La trace de Rome dans le désert de Syrie. Organisation du limes - article ; n°1 ; vol.54, pg 5-24
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La trace de Rome dans le désert de Syrie. Organisation du limes - article ; n°1 ; vol.54, pg 5-24

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1937 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 5-24
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R.-P. Poidebard
La trace de Rome dans le désert de Syrie. Organisation du
limes
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 54, 1937. pp. 5-24.
Citer ce document / Cite this document :
Poidebard R.-P. La trace de Rome dans le désert de Syrie. Organisation du limes. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.
54, 1937. pp. 5-24.
doi : 10.3406/mefr.1937.5713
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1937_num_54_1_5713LA
TRACE DE ROME DANS LE DÉSERT DE SYRIE
ORGANISATION DU LIMES1
Après les savants travaux de M. René Cagnat sur la frontière
romaine d'Afrique, de Chapot, Brünnow-Domaszewski et Sarre-
Herzfeld sur la frontière d'Arabie et d'Asie, il semblait audacieux
de prétendre aborder un sujet aussi important et encore aussi
obscur que celui du limes romain dans le désert de Syrie, pour un
aviateur qui avait conscience d'être, dans le domaine de l'histoire
et de l'archéologie, un chercheur de la onzième heure.
Il n'a eu pour but qu'un pur essai de recherches en géographie
historique et même un simple essai de la méthode aérienne.
Il fut encouragé dans son dessein par trois membres de l'Institut
de France, MM. René Cagnat, René Dussaud et Franz Cumont,
qui comprirent de suite, dans leur longue expérience des choses
romaines, l'instrument nouveau de premier ordre que l'avion four
nirait aux reconnaissances archéologiques. A l'Université Saint-
Joseph de Beyrouth, il trouva dans le R. P. René Mouterde un
guide et collaborateur, précieux par sa connaissance de l'Orient
ancien et de l'épigraphie syrienne.
Le Haut Commissariat de France en Syrie et au Liban, l'Armée
et l'Aviation françaises du Levant, le Service des Antiquités de
Syrie fournirent à ces essais de méthode aérienne un concours
incessant pendant les huit années où ils s'échelonnèrent (1925-
1932).
1 Conférence faite en italien à VIstituto di Studi Romani, à Rome, le
18 février 1937. 6 LA TliACE DE ROME DANS LE DESEHT DE SYRTE
Ainsi aidé, je trouvai vite passionnant de suivre la trace de
Rome dans le désert de Syrie. Si je n'ai réussi bien souvent qu'à
retrouver, sur la lisière extérieure du territoire d'empire, un enche
vêtrement de lignes fortifiées successives, semblables aux lignes de
varech marquant sur les plages de FOcéan l'étiage des diverses
marées, je puis espérer qu'elles aideront les explorateurs et les
archéologues, en leur marquant les points de sondage et de fouilles
nécessaires, à faire une étude définitive du limes romain d'Orient.
De la documentation recueillie, qui a été publiée dans son en
semble avec l'aide de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
et du ministère de l'Air1, il semble utile d'extraire quelques r
emarques précises sur deux points du sujet étudié : le problème
qu'eut à résoudre l'Empire romain dans l'organisation du limes en
Syrie et la solution choisie, telle qu'il est admissible de la présenter
dans la situation actuelle des recherches.
Quelques vues aériennes indiqueront les services rendus par
l'Aviation française du Levant aux reconnaissances de géographie
historique et les procédés de méthode employés. Elles souligne
ront la part qui revient, dans les résultats obtenus, à mes fidèles
collaborateurs du désert.
Pour rester dans le cadre des recherches, le terme de Syrie a été
pris dans son acception actuelle. 11 désigne le territoire du Proche-
Orient compris entre la Turquie (au nord), l'Iraq (au sud-est) et
(au sud) la TransJordanie et la Palestine.
Ce territoire de la Syrie d'aujourd'hui déborde sur celui de la
Svi'ie romaine, qui, comme l'indique M. Franz Cumont dans sa ré
cente étude sur Les provinces - frontières orientales à partir du
11e siècle, s'étendait du Taurus au delà du Carmel et du mur
1 La trace de Rome dans le désert de Syrie {Le limes, de Trajan à la
conquête arabe. Recherches aériennes, 1923-1932), 2 vol., Paris, Geuthner,
1934. LA TRACK OK ROME DAN'S LE DESERT ÜK SYRIE /
montagneux du Ilauran, d'une part, de la Méditerranée à l'Eu-
phrate, d'autre part1.
