La revue ethnographique arménienne Azgagrakan handes - article ; n°2 ; vol.31, pg 295-316
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 295-316
Claire Mouradian, An Armenian ethnographie periodical, Azgagrakan handes.
The reviews Azgagrakan handes, published in the Caucasus in 1895-1916 and Eminian azgagrakan joghovatsou, edited by the Lazarian Iastitute of Moscow in 1900-1913, represent a unique storehouse of ethnographic materials with regard to the Armenian rural world about to disappear. They represent a first-hand source on Armenian society at the beginning of the century. They can also be used by historiography of social sciences bearing on this peripheral region. Finally they contribute to clarify the process of elaboration of the national identity of the Armeniaas, revealing, as they do, their perception of themselves and of others, as well as of the past, of the present and the future of their nation.
In the case of Armenia, ethnography as well as other domains of social sciences (history in particular) is viewed as a branch of armenology, instrumental in keeping memory alive and contributing to the solution of the national question.
Claire Mouradian, An Armenian ethnographie periodical, Azgagrakan handes.
The reviews Azgagrakan handes, published in the Caucasus in 1895-1916 and Eminian azgagrakan joghovatsou, edited by the Lazarian Iastitute of Moscow in 1900-1913, represent a unique storehouse of ethnographic materials with regard to the Armenian rural world about to disappear. They represent a first-hand source on Armenian society at the beginning of the century. They can also be used by historiography of social sciences bearing on this peripheral region. Finally they contribute to clarify the process of elaboration of the national identity of the Armeniaas, revealing, as they do, their perception of themselves and of others, as well as of the past, of the present and the future of their nation.
In the case of Armenia, ethnography as well as other domains of social sciences (history in particular) is viewed as a branch of armenology, instrumental in keeping memory alive and contributing to the solution of the national question.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claire Mouradian
La revue ethnographique arménienne Azgagrakan handes
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31 N°2-3. Avril-Septembre 1990. pp. 295-316.
Résumé
Claire Mouradian, An Armenian ethnographie periodical, Azgagrakan handes.
The reviews Azgagrakan handes, published in the Caucasus in 1895-1916 and Eminian azgagrakan joghovatsou, edited by the
Lazarian Iastitute of Moscow in 1900-1913, represent a unique storehouse of ethnographic materials with regard to the Armenian
rural world about to disappear. They represent a first-hand source on Armenian society at the beginning of the century. They can
also be used by historiography of social sciences bearing on this peripheral region. Finally they contribute to clarify the process of
elaboration of the national identity of the Armeniaas, revealing, as they do, their perception of themselves and of others, as well
as of the past, of the present and the future of their nation.
In the case of Armenia, ethnography as well as other domains of social sciences (history in particular) is viewed as a branch of
armenology, instrumental in keeping memory alive and contributing to the solution of the national question.
Abstract
The reviews Azgagrakan handes, published in the Caucasus in 1895-1916 and Eminian azgagrakan joghovatsou, edited by the
Lazarian Iastitute of Moscow in 1900-1913, represent a unique storehouse of ethnographic materials with regard to the Armenian
rural world about to disappear. They represent a first-hand source on Armenian society at the beginning of the century. They can
also be used by historiography of social sciences bearing on this peripheral region. Finally they contribute to clarify the process of
elaboration of the national identity of the Armeniaas, revealing, as they do, their perception of themselves and of others, as well
as of the past, of the present and the future of their nation.
In the case of Armenia, ethnography as well as other domains of social sciences (history in particular) is viewed as a branch of
armenology, instrumental in keeping memory alive and contributing to the solution of the national question.
Citer ce document / Cite this document :
Mouradian Claire. La revue ethnographique arménienne Azgagrakan handes. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31
N°2-3. Avril-Septembre 1990. pp. 295-316.
doi : 10.3406/cmr.1990.2228
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1990_num_31_2_2228CLAIRE MOURADIAN
LA REVUE ETHNOGRAPHIQUE ARMÉNIENNE
AZGAGRAKAN HANDES
Chouchi-Tiflis, 1895-1916
A la fin du XIXe siècle, avec quelques décennies de retard sur l'Occident, mais
les premiers dans un Caucase1 dépourvu d'université, quelques intellectuels armé
niens ont entrepris d'institutionnaliser ces nouvelles disciplines des « sciences
naturelles » de l'homme et de la société que sont l'anthropologie, la sociologie et
surtout l'ethnologie, en fondant des revues scientifiques dans leur langue nationale,
en organisant des sociétés savantes, en créant des musées, en essayant de stimuler
la curiosité du public.
