La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au XVIIe et au XVIIIe siècles (suite) - article ; n°4 ; vol.31, pg 531-543
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Annales de Bretagne - Année 1916 - Volume 31 - Numéro 4 - Pages 531-543
13 pages

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Publié le 01 janvier 1916
Nombre de lectures 32
Langue Français
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Extrait

B. A. Pocquet du Haut-Jussé
La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au
XVIIe et au XVIIIe siècles (suite)
In: Annales de Bretagne. Tome 31, numéro 4, 1916. pp. 531-543.
Citer ce document / Cite this document :
Pocquet du Haut-Jussé B. A. La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au XVIIe et au XVIIIe siècles (suite). In:
Annales de Bretagne. Tome 31, numéro 4, 1916. pp. 531-543.
doi : 10.3406/abpo.1916.1442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1916_num_31_4_1442B. POGQUET DU HAUT-JUSSÉ
LA VIE TEMPORELLE
DES
COMMUNAUTÉS DE FEMMES A RENNES
Au XVIIe et au XVIIIe siècles
ISuite)
Y
Le Patrimoine.
I. Les immeubles : Immeubles urbains. — Prix des loyers. — Fermes
générales. — Afféagements. — Edit d"août 174'J. — Rapports avec
les voisins. — ruraux.
II. Les meubles : Rentes constituées sur les particuliers et sur l'Etat. —
Taux de l'intérêt. — Mobilité des eonstituls. — - Procès qu'ils
entraînent. — Mobilier.
I
Si, après avoir étudié les principales sources de la pro
priété religieuse, nous considérons maintenant ces biens en
eux-mêmes, leur quantité, leur importance, leurs caractères
spéciaux, nous sommes amenés à y distinguer, comme firent
les couvents eux-mêmes et le lise royal, deux parts diff
érentes : d'un côté les revenus les plus stables qui constituent
le « patrimoine » de la maison, et, en. second lieu, ceux que
l'activité et le travail des religieuses produisent : les revenus
« de l'industrie », suivant l'expression du temps, c'est-à-dire
notamment les pensions que doivent les élèves qu'elles ins
truisent ou les dames qu'elles hébergent.
Le patrimoine se divise naturellement en deux portions :
les immeubles et les meubles.
La propriété immobilière est importante. Nous ne parlons
pas ici des bâtiments conventuels qui ne rapportent rien,
mais des maisons quelquefois en grand nombre que la com
munauté possède au dehors et loue à des particuliers ; les
Ursulines achètent une à une presque toutes les maisons de
la rue Saint-Germain. L'emplacement de ces immeubles 532 LA VIE TEMPORELLE
indique assez la raison de ces acquisitions : les Ursulines
veulent se rendre propriétaires de tout le pâté de maisons
au milieu desquelles est établi leur couvent, parce que, trop
à l'étroit, elles songent toujours à s'étendre. Si quelque dot
leur apporte des immeubles situés dans la ville, mais loin
de leur centre, elles s'en débarrassent au plus tôtd). Parmi
ces logis il en est d'assez minables, amas confus de
« galetas », de « parembas » et de pièces de toutes les
dimensions. Ne les jugeons pourtant pas d'après les appa
rences qu'elles revêtent aujourd'hui : ainsi dans la « maison
du Portail » des Carmélites, les contemporains estiment qu'il
y a de grands logements « beaux et commodes ». Au bout de
1' « allée » des Carmélites (l'impasse actuelle), habitent deux
femmes de conseillers, Mme de Coëtlogon de Méjussaume et
Mme du Cosquer de Rosambo, dont le loyer s'élève à
470 livres <2), prix considérable si l'on en juge par les exemples
suivants. Les Ursulines ont bâti des maisons neuves bien
habitées et bien payées, voici sur quel pied : M. de Boisdavid
a un appartement de 70 livres. M. Le Gault des Ourmeaux,
avocat en la Cour, sénéchal des juridictions des régaires de
l'évêché et du chapitre, occupe cinq chambres avec de nomb
reuses dépendances pour 200 livres <3). Deux sœurs, M1Ies Le
Gonidec de Querbisien et de Couëtanroux, louent deux
chambres pour 24 livres <4>. Desnoës, répétiteur de philosophie,
a quatre pièces pour 136 livres <5). Dans le vieux quartier de la
rue Saint-Germain, elles louent une « bouillerie » de teinturier
au prix de 130 livres (1727), puis de 140 (1738) W. C'est là
aussi que le relieur Prout a sa boutique, dès 1759, à laquelle