Nous aurions tronqué l'étude du limes romain de Syrie en ne la
prolongeant pas jusqu'au Tigre et en n'y englobant pas une partie
de la Ilaule-Mésopotamie et spécialement l'Osi'oèiie, situées au
delà de l'Euphrate.
I. — Organisation uu limes
Le problème
La frontière romaine en Syrie, choisie comme sujet d'expérience
de la méthode aérienne de recherches, n'était point une terra inco
gnita. Elle avait fait l'objet de mémoires importants signés d'his
toriens et d'archéologues. Nos recherches bénéficiaient, en outre,
de suggestions et de comparaisons que fournit l'étude ainsi pour
suivie depuis quarante ans à travers les principales pro\Tinces de
l'empire romain.
En 1926 paraissait, dans la Real-Encyclopaedie de Pauly-
Wissowa, à l'article Limes, l'étude de Fabricius, qui reproduis
ait l'essentiel des données acquises. Au cours des reconnaissances
aériennes et des vérifications au sol, nous y avons trouvé d'utiles
directives. Nous y avons emprunté, en bonne part, les notions
indispensables pour situer le problème du limes syrien, tel qu'il
se posait au début de notre enquête.
Conception' romaine uv limes
On no saurait trop insister sur le rôle essentiel de la route forti
fiée dans la constitution du limes romain.
A partir du Haut- Empire, le mot limes est le terme employé^
pour désigner la frontière romaine. De la littérature latine, il a
1 The Province Frontier of the East, dans The Cambridge Ancient Hist
ory, vol. IX, p. fil". ÎS LA TFVVCE DK IU).\JE DANS LE DESERT DE SYRIE
passé dans la terminologie historique, avec son acception spéciale,
différente en certains points du mot français limite.
Fabricius nous indique l'évolution du terme x.
Étymologiquement dérivé du mot limus (« transverse, oblique »)
et apparenté à lime η {« le terme, le seuil »), il indiquait toujours un
chemin, une route qui traverse quelque chose.
Dans la terminologie militaire, limes signifie d'abord les routes
destinées à ouvrir une région inaccessible ou hostile, qui sont
créées en avant du territoire d'empire et s'enfoncent en rayon
nant dans le territoire barbare, surtout dans les forêts et les mont
agnes. Routes munies de postes fortifiés.
Puis le mot s'étend à la frontière d'empire. Opposé au terme ripa,
qui désigne des frontières naturelles, il est d'abord employé pour
les routes fortifiées qui, là où manque la coupure géographique
d'un fleuve, séparent le territoire romain de celui des barbares.
L'emploi se généralise rapidement et s'étend à toute frontière
naturelle ou artificielle et aux fortifications en relation avec les
routes -frontières, même si elles ne sont pas exactement sur la
limite même. Sous le Bas -Empire, le limes désigne la région
frontière, la zone frontière.
Le limes, dans la conception romaine de la frontière, n'était donc
nullement une limite bomière du territoire, comme nos frontières
modernes. C'était un ensemble de routes fortifiées formant une
zone défendue, en lisière du territoire d'empire : routes parallèles
à la limite du territoire, souvent même un peu en retrait, puis
routes s'enfonçant perpendiculairement aux précédentes dans le
territoire barbare, allié ou soumis, qui formait un glacis avancé.
Avec souplesse, l'empire organisa différents types de limes, en
s'adaptant aux conditions topographiques (plaine, montagne,
cours d'eau, littoral, désert) et aussi militaires, selon l'ennemi
1 Op. cit., col. 572 et suiv. LA TRACE DE ROME DANS LR DESERT DE SYRIE \i
(barbares d'Europe, royaume parthe et sassanido, nomades
d'Afrique et d'Arabie). Toujours les marques distinctives aux
quelles on pourra reconnaître le limes sur le terrain seront surtout
les restes de constructions qui appartenaient ou se rattachaient à
ce réseau routier : fortins et ouvrages retranchés, tours de garde,
remparts, murs ou fossés servant de fermeture de frontière, chauss
ées construites et anciennes routes. <

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents