La rivalité École normale - École polytechnique. Un antécédent : l action de Pasteur sous le Second Empire - article ; n°1 ; vol.30, pg 71-81
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La rivalité École normale - École polytechnique. Un antécédent : l'action de Pasteur sous le Second Empire - article ; n°1 ; vol.30, pg 71-81

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1986 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 71-81
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Nicole Hulin
La rivalité École normale - École polytechnique. Un antécédent :
l'action de Pasteur sous le Second Empire
In: Histoire de l'éducation, N. 30, 1986. pp. 71-81.
Citer ce document / Cite this document :
Hulin Nicole. La rivalité École normale - École polytechnique. Un antécédent : l'action de Pasteur sous le Second Empire. In:
Histoire de l'éducation, N. 30, 1986. pp. 71-81.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1986_num_30_1_14141 1 Mélanges
intolérance, ils affublent d'un bonnet d'âne tout homme qui a mêlé
aux soins de l'éducation le zèle pour le catholicisme, ou, tout au
moins, ils le représentent armé d'un vaste éteignoir, dont il cherche
à couvrir des provinces entières.
Un jeune professeur, un jeune instituteur ne sauraient faire un
plus misérable usage de leur temps que de l'employer à la lecture
de ces livres-là.
Barrau.
LA RIVALITÉ ÉCOLE NORMALE -
ÉCOLE POL YTECHNIQUE
Un antécédent : l'action de Pasteur sous le Second Empire
On sait que la préparation aux concours d'entrée de l'École nor
male supérieure et de l'Ecole polytechnique est la même, les meilleurs
« taupins » se présentant, le plus souvent, aux deux concours. Le
problème du recrutement à l'E.N. (1) se pose donc immédiatement
en termes de rivalité entre les deux écoles. Si l'E.N., par les études
qu'elle propose, peut séduire les candidats, elle doit, pour l'emporter,
offrir des débouchés au moins équivalents à ceux de l'X. Or, à l'issue
du concours d'entrée de 1984, a été dénoncée une crise du recrut
ement dans le groupe A de la section scientifique de l'E.N. dont le
concours est préparé dans les classes de mathématiques spéciales M',
et qui recrute de futurs mathématiciens et physiciens. Dans ce groupe,
on comptait, en 1984, seulement 26 entrants pour 30 places pro
posées, le premier entrant étant classé 4e au concours de l'E.N.,
à la suite de démissions en faveur de l'X.
Cette crise fut évoquée le 12 janvier 1985 par le Premier ministre,
Laurent Fabius (2), lorsqu'il insista sur la nécessité « d'organiser des
débouchés sûrs et attrayants qui assurent que continueront à concou-
(1) Dans ce qui suit, nous utiliserons les abréviations E.N. pour École nor
male et X pour École polytechnique.
(2) Déclaration de Laurent Fabius au symposium Alfred Kastler, L'Agrég
ation, janvier-mars 1985 , pp. 223-225 , extrait cité p. 225. Mélanges 72
rir des élèves de très haute valeur » . Il est certainement trop tôt pour
juger de l'impact des mesures prises au sujet des E.N.S. puisque le
décret les concernant n'est paru que le 24 juillet 1985. Toujours
est-il que les graphiques montrent un redressement de la situation
en 1985, certes pas spectaculaire, mais le dérapage qui persistait
depuis 1980 a cessé : la promotion n'est pas complète, mais la qualité
des élèves entrants s'est accrue.
Quoiqu'il en soit, pour interpréter ce phénomène, un double éclai
rage historique peut être donné : il portera sur les trente dernières
années (1) et, surtout, sur la période 1864-1913, telle que l'avait
analysée Paul Dupuy (2).
Pour juger de la situation, deux éléments fondamentaux inter
viennent : le rang d'admission des entrants à l'E.N. et leur nombre
par rapport au nombre de places offertes. Ces informations sont
présentées à l'aide des graphiques I à III.
