La psychiatrie française et les médicaments : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel - article ; n°254 ; vol.70, pg 189-206
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Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1982 - Volume 70 - Numéro 254 - Pages 189-206
French Psychiatry and the use of drugs : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel.
The study of four works consecrated to mental illness published between 1763 and 1860, a period when medication did not dominate psychiatric thinking, illustrating the disappearance of humoral pathology and signalling a conceptual transformation concerning pharmaceutical products. The treatment of lunacy, specifically, changed from one based on feeling which treated only the somatic manifestations, of the illness. The use of medication, increasingly less unusual as an idea governing psychiatric treatment, evolved with the progress of pharmaceutical science and became part of the therapeutic system associated with industrial pharmacy, omitting the issue of etiology and of nosologic distinctions which marked 19th century psychiatry.
Die französische Psychiatrie und die Arzneimittel : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel.
Das Studium von vier den Wahnsinn behandelnden Werken, die allé in einer Epoche herausgegeben worden sind, in der das Medikament das psychiatrische Denken nicht beherrschte, nämlich zwischen 1763 und 1860, zeigt, parallel zum Zurücktreten der Humoralpathologie eine konzeptuelle Aenderung des Heilmittels auf. ; Es mausert sich vom Spezifikum der Verrücktheit zum Anhängsel einer Behandlung der Empfindungen, um zuletzt nur noch die somatischen Erscheinungen der Krankeit zu bekämpfen. Die Anwendung der Arzneimittel, mit den in der Psychiatrie herrschenden Ideen immer weniger solidarisch, entwickelt sich an Hand des Fortschrittes der pharmazeu- tischen Wissenschaften und versucht sich an ein therapeutisches System anzulehnen, das die industrielle Pharmazie verheisst, aber die Fragen der Aetiologie und die nosologischen Unterschiede, welche die Psychiatrie des 19. Jahrhunderts kennzeichnen, vernachlässigt.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

François Ledermann
La psychiatrie française et les médicaments : Pomme, Pinel,
Esquirol, Morel
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 70e année, N. 254, 1982. pp. 189-206.
Abstract
French Psychiatry and the use of drugs : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel.
The study of four works consecrated to mental illness published between 1763 and 1860, a period when medication did not
dominate psychiatric thinking, illustrating the disappearance of humoral pathology and signalling a conceptual transformation
concerning pharmaceutical products. The treatment of lunacy, specifically, changed from one based on feeling which treated only
the somatic manifestations, of the illness. The use of medication, increasingly less unusual as an idea governing psychiatric
treatment, evolved with the progress of pharmaceutical science and became part of the therapeutic system associated with
industrial pharmacy, omitting the issue of etiology and of nosologic distinctions which marked 19th century psychiatry.
Zusammenfassung
Die französische Psychiatrie und die Arzneimittel : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel.
Das Studium von vier den Wahnsinn behandelnden Werken, die allé in einer Epoche herausgegeben worden sind, in der das
Medikament das psychiatrische Denken nicht beherrschte, nämlich zwischen 1763 und 1860, zeigt, parallel zum Zurücktreten der
Humoralpathologie eine konzeptuelle Aenderung des Heilmittels auf. ; Es mausert sich vom Spezifikum der Verrücktheit zum
Anhängsel einer Behandlung der Empfindungen, um zuletzt nur noch die somatischen Erscheinungen der Krankeit zu
bekämpfen. Die Anwendung der Arzneimittel, mit den in der Psychiatrie herrschenden Ideen immer weniger solidarisch,
entwickelt sich an Hand des Fortschrittes der pharmazeu- tischen Wissenschaften und versucht sich an ein therapeutisches
System anzulehnen, das die industrielle Pharmazie verheisst, aber die Fragen der Aetiologie und die nosologischen
Unterschiede, welche die Psychiatrie des 19. Jahrhunderts kennzeichnen, vernachlässigt.
Citer ce document / Cite this document :
Ledermann François. La psychiatrie française et les médicaments : Pomme, Pinel, Esquirol, Morel. In: Revue d'histoire de la
pharmacie, 70e année, N. 254, 1982. pp. 189-206.
doi : 10.3406/pharm.1982.2614
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1982_num_70_254_2614La psychiatrie française
et les médicaments:
Pomme, Pinel, Esquirol, Morel
LA traitement une nouvelle dominant psychiatrie moral, forme dans elle française d'assistance la a accordé médecine a joué, la au européenne prépondérance malade comme mental la du pharmacie XIXe à connue une siècle. méthode française, sous En le inaugurant psychothéterme un rôle de
rapeutique qui n'a toutefois pas exclu l'usage des produits pharmaceutiques.
Par l'examen de quatre ouvrages consacrés à l'aliénation et qui couvrent envi
ron un siècle, 1763-1860, une période qui débute dans le chaos théorique où
déclinent les concepts hippocratiques pour se clore avant l'apparition des
substances synthétiques et la naissance de la pharmacologie moderne, nous
voudrions dégager les éléments qui ont déterminé l'emploi des médicaments
en question et préciser ainsi les rapports entre la psychiatrie et la pharmacie.
