La peinture aborigène moderne en Australie et ses liens avec la tradition ancienne - article ; n°2 ; vol.97, pg 171-181
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1993 - Volume 97 - Numéro 2 - Pages 171-181
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 98
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andréas Lommel
Odette Langer
La peinture aborigène moderne en Australie et ses liens avec la
tradition ancienne
In: Journal de la Société des océanistes. 97, 1993-2. pp. 171-181.
Citer ce document / Cite this document :
Lommel Andréas, Langer Odette. La peinture aborigène moderne en Australie et ses liens avec la tradition ancienne. In: Journal
de la Société des océanistes. 97, 1993-2. pp. 171-181.
doi : 10.3406/jso.1993.2931
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1993_num_97_2_2931La peinture aborigène moderne en Australie
et ses liens avec la tradition ancienne
par
Andreas LOMMEL *
Andreas Lommel a dirigé de 1957 à 1977 le Staatliches Museum fur Vôlkerkunde de Munich.
Il a fait ses études dans cette ville, puis a été l'élève de Léo Frobenius à Francfort.
Il a fait deux longs séjours d'étude en Australie, principalement dans le nord-ouest du pays,
une première fois en 1937, puis en 1955. Il était alors accompagné de sa femme, Katharina
Lommel, une artiste confirmée qui avait elle aussi travaillé avec Léo Frobenius, effectuant
pour lui des relevés de peintures rupestres en Afrique du Nord et en Espagne. Elle accomplit
le même travail en Australie pour le compte du musée de Munich.
En 1955, Andreas Lommel retrouva quelques-uns des aborigènes avec lesquels il avait tra
vaillé lors de sa première mission. Entre temps, ceux-ci avaient complètement changé. Ils avaient
oublié leurs mythes, leurs traditions et, d'hommes conscients de leur valeur étaient devenus
dépendants. Les observations recueillies sur leur évolution forment le thème de l'ouvrage publié
par A. Lommel sous le titre : Fortschritt ins Nichts. Die Modernisierung der Primitiven Aust
raliens. Beschreibung und Definition eines psychischen Verfalls (Progrès dans le Néant. Les
aborigènes australiens dans le monde moderne. Description et définition d'une dégradation
psychique), Zurich, 1969. Cet ouvrage a suscité de vives discussions (voir à ce sujet Current
Anthropology, Vol. 14, n° 4, octobre 1973).
L'art aborigène moderne connaît actuell
ement en Australie une vogue inattendue. Clif
ford Possum, un peintre australien, a souli
gné récemment à Alice Springs l'importance
de cette activité artistique sur le plan écono
mique. Lui-même vend ses tableaux 800 dol
lars australiens pièce les grands formats, un
prix qualifié de modeste. Elle est bien loin,
l'époque où l'on pouvait encore obtenir auprès
des indigènes un morceau d'écorce peinte con
tre un peu de tabac à chiquer. Possum estime
qu'il se vend chaque année pour environ 6
millions de dollars australiens d'œuvres d'art
dans le territoire d'Arnhem, au nord du pays,
et pour 100 millions de dollars dans toute Figure A. — Carte de l'Australie. Les signes noirs en l'Australie. Ces sommes correspondent aux forme de coins indiquent l'influence des motifs du nord estimations que l'on peut faire dans les diver de l'Australie sur toutes les représentations anthropo
ses galeries ou dans les musées d'Australie ou morphes, jusque dans le sud.
On retrouve aussi le motif des arcs entrelacés. Les encore, depuis peu, à l'occasion des grandes
hachures en losange à l'ouest, à l'est et au nord montexpositions itinérantes présentées en Amérique rent la répartition de ce motif. et en Europe. Dans le coin supérieur gauche une sorte de méandre, pro
En dehors de son rôle économique, on ne bablement d'inspiration chinoise. On retrouve ce même
doit pas non plus sous-estimer l'importance de motif sur les coquilles perlières gravées dans cette région.
