La position de la femme en Asie Centrale - article ; n°1 ; vol.2, pg 129-162
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1976 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 129-162
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

T. David
La position de la femme en Asie Centrale
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 2, 1976. pp. 129-162.
Citer ce document / Cite this document :
David T. La position de la femme en Asie Centrale. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 2, 1976. pp. 129-162.
doi : 10.3406/dha.1976.2740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1976_num_2_1_2740POSITION DE LA FEMME EN ASIE CENTRALE LA
Au cours des dernières décennies, l'histoire des populations de l'Asie
Centrale durant l'Antiquité a été considérablement renouvelée par les découv
ertes et les travaux des archéologues soviétiques, entre autres, qui ont
confirmé ou contredit les sources antiques ou les exégèses modernes, en tout
cas des témoignages reconnus comme scientifiques et considérés à ce titre
comme garantis (1).
Plus récemment, elle a été illustrée par diverses expositions consacrées
en partie ou totalement à l'art des peuples nomades qui parcoururent la
steppe eurasiatique de la Pontide aux confins du monde chinois, dans la
1ère moitié du 1er millénaire avant notre ère et pendant l'ère chrétienne
jusqu'au Moyen Age avancé (Carte 1) (2).
Entre ces peuplades, une parenté originelle, avant tout prouvée par la
linguistique, probablement iranienne, semble renforcée, en outre, par l'adop
tion d'un mode de vie commun, par des coutumes, des croyances et par
l'usage d'objets spécifiques de caractère utilitaire ou artistique (3) : c'est ce
que révèle, à l'appui des écrits des Anciens et des inscriptions solidaires ou
non des représentations dans l'art achéménide en particulier, le riche mobilier
découvert dans les tombes de ces nomades partiels, temporaires ou définitifs,
essentiellement localisés en Europe orientale, en Sibérie méridionale et au
centre de l'Asie.
Mais cette triade «scythique» - selon l'expression consacrée par les
archéologues soviétiques à l'armement, au harnachement et à l'art animalier
commun aux peuples de la steppe (4) -, loin de permettre un rapprochement
absolu entre adeptes du nomadisme, autorise, au contraire, à noter les diver
gences culturelles d'abord signalées par Hérodote, et qu'approfondissent les
trouvailles, les hypothèses et aussi les divergences entre les savants sovié
tiques qui tendent de plus en plus à les distinguer (5).
Dans cette perspective, il semble que la position de la femme en Asie
Centrale, la femme nomade en particulier, soit un argument privilégié pour
aider à mieux comprendre l'existence propre de ces peuples et la réalité
spécifique de leur histoire, car l'ensemble des témoignages écrits et figurés,
matériels et artistiques concordent pour attester, semble-t-il, son rôle consi
dérable en certains cas, mais surtout caractéristique dans la vie économique,
sociale, religieuse et parfois politique de ce monde complexe, un mais divers
ifié. Conscient de ce phénomène, le géographe Pomponius Mela (De situ
orbis, I, 19), au 1er siècle de notre ère, mentionnait ainsi le peuple des Sauro-
mates : «Una gens, aliquot populi et aliquot nomina». Ceux-ci en effet,
fixés au Vie siècle avant notre ère «près des rives du Tanaïs (Don) et sur les
territoires avoisinants» , étaient pour les Anciens des nomades d'Asie, dis
tincts, par exemple, des Scythes de la Pontide en partie sédentaires (Héro
dote, Histoires, IV, 21, 57, 116). Leur fragmentation s'effectue au tournant
des Vè-IVè siècles avant notre ère quand ils passent sur la rive droite du
fleuve. Ils changent alors de nom :mais Sauromates (grec) et Sarmates (latin)
sont à l'origine identiques (6).
Quel crédit accorder aux témoignages des Anciens, des Grecs en l'occur- 130 T. DAVID
rence, dont la société patriarcale, à l'exception de Sparte, admettait
difficilement qu'un rôle actif ou officiel soit dévolu à la femme en dehors
du gynécée (7) ?
