La reconstruction du Parti républicain italien dans l immédiat après-guerre - article ; n°2 ; vol.103, pg 589-628
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1991 - Volume 103 - Numéro 2 - Pages 589-628
Jean-Claude Lescure, La reconstruction du Parti républicain italien dans l'immédiat après-guerre, p. 589-628. Le passage d'une dictature à un régime politique démocratique s'accompagne à partir de 1943 de la réapparition d'organisations politiques. Certaines sont nouvelles, comme le Parti d'Action, d'autres, comme le P.R.I., renouent avec une tradition qui remonte au XIXe siècle. La présente étude, entreprise à partir d'archives du Ministère de l'Intérieur et de la presse républicaine, s'attache à montrer la progressive implantation géographique du mouvement républicain de 1944 à 1946, et la forte caractérisation régionale du républicanisme italien. Ce dernier retrouve avant tout ses zones traditionnelles d'Italie centrale, ce qui n'exclut pas une timide percée vers le nord de la péninsule.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Claude Lescure
La reconstruction du Parti républicain italien dans l'immédiat
après-guerre
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 103, N°2. 1991. pp. 589-628.
Résumé
Jean-Claude Lescure, La reconstruction du Parti républicain italien dans l'immédiat après-guerre, p. 589-628.
Le passage d'une dictature à un régime politique démocratique s'accompagne à partir de 1943 de la réapparition d'organisations
politiques. Certaines sont nouvelles, comme le Parti d'Action, d'autres, comme le P.R.I., renouent avec une tradition qui remonte
au XIXe siècle. La présente étude, entreprise à partir d'archives du Ministère de l'Intérieur et de la presse républicaine, s'attache
à montrer la progressive implantation géographique du mouvement républicain de 1944 à 1946, et la forte caractérisation
régionale du républicanisme italien. Ce dernier retrouve avant tout ses zones traditionnelles d'Italie centrale, ce qui n'exclut pas
une timide percée vers le nord de la péninsule.
Citer ce document / Cite this document :
Lescure Jean-Claude. La reconstruction du Parti républicain italien dans l'immédiat après-guerre. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Italie et Méditerranée T. 103, N°2. 1991. pp. 589-628.
doi : 10.3406/mefr.1991.4171
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1991_num_103_2_4171JEAN-CLAUDE LESCURE
LA RECONSTRUCTION DU PARTI RÉPUBLICAIN
ITALIEN DANS L'IMMÉDIAT APRÈS-GUERRE
«Quante battaglie, quante disfatte, quanti sacrifici per il riconosci
mento di verità luminose» écrit Giovanni Conti1 en janvier 1944 pour
présenter son parti peu après la chute de la dictature.
Le Partito repubblicano italiano est en effet vivace tel son emblème le
lierre, arbrisseau grimpant à feuilles toujours vertes. Il défend une idéolo
gie politique qui traverse régimes et générations en s'adaptant à la
conjoncture politique, tout en maintenant une tradition républicaine2.
Parti d'histoire, le P.R.I, l'est : fondé en 1895, il s'ancre dans la tradi
tion et revendique l'héritage de Mazzini à qui il emprunte son emblème
politique choisi en 1834 pour l'organisation Giovine Europa3. Ce choix
permet aux Républicains non seulement de montrer leur attachement à
leur patrimoine culturel et idéologique mais aussi de louer ce symbole
enraciné dans la tradition populaire. Plus concrètement le P.R.I, se pose
alors comme le parti qui reprend le processus risorgimental interrompu
par la solution modérée des Savoie4. La plante elle-même renoue ainsi
avec la symbolique grecque : elle affirme la constance et la fidélité.
L'idéal républicain est ainsi assuré d'être pérennisé.
L'organisation républicaine est en effet actrice de la vie politique
contemporaine italienne : Giovanni Spadolini est le premier membre du
pôle laïc à occuper le poste de président du Conseil en 1981, en pleine
crise des Brigades rouges, alors que vient d'éclater le scandale de la loge
1 Sous le pseudonyme de « Un Ignoto », il rédige une brochure intitulée // Parti
to repubblicano dalla lotta per l'unità d'Italia al momento attuale, Roma, 1944, p. 2.
2 S. Berstein, Les partis, dans Pour une histoire politique, Paris, 1988, p. 49-
85.
3 G. Spadolini, L'Italia repubblicana, Rome, 1988, 301 p.
4 P. Permoli, PKI 1945-1983 : le componenti politico-culturali attraverso le
riviste repubblicane, dans Archivio trimestrale, 1986/2, citant alors Giuseppe
Galasso.
MEFRIM - 103 - 1991 - 2, p. 589-628. JEAN-CLAUDE LESCURE 590
P2 qui éclabousse de nombreux hommes politiques5. Aujourd'hui, le
même Spadolini remplit toujours une fonction au premier plan de la vie
politique en étant sénateur à vie.
