La pêche artinsanale en Tunisie. Évolution des techniques ancestrales - article ; n°1 ; vol.110, pg 61-80
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 61-80
Mohamed Salah Romdhane, La pêche artisanale en Tunisie. Évolution des techniques ancestrales, p. 61-80. Le long des côtes tunisiennes persiste une grande diversité de techniques de pêche traditionnelles. Ces méthodes artisanales s'intègrent aux coutumes locales. Elles se caractérisent par le choix d'espèces et de zones de prospection précises, et par des saisons déterminées. Notre recensement a concerné 11 techniques réparties en diverses catégories : pêche à pied, à la ligne, au filet, au piège. L'utilisation de ces techniques devient de plus en plus rare aujourd'hui. Elles sont menacées de disparaître sous l'effet conjugué de pressions multiples dont l'impact de la pêche industrielle sur les stocks, le moindre rendement par rapport aux techniques modernes, la concurrence des matériaux synthétiques et l'exode de la population maritime.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 92
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mohamed Salah Romdhane
La pêche artinsanale en Tunisie. Évolution des techniques
ancestrales
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 110, N°1. 1998. pp. 61-80.
Résumé
Mohamed Salah Romdhane, La pêche artisanale en Tunisie. Évolution des techniques ancestrales, p. 61-80.
Le long des côtes tunisiennes persiste une grande diversité de techniques de pêche traditionnelles. Ces méthodes artisanales
s'intègrent aux coutumes locales. Elles se caractérisent par le choix d'espèces et de zones de prospection précises, et par des
saisons déterminées. Notre recensement a concerné 11 techniques réparties en diverses catégories : pêche à pied, à la ligne, au
filet, au piège. L'utilisation de ces techniques devient de plus en plus rare aujourd'hui. Elles sont menacées de disparaître sous
l'effet conjugué de pressions multiples dont l'impact de la pêche industrielle sur les stocks, le moindre rendement par rapport aux
techniques modernes, la concurrence des matériaux synthétiques et l'exode de la population maritime.
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Romdhane Mohamed Salah. La pêche artinsanale en Tunisie. Évolution des techniques ancestrales. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 110, N°1. 1998. pp. 61-80.
doi : 10.3406/mefr.1998.2021
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1998_num_110_1_2021MOHAMED SALAH ROMDHANE
LA PÊCHE ARTISANALE EN TUNISIE
ÉVOLUTION DES TECHNIQUES ANCESTRALES
De par sa situation centrale, la Tunisie offre plus de 1 300 km de côtes
réparties entre le bassin occidental (450 km) et le bassin oriental (850 km)
de la Méditerranée. Les côtes est et sud, plus calmes et de relief plat,
semblent mieux s'adapter aux pratiques de pêche depuis les temps les plus
reculés; les côtes nord, plus stratégiques et au relief accidenté, ont servi
plutôt de comptoir maritime ou de rade militaire.
Les techniques de pêche pratiquées et les systèmes d'exploitation
adoptés le long des côtes sont différents, influencés de plus par la diversité
des espèces présentes (Chouba et al., 1996) et l'agglomération des pêcheurs
riverains; on distingue :
- les pêcheurs occasionnels : épervier, nasses;
- les traditionnels : filets et barques à rames (abris);
- les pêcheurs côtiers : filets, palangres et barques à moteur (port).
Les zones de pêche traditionnelle se trouvent ainsi réparties en 3 caté
gories : les lagunes, les sites abrités et les îles (Fig. 1).
Les lagunes
Les lagunes de Tunisie couvrent une superficie d'environ 110 000 ha.
Ces milieux présentent des caractéristiques hydrodynamiques, hydrobiolo
giques et d'exploitation différentes; on distingue les lagunes vastes et pro
fondes telles que Bou Grara, Bizerte et Biban, les de superficie et
de profondeur moyenne, telles que Ghar El Melh, Tunis, Ichkeul, et les pe
tites lagunes telles que Khniss, Hergla et Korba.
L'ensemble de ces lagunes fait l'objet d'une pêche traditionnelle basée
sur la migration des poissons. En parallèle avec les nasses et les filets, l'en
gin typique est la bordigue, mais cette technique relativement ancienne a
disparu dans certaines lagunes suite aux aménagements et évolution de ce
milieu (cas des pêcheries de Sidi Ahmed et de Sidi Ali El Mekki). Les ver-
veux (nasses à anguilles) ont évolué avec la valeur marchande des an-
MEFRA - 110 - 1998 - 1, p. 61-80. 62 MOHAMED SALAH ROMDHANE
Fig. 1 - Sites traditionnels de pêche en Tunisie. LA PÊCHE ARTISANALE EN TUNISIE 63
guilles : limités aux lacs de Tunis et Tinja, ils sont installés au cours des
dernières années aussi bien à Ghar El Melh, à Bizerte, qu'à Hergla.
