La Russie à l exposition universelle de 1889 - article ; n°3 ; vol.37, pg 349-367
20 pages
Français

La Russie à l'exposition universelle de 1889 - article ; n°3 ; vol.37, pg 349-367

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
20 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants - Année 1996 - Volume 37 - Numéro 3 - Pages 349-367
Laurence Aubain, Russia at the 1889 World Fair.
The participation of Russia in the World Fair which was held in Paris in 1889 foreshadows the rapprochement between France and Russia before the 1891 alliance. Given the fact that it was not formally sponsored by the tsar, the Russian display, therefore deprived of financial support, was not as glamorous as expected. It gives the picture of an everlasting Russia, wrapped in mystery, in spite of its established industrial potentiality. However, it partakes of the vision of the World Fair as a mixture of optimism, industrialism, paternalism, i.e. Saint-Simonism. Eventually there seems to be no discrepancy between what Russia was and what it displayed — that will not be the case as far as the 1900 World Fair is concerned.
Laurence Aubain, La Russie à l 'Exposition universelle de 1889.
La participation russe à l'Exposition universelle de Paris de 1889 figure les prémices du rapprochement entre la France et la Russie avant l'alliance de 1891, malgré des préparatifs difficiles, témoins de ces relations. La représentation russe, n'ayant pu bénéficier du patronage officiel impérial et donc de concours financiers, organisée bien tardivement, ne donnera pas tout l'éclat souhaité. L'image de la Russie qui se fera jour sera celle d'une « Russie éternelle » faite d'étrangeté et de mystère, en dépit d'une potentialité industrielle affirmée, tout en relevant de la philosophie de l'Exposition universelle, mélange d'optimisme, d'industrialisme, de paternalisme, с 'est-a-dire de saint-simonisme. Finalement, la Russie, dans son reflet, n' apparaîtra pas souffrir de décalage entre ce qu'elle est et ce qu'elle montre, à l'inverse de ce qui se passera à l'Exposition universelle de 1900.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laurence Aubain
La Russie à l'exposition universelle de 1889
In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 37 N°3. pp. 349-367.
Abstract
Laurence Aubain, Russia at the 1889 World Fair.
The participation of Russia in the World Fair which was held in Paris in 1889 foreshadows the rapprochement between France
and Russia before the 1891 alliance. Given the fact that it was not formally sponsored by the tsar, the Russian display, therefore
deprived of financial support, was not as glamorous as expected. It gives the picture of an everlasting Russia, wrapped in
mystery, in spite of its established industrial potentiality. However, it partakes of the vision of the World Fair as a mixture of
optimism, industrialism, paternalism, i.e. Saint-Simonism. Eventually there seems to be no discrepancy between what Russia
was and what it displayed — that will not be the case as far as the 1900 World Fair is concerned.
Résumé
Laurence Aubain, La Russie à l 'Exposition universelle de 1889.
La participation russe à l'Exposition universelle de Paris de 1889 figure les prémices du rapprochement entre la France et la
Russie avant l'alliance de 1891, malgré des préparatifs difficiles, témoins de ces relations. La représentation russe, n'ayant pu
bénéficier du patronage officiel impérial et donc de concours financiers, organisée bien tardivement, ne donnera pas tout l'éclat
souhaité. L'image de la Russie qui se fera jour sera celle d'une « Russie éternelle » faite d'étrangeté et de mystère, en dépit
d'une potentialité industrielle affirmée, tout en relevant de la philosophie de l'Exposition universelle, mélange d'optimisme,
d'industrialisme, de paternalisme, с 'est-a-dire de saint-simonisme. Finalement, la Russie, dans son reflet, n' apparaîtra pas
souffrir de décalage entre ce qu'elle est et ce qu'elle montre, à l'inverse de ce qui se passera à l'Exposition universelle de 1900.
Citer ce document / Cite this document :
Aubain Laurence. La Russie à l'exposition universelle de 1889. In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union
soviétique, États indépendants. Vol. 37 N°3. pp. 349-367.
doi : 10.3406/cmr.1996.2468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_1252-6576_1996_num_37_3_2468CHRONIQUE
LAURENCE AUBAIN
LA RUSSIE À L'EXPOSITION UNIVERSELLE
DE 1889
Le matin du 16 avril 1889, Mihail Aseev, lieutenant au 26e régiment de dragons
russes, partit à cheval de Lubny, dans le gouvernement de Poltava, en Ukraine. Il
allait visiter l'Exposition universelle de Paris à la suite d'un défi1 sur l'endurance de
ses chevaux. Il traversa une grande partie de l'Europe et parcourut 2.633 kilomètres
avec ses deux montures Diana et Vlaga. Son voyage2, fêté comme un exploit, avait
duré trente jours. Ovationné par la presse étrangère et française3, félicité par le tsar
pour sa prouesse hippique et gratifié d'une médaille de la Société protectrice des ani
maux, Mihail Aseev est le symbole à lui seul de la participation russe à l'Exposition
universelle de Paris, incertaine au commencement, pleine d'écueils dans son organi
sation et finalement prémices du rapprochement entre la France et la Russie avant
l'alliance de 1891.