Si la découverte en 1952 de la chlorpromazine * a ouvert de nouvelles
voies dans le traitement des maladies mentales et assuré pour la première
fois par des moyens chimiques une modification du comportement psychique,
avec d'autres facteurs2, elle a freiné, en établissant une véritable barrière
épistémologique, les recherches historiques sur l'emploi des médicaments
psychiatriques. Pour beaucoup, toute la matière médicale qui a précédé l'i
ntroduction des neuroleptiques a été appliquée en vain, en vertu de théories
erronées, et son étude ne se justifie pas 8. Aussi deux principales orientations
1. Cf. Anne E. Caldwell : Origins of Psychopharmacology From CPZ to LSD, Springf
ield, 1970, et Henri Baruk : La psychiatrie française de Pinel à nos jours, Paris, 1967, p. 116-
124.
2. Mobilité de la nosologie, existence de nombreuses formes de thérapies non-médica
menteuses, scepticisme de la psychiatrie à l'égard de la thérapeutique.
3. Sur la question du tri de la matière historique en fonction des connaissances modern
es, voir George Mora : The History of Psychiatry : A Cultural and Bibliographical Survey,
in Int. /. Psy. 2, (1966), p. 335-366, surtout la p. 336. Voir aussi George W. Stocking : On the
limits of « presentism » and « historicism » in the historiography of the behavioral sciences,
in /. Hist. Behav. Sci., 1, (1965), p. 211-217, et Erwin H. Ackerknecht : Kurze Geschichte der
Psychiatrie, Stuttgart, 2* éd., 1967, p. VII : « Quand j'ai commenté d'anciens textes, je me suis
toujours efforcé de rendre compte de la totalité des idées de l'auteur et non pas de n'en
tirer que ce qui est moderne, comme c'est malheureusement devenu la mode ». .
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXIX, N° 254, SEPTEMBRE 1982. .
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 190
dominent-elles l'historiographie psychiatrique : d'une part, les ouvrages de
biographie, concentrés sur quelques personnages illustres et l'examen de
leurs uvres ; d'autre part, l'étude des institutions, des asiles 4. Le traitement
des maladies mentales a surtout attiré l'attention des historiens par ses appli
cations les plus spectaculaires, par les chaises tournantes, les douches, plus
tard les électro-chocs et l'inoculation de la malaria, ou alors par les méthodes
morales, puis psychanalytiques5. Les recherches sur l'usage, avant 1950, des
substances pharmaceutiques sont en général limitées à quelques produits-
phares opium, rauwolf ia, ellébore 6 ou au simple inventaire des drogues
appliquées au cours des temps au traitement de la folie 7 ; il n'existe aucun
travail consacré à l'histoire générale de la psychopharmacothérapie8, peut-
être aussi parce que « le rôle du psychiatre dans le traitement des désordres
d'ordre émotionnel ne peut pas être déorit sous une forme scientifiquement
acceptable » 9.
Les bouleversements de tous ordres qui ont marqué la fin du XVIIIe siècle,
liés au mouvement des Encyclopédistes et à la Révolution française, ont
atteint de manière très différente la psychiatrie et la pharmacie. La première,
qui se constitue au début du XIXe siècle en discipline autonome, en spécialité
médicale10, adopte une conception humaniste et individuelle de la maladie
mentale qui prend en compte les problèmes philosophiques, juridiques et
culturels de l'aliénation11, qui donne la priorité à l'observation clinique. A
4. Cf. George Mora : op. cit. et The Historiography of Psychiatry and its Development :
A Re-Evaluation, in /. Hist. Behav. Sci., 1, (1965), p. 43-52.
5. Lothan Kalinowsky : Shock Treatments, Psychosurgery and Other Somatic Treat
ments in Psychiatry, New York, 1952.
6. Cf. Luigi Belloni : Dall'Elleboro alia Reserpina, in Arch. Psi. Neurol. Psychiatr.,
17, (1956), p. 115-133.
7. Sur l'emploi des médicaments psychiatriques, voir Jacques Vie, in Laignel-Lavastine :
Histoire de la Médecine... t 3, Paris, 1949, et Anne E. Caldwell : History of Psychopharmaco-
logy, in W. C. Clark et J. del Giudice : Principles of Psychopharmacology, New York et Lond
res, 1970, p. 9-18. ..
8. Voir G. Mora, The Historiography..., op. cit., p. 44 : « A history of pharmacological
plants in relation to mental disorders has not been written yet ». A l'heure actuelle, l'ouvrage
de Jean Starobinsky, Histoire du traitement de la mélancolie des origines à 1900, Bâle, 1960,
est sans conteste le meilleur sur ce sujet, mais il ne traite que de la mélancolie et englobe
toutes les méthodes de soins, donc aussi les procédés non pharmaceutiques.
9. O. Diethelm, in G. Mora, Survey..., op. cit., p. 361.
10. Alors que les principaux écrits psychiatriques, au XVIIP siècle encore, figurent com
me chapitres isolés dans des ouvrages de médecine générale ; voir Raymond de Saussure :
Psychiatrie Literature in the Eighteenth Century, in Ciba-Symposia, (1950), p. 1251.
11. Cf. O. Diethelm : Medical dissertations of psychiatrie interest printed before 1750,
Bâle, New York, 1971, p. 3, et Paul Veyne : L'inventaire des différences, Paris, 1976, p. 31 :
« Nous avons tous appris qu'il n'existait pas de folie à l'état sauvage, au-delà des modifications
historiques discontinues... » Ou encore François Jacob : Sexualité et diversité humaine, dans
le Monde du 102.79, p. 10 : « Plus un domaine scientifi

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