Parti politique presque centenaire et toujours actif, héritier des théo
riciens politiques du XIXe siècle, le P.R.I, est donc un vieux parti au sens
où l'entend Paolo Farneti6 : il est en effet né avant le fascisme, tout com
me le Partito socialista italiano ou le Partito liberale italiano. Il est donc
confronté au Ventennio fasciste, à la guerre et à la nécessaire reconstruc
tion de l'immédiat après-guerre. Il a traversé la période fasciste avec dif
ficultés : dès 1922, il est déchiré par le fascisme car certains de ses memb
res y sont favorables, notamment en Émilie-Romagne ; interdit et dissout
en 1926, le P.R.I, voit ses membres réagir de façons contradictoires, cer
tains se rallient au nouveau régime, d'autres restent en Italie et n'ont plus
d'activité politique, tandis que de nombreux responsables n'ont d'autres
choix que le départ pour l'exil. Dès 1943, certains de ces hommes veulent
reconstituer le P.R.I., et l'initiative repose non seulement sur les cadres
exilés, comme Randolfo Pacciardi, mais aussi sur des Italiens qui sont
demeurés en Italie comme Giovanni Conti. Cette double origine des
reconstructeurs marque la géographie du parti et influence son discours.
Dans le contexte de la fin de la guerre et de la libération, alors qu'il s'agit
de substituer un régime démocratique à un régime autoritaire défunt, il
importe de comprendre les étapes de l'implantation géographique pour
appréhender le processus de construction d'un parti dans une Italie
déchirée, occupé, en proie à la guerre mondiale et à la guerre civile. Cette
approche doit permettre de compléter les études de géographie électorale
dont l'objet est plus large : il s'intéresse à la répartition des performances
des partis lors des consultations électorales. Chronologiquement, l'année
1946 fixe un terme à l'étude car les élections de juin consacrent la victoire
républicaine et permettent au P.R.I, de devenir un parti de gouvernement
pour la première fois de son histoire.
Le P.R.I, dans le débat et l'action politiques.
La situation du Parti républicain à partir de juillet 1943 est claire:
ses dirigeants veulent la fin de la Monarchie et l'établissement de la
République, si bien qu'ils refusent toute négociation avec la dynastie des
Savoie. Mais le Parti se trouve dans une situation de table rase, il a été
5 G. Galli, I partiti politici in Italia, 1861-1983, Turin, 1983.
6 P. Farneti, // sistema dei partiti in Italia, 1946-1979, Bologne, 1983, 256 p. RECONSTRUCTION DU PARTI RÉPUBLICAIN ITALIEN 591 LA
décapité, ses sections ont disparu pendant la période fasciste, il ne dispo
se plus d'organisations ni d'associations relais : tout est à refaire. Or au
lendemain de la chute de Mussolini, les partis issus de l'antifascisme sor
tent de la clandestinité et reprennent leur action de prosélytisme et de
propagande à peu près librement du 25 juillet au 8 septembre 1943, tout
en s'opposant au gouvernement dirigé par le maréchal Badoglio. Ce gou
vernement suscite leur colère car il n'a pas immédiatement conclu un
armistice, il n'a pas libéré tous les prisonniers politiques et tente de limi
ter la liberté des partis. Quelques heures après l'annonce de l'armistice,
des partis antifascistes fondent le Comité central de libération nationale
et appellent les Italiens à la lutte et à la résistance. Ce C.C.L.N. est consti
tué par le P.C.I., le P.S.I.U.P., le P.D.A., le P.D.L., le P.L.I, et la D.C..
Le P.R.I, reste en dehors du C.C.L.N., officiellement pour éviter tous
contacts, tous compromis, toutes compromissions avec la monarchie
d'autant que sa présence dans les luttes de libération est extrêmement
ténue, tandis que le P.D'A. et le P.C.I, peuvent revendiquer une action
militaire clandestine réelle. Giovanni Conti, dirigeant principal du P.R.I. ,
se méfie du C.L.N. dès l'été 1943 au nom d'une intransigeance sur les
principes institutionnels, mais il évite toute polémique dans les pages de
la Voce repubblicana éditée pendant la clandestinité. Le journal républi
cain s'en tient alors à quatre thèmes : le roi s'est reconnu coupable de
haute trahison en fuyant, il faut donc l'écarter du pouvoir; tout comprom
is avec la dynastie est à proscrire; un programme commun et précis
pour sauver le pays doit être élaboré; les institutions républicaines peu
vent l'Italie7.
Sur cette ligne politique, le P.R.I, entretient des relations conflictuell
es avec le gouvernement du roi d'autant que la fuite du gouvern

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