L'Exposition universelle, qui s'ouvre le 6 mai 1889 au Champ-de-Mars, est un
théâtre d'images, celles que la Russie offre d'elle-même, nourrissant d'exotisme la
mémoire collective des contemporains, même si Henri de Toulouse-Lautrec en visite
ne croqua que des danseuses javanaises et des derviches tourneurs.
Des préparatifs difficiles, témoins des relations franco-russes
Lorsque la France ouvre la campagne des préparatifs de l'Exposition universelle,
qui doit se tenir à Paris en 1889, la Russie, dès le mois d'avril 18874, se refuse à
accepter l'invitation française, s'alignant ainsi sur d'autres puissances monarchiques
européennes5, soucieuses de ne pas se compromettre dans la commémoration du
centenaire de la Révolution.
Cependant, la publicité faite en faveur de l'Exposition par le consulat de France
à Saint-Pétersbourg6 dans la presse russe, à l'automne 1887, rencontre un accueil
favorable dans les cercles officiels7. La représentation française dans l'ensemble de
l'Empire s'était déjà souciée d'encourager les candidatures particulières, puisque le
gouvernement impérial n'avait pas accordé son patronage et avait diffusé le règle
ment général, le plan de l'Exposition et des brochures8, consciente que « l'initiative
privée, l'habitude de l'association pour un objet d'intérêt général sont encore peu
développées dans ce pays où toute initiative est attendue du pouvoir souverain »9. En
Cahiers du Monde russe. XXXVII (3), juillet-septembre 1996, pp. 349-368. LAURENCE AUBAIN 350
janvier 1888, le ministre français du Commerce et de l'Industrie, commissaire génér
al de l'Exposition, Pierre Legrand, n'est toujours pas fixé sur la participation off
icieuse russe et s'interroge sur les emplacements à réserver aux industriels de
l'Empire10.
Une dépêche de l'agence Havas du 28 mars 188811 annonce que le gouvernement
russe accorde la faculté aux commerçants et aux industriels russes de s'organiser
pour prendre une part privée à l'Exposition de Paris, mais la question de la partic
ipation continue à faire grand brait dans les milieux journalistiques russes.
Elle alimente des débats, mettant aux prises la Russkaja gazeta qui appelle à une
représentation digne et brillante et le journal GraManin qui proteste vivement12. La
glorification de la France régicide est le fond de la querelle. Tatiščev, dans trois
articles publiés dans la Russkaja gazeta en 1888, s'affirme comme le croisé de la par
ticipation officielle et son plaidoyer sera longuement repris en France dans Les merv
eilles de l'Exposition11. Il y argue de l'opportunité industrielle et commerciale : la
Russie y aurait beaucoup à apprendre ; de politique : la Russie n'a pas
intérêt, dans le contexte international à être isolée ; il expose les manifestations de
sympathie toujours renouvelées du peuple français : la Russie a concouru à l'Expos
ition de 1867 qui se tint dans le Paris de Napoléon III quelques années après la
guerre de Crimée. Et la Russkaja gazeta de souligner « la scrupuleuse abstention du
gouvernement français de propager hors de France les idées républicaines »14. La
contamination révolutionnaire n'est pas à craindre ; « le principe monarchique sol
idement assis en Russie »15 et 1789 n'est pas 1793. Un autre article paru encore à
l'automne 1888, dans l'influent journal Novosti, traite de l'utilité de la participation
russe et témoigne du progrès qu'a fait cette idée16, même si son contenu paraît avoir
été suggéré par le bureau de l'Exposition dans la capitale russe. Des revues françaises
comme L 'Architecture, Le Génie civil, le Bulletin officiel de l 'Exposition ne man
quent pas de remarquer les appels et les encouragements prodigués par les Novosti
et la Russkaja gazeta aux industriels et commerçants russes afin de les engager à
prendre part17.
Quelle forme allait prendre cette participation d'initiative privée ?
«... et si l'on pouvait raconter les négociations auxquelles a donné lieu l'organisation de
cette exposition, les luttes qui ont éclaté entre les différents comités, on intéresserait peut-
être le lecteur et on raviverait des luttes qu'il vaut mieux oublier. »18
Et, en effet, le Guide bleu du Figaro se fait justement l'écho des embarras et des
atermoiements qui vont présider à l'organisation de la participation. Les premières
tentatives furent vaines : « .. un comité avait pu arriver à se former. Malheureuse
ment, le droit de réunion étant dans l'Empire soumis au contrôle administratif, le
comité n'a pu obtenir les autorisations qui lui étaient nécessaires pour fonctionner
utilement »19. L'ambassade de France ne va pas épargner ses efforts et le consul
Pingaud, au terme de mille sollicitations auprès de l'administration russe, parvient à
mettre en place un cadre20. Certes, l'administration tsariste s'oppose à ce que
l'organe représentant les participants russes auprès du Commissariat général de
l'Exposition soit appelé comité21 et qu'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents