La tapisserie de Bayeux - article ; n°1 ; vol.64, pg 83-93
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1903 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 83-93
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

M. Lanore
La tapisserie de Bayeux
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 83-93.
Citer ce document / Cite this document :
Lanore M. La tapisserie de Bayeux. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64. pp. 83-93.
doi : 10.3406/bec.1903.452317
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1903_num_64_1_4523177Г
LA
TAPISSERIE DE BAYEUX
présente du qui La xie ne broderie sont siècle; à nous, point or, connue dit elle en M. règle. n'est sous M., pas On sans le l'attribue, antérieure nom date de précise, tapisserie sans à 1170, avec preuves, de étant des Bayeux visiblà papiers la fin se
ement inspirée du Roman de Rou de Wace, qui fut composé vers
cette date ; d'ailleurs, tous les renseignements qu'elle fournit sur
le costume et les mœurs sont confirmés par les textes et les monu
ments figurés du xne siècle, et spécialement de la deuxième moit
ié de ce siècle ; certains se retrouvent, il est vrai, dans la Chan
son de Roland, mais c'est à tort qu'on a daté cette dernière
d'avant la première croisade : elle est de 1125-1127 environ2.
Telle est la thèse que M. M. soutient à l'aide d'arguments dont la
plupart offrent un grand intérêt, bien qu'à la vérité aucun ne
soit sans réplique.
La première partie de son argumentation repose sur une hypot
hèse. M. M. veut que l'auteur de la tenture de Bay eux3 ait pris
« les éléments de son sujet soit dans un livre en prose décrivant
la conquête, soit dans une épopée » ; qu'elle corresponde à un
« état de la légende » représenté par une œuvre littéraire dont
elle serait, en quelque sorte, l'illustration. Or, comme nous ne
trouvons pas avant Wace de récit unique capable d'inspirer à
un artiste « une œuvre aussi longue, qui comprend, telle qu'elle
est aujourd'hui, soixante-dix -neuf tableaux », il s'ensuit que la
1. La Tapisserie de Bayeux, etude archéologique et critique, par A. Mari-
gnan. Paris, Leroux, 1902, in-18 (xxvi-194 p.).
2. Voir, sur ce point, la convaincante réponse de M. G. Paris (Romania,
avril-juillet 1902, p. 404-419).
3. On sait que la prétendue tapisserie de Bayeux est une tenture brodée, « une
tente très longue et estroicte de telle a broderie de ynoages et escripteaulx »,
dit l'inventaire de la cathédrale de Bayeux de 1476. 84 LA TAPISSERIE DE BAYEUX.
tapisserie n'est pas antérieure à Wace. On pourrait lui répondre
que Wace n'a, sans doute, rien inventé ; qu'il n'a fait que choisir à
son gré dans le fonds de renseignements que lui fournissaient les
écrivains et la tradition orale; que, par suite, n'importe quel
clerc instruit et informé pouvait, avant Wace, réunir les mêmes
données pour tracer le plan d'une oeuvre d'art représentant « le
conquest d'Angleterre ». On peut lui répondre surtout que son
hypothèse exclut a priori le cas où la tenture serait indépen
dante des récits écrits et constituerait elle-même une source. Or,
cette dernière opinion est la plus vraisemblable.
Car si les éléments historiques de la tenture de Bayeux ne se
retrouvent au complet ni dans le De Hastingœ prœlio de Gui
de Ponthieu (y 1074)1, que M. M. semble ne pas connaître, ni
dans Guillaume de Poitiers (qui écrivait avant 1077), ni dans
Guillaume de Jumièges (dont la première rédaction est antérieure
à 1087 et la deuxième à 1096), si elle n'est inspirée tout à fait
ni de la description donnée par Baudri de Bourgueil (vers 1107)
de la tenture d'Adèle de Blois, ni du livre III d'Orderic Vital (écrit
vers 1123), ni des premiers chroniqueurs anglais, il s'en faut
pareillement qu'elle suive Wace pas à pas, comme le veut M. M.
