La pisciculture dans le monde grec. État de la question - article ; n°1 ; vol.111, pg 37-50
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 37-50
Sophie Collin Bouffier, La pisciculture dans le monde grec. État de la question, p. 37-50. On cherche souvent les filiations entre pratiques grecques et romaines : ainsi quel rôle a pu jouer le monde grec, et plus particulièrement l'Occident dans la diffusion de la pisciculture? Le présent article reprend les témoignages de cette activité économique et fait un bilan sur l'existence et l'importance de l'élevage des poissons chez les Grecs des époques archaïque et classique. Si l'on a pu pratiquer la pisciculture dans le cadre de certains cultes périphériques, il semble que les Grecs se soient contentés d'exploiter leurs ressources maritimes, voire lagunaires, suffisantes pour satisfaire les goûts culinaires d'une minorité.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sophie Collin-Bouffier
La pisciculture dans le monde grec. État de la question
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 111, N°1. 1999. pp. 37-50.
Résumé
Sophie Collin Bouffier, La pisciculture dans le monde grec. État de la question, p. 37-50.
On cherche souvent les filiations entre pratiques grecques et romaines : ainsi quel rôle a pu jouer le monde grec, et plus
particulièrement l'Occident dans la diffusion de la pisciculture? Le présent article reprend les témoignages de cette activité
économique et fait un bilan sur l'existence et l'importance de l'élevage des poissons chez les Grecs des époques archaïque et
classique. Si l'on a pu pratiquer la pisciculture dans le cadre de certains cultes périphériques, il semble que les Grecs se soient
contentés d'exploiter leurs ressources maritimes, voire lagunaires, suffisantes pour satisfaire les goûts culinaires d'une minorité.
Citer ce document / Cite this document :
Collin-Bouffier Sophie. La pisciculture dans le monde grec. État de la question. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Antiquité T. 111, N°1. 1999. pp. 37-50.
doi : 10.3406/mefr.1999.2067
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1999_num_111_1_2067SOPHIE COLLIN BOUFFIER
LA PISCICULTURE DANS LE MONDE GREC
ÉTAT DE LA QUESTION
On nourrit à la main les poissons dans plusieurs villas impériales; mais
cela, les anciens l'ont rapporté pour l'avoir admiré dans les étangs naturels,
non dans les viviers1.
Au Ier siècle, Pline l'Ancien semble attribuer les origines de la pisci
culture aux Romains, mais dans la tradition historiographique qui cherche
les filiations entre la Grèce et Rome, on s'est évidemment interrogé sur les
voies de pénétration privilégiées que représentent la Sicile et la Grande
Grèce. Les Romains ont-ils emprunté cette pratique aux Grecs? Ont-ils pui
sé ailleurs, en particulier dans les palais orientaux ou égyptiens, les él
éments de cette mode qui touche l'aristocratie au Ier siècle avant notre ère?
Ou sont-ils eux-mêmes responsables de l'essor de la pisciculture, qui nécess
ite progrès épistémologique et innovations technologiques? Pour prati
quer un véritable élevage, il faut, en effet, maîtriser un certain nombre de
données, milieu naturel, ou alimentation, qui varient en fonction des es
pèces, ou surtout phénomènes de reproduction. À partir de quand connaît-
on le frai? Dans quelles conditions a-t-on su le stimuler? Et si les Grecs ont
élevé des poissons, l'ont-ils fait pour remédier à la pénurie piscicole des sai
sons inaptes à la pêche? Ou pour répondre aux besoins de populations qui
n'avaient pas accès à la mer? Ont-ils développé de simples bassins d'agré
ment, qui répondraient à une certaine idéologie culturelle, voire politique?
En avaient-ils besoin dans certains cultes? On lit çà et là que les Grecs util
isaient des fontaines ou des bassins sacrés pour entretenir des poissons
1 Pline l'Ancien donne ensuite une série d'exemples : «E manu vescuntur pisces
in pluribus quidem Caesaris villis, sed, quae veteres prodidere in stagnis, non piscinis,
admirati, in Heloro Siciliae castello non procul Syracusis, item in Labrayndi Iovis
fonte anguillae et inaures additas gerunt, similiter in Chio iuxta Senum delubrum, in
Mesopotamiae quoque fonte Chabura, de quo diximus pisces». Il cite également les
poissons de la fontaine d'Apollon à Myra, en Lycie, et du lac de Vénus à Hiéropolis
(XXXVII, 2) : cf. infra, p. 43.
