La place de la Révolution Française dans la politisation des paysans - article ; n°1 ; vol.280, pg 135-149
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1990 - Volume 280 - Numéro 1 - Pages 135-149
The author examines the controversial question of the part played by the French Revolution in the awakening of French peasants to modern politics; Eugen Weber and others have questioned the role of the Revolution and set this awakening much later under the Third Republic. In Melvin Edelstein's view, on the contrary, the peasants' political participation was far from négligeable and he bases his view on an analysis of the degree of peasant participation in local and national elections mainly between 1789 and 1793. The research done up to now on nearly twenty departments indicate that these percentages were often higher than was previously asserted, and especially that these results refute two generally accepted ideas: the backwardness of the South and the West considered to be under-developed compared to a more politically aware north-eastern France and the idea that the superiority of the degree of urban participation compared to that of rural areas: more generally, it was the opposite which took place. The First Empire plebescite votes confirm that a real apprenticeship concerning national questions went on during the French Revolution.
L'auteur aborde le problème controversé du rôle de la Révolution dans la découverte de la politique moderne par les paysans, que des chercheurs comme Eugen Weber contestent en la plaçant beaucoup plus tardivement, sous la Troisième République. Il lui apparaît au contraire que l'engagement paysan est loin d'être négligeable et il s'appuie sur une analyse des taux de participation électorale dans les scrutins locaux et nationaux entre 1789 et 1793 principalement. Les études menées à ce jour sur près de vingt départements indiquent que ces taux sont souvent plus élevés qu'on ne l'a affirmé, et surtout qu'ils démentent deux idées reçues : celle du retard du Midi et de l'Ouest « sous-développés » par rapport à une France du Nord- Est plus éveillée, celle de la supériorité des taux de participation urbains par rapport à ceux de la campagne : c'est l'inverse qui se produit généralement. Les scrutins- plébiscites du Ier Empire confirment qu'un apprentissage réel au problèmes nationaux a bien été réalisé durant la Révolution.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Melvin Edelstein
Michel Vovelle
La place de la Révolution Française dans la politisation des
paysans
In: Annales historiques de la Révolution française. N°280, 1990. pp. 135-149.
Citer ce document / Cite this document :
Edelstein Melvin, Vovelle Michel. La place de la Révolution Française dans la politisation des paysans. In: Annales historiques
de la Révolution française. N°280, 1990. pp. 135-149.
doi : 10.3406/ahrf.1990.1319
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1990_num_280_1_1319Abstract
The author examines the controversial question of the part played by the French Revolution in the
awakening of French peasants to modern politics; Eugen Weber and others have questioned the role of
the Revolution and set this awakening much later under the Third Republic. In Melvin Edelstein's view,
on the contrary, the peasants' political participation was far from négligeable and he bases his view on
an analysis of the degree of peasant in local and national elections mainly between 1789
and 1793. The research done up to now on nearly twenty departments indicate that these percentages
were often higher than was previously asserted, and especially that these results refute two generally
accepted ideas: the backwardness of the South and the West considered to be "under-developed"
compared to a more politically aware north-eastern France and the idea that the superiority of the
degree of urban participation compared to that of rural areas: more generally, it was the opposite which
took place. The First Empire plebescite votes confirm that a real apprenticeship concerning national
questions went on during the French Revolution.
Résumé
L'auteur aborde le problème controversé du rôle de la Révolution dans la découverte de la politique
moderne par les paysans, que des chercheurs comme Eugen Weber contestent en la plaçant beaucoup
plus tardivement, sous la Troisième République. Il lui apparaît au contraire que l'engagement paysan
est loin d'être négligeable et il s'appuie sur une analyse des taux de participation électorale dans les
scrutins locaux et nationaux entre 1789 et 1793 principalement. Les études menées à ce jour sur près
de vingt départements indiquent que ces taux sont souvent plus élevés qu'on ne l'a affirmé, et surtout
qu'ils démentent deux idées reçues : celle du retard du Midi et de l'Ouest « sous-développés » par
rapport à une France du Nord- Est plus éveillée, celle de la supériorité des taux de participation urbains
par rapport à ceux de la campagne : c'est l'inverse qui se produit généralement. Les scrutins-
plébiscites du Ier Empire confirment qu'un apprentissage réel au problèmes nationaux a bien été réalisé
durant la Révolution.LA PLACE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
DANS LA POLITISATION DES PAYSANS
L'ouvrage d'Eugen Weber Peasants into Frenchmen a suscité un débat
animé sur le point de savoir quand, comment et jusqu'à quel point, les
paysans français ont découvert la politique. Cette controverse touche les
origines de la démocratie en France. Weber affirme avec insistance que la
politisation paysanne dans les régions rurales « sous-développées » de
l'Ouest, du Centre et du Midi, ne se produit pas avant les premières années
de la Troisième République. Avant les années 1880, la politique y demeure
affaire d'intérêts locaux et de relations personnelles, alors que la politique
au sens moderne est nationale, et à fondements idéologiques. L'isolement
économique et culturel a empêché les paysans de s'engager politiquement
parce qu'ils n'appréciaient pas l'impact des événements nationaux sur leur
vie. Si nous suivons Weber « La transition de la politique locale traditionnell
e à la politique moderne à caractère national s'inscrivit lorsque les
individus et les groupes évoluèrent de l'indifférence à la participation parce
qu'ils ont perçu qu'ils appartenaient à la Nation» (1). Lorsque les chemins
de fer, les routes, les écoles, la conscription, l'économie de marché et la
presse de grande diffusion ont mis fin à leur isolement, les paysans furent
intégrés à la Nation. Selon un processus qui peut être comparé à une
« colonisation », les villes réussirent à assimiler la paysannerie à la culture
dominante.
