La Vie de saint Patrice, mystère breton en trois actes - article ; n°3 ; vol.24, pg 303-328
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Annales de Bretagne - Année 1908 - Volume 24 - Numéro 3 - Pages 303-328
26 pages

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Publié le 01 janvier 1908
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Dunn
La Vie de saint Patrice, mystère breton en trois actes
In: Annales de Bretagne. Tome 24, numéro 3, 1908. pp. 303-328.
Citer ce document / Cite this document :
Dunn Joseph. La Vie de saint Patrice, mystère breton en trois actes. In: Annales de Bretagne. Tome 24, numéro 3, 1908. pp.
303-328.
doi : 10.3406/abpo.1908.1297
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1908_num_24_3_1297JOSEPH DUNN
LA VIE DE SAINT PATRICE
MYSTÈRE BRETON EN TROIS ACTES
INTRODUCTION
§ Ier. — Le Manuscrit.
Le manuscrit du Mystère de saint Patrice fait partie de la
collection de feu Arthur de la Borderie. M. Anatole Le Braz,
professeur de littérature française à l'Université de Rennes,
avait signalé cette pièce à mon attention, et c'est par l'inter-
médiaire de M. Joseph Loth, doyen de la Faculté des lettres
de la même Université, que Mme veuve de la Borderie, qui
possède ce manuscrit, Va très obligeamment mis à ma dis
position. D'après ce que \e sais, c'est le seul exemplaire que
l'on ait de cette pièce. Elle n'est pas mentionnée par
F. -M. Luzel dans son édition de Sainte Tryphine et le roi
Arthur, pp. xvn, xxxvn et xxxviii, où il parle des manuscrits
bretons en sa possession, dont l'un était une version du
Purgatoire de saint Patrice., H n'en est pas fait mention non
plus par H. Omont dans le catalogue des manuscrits celtiques
et basques de la Bibliothèque Nationale qu'il avait rédigé
dans la Revue celtique, tome XI, pp. 389 et suivantes; l'abbé.
Eugène Bernard n'en parle pas non plus dans son article sur
les manuscrits bretons à Paris, Revue celtique, tome IX,
p. 150; on n'en trouve également aucune indication dans la
Bibliographie des traditions de la littérature populaire de la
Bretagne, Revue celtique, tome V, pp. 314-332, ni, enfin,
dans la liste des manuscrits bretons que Anatole Le Braz a
donnée à la fin de son ouvrage sur le Théâtre breton, Paris,
1904, pp. 519 et suivantes. Dans la Revue de Bretagne et de
Vendée, nouvelle période, tome IV, 1888, pp. 161-178, 339-
349, « Pol Ervoan » (Arthur de la Borderie) a publié un ar- LA VIE DE SAINT PATRICE. 304
ticle intitulé « La Vie de saint Patrice, archevêque de
VHibernie », dans lequel il analyse le drame et donne plusieurs
extraits du texte breton. A en juger par ces extraits et par
leur énumération, il est hors de doute que le manuscrit
duquel « Pol Ervoan » donnait ces exemples, bien qu'il en
ait altéré Vorthographe originale et ajouté quelques signes
de ponctuation, était celui-là même que je publie .ici en
entier pour la première fois.
Le volume que j'ai eu entre les mains est un petit in-folio
oblong, le feuillet mesurant environ 290 millim. de hauteur
sur environ 190 millim. de largeur, à reliure moderne, com
prenant 140 pages sans erreur de pagination. L'écriture
n'accuse pas une haute antiquité. Le livre était sans doute
une très belle copie, et a été écrit probablement à la fin du
XVIIIe siècle ou dans la première moitié du XIXe siècle. En
considérant la langue et quelques omissions, notre copie sup
pose V existence d'un original beaucoup plus ancien. Ce
manuscrit est trop soigneusement écrit pour avoir été fait
sous la dictée; mais il est probable que c'est une copie d'un
texte qui, lui-même, avait été écrit sous la dictée. La rédac
tion originelle doit o,voir été modifiée par des copistes suc
cessifs, et le copiste à qui l'on doit le manuscrit de la Bor-
derie, copiste qui savait sans doute le breton, puisqu'on n'y
trouve pas les erreurs qu'on s'attend à rencontrer dans
un texte écrit par quelqu'un ignorant de la langue, suit son
modèle de près, sans même prendre le soin de séparer les
proclitiques ou les enclitiques et les mots sur lesquels ils
s'appuyent, les uns et les autres, pour lui, ne constituant
qu'un seul tout. Et, d'autre part, les parties intégrantes d'un
mot sont souvent disjointes et écrites séparément. C'est là
une preuve que le premier scribe a eu soin de fixer sur le
papier les sons tels que ses oreilles les entendirent.