Une première remarque s'impose : depuis trente ans, le classement
du 1er et du 10e entrants est meilleur que celui qu'avait constaté
P. Dupuy ; en particulier, le 1er reçu rentre quasi systématiquement
à l'E.N. De 1962 à 1974, certaines années sont très fastes pour
l'E.N. ; ceci est très certainement lié aux facilités de carrière, tant
dans l'enseignement supérieur qu'au C.N.R.S. Deuxième remarque :
tous les indices de l'année 1984 sont défavorables, mais les graphiques
montrent, en fait, qu'il n'y a là que l'amplification d'un processus
amorcé dans les années 1975-1980. Une situation similaire se retrouv
ait en 1913 ; on descendit, cette année-là, jusqu'au 52e sur la liste
de classement, et E. Borel note qu'au-delà d'un certain rang, il ne
reste plus que « les candidats non reçus à l'X, c'est-à-dire des can
didats qui ont chance de ne pas être les meilleurs » (3). L'état des
choses d'alors était attribué (4) au déclassement des traitements
à l'Université par rapport aux soldes militaires qui avaient été relevées
pour lutter contre la concurrence de l'industrie ; les options plus
nombreuses en faveur de l'X se répercutaient sur la qualité du recru
tement del'E.N.
En réalité, la situation des années 1980, comme celle qui prévalait
à la veille de la Première Guerre mondiale, avait des racines plus
anciennes qui remontent au Second Empire. Il peut être intéressant
de s'y reporter, en soulignant le rôle qu'a joué alors Louis Pasteur.
(1) Nous remercions vivement Georges Poitou, directeur de l'E.N., qui nous
a facilité l'accès aux documents.
(2) Livre d'or de l'E.N., Casablanca, R. Lacour, 1963, p. 125.
(3) Op. cit., note 3, p. 123.
(4) Voir note 2. Mélanges 73
Le Second Empire et l'amorce de la rivalité
En 1852, H. Fortoul met en place un vaste plan de réforme, concer
nant les divers ordres d'enseignement, qui touche particulièrement
l'E.N. D'une part, il rétablit l'agrégation unique de sciences (1),
supprimant ainsi la spécialisation (agrégation de sciences physiques et
naturelles, agrégation de sciences mathématiques) instaurée par
V. Cousin en 1840, et fait porter l'examen sur les matières de l'e
nseignement secondaire ; cette mesure va entraîner un abaissement
du niveau. D'autre part, les candidats à l'agrégation doivent avoir
fait la classe pendant 5 ans, ce qui impose aux normaliens, compte
tenu de leurs années d'École, un « noviciat » de 3 ans avant d'être
admis aux épreuves de l'agrégation. Le concours d'agrégation est
donc supprimé pour les élèves de 3e année de l'E.N. ceux-ci devant
passer un examen de sortie. Cette mesure est commentée par A. Cour-
not, par référence à l'X : « C'est à peu près comme si l'on attendait,
pour faire subir aux élèves de l'École polytechnique leurs examens de
sortie, et pour les interroger sur le calcul intégral, qu'ils eussent passé
quelques années à réparer des routes ou à commander une bat-,
terie (2) » .
Les dispositions prises par Fortoul eurent pour conséquence
d'abaisser le niveau des études à 1'E.N. et de provoquer un certain
désintérêt pour celle-ci. J.B. Dumas, dans un brouillon de lettre au
maréchal Vaillant (3) (1856), insiste sur les difficultés de recrutement
à l'E.N. : « Le recrutement de l'École normale est devenu difficile.
La carrière de l'enseignement n'offre pas les ressources matérielles
qu'on trouve si aisément dans la voie du commerce et de l'industrie ;
les intelligences vigoureuses s'en détournent » .
En fait, les raisons invoquées par J.-B. Dumas ne sont pas les
seules. Fortoul l'avait fort bien compris quand il envisagea, en 1854,
de créer une division supérieure de 4e et de 5e année, pour les meil
leurs élèves de l'E.N., qui, « en les préparant d'une manière toute
spéciale à occuper les chaires de l'enseignement supérieur [ ... ] leur
(1) L'ensemble des concours d'agrégation était réduit à deux : lettres et
sciences.
(2) A. A. Cournot, Des institutions d'instruction publique en France,
Paris, Vrin, Rééd. 1977.
(3) À la mort de Fortoul, en 1856, le maréchal Vaillant assura l'intérim
au ministère de l'Instruction publique, avant la nomination de Rouland. Archives
n° 17. de l'Académie des sciences, carton J.-B. Dumas, Mélanges 74
13
-tu
H
3 Mélanges 75
ouvre une carrière qui peut tenter l'ambition des jeunes talents (1) ».
Ces dispositions favorables pour la car

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