La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au XVIIe et au XVIIIe siècles (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.32, pg 76-107
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Annales de Bretagne - Année 1917 - Volume 32 - Numéro 1 - Pages 76-107
32 pages

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Publié le 01 janvier 1917
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Langue Français
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Extrait

B. A. Pocquet du Haut-Jussé
La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au
XVIIe et au XVIIIe siècles (suite et fin)
In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 1, 1917. pp. 76-107.
Citer ce document / Cite this document :
Pocquet du Haut-Jussé B. A. La vie temporelle des communautés de femmes à Rennes au XVIIe et au XVIIIe siècles (suite et
fin). In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 1, 1917. pp. 76-107.
doi : 10.3406/abpo.1917.1449
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1917_num_32_1_1449B. POGQUET DU HADT-JUSSÉ
LA VIE TEMPORELLE
COMMUNAUTÉS DE FEMMES A RENNES
Au XVIIe et au XVIIIe siècles
ISuite)
VI
Les Revenus de Y « Industrie ».
I. Les pensions. — Importance de ce revenu. — On trouve des pension
naires dans presque toutes les communautés. Dames et élèves. —
Chez les Ursulines : prix de la pension et recrutement des élèves.
II. Produit des travaux divers.
Quand les communautés religieuses parlaient des .revenus
de leur industrie, elles entendaient principalement le profit
qu'elles tiraient de leurs pensionnaires.
On n'en exagérera jamais l'importance, car il. ne faut pas
oublier qu'à côté des élèves, il y a les dames pensionnaires.
Lorsqu'une femme en deuil cherche un asile à sa douleur,
lorsqu'une autre voyage, quand un procès, une affaire quel
conque la contraint de faire un séjour à la ville W, c'est dans
une communauté qu'elle descend ; elle y trouve un calme,
une sécurité, des soins attentifs, des ressources pour sa piété,
qu'aucune hôtellerie ne pourrait lui fournir. Si elle veut
passer quelques jours plongée dans la méditation et le
recueillement, « faire une retraite », le couvent est son abri
indiqué. Enfin, nous n'imaginons qu'avec peine tout ce que
les familles du temps, bien plus nombreuses qu'aujourd'hui,
(1) En 16-ii, le Procureur général paie 100 livres pour Mme de Plédel, sa
belle-fille, qui a été quelque temps à la Visitation « dans une occasion
d'affliction » (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2H3 93). LA VIE TEMPORELLE DES COMMUNAUTÉS DE FEMMES- 77
produisaient de filles qui, sans avoir la vocation religieuse,
aimaient à venir se réfugier, avec leur menu pécule, auprès
des cloîtres où leur personnage effacé conservait encore de
la dignité et l'air du monde.
Au point de vue budgétaire, de l'aveu des religieuses elles-
mêmes, ce revenu suppléait à l'insuffisance d'un patrimoine
souvent trop maigre. Le prix de la pension est presque une
ressource nette ; quelles dépenses exigeaient en effet ces
dames ? Quelques filles pour leur service, et une nourriture
d'autant moins dispendieuse, relativement, qu'elles étaient
plus nombreuses. D'ailleurs, même une seule pensionnaire
ne causait guère de dépenses supplémentaires dans une
maison toujours nombreuse par elle-même.
Rien de plus instructif à cet égard que les déclarations
fournies à la fin du règne de Louis XIV, à l'occasion des
droits d'amortissements. Les Carmélites disent que leurs
revenus patrimoniaux, c'ëst-à-dire les constituts, les loyers,
etc., toutes charges déduites, leur fournissent 4.354 livres
pour faire vivre 77 religieuses, 4 carmes, leurs confesseurs,
2 tourières et quelques servantes, soit à chacun 50 livres par
an, « ce qui n'est pas le quart du nécessaire » ; elles se
plaignent d'être obligées, par conséquent, de prendre sur
leurs fonds, soit en empruntant, soit en consommant les dots,
« n'ayant pas d'autres ressources, expliquent-elles, ni de tra
vail, puisque leur institut les occupe jour et nuit, ni de pen
sionnaires, ce que leur règle défend » ; or cette interdiction
fut levée postérieurement, si bien qu'en 1789 elles tiraient
un revenu de plus de 10.000 livres d'un nombre de 40 pen
sionnaires d). La situation des Visitandines est semblable.
Leurs revenus annuels sont sensiblement inférieurs à