MEFRA - 111 - 1999 - 1, p. 37-50. SOPHIE COLLIN BOUFFIER 38
consacrés à différentes divinités, en particulier en Grèce de l'Est2. Mais
l'historiographie ne s'est guère intéressée, faute de témoignages antiques, à
la pisciculture dans le monde grec. G. Lafaye, dans une première synthèse
pour le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines*, affirme, à partir
de textes d'Aristote et de Diodore de Sicile, que la pisciculture est peu r
épandue chez les Grecs, à l'exception de l'élevage des anguilles en Béotie et
en Thrace. Il ajoute : «Mais déjà on avait fait beaucoup mieux en Sicile dès
le commencement du Ve siècle», et de citer l'exemple de la kolymbethra
d'Agrigente, sur lequel je reviendrai. K. Schneider suggère également que
les viviers à poissons artificiels étaient connus des Grecs, mais surtout r
épandus en Egypte4. Enfin J. Dumont, dans une thèse sur la pêche ma
lheureusement inédite5, confirme ce panorama général : la pisciculture,
pourtant connue des Grecs, ne s'est développée qu'avec les Romains à part
ir du IIe siècle av. J.-C. Peut-on aller plus loin aujourd'hui? Les textes géné
ralement utilisés pour affirmer l'existence, sinon la pratique régulière de la
pisciculture par les Grecs, sont-ils réellement fiables? Ma contribution s'a
ttachera à reprendre ces témoignages que les auteurs, dans une optique ro
maine, citent généralement sans les analyser; et à m'interroger sur la réali
té et la signification d'une pisciculture dans le monde grec. Les données ar
chéologiques nous permettent-elles d'approfondir le dossier?
Il faut d'abord éclaircir les problèmes de vocabulaire. Si la langue fran
çaise a emprunté le terme de pisciculture à un radical latin, le Grec ne
connaît de mot équivalent qu'à partir de l'époque hellénistique : on voit ap
paraître ΐχθυοτροφεΐον ou ΐχθυοτρόφιον dans les textes épigraphiques et li
ttéraires. Moschion, dans sa description de la Syracosia, navire géant
commandé par Hiéron II à Archimède au IIIe siècle av. J.-C, affirme la pré
sence d'un vivier à poissons, installé à proximité des écuries et des dépen
dances nécessaires aux chevaux (nourriture et matériel), et imperméabilis
é, comme le reste du navire, par des plaques de plomb apposées sur du
bois; il s'agit ici d'une réserve d'eau de mer ponctuelle6, dans laquelle on
2 Parmi les ouvrages les plus récents, J. Higginbotham, Piscinae. Artificial fis
hponds in Roman Italy, Chapell Hill-Londres, 1997, p. 3-4; L. Giacopini, Β. Β. Mar-
chesini et L. Rustico, L'itticoltura nell'Antichità, Rome, 1994, p. 2-4.
3 Piscatio, piscina, in C. Darembert et E. Saglio (dir.), DAGR, Paris, 1907 [1963],
p. 489-494; Vivarium, ibid., 1919 [1963], p. 957-962.
4 RE, XX-2, 1950, p. 1784-1790.
5 Halieutika, Paris, 1981, p. 1250-1252.
6 Moschn., ap. Ath., V, 206d-209b : «παρά δε ταύτην κατεσκεύαστο δια μολιβδώ-
ματος και σανίδων κλενστον ΐχθυοτροφεΐον τούτο δ' ην πλήρες θαλάττης, έν φ πολλοί
ίχθύες [ευ] έτρέφοντο», apud L. Casson, dans Ships and Seamanship in the Ancient
World, Princeton, 1971, p. 190-199; sur le vivier à proprement parler, la traduction LA PISCICULTURE DANS LE MONDE GREC 39
élève des poissons. Il est évident que le contexte est ici extraordinaire :
symbole de la mégalomanie hiéronienne, ce navire était si perfectionné et
de dimensions si imposantes qu'aucun port ne pouvait l'accueillir et que
son seul voyage le mena à Alexandrie où il servit de prototype aux ingé
nieurs alexandrins. On a même longtemps douté de son existence7. On peut
bien sûr s'interroger sur la fonction réelle de ce bassin : la cargaison de
poisson était-elle destinée à nourrir l'équipage, qu'il faut estimer à environ
huit cents hommes ? Mais le poisson passe pour un mets fort cher, et l'offrir
aux marins apparaît comme le signe d'une prospérité démesurée. Ce serait
alors l'un des derniers témoignages de cette tryphé des Grecs d'Occident,
qui frappait les censeurs des Ve et IVe siècles8, mais ne surprenait plus per
sonne à l'époque hellénistique. Ou faisait-il partie des produits d'exportat
ion, au même titre que le blé? Moschion ajoute que le bateau chargea
soixante mille mesures de grains, dix mille vases de salaisons de Sicile,
vingt mille talents de laine et vingt mille talents de marchandises diverses.
Poisson frais et poisson séché sont probablement les deux volets complé
mentaires d'une même activité économique. Il reste à déterminer s'il s'agit
de poisson élevé ou simplement péché dans des mers qui passent pour par
ticulièrement poissonneuses9.
De même, Diodore de Sicile, et dans son sillage Athénée, appliquent le
ter

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