Hérodote, Grec d'Ionie, sympathisant aux Barbares (8), décrit de façon
particulièrement révélatrice, avec souci du pittoresque mais non sans malice,
l'origine et les mœurs du peuple des Sauromates, alliés des Scythes leurs
voisins, contre les entreprises de Darius 1er au Nord de la mer Noire, en 514
avant notre ère : issus des Scythes et des Amazones Oiorpata-nom qui, selon
l'historien, signifie «meurtrières d'hommes», l'équivalent du grec «androkto-
noi» (9) -, les premiers Sauromates, sur le conseil de leurs femmes, vont vivre
en dehors du territoire de leurs pères après avoir perçu leur part de biens
patrimoniaux ; et, fait original, tant pour un Grec que par rapport aux
Scythes, l'auteur note, outre l'importance et l'autonomie de l'élément fémi
nin, la nouveauté de son rôle et de sa position dans le cadre même d'une
société de pasteurs nomades, également chasseurs et guerriers, éventuellement
possesseurs de biens, société d'ailleurs hiérarchique, héroïque,
gynécocratique : «Nous, nous tirons de l'arc, nous lançons le javelot, nous
montons à cheval ; nous n'avons pas appris de travaux féminins ; les femmes
de chez vous ne font rien de ce que nous avons dit, elles s'occupent à des
travaux féminins, restant dans les chariots, sans aller à la chasse ni nulle part
ailleurs ... Depuis lors, les femmes des Sauromates mènent le genre de vie de
leurs antiques aïeules : elles vont à la chasse à cheval, et avec leurs maris et
sans eux ; elles vont à la guerre ; elles portent le même accoutrement que les
hommes ... Voici quelle est chez eux la règle en matière de mariage : aucune
fille ne se marie avant d'avoir tué un ennemi ; il en est qui meurent, et
meurent vieilles, d'être mariées, faute de pouvoir satisfaire à cette loi»
(Hérodote, Histoires, IV, 114-117). Il semble donc que, par rapport au rôle
différencié, mais sans doute complémentaire, de la femme scythe, corollaire
d'une activité qui s'exerce à l'intérieur du chariot, son foyer, la femme sauro-
mate, dont le rôle techno-économique s'exerce essentiellement à l'extérieur
du foyer, en partageant les tâches des hommes et probablement leurs droits,
ait joui, au contraire, d'une position égalitaire et indifférenciée.
Sous son apparence de fable et son parti-pris d'exotisme, le témoignage
d'Hérodote constitue néanmoins l'attestation la plus sûre et la plus vraie du
statut social de certaines femmes de nomades dans l'Antiquité : il a été
contrôlé par les archéologues soviétiques, dont les découvertes concordent
avec les sources historiques (10) ; fait également remarquable, sa persis
tance est signalée à travers l'ethnographie moderne jusqu'au XIXe siècle où
les Russes rencontrèrent des guerriers à cheval aux expéditions desquels
participaient des femmes qui parfois même commandaient (11).
Il serait vain, cependant, de chercher à vérifier dans le détail ce que les
rapports de nombreux écrivains antiques, et pas seulement Hérodote, nous
ont transmis à ce sujet : ce que nous pouvons confronter de façon générale
ou précise, en tout cas concrète, ce sont les données actuelles de la fouille
avec les rapports scientifiques et certaines versions légendaires souvent
complémentaires qui, à partir des récits des Anciens, permettent d'élargir
l'histoire, la géographie et l'ethnographie des Sauromates au contexte culturel
des peuples nomades qui se forment à travers la steppe eurasiatique, dans la
1ère moitié du 1er millénaire avant notre ère, pour se prolonger jusqu'aux
temps modernes. A ceux que les sources écrites ou insentes mentionnent et
que l'archéologie atteste de façon sûre ou partielle, nous donnons leur nom Illustration non autorisée à la diffusion
II - Cultures des Sauromates et des «Nomades anciens» (Vl-Vè siècle av. n. è.), en Asie Carte
Centrale et Sibérie du Sud.
I - Groupe de la Bass&- Volga et II - Groupe Samara-Oural (Sauromates) ; III, IV, V (Issédons ?),
VI, VII (Arismaspes ?) - Groupes issus de la culture d'Andronovo ; VIII - Culture des «Premiers
Nomades )de l'Altaï (Pazyryk) ; IX - Culture de Tagar.
1. Olbia ; 2. Blumenfeld ; 3. Pjatimary ; 4. Tagisken, Ujgarak ; 5. Dandibaï.
(d'après К S.

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