiévales, N°4, 1983. pp. 148-165.
Citer ce document / Cite this document :
Hirsch Ilan. La Patrenostre de Lombardie : désordre divin et désordre social. In: Médiévales, N°4, 1983. pp. 148-165.
doi : 10.3406/medi.1983.929
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1983_num_2_4_929Ilan HIRSCH
LA PATRENOSTRE DE LOMBARDIE :
DESORDRE DIVIN ET DÉSORDRE SOCIAL
Introduction.
Le Pater noster, prière particulièrement sainte puisqu'enseignée par le Christ
aux apôtres et à travers eux à la communauté des croyants, fut non seulement
très largement diffusée, mais également amplement traduite, commentée et
paraphasée à des fins didactiques et homilétiques dès le début de l'ère chré
tienne et tout au long des siècles médiévaux (1).
Parallèlement aux paraphrases « pieuses » latines et françaises, d'autres
farcitures, parodies et satires, se développaient sur — et à partir de - la struc
ture du Pater noster, reprenant les paroles sacrées en les intégrant dans un
contexte vernaculaire profane.
1. Le texte du Pater noster se trouve, sous deux formes légèrement différentes dans
Matthieu VI, 9-13 et Luc XI, 2-5. Pour une vaste bibliographie des travaux concernant
le Pater noster dans le domaine théologique, voir : J. CARMIGNAC, Recherches sur le
«Notre Père», Paris, 1969. Notons que c'est l'exégèse augustinienne sur le Pater {De
Sermone DomM in Mante, II, 4-23, Mfene, PL. XXXIV, cols. 1275-1308) qui a surtout
servi de modèle aux théologiens médiévaux, et que la plus ancienne traduction connue de
l'oraison dominicale en français est celle dite du psautier d'Eadwin, du nom du copiste de
l'abbaye de Christ Church de Canterbury qui l'exécuta vers 1120: S. BERGER, La Bible
française au moyen âge, étude sûr les pha anciennes versions de la Bible écrites en prose de
langue d'oïl, Paris, 1884, p. 23. Sur les commentaires et paraphrases, voir : A. LA*NGFORS,
« Les traductions et paraphrases du Pater en vers français du moyen âgé. Essai de biblio
graphie », Neuphilotogtsche Mtteihingen, XIV (1912), 35-45, et plus spécialement p. 37,
où Fauteur édite une Patrenostre ghiee du XlIIe s. (B.N, fr. 837, foL 172*°) illustrant
l'utilisation de la prière à des fins didactiques :
« D \tne oraison que sotons dire
Dirai k sens et la martre,
Qui moût est a icels obscure
Qui n 'entendent la letreûre... » (w. 7-10).
148 genre parodique et satirique, probablement inspiré par la littérature Ce
latine des Goliards du Xlle siècle (2) est lui-même hétérogène. On peut y
distinguer, selon une division à la fois thématique et chronologique, d'une part
des sujets d'inspiration burlesque et erotique, principalement au XlIIe siècle,
et d'autre part des sujets de caractère social et politique, à partir du XTVe
siècle (3).
Les textes proposés et édités en appendice illustrent une satire politique et
sociale du XlVe siècle. Ils sont donc complémentaires des quatre patenôtres du
XlIIe siècle traitant de sujets burlesques et moraux récemment présentées dans
un recueil consacré à la prière au moyen âge (4).
Après une brève présentation du poème, de ses héros et de leurs attributs,
nous analyserons les textes en comparant leur contenu, respectivement au
modèle du Pater (contestation du dés-ordre divin), puis au modèle de société
idéale tel qu'il découle du texte lui-même (contestation du dés-ordre social).
I. Les textes.
Deux versions de La Patrenostre de Lombardie sont connues à ce jour: A. :
Bibliothèque Sainte Geneviève, 792, fol. 1 2*°, et B. : Bibliothèque Nationale,
fr. 24 436, fol. 72-72v°. Ces deux versions différentes ont été publiées, la pre
mière en 1 896 par E.-G. LEDOS, puis en 1914 par E. ILVONEN, et la deuxième
également par ILVONEN, à la suite de la première (5). L'explicit du ms. A.,
qui fait partie d'un recueil d'origine française ayant appartenu au XVe siècle à
2. F. NOVATI, « La parodia sacra nelle letterature moderne », dans: Studi critici e
letterari, Torino, 1889, pp. 177-310; plus spécialement, cf. pp. 185-187.