Le Mystère se divise en trois actes, dont chacun contient
plusieurs scènes, mais la division des actes en scènes n'est
pas toujours notée dans le manuscrit ; par exemple, au tro
isième acte, la sixième scène commence à la ligne 348 et dure
jusqu'à la ligne 506. Chaque acte est précédé d'un prologue
qui donne en résumé l'argument de l'acte qui suit et on y
trouve, comme aussi dans l'épilogue final, des traits curieux
sur la vie contemporaine et sur la manière de jouer ce spec- VIE DE SAINT PATEICE. 305 LA
tacle. D'après V énumération des lignes, le Mystère contient
3160 vers, mais il y a quelques petites erreurs de computation
et, toute rectification faite, la pièce entière n'a en somme que
3151 lignes.
§ II. — L'Auteur et la Pièce.
On ne trouve pas le nom de l'auteur du Mystère pas plus
que celui du copiste, ce qui est rare, car ordinairement le
copiste répète son nom en maints endroits de son œuvre.
Quant à l'auteur, il y a plusieurs moyens de découvrir son
rang. C'était beaucoup plus qu'un simple rustique, et quand
le premier Prologue le traite avec dénigrement, c'est seule
ment dans le style consacré des auteurs des mystères bretons
en parlant d'eux-mêmes. Le Mystère, dit-il, avait été composé
par un jeune clerc natif du canton où l'on jouait la pièce, et
qui se trouvait, sans doute, dans le pays de Tréguier — un
ouvrage, ajoute-t-il, « sans étude et sans style ». A vrai dire,
l'auteur n'était pas très lettré, comme le montre par exemple
son ignorance des saintes Ecritures, car il dit, acte 1, vers 383
et suivants, qu'au mariage de Cana saint Joseph expliqua à
saint Jean les obligations du mariage. Il n'a aussi qu'une idée
très vague de l'histoire, de la légende et de la géographie qui
sont on ne peut plus confuses. Pour lui, comme pour la plu
part des écrivains populaires du Moyen-Age, le prophète
Mahomet était un dieu (acte III, v. 627). Pour la chronologie,
même chose : il parle de la division de l'Irlande et de la
France en cantons (acte II, vv. 389, 644; acte III, v. 180), de
l'emploi des armes à feu (acte III, vv. 86, 776) et d'un parle
ment (acte III, v. 690) comme existant au temps de saint
Patrice, et il place l'existence de l'ordre de saint François
d'Assise (acte I, v. 219) huit cents ans avant la naissance de
saint François. Mais, comme bon nombre des auteurs de Myst
ères, il avait reçu quelque éducation et il s'efforce de déployer
son érudition à toute occasion. Il avait été à V école, il nous le
dit lui-même, et cela est démontré d'ailleurs par l'emploi qu'il
fait des termes d'écoliers (acte I, v. 936, etc.). En tout cas, son
latin n'est pas plus mauvais que ce qu'on trouve d'ordinaire
dans les pièces de ce caractère (Voir la prière, acte I, vers 849
et suivants, et le proverbe, acte II, vv. 163-164). Mais on peut 306 LA VIE DE SAINT PATRICE.
supposer que le latin est dû au père de Vordre de saint Franç
ois, dont il accuse la collaboration dans la composition de
son travail (acte I, v. 13). Ce qui est curieux, c'est que le texte
donné à lire au jeune Patrice (acte I, vers 849 et suivants)
n'est pas en langue bretonne, ni en langue française, mais en
latin.
Au point de vue du style, le Mystère de saint Patrice est
assez médiocre. Il ne contient rien au sujet des faits quoti
diens, ni le mouvement ni la vie qu'on trouve, par exemple,
dans le Mystère de saint Crépin et de saint Crépinien. Il ne
possède pas non plus Vintérét tragique de Cognomerus et
sainte Tréfine, quoiqu'il soit, cependant, mieux construit et
mieux arrangé dramatiquement. Il n'a pas la valeur poétique
du Mystère de la Création du Monde, et il est bien inférieur au de Tryphine et le roi Arthur en vivacité de dialogue
et originalité d'expression. Dans notre texte les répétitions,
même de phrases entières, et les chevilles, qui sont souvent
ajoutées sans qu'on puisse toujours deviner leur signification,
jouent un grand rôle. Il abonde en platitudes et en adieux
intermi

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