Weber rejette l'idée que la Révolution opère le passage du paysan au
citoyen. A l'inverse, il concentre ses attaques sur les historiens de la
Seconde République qui affirment que la «prise de conscience politique»
des paysans s'inscrit entre 1848 et 1852 (2).
(1) Eugen Weber, Peasants into Frenchmen : The Modernization of Rural France, 1870-1914
(Stanford, 1976), p. 242.
(2) Eugen Weber, « The Second Republic, Politics, and the Peasant », French Historical Studies 1 1
(1980), 521-550 ; Eugen Weber, « Comment la Politique Vint aux Paysans : A Second Look at Peasant
Politicization», A.H.R. 87 (1982), 357-389. MELVIN EDELSTEIN 136
Un certain nombre d'historiens s'inscrivent en faux contre l'évaluation
négative de Weber du rôle de la Révolution dans la politisation paysanne.
S 'interrogeant sur le degré d'isolement et d'autarcie de la France rurale au
XVIIIe siècle, Charles Tilly place durant la révolution le tournant qui mène à
la découverte de la politique nationale (3). Jean-Pierre Jessenne, de son
côté, est en désaccord avec la périodisation proposée par Weber pour la
politisation paysanne. Bien que les paysans n'aient pas semblé prendre
grand intérêt aux problèmes nationaux, ils étaient, nous dit-il, fortement
attachés à leur «self government» communal, et au droit de choisir les
administrateurs dans leur propre milieu (4). Pour sa part, Peter Jones
semble d'accord avec Weber sur la conclusion que la politique « moderne »
n'a pas touché les paysans du Sud du Massif Central avant les années 1880.
Il commente cette appréciation en affirmant que les historiens de la
Seconde République surestiment le rôle de la Révolution dans l'apprentissa
ge de la démocratie chez les paysans. Dans un récent ouvrage, s'il
remarque qu'à la suite de la Révolution un nombre croissant de paysans fut
impliqué dans l'administration locale, il reste sceptique pour en conclure à
un accroissement appréciable de la prise de conscience politique (5).
Je suis d'accord à la fois avec Tilly et Jessenne. J'ai défendu la thèse
que la Révolution française est à l'origine de l'apprentissage de la
citoyenneté par les paysans et qu'elle l'a accéléré (6). Je concède également
à Jones que les historiens de la Seconde République ont tendance à
surestimer le rôle de la Révolution comme point de départ de la politisation
paysanne.
Une partie du malentendu dans le débat sur la politisation paysanne
réside dans ce que l'on entend par « politique ». Pour Weber, la politique
signifie la conscience que les problèmes nationaux sont aussi importants
que ceux de la communauté locale (7). Ma définition de la politique est la
possiblité donnée aux gens de participer ou d'influencer les décisions qui
s'inscrivent dans la sphère publique. La participation politique renvoie à ces
(3) Charles Tilly, « Did the Cake of Custom Break ?» in Consciousness and Class Experience in
Nineteenth-Century Europe éd. par John Merriman (N.Y., 1979), p. 19; Charles Tilly, Louise Tilly et
Richard Tilly, The Rebellious Century, 1830-1930 (Cambridge, Mass., 1975), pp. 26-29.
(4) Jean-Pierre Jessenne, Pouvoir au Village et Révolution : Artois, 1760-1848 (Lille, 1987),
p. 247 ; Jean-Pierre Jessenne, « Continuités et Ruptures dans la Détention des Fonctions Locales en Artois
(1789-1800)», in La Révolution Française et le Monde Rural. Actes du Colloque tenu en Sorbonne les
23, 24, 25 octobre 1987 (Paris, 1989), p. 400.
(5) Peter Jones, Politics and Rural Society : The southern Massif Central, c. 1750-1880
(Cambridge, 1985); Peter Jones, The Peasantry in the French Revolution (Cambridge, 1988), pp. 207-
208.
(6) Melvin Edelstein, «La Feuille villageoise and Rural Political Modernization», Studies on
Voltaire and the Eighteenth Century (à paraître); Melvin Edelstein, «L'Apprentissage de la
Citoyenneté : Participation Électorale des Campagnards et Citadins (1789-93)», dans L'Image de la
Révolution Française. Communicat

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