3. La délimitation des domaines respectifs de la paraphrase pieuse et de la parodje du
Pater est équivoque : à quel genre rattacher, par exemple, les poésies morales ? A. LANG-
FORS, art. cit., 42-45, se fondant sur un critère d'appartenance de l'œuvre au type des
parodies « proprement dites » pour distinguer entre paraphrase et parodie, rattache ces
poésies, et même des satires politiques, au genre des paraphrases. V. LE CLERC consacre
à ces poésies morales un chapitre particulier: Histoire Littéraire de la France, XXIII
(1856), pp. 235-265. E. ILVONEN, Parodies de thèmes pieux dans la poésie française du
moyen âge, Pater, Credo, Ave Maria, Laetabundus, Paris, 1914, p. 37, classe certaines des
poésies morales dans la catégorie « poésies farcies à tendance politique ».
4. J. SUBRENAT, « Quatre Patrenostres parodiques », La Prière au Moyen Age
(- Séné fiance, X (1981)), pp. 515-547.
5. E.-G. LEDOS, « La Patenotre de Lombardie (1379) », Bibliothèque de l'Ecole de*
Charte», LVII (1896), 427430. ILVONEN, op. cit., pp. 159-160; 162-165 (ms. A.);
166-168 (ms. B.).
149 Nicolas (6), fournit une précieuse indication d'ordre chronologique: Michel
1379. Le ms. B., qui n'a ni titre ni explicit, n'est long que de 85 vers, alors que
A. en comporte 91. Le recueil dans lequel a été recopié B. provient de la bibli
othèque de l'abbaye Saint Victor de Paris (7).
L'auteur du poème nous est inconnu ; s'agit-il d'un clerc ? Peut-on inférer de
l'emploi dans la version A. d'une forme linguistique lorraine l'origine géogra
phique de l'auteur et localiser les événements décrits ? (8).
Le titre indiqué dans le ms. A., Patrenostre de Lombardie, n'a, au sens
propre, aucun rapport avec le contenu de l'œuvre. Il n'y est pas question des
« Lombards », mais des ravages exercés par les Compagnies pendant la guerre
de Cent ans. La Lombardie, comme le suggère ILVONEN, désignerait -elle, au
sens figuré « le pays d'où venaient non seulement les marchands lombards mais
tous ceux qui exploitaient et opprimaient le peuple » ? (9). Cette proposition
se fonde sur l'idée d'une évolution historique identique des champs sémant
iques respectifs de « lombard » et « Lombardie ». Or une telle évolution n'est
attestée que pour le mot « lombard » (10). La contradiction entre le titre du
poème et son contenu pourrait résulter d'une interpolation tardive de l'incipit
et de l'explicit « la Patrenostre de Lombardie » sur le manuscrit à partir duquel
A. a été recopié. A l'appui de cette hypothèse rappelons d'une part que le texte
A. n'a été transcrit qu'au XVe siècle sur une page restée en blanc du recueil (1 1),
6. Notice du ms. Ste Geneviève 792 à l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes.
Voir aussi la notice de KOHLER, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Ste Genev
iève, I, Paris, 1893, pp. 378-383.
7. Jehan la Masse, abbé de St Victor de 1^48 à sa mort en 1458, acheta ce volume en
1424, alors qu'il était prieur de l'abbaye: LANGFORS, « Notice du manuscrit français
24 436 de la B.N. », Romania. XLI (1912), 206-207.
8. Selon ILVONEN, op. cit., p. 165, n.: «Auleys [= ms A., v. 30] est une forme
lorraine pour allés ».
9. Ibid., pp. 160-161.
10. F. GODEFROY, Dictionnaire de l'ancienne langue française... du IXe au XVe
siècle, V, Paris, 1881 (Réimpr., N.Y., 1961), pp. 24-25, s.v. « Lombart » indique l'utilis
ation du mot comme substantif désignant les prêteurs à intérêts, les usuriers, et comme
adjectif, dans le sens de rapace, avide, dur. TOBLER-LOMMATZSCH, Altfranzôsisches
Wôrterbuch, V, Wiesbaden, 1963, col. 623, ajoutent à ces acceptions celles de changeur et
de lâche. DU CANGE, Glossarium Mediae et Infirme Latinitatis, IV, Paris, 1845. p. 26,
s.v. Langobardi, précise qu'il s'agit de marchands italiens, plus particulièrement ceux ayant
fréquenté la France, ainsi que des usuriers. W. v. WARTBURG, Franzôsisches Etymolo-

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