Sans doute, le fait que certaines scènes de Wace manquent dans
la tenture n'est pas très significatif, l'artiste, ou son guide, ayant
le droit de choisir et d'éliminer. Mais des personnages et des
scènes entières, figurés sur la tenture, sont absents de l'œuvre de
Wace : Harold entrant à l'église et festoyant à Bosham ; le col
loque ď et de Gui de Ponthieu au château de ce dernier ;
le personnage de Turold; la scène inexpliquée du clerc et d'Aelf-
gyva ; les curieux épisodes de la guerre de Bretagne (arrivée au
Mont -Saint -Michel; passage du Couesnon, pendant lequel
Harold sauve plusieurs de ses compagnons ; siège de Dol et fuite
de Conan ; arrivée à Rennes ; siège de Dinan et reddition de la
place, dont Conan remet les clefs à Guillaume) ; l'archevêque
Stigant2 ; Harold causant avec un personnage, avant que la nou-
1. Gui de Ponthieu, évêque d'Amiens, était aumônier de Mathilde" femme du
Conquérant, et accompagna Guillaume en Angleterre. Par suite, son récit de la
bataille, qui est peut-être le plus ancien que nous possédions, est de première
importance. Nous verrons quel intérêt il offre au point de vue de la tapisserie
de Bayeux. 11 a été publié en 1840 par Fr. Michel [Chroniques anglo-nor
mandes, t. III, p. 1-38).
2. Mentionné, au contraire, par Guillaume de Poitiers et Orderic Vital. LA TAPISSERIE DE BATEDX. 85
velle de son élévation au trône soit parvenue à Guillaume; la
mention de Wadard; la scène suivante, où l'on voit un person
nage conduisant un cheval sans cavalier; l'Evêque bénissant les
mets; l'incendie d'une maison d'où paraissent sortir une femme
et un enfant1; la scène entre Guillaume et "Vital2; Guillaume se
découvrant aux siens, pendant le combat, pour les rallier3; Eus-
tache combattant auprès de Guillaume4.
En outre, des détails diffèrent : dans Wace, Harold fait son
serment à genoux; il est debout dans la tapisserie; — on ne voit,
dans cette dernière, aucune allusion à la supercherie bien connue
de Guillaume au moment du serment d'Harold (ce trait, qui
manque dans toutes les sources anciennes, est probablement
légendaire) ; — dans Wace, Harold s'empare de la royauté et
exige l'hommage des grands; dans la tenture, comme dans les
sources anglaises, on lui offre la couronne; — Harold, après
son sacre, est presque toujours appelé roi sur la tenture, non
dans Wace5; — elle fait mourir Lewyne et Gyrd, frères d'Ha
rold6; Wace nomme seulement Guerd et ne sait s'il mourut; —
les formes graphiques des mêmes noms propres diffèrent, etc.
Parmi ces scènes, ces personnages, ces détails absents de
l'œuvre de Wace, — et que M. M. n'a pas tous relevés, —
quelques-uns se retrouvent, nous l'avons vu, chez ses prédéces
seurs, mais d'autres sont spéciaux à la tenture. M. M. estime
que ces derniers dénoncent simplement un état de la légende
1. Cf. Gui de Ponthieu : « Vulcano flammis depopulante domos » (v. 152);
« Captivos ducit pueros captasque puellas, insuper et viduas » (v. 165-166).
2. On peut rapprocher de cette scène (« Hic Willeltn dux interrogat Vital si
vidisset Haroldi exercitum ») le dialogue suivant, rapporté par Gui de Pon
thieu : « Dux ait : Est ubi rex ? — Non longe, monachus inquit... Signa videre
potes » (v. 313-314). Vital, jusqu'ici, n'a pas été identifié. Peut-être la solution
du problème est-elle dans ce passage de Gui.
3. Cf. Gui de Ponthieu (v. 445-450), Guillaume de Poitiers, Baudri de Bour-
gueil, Orderic Vital.
4. Cf. Gui de (v. 519-527).
5. Ce titre lui est donné couramment dans Gui de Ponthieu comme dans la
tenture ; il se fait de plus en plus rare chez les chroniqueurs normands à mesure
qu'on s'éloigne des événements et que les récits deviennent plus tendancieux.
Il se rencontre deux fois dans Guillaume de Poitiers, une fois dans Baudri de
Bourgueil.
6. Guillaume de Poitiers fait aussi mourir les deux frères d'Harold, mais ne
les nomme pas. Gui de Ponthieu ne nomme que Gernt, Orderic Vital que
Leofwin. LA TAPISSERIE DE BAYEUX. 86
postérieur à Wace. C'est encore une hypothèse et qui s'accorde
mal avec la première, en vertu de laquelle la tenture devrait
dériver d'une œuvre littéraire et d'une œuvre littéraire unique;
or, voici que Wace ne suffit plus et que M. M. doit le compléter
par une œuvre dont rien, d'ailleurs, ne révèle l'existence. Dans
quel ouvrage postérieur à Wace l'auteur de la tenture a-t-il
trouvé Turold, Wadard, Yital, Aelfgyva, les faits de la guerre
de Bretagne, e

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