s'ajoutent bientôt deux chambres qui font monter son loyer
de 120 à 140 livres W. Une infinité de petites gens de tous
(1) Blosne, en Toussaints, dot de Madeleine Jubier du Chcsnay, acheté
2.500 livres, le 12 décembre 1652, revendu quinze mois après, Le même
prix, à Lemaignan, avocat au Parlement (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2 H3 26).
(2) 30 avril 1G95 (Arch. dép. d'IUe-et-Vil., 2113 30).
(3)1734 (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2H3 78).
(4) 1713 dép. 2H3 78).
(5)1717 (Arch. 2 H» 78).
(6) Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2H3 78.
(7) 1759-1761 {Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2 H» 78). DES COMMUNAUTÉS DE FEMMES A RENNES. 533
métiers se logent dans ces masures : archers de la maré
chaussée, porte-chaises, fournisseurs d'épée, l'imprimeur
Baubigné M, un perruquier dont le loyer s'élève de 38 livres
en 1711, à 50 livres (1714). puis à 58 livres (1717) et 90
en 1724 G».
11 est un procédé parfois employé pour faciliter la percept
ion de ces revenus multiples, mais peu élevés chacun : à la
lin du XVIIe siècle la Visitation loue en bloc toutes ses mai
sons à un « fermier général », système autorisé par l'i
ntendant, malgré les « tracasseries » des gens du contrôle
ecclésiastique qui y perdaient quelques taxes. Ces fermes
générales sont des fictions, croyons-nous, car nous voyons
dans des contre-lettres qu'elles ne sont faites que pour rendre
service au couvent et accélérer la rentrée des loyers. Tous
ces fermiers généraux, en effet, hommes de loi habitués à la
pratique des affaires et de la procédure, devaient inspirer aux
locataires une crainte salutaire. L'un, Pierre Nouail des
Basses-Rivières, est « maître écrivain juré et expert pour les
vérifications d'écriture » W; un autre, Jean-Robert Dargentré-
Lachentec, est « commis aux archives du Parlement » <4), et
son successeur Gharles-.lean Lévesque, greffier du siège royal
de la police (&).
Parmi les modes d'acquérir, citons l'afféagement des parties
incultes du domaine royal. Il valut à la Trinité d'importants
terrains le long des Lices (6). La Visitation afféagea pour une
somme de 3.100 livres une longue bande allant de la toui
Le Bat au carrefour de la Reverdiais, devant la poterne Saint-
François <7). Lors du grand incendie de 1720, ce terrain fut
envahi par des baraques que les réfugiés construisirent, avec
la permission de l'intendant, mais sans payer aucune rétr
ibution aux religieuses. Au bout de seize ans, se trouvant
(1) Boutique louée 55 1. (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2H3 78).
(2) Arch. dép. d']lle-et-Vil., 2H3 78.
(3) 7 juin 1603 et 1720 : 1.100 livres (Arch. dép. d'Ille-et-Vil.. 2H=»1O1).
(4) 1739, 1747 : 1.500 livres.
(5) 1757 : 1.400 livres, id. en 1760. Chez les Ursulines il y a 52 loyers on
1745, et 55 en 1763 {Arch. dép. d'Ille-ef-Vil., 21-13 94).
(6) Arch. dép. d'Tllo-et-Vii., 2 H3 67.
(7) 7 mai 1(197 (Arch. dép. d'Ille-et-Vil . 211*97). 534 LA VIE TEMPORELLE
dépossédées et presque ruinées à la suite « de l'incendie et
du système » (le système de Law), elles réclamèrent ; un
arrêt du Conseil les réintégra dans leur propriété, les auto
risant à passer avec les occupants des contrats d'arrentement,
actes qui furent si nombreux que la formule en fut impri
mée W. Les arrenteurs devaient entretenir et balayer le pavé
et mettre les boues en monceaux à l'usage des tombereaux
de la ville. Ces clauses sont fréquentes dans les baux d'im
meubles urbains ; on y ajoute parfois l'obligation de « tendre
sur le passage de la procession du Saint-Sacrement » <2).
On sait que le fameux édit d'août 1749 vint interdire aux
communautés l'acquisition d'immeubles, si ce n'est par une
permission spéciale du Roi. Il dut être exactement appliqué,
car dans une table des contrats insinués au Bureau de
Rennes jusqu'en 1755 nous n'avons rencontré aucune acqui
sition faite par des couvents après 1749 <3). Le Calvaire de
Cucé, désirant acheter l'emplacement d'une maison incendiée,
qui appartenait au chevalier de Caud, obtint des lettres
patentes « dérogant pour ce seulement à l'Edit 

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