9.200 livres, somme qu'exigerait l'entretien de 46 personnes
qu'elles sont, en comptant 200 livres par tête, « si bien que,
sans le secours des pensions séculières, elles mangeraient
le fonds ® ». Chez les Ursulines, en 1669, les revenus du
(1) Déclarations de 1668, 1705, 170G (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2 H^ 77, 28,
108) (Rébtllox. La Situation économique..., p. 214).
(2)de 1669, 1689, 1706 el 1787 (Arch. dép. d'Ille-ct-Vil..
2 H» 97, et fonds La Bigne- Villeneuve, 203). 78 LA VIE TEMPORELLE
patrimoine fournissent 8.739 livres pour 63 professes ; or,
elles dépensent 16.000 livres, c'est-à-dire le double. En 1713,
leur revenu net, toutes charges défalquées, est de 4.512 livres,
qui, partagées entre 74 personnes, font 60 livres pour cha
cune, « ce qui est manifestement insuffisant »; à cette date,
sur 47 professes, 25 sont occupées à instruire les enfants et,
dans l'intervalle des leçons, filent leurs voiles et leurs habits.
Mais ce n'est là qu'une légère économie et non pas un revenu,
aussi cette communauté ne subsiste-t-elle que grâce au pro
duit des pensions des élèves et des dames W. Le Calvaire de
Gucé déclare, en 1790, que sa recette « provient presque
uniquement des pensions des élèves te). Quelques pension
naires faisaient avec le couvent des contrats semblables aux
contrats de religion, au moins quant à leurs clauses pécun
iaires. On les appelait « pensionnaires perpétuelles ».
Presque tous les couvents ont .des dames pensionnaires,
même ceux chez lesquels on s'attendrait le moins à en ren
contrer, comme les Calvairiennes de Cucé W et celles de
Saint-Cyr W, les Demoiselles des Incurables <5), le Bon-Pas
teur (fi). Chez les Carmélites, il y en a 40 en 1790, payant
chacune, en moyenne 260 livres de pension fO. Les Dames
Budes ont un tarif présentant trois prix gradués pour la
pension des dames qui viennent y faire des retraites te).
Les pénitentes placées au Bon-Pasteur, dont le plus grand
nombre fut, dit-on, 63 te), versent une somme d'argent en
entrant ou reçoivent une petite pension de ceux qui les
(1) Déclarations de 1669, 1689, 1705, 1713, 1717, 1718, 1723 et 1727 (Arch.
dép. d'Ille-etrVil., 2 H» 76 et 77).
(2) Rébillon, ouvrage cité, p. 208, voir tableau II.
(3) 1756 (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2 IP 7).
(4) Rébillon. La Situation économique..., pp. 206 et 209.
(5) Emilie-Ollive Tuffln de la Rouerie, dont la famille est une des bien
faitrices du couvent, y demeure en 1772 (Arch. dép. d'Ille-et-Vil., 2 H3 92)
et Guillotin de Corson. Pouttlé, t. III, p. 344.
(6) Arch. dép. d'Ille-et-Vil., fonds La Bigne-Villeneuve.
(7) Rébtllon. La Situation économique..., p. 215.
(8) Arch. dép. 2H3.
(9) Arch. dép. d'Ille-et-Vil., fonds La Bigne-Villeneuve, 202. COMMUNAUTÉS DE FEMMES A REXFES. 79 DES
introduisent'1). Celles de la Trinité, dont le nombre s'est
élevé, en 1720, jusqu'à 60, payaient alors environ 100 livres
de pension par tête ; beaucoup furent alors envoyées dans
le Mississipi que Law voulait peupler ; il n'en resta bientôt
plus que 39 (1725), « dont un petit nombre qui ne sont point
de la ville paient de médiocres pensions ». On en comptait
27 en 1790, dont 15 à 18 ne payaient rien <2).
Les Sœurs grises déclarent, en 1706, qu'elles ont 75 péni
tentes, dont 12 paient une pension modique (de 40 à
60 livres) 0).
La Sagesse a 12 petites orphelines dont 2 paient 72 livres
par an <4). D'après l'intention des fondateurs, elle devrait en
avoir 33, mais les ressources lui manquent pour compléter
ce chiffre.
Les Visitandines ont, outre les dames pensionnaires, des
« sœurs du petit habit », jeunes filles dont elles faisaient
l'éducation et qui restaient au couvent si le goût du monde
ne les éloignait pas <5). Chez ces religieuses, ainsi que chez
les Ursulines, le prix de la pension varie extrêmement pour
les dames, suivant qu'elles ont ou n'ont pas avec elles une
et quelquefois deux domestiques, suivant aussi leur état de
santé et leurs exigences divefses <6).
C'est chez les Ursulines que les pensionnaires sont le plus
nombreuses, même en faisant abstraction, puisque nous
sommes au chapitre des revenus, des élèves externes qu'elles
instruisaient gratuitement, et dont le nombre, réparti entre
six classes, était de 20

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