*. Traduction de Odette Langer. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 172
cette .peinture sur le plan culturel. Les artis centres artistiques du Nord sont Milimgimbi
tes indigènes tentent par leurs œuvres de et Yirkalla.
renouer avec leur tradition artistique et mythi L'art du Centre est totalement différent. On
que. Le peintre Jimmy Pike qui a commencé ne trouvait à l'origine dans cette région aucune
à peindre en prison, sous l'œil bienveillant des forme d'art proprement dite, à l'exception des
gardiens, raconte que, pour survivre, l'activité peintures ornant le corps des danseurs et des
artistique lui était indispensable afin de ratta acteurs à l'occasion des grandes fêtes. Sans
cher sa vie à la tradition de ses ancêtres. sous-estimer cette forme d'expression, on cons
tate cependant qu'elle se compose d'un nombAinsi l'art moderne des aborigènes peut être
re limité de motifs, cercles ou lignes ondulconsidéré comme une tentative d'intégration
ées en forme de serpents, que l'on retrouve au monde moderne sans perte des traditions.
également sur les tablettes sacrées. En même temps, ces artistes ont également
Les Blancs se sont longtemps refusés à qualréussi à transposer dans l'art moderne ou dans
ifier d'art ce genre de décorations. On hésite le style occidental leurs motifs anciens. On
à appliquer ce terme à de simples traits ou reconnaît ceux-ci sur les billets de banque, des
lignes verticales entrecoupées de lignes horiserviettes de toilette ou autres articles usuels...
zontales. Mais ces motifs, pour élémentaires Il fallut un long combat pour obtenir enfin qu'ils soient, forment un code en rapport avec que les artistes noirs touchent des droits un contenu mythique transmis ainsi aux inid'auteur sur leurs œuvres. Aujourd'hui, l'art tiés, ce qui permet de les considérer comme des aborigènes noirs a conquis en Australie une forme d'art. une reconnaissance solidement établie. Dans le centre du pays, ces motifs n'ont pas
évolué sur le plan esthétique. D'après des
observations effectuées par des missionnaires,
les indigènes les reproduisaient d'abord sur
L'art moderne s'est développé à partir de écorces puis ultérieurement sur papier pour les
deux centres géographiquement très éloignés intégrer aujourd'hui dans leur style artistique
l'un de l'autre et s'est par conséquent nourri courant. On rencontre des peintres modernes
de traditions différentes. On distingue ainsi principalement à Lajamanu, Yuendumu et
l'art du Centre et celui du Nord, plus préc Papunya.
isément de la terre d'Arnhem. Ce dernier se À première vue, les motifs caractéristiques
fonde sur une ancienne tradition de peinture de l'Australie centrale semblent composés sur
sur écorce. Dans le Nord, les indigènes tout de cercles concentriques et de spirales. À
ornaient de peintures les morceaux d'écorce côté de ces formes dominantes on en trouve
dont ils se servaient pour construire leurs hut quelques autres, de moindre importance, qui
pourraient cependant avoir joué dans le passé tes. Il ne reste que peu d'exemples de cette
ancienne production. Aujourd'hui, les deux un rôle plus significatif.
Illustration non autorisée à la diffusion
Figure 1. — Tablette sacrée, Australie centrale. La décoration se compose de cercles concentriques réunis par des
traits, motifs typiques de l'art de cette région. Western Australian Museum, Perth. Longueur 73 cm (détail). Copie
par Katharina Lommel.
mmmm
Illustration non autorisée à la diffusion
Figure Museum, 2. Perth. — Tablette Copie sacrée par Katharina ouest australien. Lommel. Coupe (détail). Traits angulaires caractéristiques. Western Australian PEINTURE ABORIGÈNE MODERNE 173
Ces cercles concentriques et ces spirales, de la vie. Les lignes en zigzag évoquent l'eau,
devenus aujourd'hui des poncifs, pourraient les éclairs, les serpents, c'est-à-dire le monde
n'être que les résidus d'un art plus ancien primitif des ancêtres.
ayant peut-être connu une forme d'expression En Australie centrale, les récits mythiques
plus libre. se terminent fréquemment par la disparition
Les motifs, peu nombreux, étaient toujours sous terre du personnage de l'ancêtre, à moins
reproduits sur une surface de pierre ou de que celui-ci ne soit transformé en pierre. Cette
bois, parfois aussi dessinés sur le sol. Les pétrification de l'être traduit dans les mythes
tablettes sacrées jouent un rôle important dans le sentiment qu'ont les aborigènes d'un pro
la tradition des aborigènes. Il s'agit de très cessus semblable subi par leur culture.
longues planches, pouvant atteindre jusqu'à
* 3 mètres, ornées de décors soigneusement * *
sculpt

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