De 1895 à 1916, sont publiés vingt-six volumes ďAzgagrakan handes (Revue
ethnographique), le premier numéro à Chouchi, capitale du Karabagh et l'un des
foyers intellectuels arméniens2, les autres à Tiflis, autre capitale culturelle, écono
mique et politique des Arméniens de l'Empire russe3. De 1900 à 1913, paraissent
également treize volumes d'une autre revue de même nature, mais plus axée sur les
études linguistiques, lexicologiques et littéraires, Eminian azgagrakan joghovatsou
(Recueil d'ethnographie dédié à M. Emine), éditée par l'Institut Lazarian de
Moscou4 et publiée à Moscou, Nor Nakhitchevan' ou Vagharchapat/
Etchmiadzine6. Les deux revues sont entièrement en arménien. Une société
savante, la Société de publication ethnographique qui deviendra bientôt la Société
ethnographique arménienne, est lancée en 1900, à Tiflis. Sa taille relativement
importante - une centaine de membres - confirme l'intérêt des Arméniens pour
cette discipline, destinée non pas à étudier les sociétés des pays colonisés et des
cultures exotiques, mais à permettre aux Arméniens de s'observer et de se comp
rendre eux-mêmes.
Ces deux revues constituent une mine de matériaux ethnographiques de toute
nature, certes peu accessibles du fait de la langue, mais irremplaçables : environ
12 000 pages sur un monde rural arménien à la veille de sa disparition, sous les
effets de la modernisation et, surtout, des bouleversements de la Première Guerre
mondiale, des révolutions russes et du génocide des Arméniens de l'Empire otto
man. Ce sont des sources de première main sur la société arménienne de la fin du
XIXe siècle. Ces périodiques peuvent également servir à l'historiographie des
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXI (2-3), avril-septembre 1990, pp. 295-314. 296 CLAIRE MOURADIAN
sciences sociales, dans cette région périphérique, aux confins de l'Europe. Enfin,
ils contribuent à éclairer le processus d'élaboration de l'identité nationale des
Arméniens, par ce qu'ils révèlent de leur perception d'eux-mêmes et des autres, de
leur perception du passé, de leur situation du moment, ainsi que de l'avenir de la
nation. On s'attachera ici essentiellement à la première des deux revues,
Azgagrakan handes, au champ plus large.
Aux origines de l'ethnographie arménienne
L'une et l'autre des revues retracent l'histoire et les perspectives des études et
hnographiques arméniennes7. Ces premières sources pour l'historiographie locale de
cette discipline peuvent être complétées par des bilans établis à différentes
périodes-charnières de l'ère soviétique8, ainsi que par divers articles sur ces revues
et leurs principaux collaborateurs et inspirateurs9.
Les premières données à caractère ethnographique sur les Arméniens apparais
sent, comme pour les autres peuples, dans les récits des voyageurs. D'Hérodote,
considéré comme le lointain précurseur de l'ethnographie, à Xénophon,
Ruysbroeck, Oléarius, Marco Polo, Chardin, Tavernier, Tournefort, etc., les
Arméniens peuvent se prévaloir de l'intérêt pour leur pays de quelques-uns des
plus célèbres pour donner ses lettres de noblesse à l'ethnographie locale. Les rela
tions des missionnaires sont également fort nombreuses. Avec Klaproth10 ou
Chopin11 envoyés en mission au Caucase par le gouvernement russe à l'aube de la
conquête, Haxtausen12, Dubois de Montpéreux13, etc., ils peuvent aussi citer quel
ques-uns des premiers travaux ethnographiques modernes sur cette aire14.
Dès l'invention de l'alphabet (Ve siècle), on dispose également de sources armé
niennes (chroniqueurs, historiens du Moyen Age, voyageurs). Les premières des
criptions systématiques du pays et des hommes, sur l'état de la foi et la situation
politique et sociale, sont dues aux Pères mekhitaristes de Venise et de Vienne, dès
la fin du xvine siècle15.
Au même moment, avec l'apparition de la presse16, les journaux renferment un
important matériau épars sur l'histoire, la topographie, l'archéologie, les coutumes,
les croyances, les chants, les dialectes, la situation agraire, etc.17. L'intérêt des
Arméniens pour l'ethnographie nationale croît parallèlement à celui des oriental
istes occidentaux comme Brosset18, Dulaurier19, Langlois20, Chantre21, etc. qui
s'attachent à l'étude de leur langue (un des rameaux des langues indo
européennes), de l'architecture de leurs églises, de leurs chroniques médiévales et
de leurs traductions de textes patristiques disparus. Cet intérêt se renforce avec la
pénétration de la philosophie des Lumières, l'adhésion aux théories évolution-
nistes, l'engouement pour la sociologie et l'anthropologie que découvrent les pre
miers étudiants en Europe.
Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, dans le contexte du « printemps
des peuples », des premières réformes dans les Empires ottoman et russe et du
développement de l'instruction, l'histoire et les notations ethnographiques ne sont
plus destinées seulement à s'affirmer par la redécouverte de la gloire du passé et la
comparaison avec les nations civilisées, mais à dresser les tableaux de la situation
présente, à établir des bilans, à cerner l'identité nationale, à comprendre l'origine
des crises que vivent les Arméni

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