La pêche lagunaire est basée d'une part sur l'usage des filets (épervier
et filets droits), d'autre part sur les pièges (bordigues et verveux); les lignes
et les hameçons sont rares (Tableau 1).
Tableau 1
LAGUNES ET ENGINS DE PÊCHE TRADITIONNELLE DE LA TUNISIE
Ligne Palangre Épervier Filets Verveux Bordigues
Lagunes
x" x" en déclin 1995 Ichkeul
x" x" x" disparue 1948 Bizerte
x" disparue 1973 Ghar El Melh
? en déclin 1995 Tunis
x" projetée en 1897 Korba
x* ? projetée en 1897 Hergla
x" disparue 1990 Khniss
Bou Grara
x^ fonctionnelle Biban
Les sites abrités
Le long des côtes, il existe une multitude de sites à l'abri des vents do
minants et fréquents du nord-ouest notamment (Romdhane 1993). Cette
condition nécessaire n'est pourtant pas suffisante pour l'instauration d'une
zone de pêche traditionnelle si le facteur humain n'est pas stable du fait de
la difficulté d'accès et/ou de l'absence d'activité parallèle telle que l'agri
culture. Ainsi ce sont les côtes sud et est, où le relief est plat et les agglomé- 64 MOHAMED SALAH ROMDHANE
rations urbaines fréquentes, qui représentent au mieux ce milieu. Ces
zones de pêche dont l'accès est facilité par la morphologie de la côte per
mettent la pratique de la pêche à pied ou au moyen de petites embarcat
ions. L'existence d'oueds dans ces sites favorise la présence de poissons
tels que les mugilidés. Les techniques artisanales recensées dans ces ré
gions varient de la pêche à pied jusqu'à la senne tournante avec une diver
sité plus forte au sud (Tableau 2).
Tableau 2
ENGINS DE PÊCHE TRADITIONNELS DES CÔTES TUNISIENNES
Pied Femelle Épervier Nasses Trémail Cherfia Sautade Sennes
x" Nord
x" x" x" Est * C)(2)
x" x" x" x* Sud * (3)
(') Senne à coryphène (2) Senne à mugilidés (3) Senne de plage.
Les îles
La Tunisie compte plus de 60 îles et îlots (Oueslati 1995), la plupart de
faible superficie. Seules les îles de Kerkna (150 km2) et de Jerba (514 km2)
hébergent des populations stables. Situées aux confins du golfe de Gabès,
ces deux îles bénéficient d'un marnage important et d'une houle relativ
ement faible. L'essentiel de la pêche artisanale du pays se pratique aux
abords de ces îles : pêche à pied, épervier, nasses, gargoulettes, cherfia,
zroub, sennes, etc.
Les techniques
Les techniques de pêche classées comme artisanales sont au nombre
de 11 réparties en 5 catégories. Ces techniques constituent des activités in
tégrées aux coutumes des riverains. Le terme artisanal ou traditionnel se LA PÊCHE ARTISANALE EN TUNISIE 65
réfère d'une part aux techniques ancestrales mentionnées (Trousset 1995),
d'autre part aux communautés des pêcheurs qui ne participent pas à une
pêcherie commerciale fondée sur des transactions monétaires (Scudder et
Conelly 1985).
Ces techniques sont orientées vers des espèces bien déterminées ou en
core des zones et des saisons précises. Elles sont devenues rares dans l'e
nsemble, et au sens strict elles sont considérées comme disparues, car ni les
formes ni les matériaux de fabrication traditionnels ne sont plus désormais
respectés, ainsi qu'en témoigne la cherfia qui persiste grâce aux poissons
de qualité qu'elle offre.
Massied (pêche à pied)
La pêche à pied est surtout développée dans la zone sud où le marnage
est important. Elle se pratique en général à l'aide de harpons ou foënes
(Fig. 2) pour les poulpes, les seiches et les soles; en hiver les mugilidés
moins actifs à cause du froid sont assommés à coups de fouet métallique.
Actuellement c'est la récolte des palourdes, au moyen de petites faucilles,
qui représente l'essentiel de cette pratique.
Fig. 2 - Lances et foënes utilisées pour la pêche à pied.
Antha (pêche à la femelle)
II s'agit de la pêche au mulet attiré par une femelle pêchée au préalable
dans une nasse. La femelle, attachée à un fil polyamide, est entraînée au
large provoquant un rassemblement de congénères qui seront pris à l'éper-
vier (Fig. 3). Cette technique continue à être employée localement au nord
du pays.
MEFRA 1998, 1 5 66 MOHAMED SALAH ROMDHANE
Fig. 3 - Pêche à la femelle (antha).
Khit et sonnar (lignes et palangres)
La pêche à la ligne est partout présente sur nos côtes. Les lignes à main
sont constituées d'un fil synthétique (monofilamen

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